samedi 31 mars 2012

De la biomécanique... concrètement...

 Voici une petite vidéo (trouvée sur Youtube) montrant quelques exercices de biomécanique meyerholdienne. Une belle démonstration...


Toute la première partie avec les bâtons (que nous avions un peu explorée), c'est pour développer l'objet comme le prolongement du corps humain, acquérir une aisance et une maîtrise telle que les deux éléments (corps et objet) ne fassent plus qu'un.

À les voir, ça donne envie de ravoir une autre formation sur le sujet (comme celle reçue en mars 2010 avec M. Robert Reid de l'Université Concordia)...

Un cours de mise en scène par Meyerhold...

Portrait de Meyerhold par l'artiste Ilya Broido (pris sur ce site)

Alors que mon cours d'atelier de production se voit un peu troublé par la grève de l'association des étudiants en art et que l'échéance des représentations approches, je retrouve, chez Meyerhold (dans un sténogramme d'un cours donné le 3 juillet 1918 et reproduit dans la petite plaquette Vsevolod Meyerhold de la collection Mettre en scène parue aux éditions Acte-Sud Papier), plusieurs notions que j'aurais aimé transmettre, discuter, explorer dans un cadre plus officiel.

Voici donc, en rafale, ce qu'il dit de la mise en scène (toutes des idées qui me plaisent, il va sans dire... mais je soulignerai tout de même des points qui me semblent fondamentaux dans une approche néo-meyerholdienne):

[...] Le metteur en scène [est] l'auteur des compositions scéniques. L'activité du metteur en scène réunit celle de tous les créateurs du plateau: acteurs, auteur dramatique, peintre-décorateur*, etc., pour matérialiser une idée artistique unique.

[...] Son activité précède l'arrivée du décorateur: il s'agit d'un travail d'organisateur qui lui est propre. Il doit élaborer un plan qui réunit le travail de tous les travailleurs du plateau sans exception. Il doit établir les conditions qui permettront de coordonner l'activité de tous les métiers de la scène. Et c'est précisément en ce travail unificateur que consiste la création du metteur en scène.

[...] Ensuite le metteur en scène indique aux acteurs la mélodie de leur discours, il indique les mesures, les pauses. Il élabore toute la structure du spectacle, ses accents. Il indique ou il doit y avoir intensifications et réductions. Il expose aux autres son interprétation de la pièce, la façon dont il la comprends. Il la considère du point de vue de la littérature, du style, etc. [... La] pièce d'un auteur donné n'est ici pour lui qu'un motif. Et son travail est de développer les didascalies de l'auteur qui sont toujours relativement peu nombreuses. Sa tâche est d'y introduire toutes les didascalies qui manquent. [...] À côté des didascalies indiquées par l'auteur, le metteur en scène a donc le droit d'en introduire de nouvelles qui sont le résultat d'une construction édifiée par lui au-dessus de la pièce - tout ce qui est suscité par telle ou telle interprétation de la pièce par le metteur en scène. Dans ce domaine, il jouit d'une totale liberté de création.

[...] Le metteur en scène est celui qui, dans la sphère de la mise en scène, est autant auteur que le dramaturge dans sa sphère - celle de l'écriture de la fable. Il interprète et élabore la pièce du point de vue théâtral.

[...] La tâche du metteur en scène est de redresser la pièce en ce sens qu'il doit y mettre au jour l'élément théâtral. Il apparaît ainsi comme celui qui traduit librement un texte livresque en une langue vivante, celle du récit scénique.

En fait, tous ces points (et il est plus clair de s'en rendre compte en lisant l'intégralité de ce texte) peuvent se résumer en trois concepts nécessaires: cohérence, choix, liberté de création.
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* Le peintre-décorateur correspond, en quelque sorte, au scénographe d'aujourd'hui.