samedi 27 février 2021

Du Grand Guignol en théâtre-web - À la recherche d'une plateforme...

J'ai écrit, il y a quelques semaines (ici), à propos du cours que je donne présentement à l'UQAC. 

Avec mon équipe de concepteurs (Alexandre Nadeau et Sophie Châteauvert) et mes six étudiants-comédiens, nous travaillons, je disais, sur des textes d'André de Lorde, maître prolifique du Grand Guignol pour aborder le théâtre-web et sa diffusion numérique. Le contexte pandémique a grandement inspiré le projet, il va sans dire!

Ce que nous cherchons à faire, c'est de surpasser la simple captation et retransmission (qui imposent aussi, il est vrai, leurs questionnements et leurs embûches) pour permettre, au spectateur derrière son écran, une expérience de la représentation en cours... car oui, pour respecter l'un des éléments essentiels du théâtre - le risque du présent, de l'entrain de se faire - tout se fera en direct. 

Comme pour une représentation traditionnelle, l'événement sera circonscrit dans le temps. Les gens devront donc se brancher à une heure précise. Pas d'enregistrement. Pas de différé. Que du direct.

L'hypothèse de recherche (après tout, nous sommes à l'université) étant que ce que le spectateur perd en présence (présence qui sera pourtant réelle dans le Petit Théâtre), il doit minimalement pouvoir le gagner en participation (à défaut d'interactivité puisqu'il n'aura pas d'influence sur le déroulement du spectacle). 

Et c'est là que le défi commence.

Nous souhaitons permettre, pour celui ou celle qui assistera à la représentation, de chez-lui, de s'immerger dans la représentation en utilisant, comme point de vue, le point de vue d'un des personnages (et je précise: point de vue visuel et point de vue sonore parce que du coup, il y devrait y avoir spatialisation du son). Il pourra passer de l'un à l'autre à son gré, au gré de l'action. Sans retour en arrière. Un choix qui détermine sa propre réception de ce qui se déroule devant lui.

Pour y arriver, chaque étudiant-comédien portera, intégrée à son vêtement, une caméra subjective (en l'occurrence, son téléphone équipé d'un micro) qui permettra au spectateur de se substituer à lui.

Nous imaginons cela un peu dans cette forme: 


L'idée nous semblait somme toute assez simple... mais ce n'est pas le cas. Pas dans ce cas précis où nous voulons que chaque spectateur soit autonome, qu'il puisse manoeuvrer la plateforme de diffusion à sa guise, sans être dérangé par d'autres spectateurs.

Nous avons explorer différentes avenues technologiques: Messenger/FaceTime, Google Meet, ManyCam et Zoom, Streamyard, le webinaire... et nous avons consulté plusieurs intervenants. Il semble qu'à notre (très petite) échelle, ce que nous souhaitons faire n'existe pas vraiment. Bien sûr, avec des moyens financiers importants, on peut tout faire (et ça se fait déjà pour les grands événements sportifs). Mais pour l'envergure moindre de notre projet (et par extension, si on pousse le concept plus loin, pour un petit organisme culturel), il ne semble pas y avoir de plateforme accessible.

Nous nous sommes donc tournés (vive les réseaux de contacts!) vers une boîte spécialisée en événements virtuels, WaveForm (ici) pour explorer la faisabilité d'une telle plateforme, taillée sur mesure pour nos besoins. Pour connaître les enjeux technologiques et numériques de celle-ci, ses écueils possibles, ses composantes. 

Réponse: oui, cette plateforme de diffusion qui nous est nécessaire est envisageable. Et plus encore! Elle est non seulement envisageable mais elle sera réalisée, en partenariat avec nous et notre spectacle sera l'objet de ce prototype! Parce que le projet est stimulant. Plein de défis et de questions à résoudre (mais ici, ça sort de mes compétences). Parce que les possibilités d'utilisation, par la suite sont multiples. Parce qu'une fois créée, cette plateforme sera disponible, par location de licence chez WaveForm, pour d'autres petits organismes et petits événements. 

Le processus est maintenant lancé. 

À compter du retour de la mi-session jusqu'à la fin du mois d'avril, nous continuerons donc le travail de mise en scène (complexifiée du fait qu'il faille mettre en scène six points de vue et que ceux-ci doivent toujours être intéressants, tant du point de vue de l'action que de l'esthétique) en salle de répétition dans le théâtre, tout en collaborant activement à cette élaboration numérique.

Rendez-vous les 29 et 30 avril prochain pour le test ultime: le spectacle!