La tradition, on le sait, n'est plus ce qu'elle était: on ne peut plus l'imaginer et elle est suspecte. Mais chaque artiste, qu'il le veuille ou non, réexamine son rapport à cette tradition.
C'est ce que dit Patrice Pavis dans La mise en scène contemporaine. Pour ma part, je me considère comme un metteur en scène somme toute traditionnel (et j'imprime immanquablement cette marque au théâtre que je dirige) et je m'en réclame.
Ce qui ne signifie pas que je ne sois pas au fait de ce qui se passe dans le théâtre contemporain. Je continue de lire, de tenter de comprendre les mutations. D'avoir une vision théâtrale la plus large possible... bien que dans ma pratique, je reste, oui, rattaché à une vision classique.
Au fond, je crois tout autant à l'efficacité de l'écriture contemporaine pour dire le monde d'aujourd'hui qu'à l’importance de tendre, pour le spectateur, le miroir percutant et questionnant du répertoire qui, par le recul des décennies et des siècles, prend de toutes nouvelles dimensions.
J'aime explorer les textes connus mais aussi moins connus, à la recherche d'un écho de notre société.
Et pourtant, parfois, cela est vu comme étant un manque d'innovation, un manque d'interdisciplinarité (ce critère postmoderne hors duquel ne sont que le passéisme et le ringard)! Comme si travailler à l'intérieur des paramètres de cette tradition n'impliquait aucune recherche, aucune exploration contemporaine...
Le préjugé est parfois tenace.