lundi 31 janvier 2011


Depuis quelques jours, je me suis remis à l'écriture... La vraie. Celle qui ne résulte pas d'une commande mais qui vient d'elle-même. Celle qui ne se force pas mais qui s'attend. Celle qui, d'une manière, délivre...

Il y a déjà si longtemps... Mon dernier texte théâtral remonte à 2007. Il s'agissait alors de L'Ordre du monde... un texte qui a été produit par le Théâtre 100 Masques en projet spécial en 2009 et qui, même s'il n'a pas eu de véritable succès, a marqué tout de même un tournant dans mon écriture. Une épuration. Un certain abandon de la prolixité qui caractérisent mes premiers textes.

Toujours est-il que voilà, j'ai repris le crayon... enfin, le clavier... car pour la première fois, je ne passe pas par la feuille de papier... Et je me lance. Pour ce qui semble être un long monologue. Sans plan et sans objectif dans un premier temps (quoique maintenant, avec sa quasi vingtaine de pages, je sois capable d'en tirer les grandes lignes). Jusqu'où j'irai? Je ne le sais pas trop. Je ne suis pas un auteur en transe. Je ne crois pas à la volonté du personnage...

Quand le théâtre croule...

La classe morte

Dans un manifeste datant de 1963 (Manifeste du théâtre zéro publié dans Le théâtre de la mort), Tadeusz Kantor, metteur en scène polonais qui a marqué la scène mondiale au XXième siècle (et décédé en 1990) y est allé d'une charge à fond de train contre un type de théâtre bien précis... qu'on pourrait fort bien rapprocher du théâtre tel qu'on le connaît. À lire et relire ces mots durs, ça donne à penser et à tenter d'évaluer où l'on se situe dans cette description...

LE THÉÂTRE CROULANT
Le théâtre actuel,
en dépit de l'apparition sporadique
de talents réels
et du sérieux
dont se drapent ses représentants officiels,
est mort, académique.
Il fait usage
dans le meilleur des cas
d'excitants
qui le poussent
progressivement
vers le ridicule,
vers un badinage
de styles passés,
vers la platitude,
pour finir
dans un cercle d'intérêts particuliers.
Théâtre sans ambition,
qui ne cherche pas
à être autre,
à découvrir
son propre visage
dans l'organisation future du temps.
Théâtre condamné à l'oubli.

Et loin de s'atténuer, ses propos se durcissent encore un peu plus, un peu plus loin... dans la partie nommée LE POIDS D'UN RADICALISME EN ART:

Les nuances stylistiques
du théâtre actuel
sont assez nombreuses:
théâtre pseudo-naturaliste
né de la paresse
et du confort
[...],
théâtre pseudo-expressionniste
dont après une authentique
déformation de l'expressionnisme
il n'est resté qu'une grimace
gênante,
morte, stylisée,
théâtre surréalisant
qui applique de tristes ornements
surréalistes, à la façon
des étalages de magasins de mode,
théâtre qui n'a
rien à risquer et peu à dire,
fait preuve de mesure
culturelle
et d'élégance éclectique
théâtre pseudo-moderne
usant de tel ou tel
moyen emprunté
aux diverses disciplines
de l'art contemporain
auquel, prétentieusement,
il s'accroche par artifice.


Ouch.. Le constat est sans compromis... et date d'il y a près de cinquante ans... Que dirait-il aujourd'hui, en cette ère du multi-média et de la nouvelle technologie, en cette ère de l'interdisciplinarité. En cette ère où le divertissement est roi?