Les théâtres antiques - les romains plus précisément - étaient équipés d'outils pour améliorer leur acoustique: des vases d'airain.
Image tiré de ce document.
J'ai ai déjà parlé ici, en 2010.
Voici une autre traduction plus explicite (prise ici) du même Vitruve:
Il faudra faire, selon les proportions mathématiques, des
vases d’airain qui soient en rapport avec l’étendue du
théâtre ; leur grandeur doit être telle que, venant à être
frappés, ils rendent des sons qui répondent entre eux à la
quarte, à la quinte et aux autres consonances, jusqu’à la
double octave.
Ensuite, ils devront être placés, d’après les
règles établies pour la musique, dans des niches pratiquées
entre les sièges du théâtre, de manière qu’ils ne touchent
pas le mur, et qu’ils aient un espace vide tout autour et par
dessus. Ils seront renversés et soutenus du côté qui regarde
la scène par des coins d’un demi-pied de hauteur au moins;
ces niches auront aux flancs des assises qui forment les degrés inférieurs, des ouvertures longues de deux pieds et
hautes d’un demi-pied.
[...] Grâce à cette disposition, la voix, partant de la scène
comme d’un centre, s’étendra en rond, viendra frapper les
cavités de chaque vase, et prendra plus de force et de clarté,
selon la consonance que son degré d’élévation aura avec le
vase qui y correspondra.
[...] On dira peut-être qu’il se fait tous les ans à Rome
bon nombre de théâtres, sans qu’on tienne compte de ces
règles : ce serait une erreur ; tous les théâtres publics sont
de bois avec plusieurs planches qui résonnent nécessairement. Qu’on examine les musiciens ; ont-ils à faire entendre des sons élevés ? Ils se tournent vers les portes de
la scène dont le retentissement vient aider leur voix. Mais
lorsqu’on bâtit un théâtre avec des moellons, des pierres
de taille, du marbre, toutes matières solides qui ne peuvent
résonner, c’est alors qu’il en faut faire l’application.
(Extrait de M. VITUNIUS POLLIO, L’architecture de Vitruve, traduction de DE BIOUL, Livre V §V, 1816)
Je suis entrain de lire un essai architecturo-théâtral consacré à John Dee imposant intellectuel anglais du XVIe siècle (et mathématicien, astronome, occultiste, alchimiste) qui a traduit Vitruve et qui fait référence à ce passage:
De plus, les Vaisseaux d'airain...qui dans les Théâtres sont placés par raison mathématique, dans des chambrettes voutées, sous les degrés: ces Vaisseaux et leurs différents tons sont ordonnés conformément aux Symphonies et Harmonies musicales: étant disposés dans les gradins par Diatessaron, Diapente et Diapason. De façon à ce que, rencontrant ces objets apprêtés en bon ordre, la simple voix des acteurs sonne plus fort, et par cette résonance parvienne plus claire & douce aux oreilles des assistants.
(Frances A. Yates, Le Théâtre du Monde, Allia, 1969, p.266)