jeudi 22 décembre 2011

«La Marmite» [Carnet de production]


Nouvel intitulé de billets, parce que je ne signerai pas la mise en scène de la prochaine production estivale du Théâtre 100 Masques. Non. J'ai confié les rênes - ou plutôt l'anse! - de La Marmite de Plaute à Élaine Juteau, qui a terminé l'an dernier au BIA en théâtre de l'UQAC. 

Et aujourd'hui, après qu'elle ait fixé ses besoins et qu'on ait fait quelques appels, je peux annoncer officiellement la distribution de ce prochain spectacle tout féminin, encore une fois... : Isabelle Boivin, Émilie Gilbert-Gagnon, Cynthia Bouchard, Valérie Essiambre, Marilyne Renaud et Andrée-Anne Giguère.

Cette gang de filles se lanceront donc dans la comédie antique... la seconde de la compagnie (après L'Assemblée des femmes d'Aristophane, il y a deux ans).
Pour ma part, j'agirai à titre de concepteur esthétique (l'équipe reste à combler pour le moment) et, bien entendu, à titre de directeur artistique (et, par extension, à titre de producteur). 

D'où le glissement de [Carnet de mise en scène] à [Carnet de production].

Pour terminer, ça n'a absolument aucun rapport, mais voici le vidéo du grand succès de Dario Moreno, La Marmite.



Une histoire du théâtre au Québec...


 Voici, en quelques mots brefs (et réalistes), l'histoire du théâtre au Québec (et  sa conséquence... soit  la «place» qu'il occupe dans l'imaginaire collectif), par Jacques Lacoursière et Claude Bouchard, dans Notre histoire: Québec-Canada, paru dans les années 60.

L'histoire du théâtre canadien, tant d'expression française qu'anglaise, est désespérément triste, parce qu'avant le début du second quart du vingtième siècle, la faveur populaire va aux divertissements de scène les plus disparates et rien ne s'arrange pour cet art, après l'arrivée du cinéma. La conclusion la plus dramatique est que les édifices construits pour le théâtre sont transformés, pour la plupart en salles de cinéma.

Traitant de ces transformations, le critique Jean Béraud écrit en parlant de Montréal après 1908: «C'est d'ailleurs par toute la ville une épidémie monstrueuse de 'scopes' et de 'graphes': Ouimetoscope, Nationoscope, Vitoscope, Readoscope, Rochonoscope, Mont-Royaloscope, Bodet-o-scope et, ancêtre du cinéma de Paris, le Pariscope».

Au Canada anglais, on ne compte, avant 1930, qu'un seul véritable dramaturge.

Celui-ci. Merrill Denison, excelle dans des pièces en un acte dans lesquelles il tente de démythifier les types jusqu'à ce moment présentés sous les diverses facettes du romantisme, de la grandeur d'âme, du courage, etc. L'œuvre de Denison entre de plain-pied dans le réalisme de l'époque où. cette fois, les mères et pères se font rouler par un fils sans scrupules. Denison s'oppose aux idées reçues et, à ce titre, on peut parler de lui comme d'un novateur. Michael Tait, dans son étude du drame, parle ainsi de Marsh Hav, la pièce de Denison qu'il considère comme étant la plus réussie: «En général, Denison évite de porter un jugement. La malpropreté et les tentatives pour échapper à la promiscuité sexuelle, les mœurs bigotes et perverses de la petite communauté, la rupture complète des relations humaines dans la famille, sont des conditions dont on ne doit blâmer personne en particulier, mais pour lesquelles on ne propose point de solution (...). C'est sans contredit la meilleure pièce canadienne de la décennie».

Il est peut-être intéressant de noter la naissance de nombreuses troupes de théâtre, à Toronto, à Montréal et à Ottawa, qui contribuèrent à la formation d'excellents acteurs qui durent toutefois émigrer, pour plusieurs, aux États-Unis, faute de quoi nourrir leur talent. Parmi ceux-là: Mary Pickford, Margaret Anglin, Walter Huston et Raymond Massey.

Quant au théâtre d'expression française, il est encore, après la guerre, à la remorque du théâtre français. L'absence de dramaturges québécois se fait de plus en plus pénible, puisque, dans les autres arts, se trouvent des personnes qui ont voulu refléter la personnalité propre aux Canadiens. Les comédiens pourtant ont une réelle valeur. Signalons Henri Poitras, qui débute en 1918 dans Cœur de Moineau au National, à Montréal. Quelques années plus tard, soit en 1923, Antoinette Giroux est la première femme à se mériter une bourse du gouvernement du Québec, bourse qui doit lui servir à défrayer le coût d'un séjour de trois ans d'étude à Paris. Le Conservatoire Lassalle, établi précédemment, a eu comme élèves Henri Poitras, Antoinette et Germaine Giroux ainsi qu'Albert Duquesne.
C'est, bien entendu, l'une des premières pages théâtrales du Québec (mais la seule dans le bouquin mentionné)... puis viendront des chapitres entiers qui en font aujourd'hui un art bien vivant. Bien vivant... mais sans racines profondes.

Quelques autres liens sur ce sujet (le manque de racines): Pour un théâtre national, Un théâtre fondateur?, Le théâtre canadien-français selon Durham.