vendredi 28 février 2014

Un auteur sanglant


À chacun sa mort! Facebook réussit toujours à dénicher des trucs amusants... comme ce tableau synthèse des différentes morts qui émaillent l'oeuvre de Shakespeare. L'imagination est au rendez-vous quand vient le temps d'invoquer la Grande Faucheuse!

Les crédits de ce tableau se retrouvent en-haut à droite et en-bas à gauche (et il a été trouvé sur ce site). 

De l'équilibre d'une pièce


L'équilibre d'une pièce 
ne se trouve 
qu'à la cinquième représentation, 
lorsque les salles ont obligé les interprètes 
à mettre de l'air dans le jeu 
et que leur angoisse se dénoue.

C'est là l'opinion émise par Jean Cocteau qui sera publiée en 1947 dans un recueil d'articles divers: Le Foyer des artistes

Une opinion que je partage assez... et qui pourrait aller plus loin encore. Meyerhold disait qu'il était inconcevable de recevoir des journalistes à une première alors que ceux-ci ne devraient pas venir avant la vingtième représentations...

Un spectacle (surtout une comédie!), tout prêt soit-il quand se lève le premier rideau, aura toujours besoin de quelques soirées pour bien se roder et apprivoiser les réactions du public.

mercredi 26 février 2014

«Le théâtre québécois est-il soluble dans le présent?» (Y. Jubinville)


J'en ai parlé beaucoup sur ce blogue. L'été dernier paraissait, dans la revue Spirale (le no. 245), un grand dossier fort intéressant: Horizon incertain du théâtre québécois. Parmi la dizaine d'articles (tous plus déprimants les uns que les autres), se trouve celui d'Yves Jubinville dont le titre coiffe ce billet.

En voici quelques lignes:

La cause est entendue. La culture contemporaine de laquelle participe le théâtre est irrémédiablement tournée vers le présent. Un présent qui serait lui-même intensifié (et rétréci) sous l'effet conjugué des médias de masse (déjà anciens!) et des médias sociaux où règne une logique de visibilité et d'événementialité. [...] Le fait est que le théâtre, dont il faut par ailleurs constater le déclassement relatif en termes de fréquentation et de prestige, est sans doute l'un des domaines où cette logique apparaît le plus en osmose avec le média lui-même. Le théâtre, de par son essence, se moule à l'environnement divertissant qui règle la cadence de la vie sociale.

[...] D'aucuns diraient même que pour être contemporaines les pratiques artistiques actuelles doivent impérativement se parer des attributs du spectacle vivant. En résulterait non pas l'hégémonie de l'art théâtral mais bien au contraire un effritement de son domaine spécifique. De nos jours, le théâtre serait présent partout et nulle part à la fois. D'une forme identifiable il serait devenu dispositif, pour emprunter un terme à la mode, ou ambiance, sujet à d'infinies modulations et métamorphoses. Pour le meilleur et pour le pire!

C'est là l'introduction de cet article (en page 63). 

Tout ce dossier spécial pose de nombreuses questions, pose de terribles constats. Le portrait qui est dressé ici n'a rien de réjouissant et ne dénote essentiellement qu'une chose: le cul-de-sac. Dire que le milieu théâtral québécois est en effervescence détournerait un peu de la réalité: le milieu théâtral est plutôt entrain d'imploser...

Maintenant que les problèmes sont identifiés de toute part, il faudra bien un jour s'y attaquer...

lundi 24 février 2014

«Au Champ de Mars»... [Carnet de mise en scène]


Les répétitions se poursuivent de plus belle... avec du travail de précision et d'interprétation. L'objectif est d'arriver à une production syncopée - un montage en pulsations rapides - où les scènes se télescopent les unes dans les autres.

Enfin, voici l'affiche (l'illustration de ce billet!) de la production 2014 du Théâtre Mic Mac. Encore une fois cette année, il s'agit d'une réalisation de Christian Roberge.

vendredi 21 février 2014

Grrr.

Le plaisir de diriger une compagnie qui offre de la formation, c'est d'avoir un atelier de programmé un vendredi matin, à 8h30... et de devoir le prendre en charge à pied levé pour remplacé une animatrice absente. 

Donner un atelier d'une heure, à vingt enfants, sans préparation, sans filet.

Merci, les camps d'été, pour m'avoir constitué une banque d'ateliers pour faire face à toute épreuve! C'est dans des moments comme ça qu'on se rend compte que finalement, j'en connais beaucoup, de ces exercices... 

Et c'est comme ça qu'en un peu moins de cinq minutes, je me construis un plan d'action dynamique et diversifié qui donnera de bons résultats... 

mercredi 19 février 2014

Le fiel d'Ovide


J'aime bien ces textes virulents contre le théâtre... surtout ceux des premiers temps du christianisme. Des textes généralement sévères. Exubérants. Trop. 

Mais avant l'Église, les auteurs de l'époque n'avaient pas nécessairement bonne opinion du théâtre. Tel le poète latin Ovide (né en 43 av. J.-C. et mort dans la seconde décade de notre ère)... comme en font foi ces extraits (réécrits en français moderne sous chacun de ceux-ci pour faciliter la lecture) tirés du Discours sur la comédie: ou traité historique et dogmatique des jeux de théâtre et autres divertissements comiques soufferts ou condamnés au premier siècle de l'Église jusqu'à présent publié en 1731 par Pierre Lebrun. 


Ovide n'étais pas certainement attaché à une morale sévère; néanmoins dans sa fameuse Apologie adressée à Auguste, il avoue que les jeux sont une semence de corruption, il exhorte ce Prince à supprimer les Théâtres.


Aussi dans un ouvrage destiné à corrompre le cœur, il dit ouvertement que les femme Romaines couraient au spectacles avec le même plaisir, et avec la même ardeur que les abeilles se jettent sur les plantes odoriférantes; il exhorte les jeunes débauchés de Rome à fréquenter le Théâtre, qu'il regarde comme l'écueil de la vertu, et où les femmes ne se montrent bien parées que pour voir ou pour être vues.


Ce même poète a tenu un semblable langage dans un ouvrage où il se pique de donner des préceptes honnêtes; il recommande de fuir avec soin le Théâtre, persuadé que le son des instruments, les chansons et les danses amollissent et corrompent le coeur.

mardi 18 février 2014

Le Théâtre C.R.I. lance une invitation pour la Journée Mondiale du Théâtre 2014

Comme à chaque année (depuis plusieurs années), le Théâtre C.R.I. souligne la Journée Mondiale du Théâtre qui se tient à tous les 27 mars de ce monde... et à l'approche de cette date fameuse s'il en est une, voici que la compagnie lance une large invitation (que je retransmets ici dans son intégralité):


Hé hé hé!!! Ami(e)s comédiens, metteurs en scène, étudiants, amateurs et adorateurs de théâtre du Saguenay, pour la journée mondiale du théâtre 2014, nous vous invitons à venir renouer avec une expérience ludique imaginée et créée ici même et qui a connue ses lettres de noblesse et sa grande popularité dans les années 80 et 90. Le Théâtre Jeu!

Vous êtes intéressés, INSCRIVEZ VOUS avant le 7 mars 2014 à theatrecri@hotmail.com. La pige des équipes se déroulera lors d’un agréable 5 à 7 le samedi 8 mars 2014 (votre présence lors de ce 5 à 7 n’est pas obligatoire pour votre participation, nous pourrons vous communiquer la résultante de la pige par courriel). L’activité sera présentée devant public le 27 mars 2014 en soirée lors de la journée mondiale du théâtre. (Il y aura une générale le 26 mars 2014 en soirée)

Le théâtre jeu. Mais diantre qu’est-ce que le théâtre jeu?????

Le théâtre jeu est un doux mélange entre le théâtre et le jeu…

Mais allons un peu plus loin dans l’analyse sémiologique du terme…

Une bande de théâtreux fous se réunissent, le maître du jeu pigent des équipes de deux à quatre personnes et ici c’est très important : COMPLÈTEMENT AU HASARD!!!!!

Chacune des équipes repart avec un texte blanc…oh oh oh ici je vois le questionnement!!! Mais maître du jeu, qu’est ce qu’un texte blanc???

Un texte blanc est un écrit qui doit laisser place à l’imagination des participants. Sans sens précis celui-ci prend la direction que l’équipe voudra bien lui donner. Parfois, sans ponctuation, sans découpage et sans histoire le texte blanc devient la matière première de la mise en scène de chaque équipe.

Donc chacune des équipes repart avec ce fameux texte blanc et encore ici c’est très important : LE MÊME TEXTE BLANC.

A la suite de quelques rencontres, le texte prend soudain forme. Il devient une histoire, avec une mise en scène ingénieuse, des personnages, des décors et costumes minimalistes, bref ce que votre imaginaire pourra bien en faire!! Il est à noter que les équipes usent du texte comme elles le veulent avec le nombre de personnages qu’elles veulent, en lui donnant un sens qui le transformera au gré de la fantaisie du moment. Attention, vous devez toutefois respecter l’ordre textuelle de l’écriture.

Après quelques semaines d’intenses plaisirs à imaginer, créer et pratiquer un numéro

original d’une dizaine de minutes (maximum), les fous se retrouvent devant un public, l’espace d’une soirée, pour présenter le résultat de cette expérience théâtrale.

Vous avec le goût? Venez à la première rencontre, nous vous fournirons tous les règlements, détails et surtout notre fameux texte blanc et ce tout à fait gratuitement! Soyons-y en grand nombre et surtout soyons fier de notre théâtre!

Du même coup, le Théâtre C.R.I. invite également les auteurs d'ici à lui envoyer (par le même courriel que précédemment inscrit) des textes blancs pour qu'il puisse en faire une sélection...

lundi 17 février 2014

«La paix chez soi et autres bêtises humaines»...[Carnet de mise en scène]


Aujourd'hui, nous lançons - car effectivement, ce sera la première lecture! - le chantier qui nous mènera à la prochaine production estivale (la quinzième!) du Théâtre 100 Masques, LA PAIX CHEZ SOI et autres bêtises humaines.

Ce spectacle sera constitué d'une succession de treize courtes pièces en un acte de Georges Courteline où les hommes et les femmes rivalisent en bêtises pour se dévoiler dans tous leur travers. Petits bourgeois, médecins, femmes du monde, fonctionnaires, belles-mères...personne ne sera épargné.

Les treize textes qui seront montés (après certaines coupures, certains ajustements, certaines réécritures) par moi-même (avec quatre interprètes pour tous les rôles: Josée Gagnon, Patrick Simard, Mélanie Potvin et Pierre Tremblay) seront (dans le désordre):

LA PEUR DES COUPS
MONSIEUR BADIN
GROS CHAGRIN
LA VOITURE VERSÉE
LA PAIX CHEZ SOI
LE GORA
SIGISMOND
LE MAÎTRE DE FORGES
L'HONNEUR DES BROSSARBOURG
L'IMPOLI
LE PETIT MALADE
LES BOULINGRIN
AVANT ET APRÈS

Pourfendant l’absurdité humaine sous toutes ses formes en mettant en lumière ses pires défauts - la naïveté, la paresse, la frivolité, l’avarice, la jalousie, l’ignorance, la soumission, etc. -, cette production tendra aux spectateurs, sous le couvert de la comédie et du divertissement, un miroir tout aussi décapant qu’ironique.



dimanche 16 février 2014

Du Grand Guignol

S'il est un genre particulier, au théâtre, c'est bien le Grand Guignol... surnommé le théâtre de l'horreur, théâtre du sang (l'équivalent des films d'épouvante de série B). Un genre que j'apprécie beaucoup et qui recèle de nombreuses perles théâtrales... d'une loufoquerie sans nom! (J'en ai déjà parlé ici.)

Voici un fort bon petit documentaire (malheureusement en anglais) pour en connaître la teneur... et dont la succession d'affiches donne une fort bonne idée de ce que ça peut donner:

samedi 15 février 2014

«Théâtre interrompu»

Dans Le Devoir de ce matin, dans le cahier Culture, Fabien Deglise signe un article percutant et fichtrement inquiétant, Théâtre interrompu (qu'on peut lire ici), sur un «hiver théâtral [qui] met en scène un trouble de financement qui va croissant» et qui oblige les programmateurs à annuler des productions.

Décidément, le théâtre est dans une bien mauvaise passe.

vendredi 14 février 2014

«Au champ de Mars»... [Carnet de mise en scène]


Nous reprendrons, à compter de demain matin (et pour les six prochaines fins de semaines), au Théâtre Mic Mac, les répétitions d'Au champ de Mars de Pierre-Michel Tremblay après un long arrêt d'un peu plus d'un mois... le temps de mettre en scène la plus récente opérette de la SALR. 

Quand nous avons mis le projet sur la glace (enfin, façon de parler... parce que depuis, il y a eu de nombreuses rencontres de leur côté, pilotées par Sonia Tremblay qui m'assiste) nous en étions à la mise en place d'une ébauche de mise en scène. Maintenant, il nous faut revenir sur l'ensemble du travail et peaufiner, fignoler, préciser, polir, détailler... tant l'interprétation que la mise en espace, la dynamique et la rythmique des scènes, le rapport au public. 

Cette pièce est somme toute intimiste (donc toute en nuances) et, par son contexte scénique (ce long couloir), elle se construira sur un mouvement qu'il nous faut inscrire dans le temps et dans l'espace. Parlant d'espace... Voici où il en est (photographie de Christian Roberge):


À partir de demain, donc, le labeur reprend. Avec intensité et, je l'espère, avec le plaisir de la rigueur et de l'engagement.

Comment rendre cette pièce concrètement? Comment faire passer ce texte, ce discours? Comment lui donner, scéniquement, une force d'impact? Comment le rendre percutant? Comment marquer les tensions (elles sont nombreuses!) et les utiliser comme pivots? Comment bâtir des images fortes, peu importe l'angle de vue? Telles sont les questions que nous aurons à aborder dans les jours à venir!

Soupir.




jeudi 13 février 2014

Une histoire de cheval...


Alors que Sarah Bernhardt répète L'Aiglon d'Edmond Rostand, elle a à dire, à un moment donné, J'empoigne la crinière! Alea jacta est! Se tournant vers Rostand pour avoir des explications sur cette étrange remarque, croyant qu'il s'agit d'une métaphore pour parler d'une comète, elle apprend, stupéfiée qu'il s'agit en fait d'un cheval qu'elle réclame aussitôt... 

Voici comment Sacha Guitry décrit la scène dans son ouvrage Si j'ai bonne mémoire:

Deux jours plus tard, le lad revint avec un autre cheval [N.d.a.: le premier, fougueux, effraya la grande actrice...]. Il était gros, il était gris, il était énorme - et il avait la tête entourée d'un vieux caleçon de laine. Pourquoi? Nous allions le savoir.  Le lad le lui retira, ce caleçon, découvrant un visage, si je puis dire, dont la douceur extrême confinait à la stupidité. Mme Sarah se leva et fit deux pas prudents vers lui.
- Est-ce qu'il est doux, au moins, celui-la?
- Oh! Madame. Donnez-lui votre main, vous allez voir.
- Ma main?... Mais jamais de la vie. Laissez-moi faire... et tenez-le bien.
Alors, le regardant bien en face, elle fit:
- Hou!
Le cheval en fut peut-être un peu surpris, mais il n'en laissa rien paraître.
- Nous allons faire une autre expérience, dit-elle. Apportez-moi le tonnerre.
On lui apporta cette plaque de tôle dont on se sert dans les théâtres pour imiter l'orage. Elle la fit remuer par deux hommes, avec le plus de violence possible. Le bruit était assourdissant, mais le cheval ne broncha pas. Alors, tranquillisée, heureuse, Mme Sarah eut une idée. Tendant sa main droite à Rostand, sa main gauche à mon père, elle dit:
- Donnons-nous tous la main.
Et nous nous donnâmes tous la main comme pour faire une ronde. Mais elle nous conduisit à reculons jusqu'au fond de la scène et, là, elle nous dit à voix basse, afin de n'être pas entendue par le cheval:
- Nous allons tous courir sur lui en criant: Vive l'empereur!... Attention... une, deux, trois!...
Et nous avons couru, entraînés par elle, vers ce pauvre cheval en criant à tue-tête: «Vive l'empereur!»
Alors il se produisit une chose qu'il est bien difficile de raconter. Aidez-moi. Devinez. Imaginez ce que peut faire un animal qui a peur et qui n'a pas l'usage de la parole. Il ne peut faire que du bruit, n'est-ce pas? Vous avez deviné. C'est ce qu'il fit. Il fit du bruit. Un bruit qui ressemblait à un écho sonore et tardif du tonnerre de tout à l'heure. Il n'y fallait pas voir l'expression brutale d'une opinion républicaine - mais néanmoins, Mme Sarah Bernhardt en fut très offusquée. Elle dit:
- Nous allons le garder parce qu'il n'est pas méchant... mais c'est un cochon!
Puis se tournant vers Rostand, elle lui dit, comme s'il avait neuf ans et comme si elle en avait quinze:
- Vous l'avez, votre cheval, soyez heureux!

Elle apprit alors que ce n'est pas un mais deux chevaux qu'il lui fallait... et que, du coup, il fallait en trouver un autre que cette pauvre bête qui avait peur de ses semblables, d'où le caleçon autour de sa tête pour l'amener au théâtre...

Ah. Ces belles histoires d'une époque bien révolue...

mercredi 12 février 2014

«Théorie de l'art du comédien»

Voici - grâce à Google Books - quelques extraits choisis de cette Théorie de l'art du comédien - manuel théâtral publié en 1826 par Abraham Bernier... Les explications sont superflues alors que le titre dit tout!


Tout l'art du comédien en un seul bouquin... rien de moins! Ça promet.



mardi 11 février 2014

De la mise en scène d'une oeuvre musicale...

Dans les écrits meyerholdiens (écrits qui composent, en quelque sorte, mes principales lectures théoriques), une large part est faite à la mise en scène de l'opéra ou d'autres oeuvres lyriques. Des écrits fort intéressants qui prennent, après une production comme La Fille du Tambour Major de la SALR, une nouvelle résonance...

Voici donc ce que Meyerhold écrivait*, le 30 octobre 1909, par rapport à sa mise en scène de Tristan et Isolde de Wagner, au Théâtre Mariinski (qui a rouvert en grandes pompes l'an dernier):


Ôtons la parole à l'opéra, tout en le représentant sur scène, nous obtiendrons au fond une sorte de pantomime.

Car dans la pantomime chaque épisode, chacun des mouvements de cet épisode (ses modulations plastiques), de même que les gestes de personnages isolés et les groupements d'ensemble sont précisément déterminés par la musique, ses changements de rythme, sa modulation et, d'une manière générale, par son dessin.

Dans la pantomime le rythme des mouvements, des gestes et celui des groupements sont rigoureusement synchronisés avec celui de la musique; et c'est seulement quand on est parvenu à une concordance rythmique totale entre ce qui est présenté sur scène et la musique qu'on peut tenir la pantomime pour idéalement exécutée.

[...] Le chant d'une partie d'opéra accompagnée d'une interprétation réaliste du rôle suscite inévitablement chez un spectateur un peu fin un sourire moqueur. Il y a une convention à la base de l'art lyrique: on y chante! C'est pourquoi il ne faut pas introduire dans le jeu un élément de naturel, car la convention, aussitôt mise en désaccord avec le réel, révélera alors sa prétendue faiblesse, et, privé de sa base, l'art s'écroulera. Le drame musical doit être interprété de telle sorte que l'auditeur-spectateur ne se demande pas une seconde pourquoi les acteurs chantes dans ce drame au lieu de parler

[...] La musique, qui détermine la durée de tout ce qui se passe sur scène, donne un rythme qui n'a rien à voir avec le monde du quotidien. La vie de la musique n'est pas celle de la réalité quotidienne. «La vie ni comme elle est, ni comme elle devrait être, mais telle que nous la voyons dans les rêves» (Tchekhov).

Toute l'essence du rythme scénique est aux antipodes de celle de la réalité, de la vie quotidienne. C'est pourquoi l'aspect de l'acteur en scène doit être celui d'une fiction artistique, qui peut sans doute s'enraciner parfois dans un sol réaliste, mais qui doit en fin de compte être présentée d'une manière assez éloignée de ce que nous voyons dans la vie. [...]

Et ainsi de suite... 
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* Écrits sur le théâtre, Éditions l'Âge D'homme, 2001, Lausanne (trad. Beatrice Picon-Vallin)

Après «La Fille du Tambour Major»...

Je reviens à ce blogue après près d'un mois d'arrêt... Un mois intense qui s'est passé principalement dans le sous-sol de l'église où niche la SALR et au Théâtre Banque Nationale. Un mois intense et pourtant fantastique qui m'a permis de faire de nouvelles rencontres artistiques mémorables.

(photographie: Rocket Lavoie, Le Quotidien)

Il est de ces productions où, tout à coup, tout semble être réuni pour cheminer vers un projet amusant, drôle... et terriblement facile dans le travail! Si des regrets subsistent, c'est beaucoup plus sur le peu de temps mis à ma disposition pour mener à bien ce projet et pousser encore plus loin les réalisations scéniques...

Le retour à la réalité se passe bien... d'autant plus que d'autres projets sont présentement en attente et/ou débuteront dans quelques jours!  De retour au  boulot!
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Voici quelques commentaires sur cette production...
Avec tambours et trompettes (Denise Pelletier, Spécial du jour)
La fille du Tambour-Major, pur délice! (Christiane Laforge, Orage sur océan)
On s'amourache dès la première note (Roger Blackburn... et non Daniel Côté, Le Quotidien)