mardi 26 février 2013

Les bases du dialogue théâtral entre la salle et la scène...


... et l'un conditionne nécessairement l'autre... dans un rapport de complémentarité ou un rapport de contradiction...

Mettre en scène... par Louis Jouvet


Il me faudra bientôt cesser de dire que je ne suis pas un fan de Louis Jouvet... après toutes les citations de lui que j'ai publiées sur ce blogue (les voici)! Si je ne partage pas l'ensemble de ses vues théâtrales, il a - je dois l'admettre - la capacité de susciter de nombreuses réflexions. Il faut dire aussi que la passion qu'il éprouve pour son métier transparaît dans chacune de ses phrases. Comme cette définition de tâches du metteur en scène écrite en 1948 dans Réflexions d'un comédien:

Mettre en scène, c'est gérer les biens spirituels de l'auteur, en tenant compte des nécessités temporelles du théâtre.

C'est se placer du point de vue d'un soir et du point de vue de l'éternité.

Il y a deux sortes de metteurs en scène: ceux qui attendent tout de la pièce, pour qui l'oeuvre est essentielle, et ceux qui n'attendent rien que d'eux-mêmes et pour qui l'oeuvre est une occasion [...].

Mettre en scène, c'est, avec patience, avec modestie, avec respect, avec angoisse et délectation, aimer et solliciter tous les éléments animés ou inanimés, êtres et choses, qui composeront le spectacle, les incliner vers un certain état. C'est provoquer et attendre le mystère de leur efficacité interne, de leur présence ou de leur incarnation dramatique.

Jusque là, ça va. J'adhère assez bien à ces descriptions. Il a rajouté, en 1951, dans Témoignages sur le théâtre:

Mettre en scène, c'est retrouver l'état d'esprit de l'auteur, l'humeur ou le ton de l'auteur au moment de l'écriture, son inspiration. Nul ne peut décrire, expliquer cet instant, majeur, capital, pendant lequel l'auteur se commente lui-même, écrit ce commentaire souverain de sensations, de sentiments et d'idées: une pièce.

Cette dernière partie est la philosophie jouvetienne que j'abhorre. C'est la sacro-sainte voix de l'auteur que je trouve parfois encombrante... et c'est, en quelque sorte, une soumission au mot qui m'indispose un peu...