jeudi 4 février 2010

La mise en scène... quelques réflexions...


La mise en scène est, malgré son apparente simplicité, plutôt complexe à définir... Elle englobe tant d'éléments disparates (allant de la direction d'acteurs à la conception générale, de la lecture d'une oeuvre à la psychologie, etc.). Pour s'y retrouver... ou plutôt, pour réfléchir selon certaines balises, voici quelques notes de Anne Ubersfeld dans son petit recueil fort intéressant, Les termes clés de l'analyse théâtrale, paru en 1996 aux édition Le Seuil (Paris):

Quelques réflexions.

1) Le problème clef de la mise en scène est donc celui de l'articulation entre le travail d'un maître d'oeuvre (un artiste, avec sa conception propre de l'oeuvre à réaliser), et le travail de chacun des artistes qui concourent à l'oeuvre
[...].

2) Le travail de la mise en scène implique la prise en compte de trois éléments: A- l'état actuel technique, sociologique, esthétique, économique du théâtre - tout le code théâtral contemporain; B- un spectateur imaginaire construit par le metteur en scène, selon l'univers encyclopédique et particulièrement esthétique qu'il lui prête, en relation d'identité et/ou de distorsion avec le sien propre (violer un peu le spectateur n'est pas interdit au metteur en scène); C- un texte (fût-il un simple canevas), base de réflexion, de création.

3) Une part essentielle de la mise en scène consiste dans la lecture du texte et son interprétation, que ce soit la construction, toute brechtienne, d'un «sens» en relation avec le gestus fondamental présent dans l'oeuvre, que ce soit au contraire la construction de pistes multiples à l'intention d'une lecture plurielle de la part du spectateur, ou que ce soit, comme le veut Vitez, la mise en évidence d'une énigme du texte, que la mise en scène devra montrer sans tenter de la résoudre, c'est-à-dire de l'évacuer.

4) Par rapport au texte T du scripteur, la mise en scène construit avec tous les signes un texte second T', dont la base est le travail de construction d'une référence, d'une référentialisation du texte: A- par rapport au temps de la mise en scène et au «monde réel» du metteur en scène; B-
par rapport à un temps du passé, celui du scripteur ou celui de la fable évoquée. Cette référentialisation est toujours le fruit d'un choix.

Cette longue citation se retrouve aux pages 55 et 56 de l'ouvrage nommé plus haut.