mardi 11 juin 2013

Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]



Ce vidéo nous donne une idée de la bourrée du Mariage Forcé (lors de la troisième entrée du ballet mettant en scène des Égyptiennes), composé par Jean-Baptise Lulli, en 1664 (première collaboration entre ce compositeur et Molière... car il faut se rappeler que cette pièce est, en fait, une comédie-ballet commandée par le roi Louis XIV).

Cette petite note historique me permet d'aborder la trame sonore de cette production estivale 2013 du Théâtre 100 Masques.

En fait, il n'y en a pas (comme dans la plupart des mes productions antérieures!)! Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il n'y ait aucun son. 

Au contraire. 

Ce sera là un spectacle particulièrement bruyant (une bruyance qui augmentera, je crois, lorsque le plancher et la scène seront praticables). Quasi percussif. Dynamique. Avec des claquements de coffres, des bruits de pas, des coups de bâtons, du bois qui craque, des grattements. 

À défaut d'une conception sonore traditionnelle (c'est là un des éléments qui me pose le plus souvent problème...) se retrouve un son produit à même la performance des comédiens. Un son intrinsèque à la scène. Un son issu d'une source visible et bien identifiable. Un son nécessaire parce qu'inévitable. Et c'est comme ça que j'aime ça.

Du «dramaturg» et de son apport aux comédiens

Lors de mon dernier passage en librairie, j'ai acheté l'ouvrage d'Anne-Françoise Benhamou, Dramaturgies de plateau, publié en 2012 aux Solitaires intempestifs. La lecture (fort intéressante, par ailleurs...) avance bien. Il s'agit d'articles plus ou moins longs portant sur son travail de dramaturge auprès (principalement) de Stéphane Braunschweig... dramaturge au sens allemand du terme (dramaturg), qui consiste, en termes très brefs, à constituer un savoir autour d'une oeuvre. 


Elle y va d'exemples et de démonstrations, reste très près du plateau, du travail concret... et de quelques considérations générales sur son apport... comme cet extrait (bien intéressant) tiré de la page 47:

Il arrive parfois qu'une recherche [dramaturgique] complémentaire s'impose pendant les répétitions. Quand elle porte sur un point de détail qui n'implique pas de réorganiser l'ensemble, elle a toujours un effet positif sur le travail: dans des moments de doute et de fragilité, il est agréable pour les acteurs de se sentir confortés par des munitions fraîches venues de connaissances objectives... En revanche, si le travail initial de l'équipe sur le texte a négligé un pan important, il devient difficile, et même impossible passé un certain stade, de le réintroduire dans les répétitions: les acteurs ne peuvent plus s'en servir, ils n'en sont plus là. [...] À la phase d'ouverture que constitue par méthode pour la plupart des acteurs le début des répétitions, où ils se laissent traverser par tout ce qui se dit sans s'appliquer à filtrer a priori mais en laissant leur imaginaire travailler tous azimuts, succède généralement une phase de cristallisation et de construction, certes sujette à bien des allers-retours et des repentirs, mais où il est délicat d'apporter des idées intellectuelles qui auraient été absentes du premier temps: tout simplement parce que dans cette seconde phase la nourriture intellectuelle s'est déjà transformée pour en eux en stock d'imaginaire. [... Les répétitions] ont un rythme et une direction, et on revient difficilement en arrière d'une étape.

Voilà un métier du théâtre qui ne s'est pas encore vraiment ancré dans la pratique théâtrale de ce côté-ci de l'océan... et qu'il fait bon découvrir par l'expérience de celle-ci.