Dans cet extrait, la grande Judi Dench y va, en 1979, d'une interprétation fabuleuse (et, me semble-t-il, toute shakespearienne!) de Lady Macbeth dans une mise en scène de Trevor Nunn. Il s'agit là de la scène du somnambulisme (le lavage des mains)... Un truc vraiment terrible...
Je ne sais pas, dans cette création, s'ils ont eu des problèmes avec la malchance. Après tout, prononcer le nom de Macbeth sur une scène, dans un théâtre, porterait malheur. C'est pourquoi - je l'ai déjà noté dans un autre billet sur le sujet - quand il est question de cette pièce, plusieurs préfèrent l'appeler, notamment, la pièce écossaise.Et pour désigner les principaux personnages, on dit M. et Lady M.
Vive la superstition!
J'ai trouvé, dans Leur trac au théâtre d'Éliane Arav (publié en 2012 aux éditions Payot), en pages 143 et 144, ces possibles explications: Si les raisons de cette malédiction sont assez floues et s'il n'existe aucune preuve tangible pour la justifier, l'acteur anglais Vernon Dobtcheff a bien voulu nous donner quelques pistes hypothétiques expliquant la malédiction de Macbetch.
Tout d'abord, plongeons-nous dans les brumes troubles du XVIième siècle en Écosse. Une lande balayée par la tempête d'où surgissent trois sorcières. [...] Le décor est planté. À cette époque où l'on croit et l'on craint les maléfices et que la sorcellerie est très répandue, on dit que l'auteur, pour ces scènes de magie, a utilisé de véritables incantations de sorcières, ainsi que de véritables ingrédients, queues de rats, bave de crapaud ou pattes d'araignées de cette nébuleuse magie [...].
Comme si ce n'était pas suffisant, le jour de la première, l'accessoiriste, en panne de marmite pour les scènes de sorcières, se rend chez l'une d'elles et lui emprunte son chaudron. À ce moment là, on estime déjà que la pièce serait doublement maléfique - incantations magiques, véritables philtres et chaudron de sorcière - sans pourtant pouvoir affirmer si c'est par mégarde ou volontairement. Et ce n'est pas terminé!
En effet, pour cette nouvelle création, Shakespeare a lui-même distribué sa pièce et fait la mise en scène, et c'est à ce moment-là que la légende prend toute sa dimension prophétique: on dit que l'auteur, ne désirant pas qu'on lui succède ou que quiconque fasse une meilleure mise en scène de sa pièce, convoqua la sorcellerie pour qu'un sort soit jeté sur ceux qui s'aviserait de se frotter à Macbeth. [...] Surviendront nombre d'accidents dramatiques ou de morts mystérieuses, quand ce n'est pas le théâtre qui brûle!
J'aime beaucoup et cette pièce... et tout l'aura qui l'entoure... et plus encore avec cette version qui place l'auteur universel dans une position mystérieuse: voilà une belle histoire d'ego, de jalousie, de postérité maudite!