Cet hiver, je suis le titulaire de la charge de cours 7THE505 à l'UQAC... soit le cours Création théâtrale (six crédits) où un metteur en scène fait une production avec les étudiants. Pour ma part, ils seront six.
Et voici la proposition que j'ai faite et à partir de laquelle nous travaillerons:
Drôle d’époque que la nôtre. Les changements climatiques, la pandémie et sa radicalisation qui rejette la science, les problèmes mentaux, les soubresauts politiques, la violence partout… tout concourt à générer de l’angoisse, voire même, parfois, de la terreur.
Dans le cadre de la création théâtrale, je compte mettre ces sentiments en parallèle avec un genre spécialisé du théâtre : le Grand-Guignol. Spécialisé parce qu’il cristallise l’angoisse de son époque (la fin du XIXe et le début du XXe siècle) et porte, en lui-même, les mêmes craintes que nous pouvons reconnaître : la peur des éléments de la nature, des savants, de la folie, des dirigeants, de la cruauté humaine. Il exploite délibérément toutes ces ficelles pour établir ses propres codes qui feront la part belle aux extrêmes et à la sensualité.
Ce sera donc une plongée dans un répertoire quasi oublié, parfois méprisé dont l’unique objectif était de susciter des émotions fortes, de faire ressentir les effets de la peur! Un peu un ancêtre des films de séries B, rempli d’hémoglobine, d’effets spéciaux…
Plus précisément, nous travaillerons sur un texte d'André de Lorde (une adaptation d'une nouvelle d'Edgar Allan Poe), Le système du docteur Goudron et du Professeur Plume, et sur un ou deux autres petits textes.
Et le contexte actuel?
Le cours se donnera en personne - presque un luxe! -, dans ce laboratoire qu'est le Petit Théâtre. La distanciation est de mise. Et assumée comme outil de tension. La diffusion devra se faire en fonction du web. Et là se posera le véritable défi de ce projet. Comment surpasser la simple captation? Augmenter le potentiel de cette diffusion?
L'exploration sera de mise! Pourtant, quelques pistes sont déjà établies...
L’une des caractéristiques essentielles de ce type particulier de théâtre est de placer le spectateur sur le qui-vive, dans une position de voyeur, dans un jeu constant de dissimulation et de monstration... dans de fréquentes bascules de points de vue.
La création de cette année jouera à fond sur ce point et intégrera, à la mise en scène, tout un jeu de caméras subjectives portées par les interprètes qui permettra à des spectateurs-webs, sur une plateforme à définir, d’avoir accès à tous ces points de vues, et de passer de l'un à l'autre au gré de leur intérêt. Si le contexte le permet, des spectateurs pourront être intégrés dans le lieu même.
Du coup, cette production se fera sur un mode éminemment immersif.
Tel est le projet à venir! Rendez-vous à la fin d'avril!