vendredi 24 avril 2020

Ma conception du théâtre... retour dans le temps?

Ce blogue a longtemps servi de lieu de réflexions sur la pratique théâtrale, notamment dans cette période  (2009-2013) où, de façon chaotique et non-continue, j'étais inscrit au Doctorat en littérature et arts de la scène et de l'écran à l'Université Laval... (Et non, je n'ai pas été au bout de cette expérience, par manque de temps et de motivation.)


En faisant le ménage de mon bureau pour occuper mon temps de confinement, je suis tombé sur ce document qui donne, un aperçu de mes références d'alors, de mes pistes et intentions de recherches... et, en quelques sortes, de mes présupposés théâtraux. 

Le temps passe. Ceux-ci sont-ils caducs? 

Oui et non. Oui parce qu'avec les années, des points s'affinent au gré des mises en scène et des lectures. Non parce que fondamentalement, ma pratique (et ma vision théâtrale) est pétrie par ces éléments.

Le tout pourrait s'énoncer en trois volets - le rapport au texte (et à la littérarité), le rapport au corps (et à la performativité de celui-ci), le rapport à la scène (et à la théâtralité) - supportés par une conviction: le théâtre, comme médium et discours, est une construction formelle dynamique et de la forme (et de sa dynamique) viendra la force de son contenu.
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C'est ce que raconte le document plus haut. Il dit ceci, dans la radicalité de la brièveté qui demanderait assurément plus de développement:

RAPPORT AU TEXTE: Le texte est une forme. Il y a les mots. Il y a la sonorité de ceux-ci. Puis il y a les phrases qui, avec la ponctuation (ou la disposition sur la phrase), construit une rythmique portée par la voix, qui elle aussi, est une forme: débit, hauteur du ton, volume. 

Ce sont là les outils d'élaboration des personnages, de création des dynamiques et de tensions pour chacun d'eux, entre eux, entre eux et les objets, entre eux et la scène, entre eux et le public.

L'émotion (ou plutôt l'impression, pour le spectateur, d'une impression juste) viendra de la maîtrise de ceux-ci.

RAPPORT AU CORPS: Le jeu de l'acteur est une forme. Il y a la présence. Il y a le geste. Il y a le déplacement. La vérité recherchée du comédien n'est pas dans la vie psychologique du personnage mais dans son action concrète sur la scène. 

Le personnage est construit (bien sûr par ce qu'il dit et le texte) par le contrôle du mouvement, de la posture... éléments essentiels dans la création des dynamiques et des tensions pour chacun d'eux, entre eux, entre eux et les objets, entre eux et la scène, entre eux et le public.

La maîtrise du rapport au corps mènera nécessairement au personnage.

RAPPORT À LA SCÈNE: La scène est une forme. Il y a la superficie. Il y a les volumes. Il y a les objets et les accessoires. Il y a la lumière. 

Avant même de servir l'évocation ou la représentation d'un lieu (l'esthétique), la scène est donc, elle aussi, une composante dynamique qui impose rythme, déploiement dans l'espace, travail vocal, relation au public.

Le comédien doit alors posséder cet espace, le comprendre, l'expérimenter pour le maîtriser.

Un grand principe sous-tend l'ensemble: celui de l'action-réaction. Par ce rapport au texte, au corps et à la scène, c'est tout un jeu de stimulis, de causes à effet, qui est mis en place. Comme un engrenage théâtral.
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C'était il y a quelques années. C'était hier. C'est aujourd'hui.

Tout ça reste une vision dans l'absolu... parce qu'en salle de répétitions, il faut parfois faire des ajustements. La mise en scène est parfois un travail de négociation entre différentes conceptions théâtrales!