mercredi 16 janvier 2013

Une autre définition du metteur en scène... par Peter Brook


On doit distinguer deux sens dans l'expression «mettre en scène». La moitié de la tâche du metteur en scène consiste, bien sûr, à prendre en charge, à décider, à dire «oui» et à dire «non», à avoir le dernier mot. L'autre moitié consiste à maintenir la bonne direction. Là, le metteur en scène - le director - devient un guide, il tient le gouvernail, il doit avoir étudié les cartes et savoir s'il se dirige vers le nord ou vers le sud. Il cherche constamment mais pas au petit bonheur. Il ne cherche pas pour le plaisir de chercher, il a un objectif; un chercheur d'or peut bien poser un millier de questions, elles se rapporteront toutes à l'or. [...] Le metteur en scène peut écouter les autres, se rendre à leurs suggestions, apprendre d'eux; il peut, surprise, virer de bord. Malgré tout, les énergies collectives seront au service d'un seul et unique but. C'est ce qui permet au metteur en scène de dire «oui» et «non», et aux autres de l'accepter.

C'est là, je trouve, une fort belle définition de la mise en scène et de ses tâches. Toute simple. Juste. Elle est le fait du théoricien (et néanmoins grand praticien!) Peter Brook dans son ouvrage Points de suspension (en page 19), publié en 1992 aux éditions du Seuil.