jeudi 31 octobre 2013

Les Médées

Fiona Shaw dans sa magistrale interprétation du rôle

Le Théâtre 100 Masques a, pour projet, pour marquer la fin des célébrations de son quinzième anniversaire, de travailler sur le personnage de Médée dans un nouveau retour au théâtre antique... Le but est d'établir une partition polyphonique pour une seule comédienne. Plus qu'une adaptation, il s'agit là d'un vaste chantier de réécriture. A partir de différentes sources - Euripide et Sénèque dans différentes traductions, Corneille, Anhouil et toutes les autres qui tomberont sur notre route - nous souhaitons isoler les grandes voix de ce mythe terrible pour en faire ressortir l'inéluctable et les affres de la douleur. 

mercredi 30 octobre 2013

Une brève histoire du théâtre au Québec... 5


Gratien Gélinas dans Tit-Coq.

Les années '40 - Le point tournant de la dramaturgie québécoise

Au cours de la décennie suivante, les Compagnons de Saint-Laurent continuent leur mission de rénovation de la pratique théâtrale. Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, Montréal et la troupe accueille notamment Ludmilla Pitoëff, épouse de l'un des membres du Cartel français, George Pitoëff, venue se réfugier au Canada. Le contact sera déterminant pour les jeunes comédiens de l'époque qui partiront, à la fin de la guerre, pour poursuivre leur éducation en France avant de revenir pratiquer leur métier ici. Bien sûr, le jeu, la diction, la vision théâtrale prendront une tangente européenne...

L'émulation se fait. Une constellation de troupes apparaît autour des Compagnons... comme La compagnie du Masque (fondée par Charlotte Boisjoli et Fernand Doré), Les Comédiens de la nef (de Pierre Boucher) ou encore, L'Équipe (de Pierre Dagenais) qui marquera les esprits par son audace et son originalité.

Ce pan du théâtre québécois ne doit pas faire oublier, cependant, que la veine réaliste, plutôt américaine, continue à se développer sur nos scènes. Et c'est de ce courant qu'émergera, en 1948, ce qui est considéré comme étant la première véritable pièce canadienne-française (en ce sens où elle s'inscrit parfaitement dans la société tant par le thème que par la langue et les préoccupations): Tit-Coq, de Gratien Gélinas.

Créée le 22 mai 1948 (année du Refus Global qui, s'il bouscule le milieu de l'art visuel, sera plutôt inactif du point de vue théâtral), cette pièce remporte un succès phénoménal... et il y aura 200 représentations au lieu des 10 prévues. Avec Tit-Coq, le spectateur découvre un niveau de langage qui lui est propre. C'est un canadien qui parle aux canadiens. La pièce, qui raconte les déboires d'un conscrit, orphelin et bâtard, se situe dans le présent, dans le milieu urbain, ouvrier très reconnaissable... et réuni tous les grands thèmes du théâtre québécois: la famille, la religion, la question identitaire teintée d'un certain misérabilisme. Voici un vrai théâtre national.

La même année, deux femmes de vision, Yvette Brind'Amour et Mercedès Palomino mettent sur pied un lieu de création et de diffusion professionnel francophone qui perdurera jusqu'à aujourd'hui: le Théâtre du Rideau-Vert



mardi 29 octobre 2013

Une brève histoire du théâtre au Québec... 4


Les Compagnons de Saint-Laurent. De gauche à droite: Jean Coutu, Bertrand Gagnon, Yves Vien, Félix Leclerc, Andrée Vien, Guy Provost, Hélène Loiselle, George Groux, Lucille Cousineau, Denise Vachon, Père Émile Legault, Thérèse Cadorette 1944, archives de la Ville de Saint- -Laurent.

Les années '30 - La décennie fondatrice


Alors que la société se relève péniblement de la Grande Crise de 1929, le théâtre n'a définitivement plus la cote et se fait plutôt marginal. Le mélodrame (dont la pièce emblématique sera, pour le Québec, Aurore l'enfant-martyr écrite et jouée de puis 1924 des milliers de fois!), le boulevard et le burlesque (notamment sous l'égide de Jean Grimaldi et de ses augustes accolytes comme Juliette Pétrie, Olivier Guimond - le père - et La Poune) règnent en roi et maître sur les scènes québécoises. 

Pendant ce temps, on réclame, de part et d'autre (et en ce sens, Jean Béraud, en 1936, fera figure de proue), un théâtre plus rigoureux et un répertoire réellement national, soutenu par l'état. 

Et les choses changeront peu à peu... 

Dans un coin de collège classique, le Père Émile Legault fondera, en 1937, les Compagnons de Saint-Laurent. Cette troupe, soutenue par l'Église - il va sans dire! - s'attaquera au répertoire religieux... Rapidement pourtant, suite au retour d'un voyage en France - en 1938 - où il découvre le théâtre d'avant-garde d'alors (Claudel, Giraudoux, Anhouil, Pagnol, Cocteau et tant d'autres), le Père Émile Legault s'engage sur la voie de la modernisation du théâtre avec une vision artistique solide fondée sur le texte et sur le jeu d'ensemble. D'amateure qu'elle est, la troupe atteindra rapidement une notoriété certaine... et même une première véritable reconnaissance professionnelle! 

À la même période, en 1938, un jeune auteur et comédien, Gratien Gélinas, débute sur scène avec une première revue (qui se répétera les années suivantes... jusqu'en 1946), Les Fridolinades. Conçue comme un spectacle à sketchs calqués sur la réalité de l'époque, elle met en scène Fridolin, un personnage issu du milieu populaire.

Dans un des sketchs d'une de ces revues émergera un autre personnage: un jeune conscrit qui devra partir à la guerre et qui, dans l'histoire du théâtre québécois, marquera le véritable lancement de notre dramaturgie... mais il faudra attendre encore quelques années... Tout est maintenant en place.


lundi 28 octobre 2013

Une brève histoire du théâtre... 3

L'Auditorium, Québec, où s'est produite Sarah Bernhart lors de son controversé passage de 1905 (les détails ici). Source: BANQ

1855-1930 - Le premier âge d'or du théâtre francophone au Québec

En 1855 un événement marquera la suite du théâtre francophone sur le territoire. Pour la première fois depuis 1763, un navire français accoste au port de Québec, marquant enfin la reprise des échanges avec la France. Outre le fait socio-économique, il pourra désormais y avoir, parmi les grandes tournées américaines et anglaises des incursions de grandes troupes françaises qui débarqueront alors avec un répertoire nouveau et audacieux (en pleine révolution romantique et mélodramatique) pour la population locale qui n'avait pu suivre l'évolution dramatique européenne.

Si sur place, la pratique demeure amateure, il est désormais possible de voir des professionnels de langue française s'exprimer sur scène... et pas n'importe lesquels professionnels! De (très!) grands noms débarqueront, avec, autour d'eux, une odeur de souffre et de scandale que décrieront les prêtres en chaire, selon la recommandation de Mgr Bourget, évêque de Montréal en 1868 (qu'on peut lire ici), suite à la visite de Sarah Bernhardt. Ce seront aussi Coquelin l'aîné, Frédérick Lemaître, Mounet-Sully, Réjane et plusieurs autres qui viendront épater la galerie et redonner un élan créateur au peuple canadien-français.

L'Église continue de diriger l'évolution de l'art dramatique. D'ailleurs, dans la seconde moitié du XIXième siècle, le même Mgr Bourget, devant l'échec de ses interdits, décide d'appuyer les associations ouvrières qui veulent le pratiquer en échanges de quelques restrictions: le répertoire doit faire preuve d'une grande moralité; les femmes ne doivent pas monter sur scène, ni être dans la salle, et les rôles féminins doivent être gommés; les scènes amoureuses sont proscrites. Il en résultera, durant les quelques années suivantes, une tradition de non-respect du texte de même qu'une certaine médiocrité dramatique.

Au tournant du siècle, les Américains prennent le contrôle des salles de tout l'est du Canada et des États-Unis et des circuits de tournées. Ce sera dès lors le monopole de The Trust de New York qui décidera de ce qui se verra sur les planches au Québec. Et par le biais de ces Américains, un genre particulier prendra son essor ici et perdurera longtemps par la suite: le burlesque.

Des entrepreneurs francophones se lancent alors dans la fondation de salles pour contrer l'influence anglophone. Malgré des conditions financières difficiles, il y a une multiplication de troupes. Pour être rentables, celles-ci se doivent de répondre aux demandes du public en quête de divertissement. Changeant alors d'affiche de semaine en semaine, les comédiens plongent dans un répertoire de vaudeville et de théâtre de boulevard qui attire, apprennent leur texte chacun de leur côté avant que de se rencontrer pour la générale et donner les représentations dans les décors disponibles. 

Ces entreprises hautement commerciales sacrifient la qualité au profit de la quantité.

Mais cet élan, le premier depuis les tous débuts de la colonie, se brisera en 1914-1918 sur les affres de la Première Guerre Mondiale, l'épidémie de grippe espagnole et l'apparition du cinéma et de la radio.

dimanche 27 octobre 2013

Au théâtre, cette semaine! [Du 27 octobre au 2 novembre 2013]

Mercredi - 30 octobre 2013
Salle Jacques-Clément (Chicoutimi), 10h

La Société d'Art Lyrique du Royaume fera sa conférence de presse pour présenter sa programmation, dont sa production majeure, La Fille du Tambour-Major que je mettrai en scène.


Vendredi - 1er novembre 2013
Salle Michel Côté (Alma), 20h

Alma Spectacles reçoit le spectacle L'EmmerdeurAprès le retentissant succès obtenu par Le dîner de cons, voici une autre comédie signée Francis Veber et son emblématique personnage François Pignon. Passé maître dans l'élaboration de personnages gaffeurs, loufoques, mais dévoués, Francis Veber joue encore avec les relations humaines qui dérapent et dégénèrent jusqu'à atteindre l'absurde. Ainsi, un tueur à gages pour le compte de la mafia, a pour mandat de liquider un personnage dérangeant, de la fenêtre de sa chambre d'hôtel. Ce qui devait être une mission relativement simple deviendra une véritable épreuve pour le truand car, pour son plus grand malheur, il a comme voisin de chambre un certain François Pignon! Et, voyez-vous, ce voisin de chambre a des idées suicidaires et c'est surtout un emmerdeur… de classe mondiale ! Celui qui a donné du fil à retordre à Pierre Brochant se permet maintenant de côtoyer un tueur à gages qui ne l'aura pas facile! Il en coûte 30$ (régulier) pour assister à ce spectacle...

Et c'est pas mal tout pour cette semaine... à moins que je n'oublie quelque chose... en quel cas, il est possible de me le faire savoir par le biais des commentaires ou par courriel...


samedi 26 octobre 2013

Une brève histoire du Québec... 2


1763-1855 - Le théâtre sous le régime anglais

La Conquête (et les différents changements constitutionnels qui surviendront en 1774, 1791 et 1840) et n'a pas vraiment changé le cours de notre histoire théâtrale: le théâtre de langue française reste sous le joug de l'Église qui, si elle le condamne toujours publiquement (notamment à cause de la mixité qu'il implique), elle cantonne la pratique dans les lieux académiques au service de l'enseignement (surtout religieux, évidemment).

Ce qui change, c'est que la population est soudainement coupée de sa mère patrie alors que son élite retourne en Europe et que pendant près d'un siècle, les échanges commerciaux et sociaux-culturels seront stoppés au seul bénéfice des échanges avec la métropole britannique. Du coup, le théâtre professionnel ne se fera plus qu'en anglais sur le territoire... et sera le fait des tournées anglaises et américaines. Parce que dès 1786, Montréal et Québec seront annexés aux circuits des grandes tournées.

Certains hommes d'affaires tenteront bien d'ouvrir des espaces dédiés au théâtre francophone et d'y insatller des troupes à demeure, mais toutes ces tentatives se solderont, à plus ou moins longues échéances, par des échecs financiers. Il faut dire que le répertoire et la professionnalisation qui soutiendraient une telle entreprise se font toujours attendre. Il y a bien des auteurs comme Joseph Quesnell (qui écrit Colas et Colinette en 1790... d'autres informations ici) et Pierre Petitclair (qui écrit La Donation en 1842)... mais ceux-ci sortent difficilement du modèle français et ne réussissent guère à constituer un véritable public.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes: en 1824, à Montréal et à Québec, il  y aura 154 soirées théâtrales anglophones contre 5 en français...

Ce n'est donc pas encore dans cette période que le théâtre professionnel de langue française prendre son essor...

vendredi 25 octobre 2013

Une brève histoire du théâtre au Québec... 1


1606-1763 - Le théâtre sous le régime français

La première date à retenir dans notre histoire théâtrale, la première manifestation scénique, est 1606. C'est la date où Marc Lescarbot, écrivain français de passage (sa vie wikipédienne ici), pour souligner le retour de l'explorateur Poutrincourt, écrit une naumachie (théâtre sur l'eau): Le Théâtre de Neptune en Nouvelle France. J'en ai déjà parlé ici. Du théâtre, au fond, qui est extrêmement français. Comment pourrait-il en être autrement... alors que Québec n'est pas encore fondé et que la colonie n'en est qu'à ses tous premiers balbutiements? Un théâtre français au départ... qui le restera encore jusqu'au XIXième siècle...

Par la suite, on joue - principalement dans les camps militaires pour faire passer le temps - quelques pièces de théâtre de l'époques (les écrivains contemporains portant les nom de Corneille, Molière, Racine...) pour célébrer les événements importants... Jusqu'en 1694 alors que Frontenac veut faire jouer Le Tartuffe dont l'interdit est levé, en France, depuis quelques années déjà. L'Église s'y oppose (et s'y opposera!) fermement, par le biais de Mgr de Saint-Vallier (qu'on peut lire ici) et verra à ce que le théâtre, ce mangeur d'âme, ne se fasse que dans un cadre noble et vertueux, soit l'éducation, avec un répertoire éminemment religieux. Du théâtre de l'ombre... 

Et du côté du théâtre professionnel de langue française pendant cette période qui couvre 150 ans? Il est pratiquement inexistant avec une seule trentaine de représentations en tout... Plusieurs raisons expliquent cette situation. D'abord, la colonie est extrêmement vaste et très peu populeuse. Cette faible population est ensuite dans une situation plutôt précaire où l'argent manque (argent qui fut remplacé un temps par des cartes à jouer...), où éclatent des guerres contre les Anglais et les Amérindiens. Puis surtout - et ce sera l'une des raisons majeures de cette absence - aucun comédien français ne viendra s'établir en Nouvelle-France alors que dans la colonie anglaise du sud (qui deviendront les États-Unis), une troupe d'une douzaine d'acteurs fera le voyage et donnera, du coup, des racines professionnelles au théâtre américain...

Voilà donc les débuts plus que modestes du théâtre sur le territoire...

jeudi 24 octobre 2013

Les signes du temps


Sarah Bernhardt a paru de nouveau sur la scène dans Athalie. Les vieilles gens émerveillent toujours la France. On les acclame comme un tour de cirque; venez voir, venez voir, une très vieille dame infirme, décatie, fourbue, qui a charmé votre jeunesse et qui veut encore se montrer. Spectacle atroce. La voix d'or est quoi qu'on en dise un peu fêlée; elle ne peut plus bouger puisqu'elle a eu horriblement une jambe tranchée par un ascenseur. Elle est en chaise. Le nom prestigieux attire une foule énorme qui applaudit à tout et à tout hasard.

C'est Maurice Sachs, un écrivain français du début du XXième siècle, qui tient de tels propos sur la grande comédienne, dans un petit ouvrage, Au temps du Boeuf sur le toit. Comme quoi même les monstres sacrés finissent par ressembler, pour les générations suivantes, à des monstres tout court. Ils semblent bien qu'ils ne savent pas toujours se retirer...


mercredi 23 octobre 2013

15 ans.


Le Théâtre 100 Masques célébrera, en 2014, sa quinzième année d'existence. Fondé en 1999 pour soutenir un premier projet, Les Veuves Sauce moutarde (qui seront présentée au disparu Manoir L'Oasis de Laterrière), la compagnie a perduré à travers le temps... avec, bien sûr, des hauts et bien des bas. 

Dans les faits, je suis arrivé dans le portrait l'année suivant l'acte de naissance et j'ai participé (avec des poses plus ou moins longues), à la plupart des productions. Depuis 2007, j'en suis aussi le directeur général et artistique. Bien que je ne fais partie de l'équipe fondatrice, je n'en suis pas très éloigné...

En 15 ans, ce seront Tchechkhov, Racine, Beckett, Hitchcock, Molière, Goldoni, Feydeau, Courteline, Dostoïevsky, Arrabal, Guitry, Aristophane, Sophocle, Labiche, Plaute qui seront convoqués sur nos planches... en plus, bien sûr, des créations de Sophie Larouche, de Martin Giguère, de Dany Lefrançois et de moi.

2014 sera donc une année de festivités. 

Pour marquer le début de celles-ci, il y aura la présentation, du 6 janvier au 7 février, d'une exposition rétrospective mettant en valeur le travail artistique de la compagnie, avec l'ensemble des affiches et de nombreuses photographies de production.

Faire la récolte de ces images ramène d'innombrables souvenirs: des décors intéressants, des collaborateurs surprenants, des têtes qui ne font plus partie du paysage  théâtral saguenéen... et une foule d'anecdotes tant sur des moments de plaisir que de tension... tant sur des bons coups que sur des plus douteux. 



mardi 22 octobre 2013

Avoir du temps.


L'une des choses que je trouve les plus éprouvante, dans le milieu théâtral, est d'avoir à composer avec des horaires strictes... ne serait-ce que pour s'assurer que tout le monde soit disponible en même temps! Des horaires qui se font parfois longtemps à l'avance... Des horaires qui bloquent des parties entières dans les agendas... sans laisser de marge de manœuvre pour répondre aux aléas de la vie (ou pire! de la création!).

Il serait parfois si bien de pouvoir entamer un projet sans avoir d'échéance. Juste entrer en salle de répétition quand l'inspiration et l'envie l'exige... et laisser le temps, entre deux séances, de décanter, prendre du recul, réfléchir.

Ne pas avoir la pression d'arriver à un produit fini en un nombre pré-déterminé de rencontres. Travailler jusqu'à la pleine satisfaction... et n'attendre que celle-ci pour donner une série de représentations...

Avoir une troupe. Un lieu. Une salle. Et des moyens financiers le permettant... 

Ah, la belle utopie.

vendredi 18 octobre 2013

«Être comédien»

Bon. Les passages du vidéo suivant ne sont peut-être pas tous très édifiants... mais dans l'ensemble, voici une autre vision (encore une fois caricaturale... mais tout de même réaliste sous ses allures de parodies) du métier d'acteur...


Dans la même suite, voici le même comédien... dans une vidéo de plus d'une heure... le montrant en attente d'un appel...

mardi 15 octobre 2013

«La Fille du Tambour-Major»... [Carnet de mise en scène]


Le ton général de La Fille du Tambour-Major me plaît beaucoup. Un ton dans lequel je me retrouve avec enthousiasme... et aussi, avec naturel!
Un ton mélodramatique... alors que cette histoire réunit les plus grands thèmes du genre avec les amours contrariées, les amants séparées, les enfants abandonnés...

Un ton de vaudevillesque... avec un récit à la limite de l'invraisemblance, des personnages tout aussi grandiloquents que bêtes, des revirements de situation (tous plus prévisibles les uns que les autres!)...

Un ton caricatural... parce qu'au fond, avec cette pièce, nous nous trouvons à un carrefour intéressant où nous pourrions convoquer les absurdités des grandes séries américaines comme Dallas ou mieux, encore, Dynastie... de même que les dégoulinantes histoires des soaps comme Aimer ou mieux encore, Les Feux de l'Amour

Lentement pourrait se profiler un univers proche de celui élaboré par Marc Labrèche et son complice dans Le Coeur a ses raisons. Voici une histoire légère... et terriblement pompeuse! Drôle... parce qu'affreusement sérieuse! Hyper-dynamique... avec du mouvement, de l'ampleur dans le geste. Un mot pour décrire le spectacle à venir: TROP!

jeudi 10 octobre 2013

Le choix.


À partir du moment où un acteur est devant moi, 
où il est décidé que c'est lui qui joue, 
le degré de perfection ne m'intéresse plus. 
Je ne trouve jamais, durant le travail, 
que ça n'est pas assez bien, 
je joue avec la personne qui est devant moi.

J'aime bien cette vision d'Antoine Vitez à propos de l'acteur... et de son intérêt à travailler à partir de celui-ci et non pas d'essayer de trouver ou d'imposer quelque chose hors de lui.

mercredi 9 octobre 2013

Choisir.


Voici une grille (apportée par l'éclairagiste Denis Guérette pour les uns... et par le scénographe Michel Gauthier pour les autres) pour évaluer une participation (ou non!) à un projet... quel qu'il soit. 

Trois éléments sont à considérer: 
  • Ce projet m'apporte-t-il de l'expérience? 
  • Ce projet me procure-t-il du plaisir? 
  • Ce projet est-il intéressant, du point de vue financier? 
Si ces trois questions se répondent par la positive, rien ne sert d'attendre, il faut plonger. Si deux questions trouvent une réponse convaincante, il faut aussi se lancer. Si on acquiesce qu'à une seule question, il y a un risque que le projet devienne un boulet avec le temps. Si ces questions sont toutes rejetées, mieux vaut passer son tour.

Intéressant comme théorie... surtout quand vient le temps de départager les projets et les agendas...

mardi 8 octobre 2013

Et vlan.


À trop courir après le public
on risque de ne voir que son cul.

J'aurais bien aimé que cette citation soit de moi... mais ce n'est pas le cas... et le pire, c'est que je ne retrouve plus la note prise sur un bout de papier qui me redonnerais le crédit d'une si belle parole. Tant pis! Je l'écris tout de même parce qu'elle recèle une grande vérité de La Palice!

Patrice Chéreau

Quel dommage.

Patrice Chéreau est décédé... L'un des grands metteurs en scène (et comédien... et réalisateur) français contemporain. Et je n'aurai pas eu le temps de le voir travailler...

dimanche 6 octobre 2013

Au théâtre, cette semaine! [Du 6 au 12 octobre 2013...]

Voici les quelques points théâtraux à inscrire à l'agenda pour les sept jours à venir...


Aujourd'hui, dimanche - 6 octobre 2013
Salle Marguerite-Tellier (Centre des arts de Chicoutimi), 14h

C'est la reprise de L'Heure du théâtre au Théâtre 100 Masques. Voici donc la première rencontre consacrée au théâtre latin... par le biais de La Marmite de Plaute. Pour participer à cette atelier de lecture, il en coûte 10$ (incluant le texte et le thé!) ou 75$ pour l'ensemble des rencontres (il y en aura dix d'ici le mois de mars). 


Jeudi à samedi - 10 au 12 octobre 2013
Petit Théâtre (UQAC), 20h

La Tortue Noire, nouvelle résidente de l'UQAC, redonne son Daïdalos - théâtres d'un labyrinthe. Trois curieux explorateurs s’introduisent dans l’espace de jeu. La scène devient rapidement un lieu magique où tout se transforme. Petit à petit un dédale se dessine et le labyrinthe se construit dans votre imaginaire si vous acceptez d’y perdre vos repères. Les aventuriers franchissent de nombreuses portes, découvrent des univers labyrinthiques et se confondent à des créatures mythologiques. Guidés par un héros, ils franchiront les murs pour trouver le Minotaure, une bête monstrueuse mi-homme mi-taureau, et l’affronter. S’ils retrouvent enfin la sortie, ils accéderont à la déroutante euphorie de la liberté. Il en coûte 20$ +txs pour assister à ces présentations.


Samedi -12 octobre 2013
Théâtre Banque Nationale (Chicoutimi), 20h

Diffusion Saguenay reçoit (encore une fois... je serais curieux de compter le nombre de fois que la production suivante aura été présenté ici...) Douze hommes en colère. Un jury de 12 hommes doit décider du sort d’un jeune homme accusé d’homicide. La preuve et les faits réunis contre lui sont accablants. Le verdict semble évident. Pourtant, un membre du jury n’est pas convaincu et a le courage et la détermination de prendre position, d’aller au-delà des apparences et des préjugés. Une pièce remplie d’humanité, profondément actuelle, où les travers de la bêtise humaine sont omniprésents. Un suspense enlevant qui vous tiendra en haleine du début à la fin. Il en coûte 44$ pour assister à ce spectacle.

Ce sont là les points que j'ai relevé. Il se peut qu'il m'en manque... en quel cas il est possible de me le faire savoir par courriel.

samedi 5 octobre 2013

«Au Champs de Mars»... [Carnet de mise en scène]


Ce matin, je me dirige (de très bonne heure!), vers Roberval où se dérouleront les auditions pour la prochaine production que je mettrai en scène, pour le Théâtre Mic Mac, Au Champs de Mars de Pierre-Michel Tremblay.

Il me faut cinq comédiens pour tout autant de personnages:

  • Éric, un jeune (peut-il l'être un peu moins?) soldat, de retour de l'Afghanistan en plein choc post-traumatique;
  • Rachel, sa psy, qui tente de l'aider mais qui elle-même est plongée dans une «fatigue par compassion» et qui se cherche ailleurs, dans la musique klezmer ;
  • Marco, un cinéaste quelque peu déprimé qui tente de relancer sa carrière par un film de guerre;
  • Antoine (qui peut, avec l'accord de l'auteur, devenir Annabelle au besoin...), un professeur de musique radicalement pacifiste;
  • et enfin, «Soldat de film» qui est un personnage «souvenir».
Des scènes ont été sélectionnées, mettant en valeur ses figures. 

Après la sélection, il y aura une première lecture pour lancer le chantier.


vendredi 4 octobre 2013

«Les Journalistes» Jean-Pierre Ferland

Sur ce blogue, depuis 2007, il a souvent été question - en long et en large - de la critique et du métier journalistique. Alors, en clin-d'oeil avec tous ces billets, voici le point de vue (bon... qui date quand même de 1965!) de Jean-Pierre Ferland... Pas spécifiquement théâtral... mais quand même...

mercredi 2 octobre 2013

Ça bouge à l'UQAC

La Tortue Noire dépose sa carapace le temps d'une résidence (le protocole est pour deux ans) au Petit Théâtre de l'UQAC. 

Pendant les deux années qui viennent, donc, la compagnie sera partie intégrante de la formation théâtrale qui se donne entre les murs du Pavillon des arts, que ce soit par des représentations, des répétitions ouvertes, des laboratoires, des formations ou toute autre collaboration du genre. 

Pendant ce temps, Les Têtes Heureuses reprennent la route après un arrêt prolongé dans ce même lieu. Cette transhumance n'est pourtant pas nouveau pour elles... Si l'association avec l'UQAC semblait évidente, elle masquait toute une part de l'existence de cette troupe qui s'est faite de lieux en lieux, elle qui a été sans domicile fixe pendant de nombreuses (et belles!) années. C'est, en quelques sortes, un retour à une certaine liberté.

mardi 1 octobre 2013

«Le flou artistique» - Gilbert David


J'ai fait mention de ce dossier spécial, Horizon incertain du théâtre québécois, paru dans le numéro 245 de la revue Spirale (été 2013). Ce dossier qui dresse un portrait plutôt morose du milieu théâtral et qui est symptomatique d'un grondement qui se fait entendre depuis déjà quelques années, notamment dans les grands centres, et qui réclame ni plus ni moins qu'une mise à jour - voire une révolution! - en profondeur des façon de faire, en ce qui touche les subventions, la gouvernance, les directions artistiques, la diffusion et la formation.

Les constats sont durs. Brusques. Sans fard. Comme ceux-ci, de Gilbert David, dans son article Le flou artistique:

[...] La situation de blocage actuel découle du sous-financement généralisé de la part des conseil des arts (fédéral, provincial, municipal) dont les budgets sont gelés depuis dix ans, mais aussi du fait de l'afflux constant de nouveaux joueurs dans le champ de la production théâtrale - sans oublier le fait que les (trop) nombreuses écoles professionnelles lancent chaque année, dans un marché d'emploi déjà saturé, entre 50 et 70 nouveaux aspirants à la carrière d'acteurs. [...] Tout ou presque trouve grâce auprès des comités de pairs, retranchés derrière un souci d'équité envers tous les types de création. [...]

[...] Le résultat est qu'à partir des années 2000, ce sont des considérations essentiellement managériales et de «rentabilisation» (revenus de vente, commandites, collectes de fonds) qui ont pris le pas sur les objectifs à poursuivre dans le développement de l'art théâtral. Est-ce en multipliant le nombre de compagnies soutenues par des fonds publics, même si cela contribue à affamer tout le monde, que la vie théâtrale s'en trouve consolidée? Poser la question, c'est y répondre. À force de ne réclamer qu'une hausse des fonds consacrés au théâtre par les gouvernements, sans s'interroger vraiment sur l'écologie du système, sur ses faux-fuyants, ses petites complaisances et autres copinages, le monde du théâtre, dominé par une inculture crasse et un anti-intellectualisme à vomir, s'est pour ainsi dire tiré dans le pied. [...]

[...] On peut le déplorer, mais il faut se résoudre à accepter le principe de réalité selon lequel il y a des limites à la capacité de l'État à soutenir l'ensemble de ses créateurs.

Ça fait mal. Et pendant ce temps, qu'en est-il, ici, au Saguenay? La vague de fond qui perdure ne nous épargne pas davantage... Les questions qui se posent présentement dans la métropole et dans la capitale se poseront, tôt ou tard (si ce n'est déjà commencé...), dans notre milieu.