En ce jour dominical, voici quelques extraits (retranscrits en français contemporain sous chaque bloc) du Mandement de Mgr. l'évêque de Nismes contre les spectacles écrit et publié en 1709... évêque qui portait comme nom, Esprit Fléchier (dont la biographie wikipédienne se retrouve ici). C'est donc une invitation à lire un autre morceau d'extravagance qui condamne spectateurs et artisans du théâtre aux flammes éternelles de l'enfer:
MES TRÈS-CHERS FRÈRES,
Nous voyons avec douleur depuis quelque temps, l'affection et l'empressement que vous avez pour les Spectacles, que nous avons si souvent déclarés contraires à l'esprit du Christianisme, pernicieux aux bonnes moeurs, et féconds en mauvais exemples, où sous des prétextes de représentations et de musiques innocentes par elles-mêmes, on excite les passions les plus dangereuses, et par des récits profanes et des manières indécentes, on offense la vertu des uns, et l'on corrompt celle des autres.
Nous étions assez occupés à ramener les Hérétiques, à détruire leurs erreurs et leurs préventions, à corriger les vices et les faiblesses ordinaires des hommes. On n'avait guère vu de théâtre dressé dans cette Ville. L'art de corrompre les coeurs par des chants et par des spectacles n'y était pas introduit. L'oisiveté n'avait pas encore amolli les esprits, et l'hérésie même avait horreur de ces corruptions publiques.
La Providence divine semblait nous avoir mis à couvert pour toujours de cette espèce de séduction, par la chute des premiers qui vous l'apportèrent. On les vit méprisés et misérables, traînant une triste et honteuse pauvreté dans ce Diocèse, où ils avaient conçu le dessein et l'espérance de s'enrichir.
Cependant, nous avons vu tout d'un coup renaître une nouvelle Troupe, et s'élever un second théâtre sur les ruines du premier. Nous en fûmes surpris; mais ce qui nous toucha le plus, MES TRÈS-CHERS FRÈRES, ce fut l'ardeur avec laquelle vous couriez à de tels spectacles. L'argent qui vous coûte tant à donner à nos hôpitaux, vous le donnez là avec complaisance. Vous alliez avec joie vous divertir des passions d'autrui, et nourrir peut-être les vôtres.
Nous vous conjurons, MES TRÈS-CHERS FRÈRES, par Notre Seigneur JÉSUS-CHRIST de vous en abstenir: Évitez les pièges funestes que le Démon vous a tendu; ne fournissez pas à vos convoitises de quoi se soulever contre vous. Écoutez la voix du Pasteur qui vous exhorte et vous sollicite, et qui aime mieux devoir (?) votre obéissance à ses charitables conseils, qu'aux censures que l'Église lui a mises en main.