À quelques jours de la première lecture (déjà... puisqu'elle est prévue le 26 mars), je résume un peu le projet à venir...
Le Théâtre 100 Masques replonge, pour une troisième fois (après L'Impromptu de Versailles et Les Précieuses ridicules en 2003 et Le Médecin malgré lui en 2009) dans l’œuvre de Molière pour arrêter son choix sur deux courtes pièces (30-45 minutes chacune) de ce monument dramatique : Le Mariage forcé (une comédie-ballet présentée pour la première fois en 1664) suivi de La Jalousie du Barbouillé (qui, dans les faits, serait possiblement antérieure à la première).
Chronologiquement parlant, ces deux textes (cataloguables dans les farces par leur intrigue simple et les multiples rebondissements fondés sur le jeu de l'arroseur arrosé...) viennent donc avant les grandes comédies qui constitueront l'apogée de l'auteur. Ils sont donc moins connus... et en ce sens, fort intéressants à travailler.
La première pièce raconte l’histoire de Sganarelle, qui s'est mis en tête d'épouser la jeune Dorimène. Il s'en ouvre à son ami Géronimo, qui se moque de lui, mais ne parvient pas à le dissuader de ce projet insensé. Il lui suggère de demander conseil à deux philosophes, Pancrace et Marphurius : le premier, docteur aristotélicien, n'écoute pas Sganarelle, car il est tout à la dispute qu'il vient d'avoir au sujet des chapeaux. Le second, docteur pyrrhonien, ne peut répondre que oui et non à la question de savoir si Sganarelle doit se marier. Ce dernier surprend une conversation entre sa promise et son amant, Lycaste, qui le décide à renoncer à son projet de mariage, mais Alcidas, frère de la jeune fille, survient et prétend que le mariage doit se faire pour éviter un affront public. Il provoque vainement Sganarelle en duel, puis se résout, en bonne logique, à le bâtonner jusqu'à ce qu'il accepte d'épouser Dorimène.
La seconde montre les tribulations du Barbouillé marié à Angélique. Il n’est pas satisfait de sa femme qui, dit-il, le fait enrager. Il demande au docteur son avis sur la façon de la punir. En fait de conseils, ce dernier se perd en verbiages creux et intarissables, qui ne font qu’exaspérer le Barbouillé, qui, pourtant, court derrière lui. De son côté, Angélique, se plaint également de son mari à son amant Valère. Le Barbouillé revient et se plaint de la présence de Valère. Gorgibus, le père d’Angélique, ne peut dissiper la dispute.
À la lecture de ces deux résumés, il va de soit que ces productions se télescopent, fonctionnent, en quelques sortes, sur le même thème : les problèmes du couple… avant et après le mariage ! Mais plus encore ! Il s’agit d’un amusant discours sur l’emprise des autres sur ses propres actions, au détriment de la véritable liberté de choix. Une exposition et une démonstration ! Avec toute la verve comique du grand maître du rire.
Plusieurs raisons motivent donc ces choix: le thème proposé, la poursuite de l'exploration du répertoire comique, la découverte d'autres textes de l'auteur que ses grandes comédies, l'appropriation d'une matière propre à créer des jeux de scènes, l'intérêt pour les pièces courtes (et leur concision et la concentration de leur action)... et la première occasion de me frotter à Molière!