J'ai eu envie, suite à une lecture, de me plonger dans l'univers du nô japonais... un univers étonnant, fascinant, déroutant. Parce que s'il y a un théâtre de convention, c'est bien lui (et qu'il a inspiré et inspire encore de grands metteurs en scène)! Des conventions qui datent de plusieurs siècles, d'ailleurs. Au point où le spécialiste René Sieffert en dit même:
Dans cette atmosphère confinée et intemporelle, cet art vigoureux et populaire, né dans une atmosphère de concours et de compétitions, s'assoupit tout doucement pour devenir un spectacle de musée, entretenu avec une religieuse componction par des pieux conservateurs officiant devant un parterre recueilli et somnolent. Nous savons, par des documents incontestables, que l'interprétation actuelle d'un nô prend en moyenne presque deux fois plus de temps qu'à l'époque des Ashikaga! C'est dire que cette lenteur que la plupart des auteurs occidentaux, et japonais, prennent pour le caractère essentiel du nô, ne lui était en aucune façon congénitale, et l'on constatera, en lisant Zeami, que celui-ci la condamnerait très certainement, s'il lui était donné d'assister à une représentation d'aujourd'hui... Apprécierait-il au moins l'austérité froide et la dignité revêche qui en résultent? Je n'oserais en jurer!
Toujours est-t-il que j'ai eu envie de plonger dans ce répertoire et cette façon unique d'aborder la scène. Et la meilleure façon a été de me procurer le bouquin ci-haut. Zeami (1363-1443) est l'incontournable du nô. Un monument. En plus d'être l'auteur de plusieurs oeuvres, d'être comédien, il a fait un traité qui sert encore de base à quiconque s'initie au genre.
Donc de la théorie, on passe par la formation de l'acteur... pour terminer avec la lecture de huit pièces (qui composent une journée).