samedi 31 octobre 2009

D'Ubu et de quelques nouvelles

Bougrelas (Guillaume Ouellet) et la reine Rosemonde (Eric Renald)
Photographie: Sylvain Dufour, Le Quotidien

Le Quotidien de ce matin donne une critique - ma foi! - fort élogieuse de la dernière production des Têtes Heureuses, Ubu Roi. Sous la plume de Mélyssa Gagnon (qui couvre désormais les arts et la culture), on titre Soif de pouvoir sur fond burlesque. Il est toutefois question, dans cet article, d'adaptation de la pièce alors qu'il s'agit plutôt de choix de mise en scène... mais bon, le glissement sémantique ne change pas le fond de la forme. Pour lire une partie de la critique, suivre ce lien.
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Dans cette même édition du journal, on y apprend que la costumière Jacynthe Dallaire (associée particulièrement à la Société d'Arts Lyriques du Royaume et au Amis de Chiffon, elle a aussi signé les costumes du Capitaine Fracasse des Têtes Heureuses) a été récompensée par le prix Jean-Guy Barbeau. Félicitation à elle!

Creepie - Le fantôme du théâtre

Jour d'Halloween oblige, voici l'épisode 26 de la série Creepie intitulé, bien sûr, Le fantôme du Théâtre!

vendredi 30 octobre 2009

Voies parallèles


Comment saisir l'unicité des productions théâtrales contemporaines, sans se fourvoyer ni surtout sans appauvrir leur richesse et leur diversité? Comment cerner et décrire ce qui les unifie, alors que le regard contemporain se caractérise par son opacité? En d'autres termes, le plaisir théâtral n'est-il pas la plupart du temps fondé sur un rapport différent à la scène, à la cérémonie théâtrale? Et si c'est bien le cas, qu'est-ce qui produit la fascination du spectateur?
Jean-Marie Apostolidès (Stantford University)

Voilà peut-être le(s) plus grand(s) problème(s) pour quiconque tente de définir les contours de la pratique théâtrale actuelle. Tant de formes. Tant d'essais. Tant de possibilités. En cette ère de mutation technologique et de métissage de l'art avec la technique, les voies sont infinies et leurs nombres continuent pourtant de s'accroître rapidement. Il y a autant de manière d'aborder et de faire le théâtre qu'il y a d'artistes (auteurs, metteurs en scène, concepteurs, comédiens).

Vouloir cerner l'ensemble de ce corpus instable et, par là, variable s'avère être une utopie. Et pourtant, l'exercice ne peut qu'être bénéfique pour comprendre le cheminement de cet art éphémère. On peut sortir quelques éléments (en ce sens, le meilleur ouvrage reste encore le numéro 22 de la revue Études Théâtrales publié en 2001, La Poétique du drame moderne et contemporain dirigé par Jean-Pierre Sarrazac) et tenter de les appliquer tant bien que mal sur différentes productions. On peut s'attarder à un seul aspect (jeu, mise en place, texte)... mais encore...

Le théâtre contemporain pose un immense défi à quiconque s'y attaque... et, bien naïvement, je tenterai le coup dans les prochaines années au doctorat.

Que peut-on attendre, aujourd'hui, de l'esthétique théâtrale, alors même que le paysage scénique semble éclaté et presque comme épuisé? Une prescription, une prise de parti pour tel ou tel aspect théorique ou pratique du théâtre (pour ou contre le drame ou le postdrame, le frontal ou le circulaire, le lieu fermé ou la rue, etc.)? Ou plutôt une observation, jointe à une tentative de pensée, éclairées à la fois par l'histoire des spectacles, des événements et des publications, et par les événements qui ont lieu, maintenant, quitte à buter sur des définitions doxiques, à les remettre en perspective et même en cause, à les discuter sous le double feu de l'histoire et de l'actualité?
Christian Biet et Christophe Triau

Edmond Rostand par Sacha Guitry

Petit retour dans l'Histoire... avec cette présentation d'Edmond Rostand (l'auteur français par excellence de la fin du XIXième siècle qui a écrit le chef-d'oeuvre Cyrano de Bergerac) par un autre grand monument (parfois contesté mais toujours admiré) du théâtre français de la première moitié du XXième siècle, Sacha Guitry... que j'adore.



J'aime son ironie, sa moquerie perpétuelle... son esprit! Une grandeur amusée (du moins, en apparence) face aux obstacles de la vie... et Dieu seul sait combien il en a vu! Mais il est vrai que Guitry n'est pas le sujet de ce document!

jeudi 29 octobre 2009

Première!

Aujourd'hui, c'est jour de première pour les Têtes Heureuses, pour leur UBU ROI d'Alfred Jarry. Un UBU ROI surprenant par le ton, la mise en scène, par le jeu... Ah oui, j'ai vu la générale. (Et j'attendrai le début de représentations pour écrire à ce sujet.)

À toute l'équipe - la direction, les concepteurs, les comédiens, les régisseurs - je souhaite un retentissant, pataphysicien et ubuesque

MERDRE !

Merdre à Rodrigue, Hélène, Alexandre, Michel, Yasmina, Patrice, Christian, Martin, Éric, Guillaume, Marc-André, Simon-Pier, Jean-François et les trois autres garçons, Jessyka et tous ceux que j'oublie!

«S'il n'y avait pas de Pologne, il n'y aurait pas de Polonais!»


Publicité conçue et réalisée par Guillaume Langlois


mardi 27 octobre 2009

Du perfectionnement...

Ces messieurs sérieux, Tadeusz Kantor, 1981

À chaque nouveau projet, je me dis qu'à un moment donné, je serai face à un mur insurmontable: jusqu'à quel point est-il possible de se renouveler, de se perfectionner en art? Le danger de se perdre dans un style, dans une forme n'est-il pas omniprésent? N'y a-t-il pas un risque de se figer dans une forme morte? Voici ce qu'en dit Kantor, Tadeus Kantor, dans son recueil Le théâtre de la mort:

L'évolution de l'artiste, si importante pour qu'il puisse garder sa vitalité, n'est pas un PERFECTIONNEMENT de la forme. Le perfectionnement, si apprécié et adoré par l'opinion conventionnel, devient avec le temps, une APPARENCE de création et un moyen qui apporte l'approbation, l'acceptation, et à l'artiste lui-même
un abri
une paix paresseuse
mais aussi le prestige.
L'évolution est une adaptation constante de l'artiste à son époque, jusqu'à la fin de ses forces intellectuelles (hélas!).

En ce sens, l'artiste peut-il se permettre une quête - disons... - formaliste sans se dénaturer?

lundi 26 octobre 2009

À quelques pas d'un espace


L'espace est peut-être la question la plus préoccupante quand débute un projet. Où se joue le drame? Dans quel lieu? Pourquoi? Comment le représenter? Qu'est-ce que ce lieu?

L'espace est l'une des question primordiale pour le metteur en scène... la pierre angulaire de la création...

Présentement, c'est l'une des questions qui me tourmente dans le cadre d'un projet qui aura lieu après les Fêtes. Une pièce difficile à situer. Un spectacle qui, malgré les nombreuses lectures et l'analyse et les nombreuses pistes, refusent encore de se matérialiser... L'espace nébuleux...

... Il y a un espace de l'intrigue, espace géométrique où les hommes et les choses prennent leurs figures et leur dimensions; il y a un espace de l'action où certaines formes trouvent une signification; dans Macbeth, un escalier découpe et ordonne un lieu intensément tragique; en permettant au jeu de se déployer dans la hauteur, il joue lui-même; il isole et surélève le petit morceau d'étendue où s'accomplit le destin du couple maudit. C'est là que le roi fera ses derniers pas, là que le crime cessera d'hésiter, là qu'une apparition horrible et pourtant pitoyable découvrira la grandeur du châtiment.
Il y a un espace de l'intrigue, espace géographique où les hommes se déplacent, où les choses occupent un lieu; il y a un espace de l'action qui n'est plus seulement celui des atlas, où la géographie est gonflée d'histoire et d'une histoire éclairée de l'intérieur par la poésie des souvenirs ou la foi créatrice d'un avenir, c'est l'espace du Soulier de Satin où l'espagne catholique, la France, l'Afrique, l'Amérique reçoivent une réalité surcatographique dans la géographie mystique que dessine l'histoire sainte selon Paul Claudel. Ainsi l'action détermine un espace dramatiquement qualifié qui est, à sa manière, ce que Gaston Bachelard nomme un «espace poétique».

Henri Gouhier, L'Oeuvre théâtrale (milieu du XXième siècle)

dimanche 25 octobre 2009

La semaine théâtrale (du 25 au 31 octobre 2009)

Deux événements à noter:

De jeudi à (dimanche) - du 29 oct. au 1er nov. 2009
Petit Théâtre (UQAC), 20h (14h)


Les Têtes Heureuses lancent leur nouvelle production, Ubu Roi d'Alfred Jarry dans une mise en scène de Rodrigue Villeneuve. Pour plus de détails, suivre ce lien.

Vendredi - 30 octobre 2009
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonquière), 20h


Le Théâtre La Rubrique présente Le Boxeur de, par et avec Patric Saucier (qui a fait, pour cette compagnie, la mise en scène, entre autres, de Toilette de Soirée et Il pleut des vies), une production du Théâtre du Transport en commun (Québec). L'histoire du Boxeur commence en prison, mais n'avait-elle pas commencé bien des années auparavant? Et bien loin de guérir sa violence jusque là refoulée, les barreaux vont l'exacerber. L'homme, l'ours, le gros si longtemps méprisé devient, en cellule, un boxeur adulé autant que détesté. Son poids fait pencher la balance vers une descente dont on ne se relève pas. Pour plus de détail, suivre ce lien.

samedi 24 octobre 2009

L'équilibriste...

Cirque, dessin tiré du site owiy.net

L'équilibre du plateau...

L'équilibre est, pour moi, une impression que tout se tient, que tout est cohérent, que tout est imbriqué afin de se maintenir.

C'est aussi l'impression qu'il n'y a aucun «trou» sur scène pendant la représentation, que tout y est habité, que d'un seul regard le spectateur puisse y ressentir une plénitude scénique, un épanouissement architectural.

C'est l'impression qu'en changeant un seul paramètre, l'unicité serait brisée, modifiée, bref que tout y est par nécessité... que ça ne pouvait finalement être autrement.

C'est l'impression d'une justesse dans la construction, d'une rigueur: tout répond effectivement à des critères de placement invisibles et efficaces, à des règles concrètes, et que rien ne peut et ne semble y déroger.

Et cet équilibre, à quoi tient-il? Au rythme, à la précision, au dessin de la scène, à la mise en place, aux groupements humains et d'objets dans l'espace.

vendredi 23 octobre 2009

Un pied dans le gouffre...

Dullet Griet, Pieter Brueghel (1561)

Petite citation d'un auteur dramatique anglais, Edward Bond, qui pose de belle façon le paroxysme du cynisme... l'inversion du paradigme social depuis quelques années (pour ne pas dire décennies):

Dans le passé
nous nous sommes créés
à travers la comédie
de la tragédie humaine,
maintenant
il se peut que nous nous anéantissions
dans la tragédie
de la comédie humaine.


jeudi 22 octobre 2009

... !

Louis-Joseph PAPINEAU, le tribun populaire
par Octave-Henri JULIEN (1852-1908),
reproduction à l'aquarelle sur crayon
d'un dessin de Charles William JEFFREYS,
Archives nationales du Canada, Ottawa (C-073725)


On a coutume de dire: tout est politique.
Non. Tout est théâtre.
Surtout la politique.
Michel Galabru


Alors que les chiffres sortent d'un peu partout en cette (sombre) période d'élections (et particulièrement du Quotidien...) et donnent un aperçu parfois un peu biaisé de la réelle situation (du moins, j'ose le croire!), il faut parfois se rabattre sur ce que l'on fait de mieux... dans le cas présent, le théâtre.

La vie [et j'ajouterais la politique!],
c'est une pièce de théâtre: ce qui compte,
ce n'est pas qu'elle soit longue
mais qu'elle soit bien jouée.

Sénèque, Lettres à Lucilius


mercredi 21 octobre 2009

Non


Ce billet n'a rien de théâtral. Quoique...

Est paru un sondage ce matin, qui «couronne» Jean Tremblay avec 86% des intentions de votes pour les élections qui approchent (avec un taux de satisfaction qui frise le 90% à Jonquière!). Il faut donc croire que je fais partie (et tout mon entourage!) des 14% qui ne voteront pas pour lui.

Je refuse de cautionner ses visions de la culture (plusieurs exemples récents pourraient être données... dont son tout dernier discours au Salon du Livre...). Je refuse de cautionner la culture comme «produit d'appel». Je refuse de cautionner les produits culturels «touristiques» comme la Fabuleuse en anglais. Je refuse de jouer la comédie de «Saguenay, capitale culturelle 2010» dans laquelle la Ville tiendra un beau rôle... qu'elle peine si souvent à esquisser. Je refuse aussi pour tout le reste: cafouillis dans la salle de spectacle, choix économiques, débat coûteux sur la prière à l'hôtel de ville, les jugements de la cour dans l'affaire B.T.F. et j'en passe.

Je ne voterai donc pas pour Jean Tremblay. Reste Michel Potvin...

À quand un véritable deus ex machina dans la vie municipale?
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AJOUT: Quelle Ville... Ce matin, jeudi 22 octobre, paraissent les résultats de 3 sondages sur les appuis au Maire dans différents dossiers... dont ces deux-ci qui retiennent l'attention.

Le premier concerne la préférence pour la salle de spectacle: au total, 65% des répondants préfèrent la rénovation de l'Auditorium Dufour...

Le second se penche sur la gestion du Maire dans le dossier BTF: au total, 52% des gens estiments qu'il a agi dans l'intérêt de ses citoyens.

mardi 20 octobre 2009

Les Fridolinades

Petit document réalisé en 1945 par l'ONF pour garder quatre scènes de cette revue populaire écrite et mise en scène par Gratien Gélinas, le fondateur de la dramaturgie québécoise...

lundi 19 octobre 2009

Quand il est question d'UBU

Esquisses de costumes pour une production de UBU,
par David Hockney (1966), MoMA (New York)


J'arrive tout juste de la conférence de presse tenue par Les Têtes Heureuses pour présenter leur très prochaine production, Ubu Roi d'Alfred Jarry et leur(s) autre(s) activité(s) pour l'année.

Un Ubu Roi contemporain... personnifié par Christian Ouellet... et, par conséquent, à l'opposé de l'imagerie populaire qui fait de ce personnage un grotesque pantin. Une mère Ubu sous les traits de Martin Giguère (un travestissement cher aux Têtes Heureuses), trois autres comédiens et un choeur de cinq étudiants avancés en théâtre (bien qu'indiqué dans leur mission, ce volet académique fait toujours l'objet d'un débat et nuit bel et bien à la compagnie....). Un espace comme le metteur en scène les aime: dépouillé, central, et intégré dans l'architecture du Petit Théâtre.

Pourquoi monter Ubu Roi de no jours (la pièce a été écrite en 1888 et créée en 1896)? Cette pièce, étrange, comme le dit le directeur artistique, met en scène le modèle le plus répandu du pouvoir au XXième siècle. Ubu c'est bien sûr Staline, Hitler, Mao, Ceausescu, et sa Pologne imaginaire le Rwanda ou le Cambodge. Mais plus contemporain, c'est un président Poutine, plus modeste un premier ministre Tim Horton, plus proche un maire sans opposition. Et plus proche encore, c'est chacun de nous: «Monsieur Ubu est un être ignoble, ce pourquoi il nous ressemble (par en bas) à tous» (Jarry).

Un peu plus (bien que le choix de la pièce ait été influencé par le contexte actuel d'élections à répétitions au niveau fédéral, provincial et par les élections municipales), et ce spectacle deviendra un manifeste clamant haut et fort l'utilité du théâtre et son pouvoir de changer les choses... à tout le moins, sa capacité de donner conscience à ses spectateurs.

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Pour des raisons qui me dépassent quelque peu et par un chronique manque de temps, c'est la première fois, depuis de nombreuses années, que je ne suis pas directement impliqué dans un de leur projet... Comme tout passe...

Des pleurs et des pleutres


À lire... l'édito de Daniel Côté dans le Progrès-Dimanche dans lequel il se demande où sont les artistes, leurs prises de position, dans la campagne municipale (et tous les autres événements électifs)... notamment après la sortie de Pierre Demers de la semaine dernière et sa vente de poupées vaudou à l'effigie de notre bon Maire.

Si je me souviens bien, ce n'est pas la première fois que Côté écrit ce genre de choses, exprime un besoin de voir le milieu culturel en action...

L'ART DE SE TAIRE

[...] Cela étant dit [nda: petit historique des manifestations culturelles versus le pouvoir dans le monde et dans le temps], on doit constater que l'une des qualités prêtées aux artistes, le goût de la transgression, fait défaut à Saguenay. Ce ne serait pas si grave si ce silence quai absolu reflétait un profond acquiescement aux vues de l'administration Tremblay.

Or, comme la signalé Pierre Demers dans les pages du Quotidien, mercredi, les créateurs comme les institutions chargées d'animer la vie culturelle sont loin d'adhérer aux politiques du maire. Ce serait plutôt le contraire. [...]

Pierre Demers attribue ce décalage entre le discours privé et le non-discours public à la crainte de perdre des subventions. C'est sans doute vrai dans une certaine mesure, mais comment interpréter le silence de ceux qui ne reçoivent rien de la ville, ou qui sont trop pauvres pour faire l'objet d'hypothétiques représailles (après tout, que peut-on enlever à quelqu'un qui n'a rien?)?

Serait-ce que les artistes sont plus peureux qu'avant? Ou qu'ils ont moins le réflexe collectif? Peut-être aussi qu'ils sont devenus défaitistes, qu'ils croient la société figée à l'os et préfèrent se cantonner dans leur pratique personnelle. Si tel est le cas, la perte est autant pour eux que pour nous.

Et vlan.

dimanche 18 octobre 2009

La semaine théâtrale (du 18 au 24 octobre 2009)


J'ouvre mon agenda... et que vois-je?

Mardi - 20 octobre 2009
Petit théâtre (UQAC), 10h (?)


Tenue de la conférence de presse annuelle des Têtes Heureuses concernant leur production à venir, UBU ROI de Jarry et leur(s) autre(s) activité(s).

Mercredi et vendredi - 21 et 23 octobre 2009
Palais Municipal (La Baie), 14h


Deux dernières présentations (annoncées) de The Kingdom of Saguenay... la version anglaise de La Fabuleuse histoire d'un Royaume. (J'ouvre ici une parenthèse pour répondre à ceux qui trouve paradoxal que j'annonce un spectacle que je désapprouve... Eh bien, que ceux-ci sachent que depuis le début de mes calendriers, j'annonce toute chose théâtrale... peu importe mes opinions.)

C'est tout... alors que pendant ce temps, plusieurs équipes s'activent pour préparer le déferlement théâtral qui approche (avec les Têtes Heureuses, le Théâtre C.R.I., le Théâtre du Faux Coffre et le Théâtre 100 Masques qui se chevaucheront jusqu'à la mi-décembre... sans compter toutes les diffusions d'oeuvres extra-régionales)!

samedi 17 octobre 2009

Encore


Bien qu'en apparence, il n'y ait pas de liens apparent avec les élections municipales* (culturellement pauvres...) en cours, le dossier de l'ancienne nouvelle salle de spectacle refait surface - un peu comme une maladie épisodique - dans l'actualité saguenéenne. Ce matin, il en va d'une sortie Monsieur Robert Hakim qui, selon les dires du Quotidien, veut agir maintenant pour mener à terme les rénovations de l'Auditorium-Dufour... dans un discours qui ressemble, à mon avis, à une tentative de culpabilisation...

Voici quelques extraits de l'article signé (ce matin) par le journaliste Daniel Côté:

Le directeur général du Théâtre du Saguenay, Robert Hakim, n'attend pas la tenue d'une consultation publique sur le dossier de la salle de spectacles pour agir. (!) Il compte rencontrer la direction de l'OSSLSJ en novembre afin de bonifier le projet de rénovation de l'Auditorium Dufour de Chicoutimi. C'est l'option que privilégie toujours la coopérative, désormais présidée par Richard Boivin. [...]

Ouvrant un peu son jeu, il (Hakim) laisse entendre que les deux organisations pourraient solliciter les compétences de spécialistes complètement neutres. «Ça prend un avis extérieur. Il faut examiner les besoins sous l'angle de l'acoustique», estime le directeur général. (Euh... peut-être suis-je dans le champ... mais n'était-ce pas le mandat de l'étude commandée par la Ville?*) [...]

Une autre source de préoccupation tient à la consultation publique que le Maire de Saguenay, Jean Tremblay, s'est engagé à tenir après les élections municipales du 1er novembre. [...] «Il faudrait que ça se passe au début de décembre, plutôt qu'en janvier ou février» affirme Robert Hakim. [...] Les conséquences d'un délai supplémentaire ne portent pas sur le moment où débuteraient les travaux à l'Auditorium Dufour [...]; elle tiennent à la situation délicate dans laquelle se trouve le Théâtre du Saguenay.

Ne pouvant plus utiliser sa salle de prédilection, la coopérative a dû réduire sa programmation en danse, ainsi qu'en théâtre. Elle doit aussi changer les habitudes de sa clientèle en lui demandant de migrer dans d'autres salles, ce qui suscite des réticences. [...] Le directeur général soutient que [...] le Théâtre du Saguenay, devenu itinérant malgré lui, se trouve dorénavant en mode de survie. «C'est très dangereux pour la coopérative, mais moins en ce qui regarde les finances que par rapport à sa mission, décrit Robert Kakim. Un diffuseur majeur doit présenter du théâtre et de la danse. Ça fait partie des règle qu'il doit suivre. Nous avons obtenu une dispense du ministère (de la Culture et des Communications) pour la saison 2009-2010. Nous ignorons toutefois si nous l'aurons pour 2010-2011 et jusqu'en 2016, dans l'éventualité où on construirait une nouvelle salle.»

Pour compléter le tableau, il ajoute que 31 personnes ont perdu leur emploi en raison de la fermeture de l'Auditorium Dufour et que quatre techniciens ont quitté la région. La bonne nouvelle, cependant, tient à l'impact mineur de la récession sur les ventes de billets. «On ne ressent pas de choc à ce niveau», constate Robert Hakim.


Je ne peux m'empêcher de trouver ce débat (alors qu'un véritable débat public tarde à prendre place sur la place publique) malsain...

* Je rappelle que Monsieur le Maire a fait faire, par la firme Go Multimédia, une évaluation des projets sur la table en vue d'une consultation publique... mais nous attendons toujours, alors que tout ce branle-bas de combat devait se faire à la fin de l'été...

Traditionnalisme...

Dans le milieu théâtral, il est difficile de faire table rase des traditions sans heurter le public... voire les comédiens eux-mêmes. Il en est ainsi, d'ailleurs, depuis toujours. Voici ce que Mademoiselle George, tragédienne française type du de la première moitié du XIXième siècle (de ce théâtre qui mena à la crise du drame vers 1880): déclamation ampoulée, geste ample, représentation de l'acteur et non de la pièce...


Je ne comprends plus rien aux nouvelles moeurs qui tendent à s'introduire sur la scène. Voilà maintenant que les comédiens s'assoient dans un coin du théâtre, pour causer de leurs petites affaires; ils remontent la scène et continuent à parler, si bien que personne, passé les premiers rangs de l'orchestre, n'entend plus un mot de ce qu'ils disent. Moi, monsieur, je n'ai jamais envoyé un vers que face au public, le tenant sous mon regard, l'enveloppant de mon geste. Le comédien, sauf de rares exceptions, doit dire tout son rôle au trou du souffleur, c'était l'ancienne tradition; c'est la bonne.

À lire ces vedettes anciennes, il me prend envie de voir et d'entendre ces monstres du théâtre dans leur milieu respectif...

vendredi 16 octobre 2009

De la lecture à votre assiette...


Pour faire suite au billet précédent (le communiqué du Festival des Mets et des Mots), je tiens à préciser qu'il n'est pas évident de mettre en lecture des textes qui, bien qu'écrits pour l'occasion, n'en demeure pas moins plus à même d'être lus chacun pour soi que théâtralisés. Car oui, c'est avec ce genre d'exercice que l'on peut se rendre compte de la différence entre un texte qui trouve son aboutissement sur papier et un autre qui ne trouvera sa force que lorsqu'il se muera en paroles... bref, le principe de l'écriture dramatique. Une différence marquée notamment par la syntaxe, le rythme et le souffle.

Par ailleurs, e danger est grand: il est facile de les dénaturer par le mouvement ou le personnage, heurtant possiblement la sensibilité de l'écrivain.

La mise en oeuvre de cette activité (la lecture) pose également problème... Les prestations doivent avoir lieu en cours de repas, pour un public réuni d'abord et avant tout pour la gastronomie. Il faut donc réussir à attirer leur intérêt et le maintenir par la suite. Il arrive parfois que cinq minutes semblent durer des heures!

jeudi 15 octobre 2009

Le Festival des mets et des mots

Le repas de Brueghel

La deuxième édition du Festival des Mets et des Mots (FMM) se tiendra les 16, 17, 23 et 24 octobre prochains dans le cadre de l’événement Saguenay en bouffe. Huit restaurants, huit écrivains et quatre comédiens du Théâtre 100 Masques s’unissent pour mettre en évidence la littérature québécoise et la gastronomie du monde. Grâce à la magie des textes, les fines fourchettes qui participeront à Saguenay en bouffe pourront vivre un voyage dans le pays de leur choix.

« De tout temps, il y a eu des liens entre les mets et les mots », explique Danielle Dubé, écrivaine et porte-parole de l’événement. « Que l’on pense à l’art de la conversation autour d’une table. À ces conteurs qui font le charme des places publiques de Marakkech. Aux poètes ou comédiens qui déclament des textes dans les cafés ou sur les terrasses lors du Festival de théâtre d’Avignon ou du Festival de poésie de Trois-Rivières ».

Cette année, le FMM invite les écrivains Reine-Aimée Côté, Jean Désy, Louise Dupré, Stanley Péan, Danielle Roger, Dany Tremblay, Claire Varin et Jean-Pierre Vidal à nous transmettre leurs récits ou impressions de voyage sur des pays choisis par Saguenay en bouffe.

C’est ainsi que vous pourrez tour à tour assister à une rencontre entre un médecin-écrivain et une poète ilnue, revivre la chute du mur de Berlin, visiter les rues d’Athènes et de Venise, vous mettre sur la piste de Tintin ou de Simenon.

Vous retrouver en bonne compagnie dans un palace de l’Ile Maurice, en pleine canicule à Rio de Janeiro, ou à Buenos Aires, une certaine nuit de tango. Tout cela en savourant les meilleurs plats du pays que vous avez choisi dans un restaurant près de chez vous.

Chaque soir à l’heure de l’apéro ! Des comédiens et des écrivains racontent

mardi 13 octobre 2009

Une flambante tirade prémonitoire...


Petite citation d'occasion (et de mauvais goût...) en ces jours un peu turbulents pour Saguenay... tirée de La Cantatrice Chauve d'Ionesco...

Les polycandres brillaient dans les bois
Une pierre prit feu
Le château prit feu
La forêt prit feu
Les hommes prirent feu
Les femmes prirent feu
Les oiseaux prirent feu
Les poissons prirent feu
L'eau prit feu
Le ciel prit feu
La cendre prit feu
La fumée prit feu
Le feu prit feu
Tout prit feu
Prit feu, prit feu.

En espérant une accalmie...


Ubu roi


Pour soutenir l'équipe des Têtes Heureuses (dont je suis un peu écarté - par moi-même - par défaut cette année...) qui s'affaire autour de l'Ubu Roi, voici quelques petits mots écrits par Jarry lui-même, après l'échec de ce spectacle, dans ses Questions sur le théâtre, parues dans la Revue Blanche le 1er janvier 1897:

[...] Pourquoi le public, illettré par définition, s'essaye-t-il à des citations et comparaisons? Il a reproché à Ubu roi d'être une grossière imitation de Shakespeare et de Rabelais, parce que «les décors y sont économiquement remplacés par un écriteau» et qu'un certain mot y est répété. On devrait ne pas ignorer qu'il est à peu près prouvé aujourd'hui que jamais, au moins du temps de Shakespeare, on ne joua autrement ses drames que sur une scène relativement perfectionnée et avec des décors. De plus, des gens ont vu dans Ubu une oeuvre «écrite en vieux français» parce qu'on s'amusa à l'imprimer avec des caractères anciens, et cru «phynance» une ortographe du XVIième siècle. Combien je trouve plus exacte la réflexion d'un des figurants polonais, qui jugea ainsi la pièce: «Ça ressemble tout à fait à du Musset, parce que ça change souvent de décors.»

lundi 12 octobre 2009

D'un candidat à l'autre...

À quelques jours des élections municipales 2009, je cherche encore ce qui, culturellement parlant, pourrait me faire pencher pour l'un ou l'autre des deux candidats qui se présentent à la mairie de Saguenay...

Car si je n'approuve et ne soutient les anémiques vues et visées artistiques de l'un (et ses conceptions plutôt mercantiles et populistes de l'«art»...), j'ignore tout de celles de l'autre... la culture n'étant guère un dossier chaud (quoique sporadiquement elle refasse surface, notamment pour la nouvelle salle de spectacle...) pour les dirigeants municipaux.

Si l'on excepte les auto-congratulations (?) de l'équipe en place en ce qui a trait à l'établissement du Conseil des Arts de Saguenay (salué de toute part, par ailleurs...), ou à l'obtention du titre de Capitale culturelle 2010... quelle place cette même équipe fait-elle à la culture quand celle-ci n'est pas dite «d'appel»? Et qu'est-ce que les prétendants au trône en pensent? Quel est le plan d'action de cette Ville?

Les jeux sont peut-être faits... mais rien ne va.


dimanche 11 octobre 2009

Le rideau tombera-t-il ou ne tombera-t-il pas?

Ce matin, dans le Progrès-Dimanche, en page 57, le journaliste Daniel Côté y va d'une page pleine consacrée à Patrice Leblanc... le Trac des Clowns Noirs (Théâtre du Faux Coffre) qui, petit à petit, est véritablement en train de percer dans la Métropole. Avec sa fougue habituelle!

Suite à ce bel article, un autre plus petit (toujours de la plume de Côté), en bas de page, attire l'attention:


Le prochain spectacle risque d'être le dernier
DIFFICILE D'ALIGNER LES PLANÈTES


Le prochain spectacles des Clowns Noirs sera-t-il le dernier? Sans dire carrément oui, le comédien Patrice Leblanc constate que [cette production] que présentera le Théâtre du Faux Coffre, pose des problèmes de logistique qui trahissent le passage du temps. [...] Pourtant, il y a un doute en ce qui touche le calendrier. On sent un léger flottement.

[...]
Le problème ne tient pas à l'existence d'un conflit au sein de l'équipe. [...] Ce qui complique les choses, c'est tout bêtement le non-alignement des planètes. «Ce n'est pas une question de chicane. C'est lié à l'évolution des gens, à leur vie à eux, et ça reflète le fait que les collectifs ont une durée de vie limités», explique le comédien.

[...]
Une chose est sûre, la jeune compagnie n'est pas en danger. «On va tout faire pour garder le Faux Coffre en vie. C'est certain qu'il va survivre aux Clowns Noirs», soutient l'interprète de Trac.

Le phénomène théâtral des dernières années peut-il s'essouffler? En cas de réponse positive, il sera intéressant (même si le public peut regretter ces personnages déjantés...) de voir l'évolution de cette compagnie telle que souhaitée dans le dernier paragraphe.

De l'impudeur des spectacles


Autre dimanche, autre flétrissure théâtrale d'un autre Père de l'Église latine (et c'est qu'il y en a beaucoup!): Saint Cyprien (210-258). Cette fois, il en va de l'impudicité du théâtre, de son action mauvaise sur les moeurs et les pauvres âmes... et, encore une fois, assurément, le Malin guette!

Jetez la vue sur les théâtres: vous y verrez des choses pitoyables et honteuses tout ensemble. La Tragédie fait gloire de représenter les crimes passés; et l'on y renouvelle l'horreur des parricides et des incestes, de peur que la mémoire de ces belles actions ne s'efface par le temps. Ces crimes ont cessé, et l'on en fait des exemples. Les bouffonneries honteuses des Comédiens représentent les infamies qui se font dans les maisons, ou apprennent celles qu'on y peut faire: car on apprend à commettre des adultères lorsqu'on en voit; et l'autorité du Magistrat qui approuve ces désordres flattant nos mauvaises inclinations, une femme qui était peut-être allée chaste à la Comédie en revient impudique. D'ailleurs, combien les postures indécentes des Farceurs sont-elles capables de corrompre les mœurs et de fomenter les vices! Quelles impressions n'est point capable de donner un homme de cette sorte! Il émeut les sens, il flatte les passions, il bannit toute honte des cœurs les plus chastes!
(Sur la corruption qui règne dans le monde)


Au moins, à l'époque, le théâtre avait-il un pouvoir...


La semaine théâtrale (du 11 au 17 octobre 2009)

À l'agenda:

Jeudi - 15 octobre 2009
Palais Municipal (La Baie), 14h

Présentation de The Kingdom of Saguenay... la version anglaise de La Fabuleuse histoire d'un Royaume (et non pas des Aventures d'un Flo). Nouvel attrait touristique pour qui met le pied en terre saguenéenne par le Fjord... (Peut-être y aura-t-il une représentation lundi le 12 octobre... mais ce n'est toujours pas confirmé...) Pour plus de détails, suivre ce lien.

Samedi - 17 octobre 2009
Salle Pierrette-Gaudreault, 13h30

La Rubrique présente La Migration des oiseaux invisibles, un spectacle pour les 8 à 11 ans (et les adultes... bien entendu!) écrit par Jean-Rock Gaudreault et dont la mise en scène a été confiée à Jacinthe Potvin (une co-production de Mathieu, François et les autres, du Théâtre Les Gens d'en bas et du Théâtre du Vieux-Terrebonne): Assistez à la naissance d'une amitié qui donne des ailes en compagnie de Sinbad et Rat d'eau, deux enfants qui trouveront ensemble la force de faire vivre leurs rêves (pour plus de détails, consulter le site de La Rubrique).

samedi 10 octobre 2009

L'empire des signes


Petit détour par l'Orient...

J'aime un jeu d'acteur stylisé. J'aime un jeu d'acteur construit à même un système de codes et de conventions marquées. J'aime un jeu d'acteur chorégraphique.

Bref, j'aime un théâtre où la primauté de l'acteur (et de son texte) est manifeste.

Du coup, cette description du théâtre oriental tirée du Monde des Littératures (publié en 2003 chez Universalis) et titrée comme ce billet me semble ouvrir une piste importante ou, du moins, élargir les perspectives pour mes recherches actuelles:

L'agent essentiel du langage scénique, en Orient comme en Europe, c'est l'acteur, mais il est envisagé ici comme un hiéroglyphe, porteur d'une signification concrète, élaboré et transcrit avec une haute préméditation: toute la gamme de ses capacités expressives est répertoriée et ne peut être mise en branle qu'au terme d'un minutieux apprentissage, qui suppose une abnégation totale et une concentration de tout instant. [...] Il doit acquérir connaissance et maîtrise de son corps, comme d'un instrument aux ressources multiples, muscle par muscle et membre par membre, pour lui faire parler le langage des signes: les yeux, les doigts, les jambes, les articulations sont travaillés, souvent à contre-nature, pour obtenir positions, mouvements, attitudes, qui correspondent chacun à une signification immémorialement éprouvée.

[...] Dans tous les cas, le corps de l'acteur est traité comme un objet à dominer et à manier, matériellement.

Bon, le cadre radical du théâtre oriental n'est pas tout à fait dans mes visées. Par contre, j'admire la force des interprètes et ce principe du corps-signe. Toutefois (décidément, j'ai une facilité pour les marqueurs de relation!), sans tomber dans un mimétisme primaire, je ne cherche pas nécessairement un corps métaphorique... mais plus une façon de ponctuer le texte, de le marquer corporellement, de le bouger.

vendredi 9 octobre 2009

Le théâtre: pulsation d'une société

J'y reviens encore et encore (après en avoir parlé abondamment dans des billets antérieurs): quel plaisir que de feuilleter le florilège de textes théâtraux (plus de deux cents écrits - et une centaine de citations! - d'auteurs, metteurs en scènes, théologiens, théoriciens, concepteurs, comédiens, spectateurs... et j'en passe!) colligés par Odette Aslan sous le titre L'Art du Théâtre!

Que de perles! Que de belles trouvailles... comme cette description du rôle que doit occuper le théâtre dans une société (lire ici, dans la région!) écrite et lue lors d'une causerie au Teatro Espanol, par Federico Garcia Lorca le 31 janvier 1935:


Le théâtre est un des instruments les plus expressifs, les plus utiles à l'édification d'un pays, le baromètre qui enregistre sa grandeur ou son déclin. Un théâtre sensible et bien orienté à tous ses niveaux, de la tragédie au vaudeville, peut transformer en quelques années la sensibilité du peuple. Tandis qu'un théâtre dégradé, où le sabot fourchu remplace les ailes, peut gâter et endormir une nation entière.

Le théâtre est une école de larmes et de rire, une tribune libre où l'on peut défendre des morales anciennes ou équivoques et dégager, au moyen d'exemples vivants, les lois éternelles du cœur et des sentiments de l'homme.

Un peuple qui n'aide pas, qui ne favorise pas son théâtre est moribond, s'il n'est déjà mort; de même, le théâtre qui ne recueille pas la pulsation sociale, la pulsation historique, le drame de son peuple, et la couleur authentique de son paysage et de son esprit, ce théâtre-là n'a pas le droit de s'appeler théâtre mais «salle de divertissement» local tout juste bon pour cette horrible chose qui s'appelle «tuer le temps».

Ça donne à réfléchir... Et ici? Quel rôle donne-t-on au théâtre? Quel rôle le théâtre lui-même se donne-t-il... si tant est qu'on lui en attribue la possibilité?

jeudi 8 octobre 2009

Recrutement


Je rencontre dans quelques minutes une personne pressentie pour faire partie du conseil d'administration du Théâtre 100 Masques, en remplacement de Monsieur Michel Lemelin qui a quitté celui-ci le mois dernier après 4 ans d'efforts.

Si la direction générale et artistique participent à donner du corps à une compagnie, le conseil d'administration lui donne une âme, un cadre à partir duquel il sera possible d'évoluer.

On y discute des choix de la programmation, des investissements, des actions majeures à poser (embauche, restructuration, tarification, communication avec les instances subventionnaires, avec les assurances, campagne de financement) en plus de participer activement à la levée de fonds. Les conseils d'administration se doivent d'être les gardiens ultimes de l'intégrité des compagnies.

Toujours est-il que ce soir, je rencontre la personne pressentie pour lui brosser un portrait le plus fidèle de la situation, des projets en cours et à venir... et des attentes que nous avons établies en fonction de ses compétences présumées.

mercredi 7 octobre 2009

Le singulier Noël de Mme Weiss... [Carnet de notes]


Nous avons placé, il y a quelques heures, l'ouverture du spectacle Le Singulier Noël de Mme Weiss. Nous construisons le fil à partir d'idées... nous plongeons sans un texte... mais bien avec plusieurs tout aussi disparates les uns que les autres. Le collage permet une souplesse et une aisance propre à l'animation théâtrale.

Malgré le fait que ce ne soit qu'une ébauche à peine esquissée, l'élan que celle-ci nous donne est prometteur! Encore faut-il que ce qui nous fait rire dans la salle de répétition passe la rampe et ait le même effet sur les spectateurs!... Et le rire est une chose assez complexe à manipuler!

Ainsi donc, nous plongeons d'ores et déjà dans les décorations de Noël, les traditions, les cantiques et les histoires de boules et de grelots. Comme quoi il n'y a pas que Dollarama qui revêt si tôt les parures scintillantes!

mardi 6 octobre 2009

Le tout et la partie


Je tiens pour impossible de connaître
les parties sans connaître le tout,
non plus que de connaître le tout
sans connaître particulièrement les parties.

Blaise Pascal

Voilà une bonne maxime pour guider mes présentes recherches... Il y a tant de choses qui pourraient se faire... Tant de choses intéressantes... au point où il me semble que pour le moment, ma recherche recherche une recherche! Plus les jours passent et plus la somme de travail à effectuer au cours des prochaines années apparaît dans toute sa splendeur.

Jean Cocteau disait, pour sa part (et cette citation ouvre l'essai résultant de ma maîtrise): Il faut savoir se nouer pour avoir le droit de se dénouer!

Le champ d'action est si vaste...
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Par ailleurs, ma directrice de thèse (mais j'y reviendrai plus abondamment plus tard) sera Madame Irène Roy.

dimanche 4 octobre 2009

Retour en avant

Demain (lundi) je dois donner mon premier exposé à l'Université Laval dans le cadre du cours Séminaire de thèse. Le sujet? Mon sujet.

Je dois donc, en une quinzaine de minutes, tracer les grandes lignes de ce projet: la problématique, ma position personnelle dans l'espace de la pratique, l'articulation de mon projet... le tout parsemé de quelques définitions de concepts-clés.

C'est vraiment ce qu'on appelle replonger dans les études! Je me sens comme un élève du primaire qui doit faire un exposé oral!

La semaine théâtrale (4 au 10 octobre 2009)


Qu'est-ce qu'il y a à l'agenda cette semaine... ?

Je cherche...

D'emblée, rien du côté du Théâtre du Saguenay, qui ont dû (!) mettre le théâtre de côté en cette année de turbulences (à défaut d'être celle de la rénovation...).
Rien non plus du côté de l'Auditorium d'Alma...
Rien du côté de la Rubrique...
Rien du côté d'aucune autre compagnie régionale...
Rien du côté de l'UQAC...

Lundi - 5 octobre 2009
Palais Municipal (La Baie), 14h

(Et peut-être dimanche le 4 et jeudi le 8 octobre 2009... mais à confirmer) Présentation de The Kingdom of Saguenay... la version anglaise de La Fabuleuse histoire d'un Royaume (et non pas des Aventures d'un Flo). Nouvel attrait touristique pour qui met le pied en terre saguenéenne par le Fjord... Pour plus de détails, suivre ce lien.

Si j'oublie des trucs, faites-le moi savoir...

samedi 3 octobre 2009

Pour une autre définition du théâtre contemporain

Affiche du 23ième Festival de théâtre amateur contemporain, Châtillon, 2009

Encore un texte qui donne un assez bon aperçu (du moins, si je me fie à mes nombreuses lectures!) du théâtre contemporain... de ce théâtre que l'on nomme post-dramatique. Cet extrait est tiré de l'article Du déclin de la fiction à l'émergence du fictif (paru dans la revue Théâtre/Public de juin 2007) par Maryvonne Saison (p.82):

[...] L'écriture dessine le paysage de la page. Or c'est précisément cela que cherche le théâtre contemporain: le geste d'écriture dans l'artifice de la fiction comme dans tout ce qui s'écrit. Proférer un texte relève, dans ce contexte, d'une performance étrangère à tout exercice de récitation ou de diction: le déplacement de la fiction au fictif exige un jeu de l'acteur radicalement repensé. On serait tenté de dire que l'acteur est invité à renoncer à tout jeu, qu'il s'agit moins pour lui de chercher ce que dit la fiction que ce qu'elle échoue à dire ou le seul fait du dire. Le défi est de retracer le texte dans le souffle qu'il commande, qui habite l'écriture, pour coïncider en quelque sorte avec «le corps du texte».

L'acteur est convié à un corps à corps avec les mots et la page; il ne calque plus son rythme sur le sens: ce qui se dit masque un autre niveau du texte qu'il cherche à restituer.
[...] La remontée à un geste fondamental, écrire/dire, déstabilise le geste du comédien entendu dans son sens le plus banal de mouvement significatif. L'acteur [...] n'est plus que présence.

vendredi 2 octobre 2009

Amazing... ???


Ce matin, je suis outré... outré d'une outrance qui remonte au moment même où la nouvelle était sortie il y a quelques mois...

Hier avait lieu la première de la version anglophone de La Fabuleuse histoire d'un Royaume...

Une version écourtée, peut-être... Pour quelques bateaux? Bon... Mais anglophone? À 200 000$ pour quelques représentations? Pour 5 représentations, si je ne m'abuse? Quel compromis de la langue insensé pour accueillir des touristes!

Pourquoi le besoin d'une traduction alors que la plupart des spectacles étrangers qui viennent au Québec donnent une transcription en directe du spectacle? Tout comme le font les opéras, par ailleurs... Pourquoi pas une Fabuleuse en français (avec, en prime, le charme de la langue) avec sous-titres? Les touristes ne sont-ils pas capables de lire leur propre langue? À moins que ça ne fasse partie des visées de la Capitale Culturelle du Canada 2010?

Je suis outré. Si le spectacle était traduit par et pour une équipe étrangère, la question ne se poserait pas. Par une équipe d'ici pour les étrangers (parce que ce spectacle est tout nouveau...) relève d'un non-sens éblouissant.

Oui. Je suis outré. Scandalisé. Et tout cela pour quelques bateaux!... On pourra dire obtus? Tant pis.

(À lire: le compte-rendu du Quotidien)