samedi 6 janvier 2024

De Marcel Dubé... et du reste

Je me suis rendu au bout - lecture du temps des Fêtes! - de Marcel Dubé - Écrire pour être parlé de Serge Bergeron paru il y a quelques semaines.


Lire la biographie de Marcel Dubé, c'est rester avec une étrange impression: assister, page après page, au déclin exponentiel et irréversible d'un auteur dramatique. C'est rester avec une étrange impression: comprendre comment il est possible de passer de la lumière des projecteurs à l'ombre insidieuse de l'oubli... et souvent, par sa propre faute. C'est rester avec une étrange impression: prendre acte d'une œuvre colossale qui n'a pas été en mesure de traverser le temps. 

La vie de Dubé s'entrelace autour de succès prodigieux et, en parallèle, autour d'amertumes successives et de poursuites de chimères inaccessibles sur fond constant de manque d'argent.

Puis autour d'un combat, dans les années '60 et '70: celui de la langue parlée dans le théâtre québécois... avec un français correct (et littéraire) contre la pratique joualisante envahissante! Mais ce combat, à l'heure du grand bouleversement des Belles-Soeurs de Michel Tremblay, relèguera à tort ou à raison Dubé dans une écriture et des propos jugés désuets et dépassés. 

Monumental et incontournable, Dubé apparait dans cette brique terriblement humain et d'une affligeante vulnérabilité qui prendra plusieurs formes: physique, artistique, amoureuse, financière...

Cette biographie, sera une frappante illustration de la précarité du milieu culturel où le succès du jour ne garantira jamais celui de demain. Où les projets s'élaboreront à la chaîne sans jamais avoir la certitude de se rendre jusqu'à leur réalisation. Où l'artiste avancera parfois en s'enfermant lui-même dans un carcan qu'il sera difficile de quitter.

Une triste vie.