mercredi 9 mars 2016

Y a pas de fumée sans feu...

 
Il fut une époque où beaucoup - et c'est presque un euphémisme! - de gens en théâtre fumait. Il fut une époque où moi-même je fumais beaucoup (en fait, j'ai arrêté il y a un peu plus de trois ans). Et quand les moyens financiers me le permettaient, je jetais mon dévolu sur des Du Maurier.

Aujourd'hui - ô hasard - j'ai découvert, dans un vieux programme de théâtre de 1963 (une grande tournée américaine de la tragédienne Marie Bell), que les cigarettes Du Maurier (marque canadienne) avait été ainsi nommées en l'honneur d'un grand acteur de théâtre (et néanmoins anobli en 1922 par le roi Georges V) britannique, Sir Gerald Du Maurier... 


(C'est aussi lui qui apparait à 3m48 dans cette vidéo tournée en 1931...)


... de son nom complet Gerald Hubert Edward Busson du Maurier dont les belles années théâtrales (et filmiques...) se situent au tout début du XXième siècle. Après tout, difficile de faire autrement: il est mort en 1934!

Décidément, le théâtre est dans tout!


Être metteur en scène... par Strehler


Mon métier consiste à raconter des histoires aux autres. Il faut que je les raconte. Je ne peux pas ne pas les raconter. Je raconte les histoires des uns aux autres. Ou bien je raconte mes propres histoires à moi-même ou aux autres. Je les raconte sur une scène de bois où il y a d'autres êtres humains, au milieu d'objets et de lumières. S'il n'y avait pas de scène en bois, je les raconterais par terre, sur une place, dans une rue, dans un coin de rue, sur un balcon, derrière une fenêtre. S'il n'y avait pas d'êtres humains auprès de moi, je les raconterais avec des morceaux de bois, des bouts d'étoffe, du papier découpé, du fer-blanc, avec ce que le monde peut m'offrir. S'il n'y avait rien, je les raconterais en parlant à haute voix. Si je n'avais pas de voix, je parlerais avec mes mains, avec mes doigts. Privés de mains et de doigts, je les raconterais avec le reste de mon corps. Je raconterais muet, je raconterais immobile, je raconterais en tirant des ficelles, sur un écran, devant une rampe. Je raconterais de toutes les façons possibles car l'important pour moi est de raconter les choses aux autres, à ceux qui écoutent. 

C'est la réponse de Giorgio Strehler (tirée du bouquin Un théâtre pour la vie, publié chez Fayard en 1980, p.123) à qui lui demande de dire son métier. Une belle définition de la mise en scène, de l'engagement théâtral.