mercredi 28 mars 2012

Une brève histoire du metteur en scène...


 On ne se tanne pas (enfin... je ne me tanne pas!) de lire et de tenter de comprendre les définitions de grands concepts théâtraux donnés par les théoriciens-praticiens qui nous ont précédé... De ces mots qui traversent les ans, il nous restera toujours quelque chose par leur(s) aptitude(s) à nous faire réfléchir. Comme cette définition historique du metteur en scène donné par Gaston Baty dans Rideau baissé, paru en 1949 (et cité dans le Dictionnaire de la langue du théâtre d'A. Pierron):

Qu'est-ce que le metteur en scène? Sa fonction est aussi ancienne que le théâtre lui-même. Dans le lointain des âges, au fond d'un sanctuaire égyptien, un prêtre faisait évoluer les récitants qui figuraient la famille divine d'Osiris, tandis que les pleureuses se lamentaient autour d'Isis et que des chanteurs commentaient l'action. C'était déjà un metteur en scène. Mille ans plus tard, lorsque Eschyle élargit la table primitive sur laquelle était juché Thespis, pour y faire monter un second acteur, lorsqu'il dresse les portes du logeion pour leurs entrées, la baraque de la skéné pour leurs changements de costumes, et déblaie l'orchestre pour les évolutions du chœur, c'est une metteur en scène. Les livres de conduite, les mystères, les miniatures de manuscrits nous font connaître le maître de jeu, qui, son rollet et son bâton à la main, circulait d'un bout à l'autre du parloir dont il avait disposé les échafauds, surveillait les acteurs qu'il avait instruits, veillait au fonctionnement des machines qu'il avait préparées; le maître du jeu, c'est le metteur en scène [...]. Enfin, il faut bien reconnaître que les deux plus grands génies qui dominent l'histoire du théâtre, Shakespeare et Molière, ne sont pas de purs intellectuels, mais vraiment des metteures en scène qui, à côté de leur métier principal et en fonction de lui, ont écrit des pièces pour leurs maisons et des rôles pour les comédiens, sans perdre de vue les ressources de leurs plateaux. Seulement le mot appartenait à l'argot des planches, et le public ne s'en servait pas. Le terme aujourd'hui s'est popularisé, grâce, en partie d'ailleurs, à l'emploi abusif qu'en a fait le cinéma pour l'appliquer aux metteurs en écran.

C'est là une synthèse complète!