vendredi 30 avril 2021

Du Grand Guignol en théâtre web - Épilogue

C'est maintenant terminé pour ce projet du cours Création théâtrale à l'UQAC qui a vu mes six étudiants plongés dans l'univers du Grand Guignol pour une diffusion sur le web avec une plateforme conçue pour nous.

Dans l'ensemble, ce fut un projet très stimulant, tant en répétition qu'en représentations, de par la dose intense de folie que le tout demandait, de par l'engagement de chacun dans le processus, de par les possibilités qu'incarnaient l'outil qui serait mis à notre disposition. 

Vraiment, un projet de recherche et d'exploration à faire s'enflammer l'imagination et la créativité!

Le plus grand regret est de ne pas avoir pu travailler avec cette plateforme autant que nous l'aurions souhaité (car nous n'avons fait qu'un court essai technique et un enchaînement avant la générale) et ainsi pouvoir pointer des problèmes éventuels qui surviendront, notamment, au cours de la générale et de la première. 

Parce que c'est là tout l'enjeu de ce type de diffusion web. Si d'une part, le travail théâtral, dans le lieu, est prêt, efficace, dynamique, porté avec conviction par les interprètes, il y a, à même le projet, une part majeure complètement incontrôlable relevant de la technologie.

Ainsi, entre le spectacle et sa réception par le spectateur, il y a toute une chaîne qui se compose et qui, à chaque étape, comporte son lot d'écueils éventuels, de failles techniques qui pourront miner l'expérience, malgré tout le talent et l'élan de l'interprète sur le plateau.

Dès le départ, outre les répétitions, nous nous sommes soumis à un appareillage technique. Dans ce cas-ci, faute de moyens, nous avons travaillé avec la caméra de nos cellulaires (de différentes marques et différentes générations) et des micros cravates efficaces mais avec aussi leurs limites. 

Par la suite, nous nous sommes fiés à la stabilité et la force du réseau internet de l'UQAC. Correct... jusqu'à ce qu'il pose manifestement problème, comme le soir de la générale ou le soir de la première... question de maintenance ou de mauvais positionnement d'une antenne wifi! 

C'est de ce réseau que les données parvenaient chez Waveform qui mettait en ligne et surveillait les caméras sur la plateforme. 

Entre les caméras et les micros et la mise en ligne, il n'y avait pas moyen, dans la version actuelle de la plateforme, de manipuler le son, de le moduler, de le calibrer. Cette étape aurait dû être faite à même les téléphones. C'est là, par exemple, une des limites de notre recherche. 

Tout était alors en ligne. Et le spectateur pouvait se brancher pour nous voir. 

Pour se faire, il se fiait alors sur son propre réseau internet dont la qualité et l'efficacité varie selon le forfait, la zone géographique, la vitesse pour visionner la représentation sur son appareil qui lui aussi variait en qualité et en efficacité. 

Bref, les intermédiaires étaient nombreux!

Les répétitions - sur quinze jeudis - ont tenté de tenir compte de tous ces paramètres. Est-ce que tout ça est parfait? Bien sûr que non! 

Nous aurions pu, comme toujours, approfondir encore plus le travail d'interprétation. Nous aurions pu travailler encore plus l'extra-scénique. Nous aurions pu travailler encore plus la qualité sonore (ce que nous n'avons, en réalité, que très peu fait avec Zoom). Nous aurions pu, sans doute, faire plus avec le temps qui nous était imparti.

Mais nous avons déjà fait beaucoup! 


De mon côté, je sors de ce projet avec une immense satisfaction composée de multiples points: la rencontre avec ces étudiants allumés, le travail sur un répertoire que j'affectionne, la collaboration avec les autres concepteurs qui ont donné une esthétique à tout ça, le plaisir tout au long des semaines de cours, le travail de recherche pour trouver une façon de diffuser, la fébrilité d'essayer un outil conçu à notre demande, la fierté de s'être rendu au bout de quelque chose. 

mardi 27 avril 2021

«Bons ou mauvais, n'oubliez jamais vos débuts»

 

Voici un autre extrait (après celui publié hier sur ce blogue... parce que ce fut ma lecture du weekend!) de Zeami, grand acteur et auteurs de nôs, tiré de son traité Kakyo (Le Miroir de la Fleur) écrit en l'an 31 d'eÔi (1424), sixième lune, premier jour.

Ce (magnifique) passage résonne comme un conseil aux acteurs qui veulent progresser sans perdre de vue l'essentiel: la conscience de soi dans l'humilité:

[...] Cela dit, nous avons, dans notre école une maxime d'une portée universelle: «N'oubliez pas vos débuts.» Cette maxime fait l'objet d'une tradition orale en trois points:

«Bons ou mauvais, n'oubliez pas vos débuts; n'oubliez pas vos débuts dans chaque période; n'oubliez pas vos débuts dans la vieillesse.»

«Bons ou mauvais, n'oubliez pas vos débuts»: si vous conservez en vous, sans jamais l'oublier, [le souvenir] des débuts de vos jeunes années, il en résulte, dans la vieillesse, toutes sortes d'avantages. «La connaissance des défauts de ce qui précède est la condition des qualités de ce qui suit», dit-on. Et encore: «Quand la voiture qui précède verse, c'est un avertissement pour la voiture qui suit», etc. Oublier ses débuts, n'est-ce pas ignorer, du même coup, les étapes qui suivent? «Réussir et se faire un nom» est le résultat d'une progression des facultés. Celui qui ne se rend pas compte de cette progression, ne s'aperçoit pas davantage d'un retour à ses débuts. C'est donc afin d'éviter de méconnaître son degré actuel, que l'on s'ingénie à ne point oublier ses débuts. Si l'on n'oublie pas ses débuts, les étapes qui suivent seront correctement [appréciées]. Si l'on [apprécie] correctement les étapes qui suivent, [les facultés] qui auront progressé me régresseront plus jamais.

lundi 26 avril 2021

Peau, chair et os...

 

Lire les traités de Zeami - réunis dans La Tradition secrète du Sarugaku no Nô et publiés chez Gallimard en 1960 dans une traduction commentée de René Sieffert - n'est pas évident tant les métaphores (notamment sur la fleur qui représente le développement de l'acteur du nô) y abondent et que la philosophie qui sous-tend ce travail m'est méconnu...

Mais il y a tout de même des passages qui sont intéressants. 

Comme celui-ci, tiré de son Shikadôsho (Le Livre de la Voie qui mène à la Fleur) écrit en l'an 27 d'Ôei (1420) au jour de la sixième lune. Voici donc les trois éléments qui façonnent, en quelques sortes, l'art de l'acteur:

PEAU, CHAIR ET OS - Dans la pratique de notre art, on rencontre [les trois éléments] peau, chair et os. Mais les trois ne se trouvent rarement réunis. [...] Or, donc, s'il me faut localiser, dans la pratique de notre art, [les éléments]  peauchair et os, j'appellerai os l'existence d'un fonds inné et la manifestation de la puissance inspirée qui donne spontanément naissance à l'habileté. J'appellerai chair l'apparition du style achevé qui puise sa force dans l'étude de la danse et du chant. J'appellerai peau une interprétation qui, développant encore ces [éléments]-là, atteint aux sommets de l'aisance et de la beauté. Si nous rapportions [ces trois éléments] aux trois [facultés de la perception] à savoir à la vue, à l'ouïe et à l'esprit, la vue correspondrait à la peau, l'ouïe à la chair et l'esprit à l'os. Dans le chant pris isolément, ces trois [éléments] se retrouveraient également. (Note marginale: «L'émission vocale est la peau, les modulations sont la chair, le souffle est l'os.») On les retrouverait de même dans la danse considérée à part. (Note marginale: «L'aspect général est la peau, les mouvements de danse sont la chair, l'esprit est l'os.») Sachez bien faire la distinction. 

dimanche 25 avril 2021

Au théâtre, cette semaine! [Du 25 avril au 1er mai 2021]

 Voici ce qu'il y a au programme, cette semaine, dans le monde théâtral régional (du moins, ce qui est sur mon radar):

TOUTE LA SEMAINE 
(JUSQU'AU 13 MAI 2021)
EN VIRTUEL SUR LE SITE https://radiogestessansbord.com/
CHAIRE DE DRAMATURGIE SONORE


C'est un événement/colloque international pour marquer les dix ans de la Chaire de recherche sur la dramaturgie sonore, menée par Jean-Paul Quéinnec. Les participant.es [des collaborateurs au cours des ans, sont invités] à former des duos réunissant un.e praticien.ne et un.e théoricien.ne. d’une autre discipline. À l’image du processus en recherche-création, leur balado (parce que ce sera la forme privilégiée) agencera réflexion théorique et création artistique. Cette formule originale représente une occasion de découvrir des territoires pluriels et inexplorés, et de produire des résultats inattendus. Pour connaître tous les détails de ce qui s'en vient, visitez le site de la Chaire

MERCREDI ET JEUDI - 28 ET 29 AVRIL 2021
20H
UQAC/EN VIRTUEL SUR LA PAGE THÉÂTRE UQAC 2021


Présentation en direct (en mode virtuel) des étudiants du cours Création théâtrale (7THE535 - UQAC), sous la direction de Dario Larouche. Deux courtes pièces (Gardiens de phare et Godefroy) précéderont Le Système du Docteur Goudron et du Professeur Plume d'André de Lorde. Ces présentations se feront sur la plateforme conçue spécialement pour l'occasion et dont le lien sera fourni sur la page de l'événement. C'est gratuit. Mais il faut s'abonner!

VENDREDI À DIMANCHE - 30 AVRIL AU 2 MAI 2021
(JUSQU'AU 16 MAI 2021)
19H (15H DIMANCHE) - SALLE LIONEL-VILLENEUVE
THÉÂTRE MIC MAC


Le Théâtre Mic Mac de Roberval présente ENFIN! sa production Bonne retraite, Jocelyne, un texte de Fabien Cloutier mis en scène par Bruno Paradis, qui devait prendre l'affiche l'an dernier. Jocelyne convoque les siens à une réunion familiale. Mais la nouvelle qu'elle désire annoncer tombe à plat. Les convives semblent davantage intéressés à donner leur avis sur le TDAH du collègue de Brigitte, la maltraitance des dauphins ou la peine d'amour de Keven qu'à nouer de véritables échanges. La rencontre sous tension revêt rapidement des allures de tribunal populaire. Dès lors, de vieux démons ressurgissent. Une confrontante rencontre de famille qui, dans un humour cinglant, questionne la culture du vide, les conversations futiles et les troublantes conséquences d'un monde pétri de jugements décomplexés. Une charge contre l'ignorance qui n'épargne personne. Tous les détails ici.

samedi 24 avril 2021

Fait divers.. ou «ça aurait pu... mais non.»

 Il m'arrive parfois de tomber, en cherchant dans les archives, sur d'étonnantes nouvelles... 

... comme ce tout petit entrefilet paru dans La vigie: journal de critique et d'opinion de ce samedi 14 janvier 1911:


C'est donc là une mort qui ne semble pas ébranler les spectateurs outre-mesure. Leur frayeur a été de courte durée... on se dépêcha de tasser le corps dans le trou du souffleur pour poursuivre le spectacle alors que les artistes s'impatientaient! Enfin, c'est la suite de l'histoire telle que je me la fais dans ma tête! 

Sinon, voici le Gran Teatre del Liceu, à Barcelone, où s'est finalement joué ce (non) drame:


vendredi 23 avril 2021

La belle histoire du théâtre du palais royal de Drottningholm



Il existe très peu de théâtres intacts des XVIIe et XVIIIe siècle, avec leur machinerie artisanale et leur atmosphère d'illusion.

Voici la petite histoire due la redécouverte... du sauvetage de celui du Palais royal de Drottningholm (celui des photos ci-haut), en Suède, racontée dans le Journal La Patrie, 8 octobre 1961:


dimanche 18 avril 2021

Au théâtre, cette semaine! [Du 18 au 24 avril 2021]

Voici ce qui s'en vient - du moins, de ce que j'en sais - dans le milieu théâtral régional...

DIMANCHE - 18 AVRIL 2021
14H - SALLE MICHEL-CÔTÉ
VILLE D'ALMA SPECTACLES/QUATUOR MOLINARI


Ici c'est plus ou moins théâtral, mais quand même! Ville d'Alma Spectacles reçoit le Quatuor Molinari et Catherine Perrin au clavecin pour un spectacle autour des Fables de Lafontaine: Ce théâtre musical familial est une présentation du Quatuor Molinari en collaboration avec Mme Catherine Perrin, au clavecin et à la narration. Dix fables seront déclamées par Mme Perrin et illustrées par une musique de Denis Gougeon pour clavecin et quatuor à cordes, et par celle de Jean-Philippe Rameau. En première partie le Quatuor Molinari jouera le Quatuor op. 11 de Samuel Barber (avec son célèbre Adagio), suivi des Fables en seconde partie. Pour les enfants de 7 à 77 ans! Pour les billets, c'est ici.

À COMPTER DU 19 AVRIL 2021
(JUSQU'AU 13 MAI 2021)
EN VIRTUEL SUR LE SITE https://radiogestessansbord.com/
CHAIRE DE DRAMATURGIE SONORE


C'est un événement/colloque international pour marquer les dix ans de la Chaire de recherche sur la dramaturgie sonore, menée par Jean-Paul Quéinnec. Les participant.es [des collaborateurs au cours des ans, sont invités] à former des duos réunissant un.e praticien.ne et un.e théoricien.ne. d’une autre discipline. À l’image du processus en recherche-création, leur balado (parce que ce sera la forme privilégiée) agencera réflexion théorique et création artistique. Cette formule originale représente une occasion de découvrir des territoires pluriels et inexplorés, et de produire des résultats inattendus. Pour connaître tous les détails de ce qui s'en vient, visitez le site de la Chaire

VENDREDI À DIMANCHE - 22 AU 24 AVRIL 2021
(JUSQU'AU 16 MAI 2021)
19H (15H DIMANCHE) - SALLE LIONEL-VILLENEUVE
THÉÂTRE MIC MAC


Le Théâtre Mic Mac de Roberval présente ENFIN! sa production Bonne retraite, Jocelyne, un texte de Fabien Cloutier mis en scène par Bruno Paradis, qui devait prendre l'affiche l'an dernier. Jocelyne convoque les siens à une réunion familiale. Mais la nouvelle qu'elle désire annoncer tombe à plat. Les convives semblent davantage intéressés à donner leur avis sur le TDAH du collègue de Brigitte, la maltraitance des dauphins ou la peine d'amour de Keven qu'à nouer de véritables échanges. La rencontre sous tension revêt rapidement des allures de tribunal populaire. Dès lors, de vieux démons ressurgissent. Une confrontante rencontre de famille qui, dans un humour cinglant, questionne la culture du vide, les conversations futiles et les troublantes conséquences d'un monde pétri de jugements décomplexés. Une charge contre l'ignorance qui n'épargne personne. Tous les détails ici.

jeudi 15 avril 2021

Du Grand Guignol en théâtre web - À la recherche de la fluidité

Ce jeudi, 15 avril 2021, nous avons fait un premier enchaînement complet, sur la plateforme en cours d'élaboration, de notre production grandguignolesque.

Voici, d'emblée, quelques captures d'écran prises selon différents points de vue. 







Cet enchaînement a cet avantage d'être relativement tôt et de nous permettre de travailler à corriger encore quelques éléments:
  • concevoir l'interface (ou plutôt l'esthétique) de la plateforme pour qu'elle soit conviviale, invitante, tout en étant sobre pour ne pas interférer sur les six points de vue simultanés;
  • corriger les positionnements des cellulaires des interprètes dans le costume afin d'avoir des prises de vues intéressantes... qui ne coupent pas les têtes (le défi étant que les étudiants doivent agir en conséquence d'une caméra dont ils n'ont pas le résultat);
  • paramétrer tous les appareils pour que l'atmosphère créée notamment par la lumière ne soit pas gâchée par des ajustements automatiques qui rendent l'image trop clair et flou pour compenser la faible intensité de l'éclairage;
  • revoir certains points de vues... parce qu'il se peut qu'on en échappe en diffractant la mise en scène en six;
  • répéter, et répéter, et répéter pour approfondir le jeu;
  • et bien sûr - et ce n'est pas notre partie - régler les problèmes techniques de la plateforme pour qu'aucun pépin ne survienne en représentation.
Ce dernier point est essentiel. Car avec le jeu lui-même, la plateforme est l'essentiel outil de diffusion! Il faut qu'elle soit efficace.

Le premier essai s'avère quand même intéressant, même s'il ne représente pas une utilisation normale de cet outil. Les trois ou quatre personnes qui avions accès à l'enchaînement avaient pour mandat de tester les changements de points de vue, de voir à la compréhension de la pièce, de relever les forces ou les faiblesses. Plus que de vivre l'expérience. Ce qui reléguait un peu le jeu et la mise en scène en second plan.

Est-ce que notre projet sera parfait? Probablement pas. Mais nous avons du plaisir à tester les choses! Est-ce qu'il y a un risque de cacophonie? Absolument, même si nous tenterons de l'éviter. Est-ce que la lisibilité de la proposition scénique sera affectée par les changements de plans? C'est possible. Là encore, nous travaillerons de façon à minimiser cet écueil de la non-compréhension.

Maintenant, il faut surpasser la gadgétitude de l'ensemble! Et c'est avec ça en tête que nous entamons le dernier droit! D'ici quelques jours, nous donnerons plus de détails sur la façon d'accéder à ce projet.

mercredi 14 avril 2021

Une histoire de perruque

Les histoires de perruques font toujours rire. Depuis toujours. Comme en témoigne cette anecdote, publiée le 17 avril 1840 dans L'aurore des Canadas, un journal littéraire, politique et commercial de Montréal:


Dommage que l'anecdote ne donne pas de noms...

mardi 13 avril 2021

Ce que je comprends des principes meyerholdiens ou comment je les applique


Je l'ai souvent répété: je suis un adepte des théories et principes édictés par Vsevolode Emilievitch Meyerhold, principalement ceux élaborés entre les années '20 et le milieu des années '30. Et bien entendu, toutes les lectures faites depuis plusieurs années déjà colorent ma vision de le mise en scène et mon travail scénique.

Il fait toujours bon de revenir aux sources, de faire une synthèse de sa propre pratique. Exercice d'autant plus utile ces temps-ci, alors que je travaille avec presque tous des comédiens avec qui c'est la première collaboration et que je dois donc les aligner avec certains préceptes.

Qu'est-ce donc dire? 

Approche formelle du texte 

Avant même que d'être une partition émotionnelle pour le personnage, le texte est une partition formelle qui fera se conjuguer plusieurs éléments:
  • le mot, la phrase, la sonorité;
  • le rythme sur lequel s'élaborera la dynamique des personnages;
  • les silences et les envolées;
  • les points et les contrepoints... de même que les ruptures;
  • le volume et le débit vocal.
Tout ça semble loin de l'approche psychologique... mais en même temps, elle n'en est pas si éloignée. C'est que plutôt de creuser le sens des mots et ce qu'ils provoquent chez le personnage, d'aller à la recherche d'une vie intérieure, de partir d'elle pour aller vers l'extérieur, je reste sur la partition formelle et rythmique, l'extérieur, pour aller trouver ce que sera la figure. Du contenant surgira nécessairement un contenu.  Le personnage s'ébauchera peu à peu à mesure que la structure se développera.

Pour moi, le texte agit, en quelques sortes, comme une musique et est utilisé comme tel pour développer la mise en scène qui prend souvent alors des airs de chorégraphie. (Étrange d'écrire ça quand on sait, par ailleurs, que la musique, la vraie, est pratiquement absente de mes mises en scène... ou en était la base même comme du temps des opérettes à la SALR.)

Les phrases - mais plus encore les mots, voire même les onomatopées provoquées! - sont utilisés comme des stimulus, comme des points d'orgue, des appels à l'action ou à la réaction du partenaire. Ce sont, dans le langage théâtral, des cues.

D'où aussi l'intérêt que je porte à la réécriture plus ou moins grandes selon les œuvres choisies (quand les droits le permettent, bien entendu). Je suis un adepte des ajouts, des coupures, des inversions, des réécritures qui peuvent donner un autre rythme, un autre souffle, une autre respiration aux textes.

Approche formelle l'acteur

Du texte, je vais évidemment vers l'acteur. Lui aussi un élément formel, fondamental dans mon cas:
  • par sa posture, sa tenue, il donne un corps, une forme au personnage qu'il moule sur lui-même;
  • par son déploiement dans l'espace, il est élément rythmique qu'il est possible de moduler à l'infini;
  • par son geste et son mouvement, il précède la réplique dans une variation dynamique qui l'accentue;
  • par son utilisation de l'objet, de l'accessoire, il se prolonge dans l'espace et augmente le potentiel scénique de celui-ci;
  • par sa recherche de précision, de maîtrise, de virtuosité, il se surpasse.
Et ici aussi, de la forme surgira le contenu.

Bien sûr qu'en répétition, je ne fais pas abstraction de ce que pense ou mijote le personnage. Juste que c'est par des indications d'ordre formelles que la consigne parviendra au comédien. Le jeu du comédien est, pour moi, un jeu de monstration, du montré d'abord, du ressenti plus tard.

Si ce passage semble particulièrement tyranniqueintransigeant et limitatif pour l'interprète, il faut pourtant savoir que je considère tout particulièrement ce-dernier comme étant le principal émetteur de cette théâtralité et que les indications se collent généralement avec ses intuitions et ses propositions, et je l'espère, les transcendent, les mènent plus loin. S'il se sent parfois pâte à modeler pour le metteur en scène que je suis, l'idéal est qu'il atteigne, notamment par les enchaînements, une autonomie, une aisance qui lui est propre pour à son tour transcender la mise en scène.

De nouveau, il s'agit d'un travail quasi chorégraphique (ou, pour être plus précis, séquentiel) à partir du texte, tandis que le comédien manœuvre constamment à travers diverses formes d'interactions qui imposent le mouvement et/ou le geste: rapport à l'espace, rapport à l'autre, rapport au décor et au mobilier, rapport à l'accessoire. 

Approche formelle de la scène

La scénographie et/ou le dispositif (pas tant un décor qu'une aire de jeu où règne l'évocation, délimitée principalement par le plancher) sont conçus de façon à dynamiser le jeu, le mettre en valeur, à augmenter le sentiment d'attente de ce qui peut y advenir.  

En tout temps, je cherche à maximiser l'espace, le rendre, par son usage, dynamique tout en préservant l'équilibre du plateau, l'équilibre de la perception du spectateur. 

Les objets qui sont sur scène sont eux aussi mis à profit dans la maximisation spatiale. Ils sont (sur)utilisés, exploités tant pour leur fonction première, leur forme, ou leur qualité d'évocation. Ils sont peu nombreux, du coup, ils doivent être utiles.

Objets, mobiliers, espace, corps... quand la pièce commence, c'est comme tout un système d'engrenage qui se met en place. C'est en quelque sorte un jeu d'échecs: chaque éléments qui y bouge (corps et/ou objet) entraîne nécessairement une réorganisation scénique (du corps et/ou de l'objet).

Le champs, le hors-champs, l'avant-scène, le lointain, les coulisses... tout est utilisé à son plein potentiel.

Une méthode éprouvée

Afin de bien imbriquer ces approches les unes dans les autres (parce que tout se fait en même temps, directement en écriture de plateau), de baliser les codes et les conventions (parce que c'est aussi de cela qu'il s'agit!) la meilleure méthode que j'ai trouvée est d'y aller par couches successives:
  • dès la première rencontre (après une première lecture), je commence à ébaucher une première mise en place brute, avec une découpe rapide du personnage pour en arriver rapidement, dans le premier tiers des répétitions, à un premier enchaînement complet qui donnera une idée générale de l'énergie demandée et de l'utilisation faite de la scène et de ces composantes;
  • les répétitions reprennent du début, scène par scène, avec en tête l'ensemble général de la mise en scène, pour préciser, ajuster, refaire, peaufiner, corriger le rythme, etc. jusqu'à faire un autre enchaînement complet pour cibler les passages qui traînent encore;
  • le processus est alors repris, avec une concentration sur les scènes qui demandent d'autres efforts;
  • puis vient la série d'enchaînements (il y en aura quatre, six, huit... selon le temps restant) qui précède les générales et la première représentation.
Voilà comment c'est, entrer en salle de répétition sous ma direction, avec une vision de la mise en scène nourrie par Meyerhold! 

lundi 12 avril 2021

Visée existentielle du théâtre


Le théâtre est le plus grand des arts 
parce qu'il est éphémère 
et que le temps l'emporte à tout jamais. 
Même la musique, 
notée, 
demeure. 
Le théâtre, 
lui, 
est seul à partager le destin de l'âme 
et de la vie de l'être humain.

Ce serait là une citation de Vsevolod Meyerhold, rapportée (sans donner la référence) dans la biographie écrite par Wanda Bannour, Meyerhold - Un saltimbanque de génie (publiée en1996) que j'ai reçue il y a quelques jours. 

dimanche 11 avril 2021

Les choses ont-elles vraiment changé?

En février 1960, Chicoutimi reçoit, à l'Auditorium Beauchamp (qui était situé - existe-t-il encore? - à l'hôpital) le Théâtre du Vieux Colombier (de Paris, créé par Jacques Copeau en 1913) qui y présente alors Le Misanthrope de Molière, dans une mise en scène contemporaine alignant une distribution de vedettes de qualité. 

Bien sûr, tout Chicoutimi (et la région) s'y presse. Le Progrès du Saguenay du 13 février 1960 en fait un long compte-rendu sous la plume de Magella Soucy (ici, en page 7). 

Mais ce qui m'intéresse le plus, ce sont les encadrés qui parsèment le texte et surtout celui-ci... et plus encore sa conclusion: 

Les choses ont-elles changé depuis? 

En lisant ce petit encadré, je me suis rappelé ce texte que j'ai commis il y a quelques années (le 16 janvier 2015, pour être plus précis), À l'ombre du vedettariat.

Au théâtre, cette semaine! [Du 11 au 16 avril 2021]

Je manque un peu de constance dans la tenue d'un calendrier théâtral hebdomadaire... en fait, depuis la reprise des activités après l'arrêt de novembre, je l'ai tout simplement oublié.

Mais le voici de retour... encore!

Qu'est-ce qu'il y a donc, dans les prochains jours:

LUNDI À JEUDI - DU 12 AU 15 AVRIL 2021
EN PRÉSENTATIONS SCOLAIRES
THÉÂTRE PALACE ARVIDA 
DIFFUSION SAGUENAY/AMIS DE CHIFFON


Diffusion Saguenay présente, en représentations scolaires, le tout dernier spectacle des Amis de Chiffon, BaluchonC’est au contact des vieux objets amassés dans le grenier de la maison ancestrale, que MAXIMADULTE plonge dans ses souvenirs. MAXIMENFANT apparaît alors dans ce même lieu, en pleine colère à la suite du retrait de sa tablette électronique. Comment ce personnage réussira-t-il à gérer cette crise ? Détails du spectacle ici.

MERCREDI À SAMEDI - DU 14 AU 17 AVRIL 2021
19H - SALLE MURDOCK (CHICOUTIMI)
THÉÂTRE DU FAUX COFFRE


Diogène remonte en scène avec son tout nouveau spectacle de lectures: Quand Ruth rencontre KevinCette année de confinement et de pandémie a beaucoup affecté les goûts littéraires de Diogène. Après avoir lu tout ce qui se fait de mieux dans le domaine mondial de l'écriture et des belles lettres, l'intellectuel a revu à la baisse ses exigences livresques et sombrera, l'esprit ouvert, dans ce qui se fait de plus malhonnête sur le Net. Mais les apparences sont parfois trompeuses et c'est toute sa vie qui s'en trouvera changée à jamais. Ce spectacle, c'est un peu marcher le Chemin de Compostelle, mais assis. Un voyage dont l'humanité a bien besoin. Il n'y a qu'une trentaine de places par soir alors il vaut mieux réserver (détails sur l'affiche).

VENDREDI - 16 AVRIL 2021
19H - SALLE MICHEL-CÔTÉ (ALMA)
VILLE D'ALMA SPECTACLES


Ville d'Alma Spectacles reçoit Dans la tête de Proust (pastiche, collage et fabulations)Marcel Proust couché dans sa chambre parisienne pendant huit ans pour extirper de son imaginaire sa cathédrale littéraire. Huit ans pour arriver à écrire le mot FIN, puis mourir au bout de son oeuvre. Un homme alité dans une chambre à deux murs. Avec lui, surgissant de ses fièvres créatrices, les personnages de sa Recherche du temps perdu qui exhiberont devant nous leurs failles et leur flamboyance pour se faire le reflet d’une société en pleine décadence, celle du début du XXe siècle. Un spectacle où mots et gestes se refusent à dire la même chose, pour le bénéfice de nos imaginations. Un grand Bal du Souvenir recréé par la tête d’un homme quasi-immobile. Une tempête de corps dans une petite chambre. L’idée ici n’est pas d’adapter l’oeuvre-fleuve, mais d’être les témoins d’un Marcel Proust en train de la rêver, de l'écrire. Détails ici.

VENDREDI À DIMANCHE - 16 AU 18 AVRIL 2021
(JUSQU'AU 16 MAI 2021)
19H (15H DIMANCHE) - SALLE LIONEL-VILLENEUVE
THÉÂTRE MIC MAC


Le Théâtre Mic Mac de Roberval présente ENFIN! sa production Bonne retraite, Jocelyne, un texte de Fabien Cloutier mis en scène par Bruno Paradis, qui devait prendre l'affiche l'an dernier. Jocelyne convoque les siens à une réunion familiale. Mais la nouvelle qu'elle désire annoncer tombe à plat. Les convives semblent davantage intéressés à donner leur avis sur le TDAH du collègue de Brigitte, la maltraitance des dauphins ou la peine d'amour de Keven qu'à nouer de véritables échanges. La rencontre sous tension revêt rapidement des allures de tribunal populaire. Dès lors, de vieux démons ressurgissent. Une confrontante rencontre de famille qui, dans un humour cinglant, questionne la culture du vide, les conversations futiles et les troublantes conséquences d'un monde pétri de jugements décomplexés. Une charge contre l'ignorance qui n'épargne personne. Tous les détails ici.

SAMEDI - 17 AVRIL 2021
17H - SALLE PIERRETTE-GAUDREAULT
THÉÂTRE LA RUBRIQUE/JAMAIS LU MOBILE


Le Théâtre La Rubrique fera une écoute collective de la balado À demain Moïra d'Anick Martel, produite dans le cadre du Jamais Lu MobileMoïra n’a pas trente ans. Jeune mère monoparentale, elle éprouve beaucoup de difficultés à s’occuper de son fils qui ne cesse de pleurer. À bout de souffle, elle décide de se rendre chez sa mère, à Chicoutimi, pour y abandonner l’enfant. Une nuit. Une seule nuit. Une nuit de tranquillité où elle espère retrouver le père de cet enfant. S’ensuivent des chassés-croisés entre le passé et le présent de cette femme-enfant, déterminée à comprendre le fil de cette nuit qui a fait basculer sa vie. Nous plongeons avec Moïra dans ce récit fragmenté pour un road trip sans retour sur fond de musique électronique. C'est gratuit, mais il faut réserver quand même! Tous les détails ici.

SAMEDI - 17 AVRIL 2021
19H - CHAPELLE ST-CYRIAC (LAC-KÉNOGAMI)
CÔTÉ-COUR/QUATUOR MOLINARI
COMPLET


Ici c'est plus ou moins théâtral, mais quand même! Le Côté-Cour reçoit (à la Chapelle St-Cyriac parce que plus grand dans le contexte sanitaire) le Quatuor Molinari et Catherine Perrin au clavecin pour un spectacle autour des Fables de LafontaineCe théâtre musical familial est une présentation du Quatuor Molinari en collaboration avec Mme Catherine Perrin, au clavecin et à la narration. Dix fables seront déclamées par Mme Perrin et illustrées par une musique de Denis Gougeon pour clavecin et quatuor à cordes, et par celle de Jean-Philippe Rameau. En première partie le Quatuor Molinari jouera le Quatuor op. 11 de Samuel Barber (avec son célèbre Adagio), suivi des Fables en seconde partie. Pour les enfants de 7 à 77 ans! C'est complet pour le Côté-Cour, mais le lendemain 18 avril, le spectacle sera présenté par Ville d'Alma Spectacles, à 14h, à la Salle Michel-Côté et il reste de la place.

samedi 10 avril 2021

«Le Roi des oubliettes» aux oubliettes!

Au détour d'une soirée de vagabondage sur le site de BaNQ, dans les journaux d'époque, je suis tombé sur cette réclame d'un spectacle publiée le 27 mai 1909 dans le Progrès du Saguenay:

Le descriptif de la pièce était assez accrocheur (et détaillé!) pour que je m'intéresse à celle-ci. L'auteur en est le Père Camille, du moins si je me fie à cette couverture (de la seizième édition, paru en 1912):


À défaut d'en trouver plus sur l'auteur qui restera donc relativement anonyme, je suis parti à la recherche du spectacle annoncé...

D'abord une première annonce, dans le Progrès du 19 mai 1909:


Plusieurs choses sont intéressantes dans ce petit billet: l'autorisation de l'évêque, la description de la pièce, la location des costumes (la maison Ponton existe toujours d'ailleurs... voici leur site), le prix des places...

Puis il y a cette petite mise au point sur la date (un autre retard!) dans le Progrès du 27 mai 1909 (même édition que la réclame ci-haut):


Un rappel publié dans le Progrès du 3 juin 1909 dont l'intérêt principal est qu'il donne les raisons de la tenue de ce spectacle et le coût de la représentation pour les enfants:


Enfin, apothéose... le Progrès du 14 juin 1909 revient, en quelques mots, sur ce spectacle tant attendu (et qui ne donne, en fait, qu'une série de noms de famille enrobés de compliments):


Après tout ça... que sait-on de cette pièce? Bien peu de choses à vrai dire! 

Alors j'ai tenté d'en trouver plus... et voilà que 26 ans plus tard, elle reprend l'affiche, avec beaucoup d'ambition, comme l'annonce le Progrès du 14 février 1935:


Encore une fois, les publicistes d'alors avaient le don de titiller l'imagination des spectateurs! Et le prix des places n'a pas tant évolué durant ces années...

Me revoici donc à tenter d'en retracer les développements:

Il y eut, au départ, ce petit article, paru dans le Progrès du 7 février 1935 où les superlatifs ne manquent pas!:


(Si je ne m'abuse, l'abbé Saulnier dont il est question ici sera le curé de l'église St-Georges à Jonquière...)

Et ce petit retour critique - si on peut dire - du Progrès du 7 mars 1935 nomme quelques noms. Sans plus:


C'est ainsi que finalement, de cette pièce, j'en saurai bien peu... sinon ces deux événements de notre passé théâtral... mais c'est aussi ça, l'histoire!


mercredi 7 avril 2021

Scandale anonyme

Le Courrier de Saint-Hyacinthe du 23 décembre 1886 publie ce beau petit encadré, suite au passage d'une troupe dans la cité:


Dommage que cette chronique ne donne pas au moins le titre de la pièce pour permettre quelques recherches sur cette œuvre qui fit s'outrager toute une population...

mardi 6 avril 2021

Un organe de censure tentaculaire

Voici un organe de censure théâtrale mis en place par les évêques américains au début du vingtième siècle. Le journaliste du journal La Vérité de ce 18 janvier 1913 salive devant une telle structure destinée à combattre le théâtre immoral... fléau moderne, dit-il en fin de papier.

Et tout comme le billet d'hier, il est question aussi de ce théâtre américain (le fameux burlesque) qui est alors en plein essor et qui est décrié par l'élite bien pensante qui y trouve là beaucoup de choses à redire que dans le théâtre français tout à coup absout de ses péchés. Comme quoi le mal change de place...


lundi 5 avril 2021

Quand Mutt et Jeff scandalisent...

La tradition théâtrale au Québec a pour racine, bien entendu, celle de la France (le classicisme, le drame et le mélodrame) mais aussi, pour une part non négligeable, de celle des États-Unis.

Car de fait, au milieu du XIXe siècle, Montréal est rapidement intégré aux grands circuits des tournées américaines et donnera le coup d'envoi à l'incontournable vague du burlesque qui déferlera et qui trouvera, chez-nous, un terreau fertile pour se développer. 

Cabotinages, cabrioles, sketchs, comiques de situations, stand-up, etc. Le genre sera fort apprécié par la population qui, même s'il ne comprend pas la langue, se ruera dans les salles pour passer un bon moment... au grand dam de plusieurs, comme ce chroniqueur du journal Le Franc Parleur, le 5 février 1916, qui s'étouffe de rage devant le succès d'un spectacle de Mutt et Jeff:


Ce type de théâtre sera souvent décrié comme étant vulgaire. Médiocre. 

Et pourtant, le burlesque (parce que c'est de cela qu'il s'agit ici) fera les beaux jours du théâtre québécois et donnera, en quelques sortes, son premier âge d'or théâtral à notre territoire jusqu'aux années '30. 

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Mais pour en revenir à Mutt & Jeff... 

Mutt et Jeff, ce sont deux personnages comiques qui vivent diverses aventures rocambolesques. Comme Laurel et Hardy et comme tant d'autres duos. Ils feront l'objet de diverses adaptations...

... comme des bandes dessinées publiées dans les journaux (comme ici, dans La Presse en 1973):


... ou en dessins animés (dont celui-ci qui est dans les premiers, datant de 1916)...:


dimanche 4 avril 2021

Quand même la Passion est refusée si elle est au théâtre...

Aujourd'hui, c'est Pâques. Bien que j'aie déjà publié un billet ce matin sur le nô, en voici un autre de circonstances.

Il s'agit d'une lettre pastorale de sa Grandeur, l'Archevêque de Montréal, Paul Bruchési. Ici, il s'élève (et, bien en verve, il s'est élevé de très nombreuses fois, comme en font preuve ces publications), contre un groupe qui souhaite représenter sur un théâtre, à l'approche de Pâques, la Passion du Christ. Inutile de dire que ça ne passe pas! 

Donc, le 3 mars 1921, il fait paraître ceci, notamment dans Le Devoir:

La naissance du nô

 

 
Capsule vidéo réalisée par l'UNESCO 
(parce que le nôgaku - réunissant nô et kyogen - fait partie du patrimoine culturel immatériel de l'humanité)

Le nô a quelque chose d'hypnotisant, d'impénétrable pour les Occidentaux. Impénétrable mais ô combien fascinant. Tout y est code et convention. Du moindre mouvement des doigts aux couleurs portées.

Lire les traités du genre, lire le plus grand auteur du genre, Zeami, n'apporte pas nécessairement, sur ce genre - figé, en quelques sortes, depuis des siècles - un  éclairage facilement digeste! 

Voici donc, tirée de La tradition secrète du nô dudit Zeami (XVe siècle), traduit par René Sieffert (1960), le récit de la naissance du nô (ou plus précisément, du sarugaku, ancêtre et/ou précurseur et/ou source orginelle du nô... mais ça non plus, ce n'est pas très clair):

Item, voici comment débuta le sarugaku au temps des dieux: au moment où la Grande-Divinité-qui-illumine-le-Ciel se confina dans la Céleste-Demeure-Rocheuse, le Monde-sous-le-Ciel fut plongé dans les ténèbres; lors les huit cent myriades de dieux s'assemblèrent sur le Céleste Mont-Kagu, et dans l'intention de captiver le divin Coeur de la Grande-Divinité, ils lui offrirent un kagura, et commencèrent un seinô. D'entre eux, Ama-no-uzume-no-miko s'avança; [tenant] des bandelettes votives fixées à un rameau de sakaki, élevant la voix, soulevant d'un piétinement rapide un roulement de tonnerre, quand elle fut en état de possession divine, elle chanta et dansa. Comme cette voix divine lui parvenait indistincte, la Grande-Divinité entrouvrit la Porte-Rocheuse. La terre, de nouveau, s'éclaira. Les divines faces des dieux resplendirent. Le divin divertissement de ce temps-là fut, dit-on, le premier des sarugaku. Les précisions, on les trouvera dans la tradition orale. 

samedi 3 avril 2021

Du Grand Guignol en théâtre-web - À la recherche d'efficacité

Nous poursuivons toujours les répétitions dans le cours de Création théâtrale, à l'UQAC, où, je le rappelle (et ici, ici, ici), nous travaillons à la mise en place d'une plateforme de diffusion d'une représentation en direct de Grand Guignol: Le Système du Dr. Goudron et du Pr. Plume d'André de Lorde. L'interprétation et la mise en scène doivent se conjuguer avec un important élément: le cadrage subjectif.

Pendant ce temps, l'espace est confié à Sophie Châteauvert. La partie du théâtre que nous utilisons se transforme peu à peu en plateau de tournage.


Ici aussi, plusieurs enjeux se posent dans ce grand espace. D'une part, il faut qu'il soit esthétique. Avec un souci de la précision étant donné qu'avec les déplacements des comédiens et de leurs caméras, tous les angles et les points de vue doivent être réfléchis. Il faut ensuite que le tout soit dynamique et permettent différents jeux de scène.

Et sur ce plateau - Grand Guignol oblige! - nous mettons à l'épreuve bien des éléments du mobilier et des accessoires! Pour preuve, nous en sommes à notre troisième table... C'est un genre qui demande un fort engagement sur le mode de l'impulsivité, de la cruauté, de la folie. Comment rendre tout cela crédible ou efficace? Que de coups reçus, d'accidents, de bris, d'entailles ponctuent les répétitions! 

Dans les prochains jours, ce sera au tour de la technique (sons, lumières, projections) d'entrer en scène pour créer l'atmosphère nécessaire.

Sinon, cette semaine, nous avons pu avoir un premier aperçu de la plateforme. Les tests  (d'ailleurs, fort étrange de se dire que l'équipe de programmation qui était avec nous était dispersée entre Montréal et Toronto!) se sont montrés fort convaincants, même s'il s'agissait plus de vérifier le synchronisme des caméras, des micros:


Il sera fort intéressant, pour le spectateur, de manœuvrer cet objet virtuel tout au cours de la représentation. De ce que nous avons vu entrevoir, l'utilisation de cette plateforme sera simple et fluide.

Maintenant, comme tout projet théâtral, la clé de l'efficacité réside dans la répétition!
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Dans le cadre d'un autre cours, quatre des étudiants inscrits dans ce projet ont ouvert une page Facebook, Les Aspirants du théâtre Web, pour documenter, commenter le travail qu'ils font avec moi. Abonnez-vous à leur page pour voir leurs capsules.