samedi 16 mai 2020

Rêver la formation théâtrale au Saguenay

Il est permis de rêver...

La question de la formation plus poussée en art dramatique se posera de plus en plus dans le milieu théâtral régional qui voit, depuis quelques années, une raréfaction de la relève (qui coïncide avec l'abandon, il y a déjà bien du temps, d'un programme axé sur l'interprétation au Cégep de Jonquière et avec un programme interdisciplinaire en art et en théâtre à l'UQAC qui subit une baisse drastique d'inscription et qui vise surtout la formation d'artistes-chercheur).

Un besoin de renouvellement se fait déjà grandement sentir quand vient le temps de faire des distributions. Comment pourrions-nous répondre à ce besoin?

Ce qu'il manque à mon avis? Une formation résolument disciplinaire, sur le territoire, axée sur quatres objectifs d'apprentissage: la connaissance générale, la connaissance spécifique, les techniques, la pratique. 

Voici un petit exercice de réflexion sur ce qu'un étudiant en art dramatique devrait, selon moi, avoir comme parcours. J'imagine une formation sur une année et demie, intensive (qui pourrait être - je ne connais absolument pas les conditions administratives et logistiques - un programme collégial, un certificat universitaire, voire même un programme court au Conservatoire de musique et d'art dramatique de Chicoutimi). Une formation qui pourrait s'articuler de la sorte:

En matière de connaissance générales (afin qu'il puisse se positionner, connaître l'évolution du théâtre, les repères historiques, les grands courants):
  • Histoire du théâtre - de l'Antiquité à aujourd'hui (cours magistral)
  • Histoire du théâtre au Québec - de la Nouvelle-France à aujourd'hui (cours magistral)
En matière de connaissances spécifiques au théâtre (afin d'approfondir les connaissances générales par une pratique réflexive et critique):
  • Théories de la mise en scène - pour comprendre les différentes façons d'aborder l'espace, le jeu, le public (séminaire)
  • Lectures en théâtre - pour donner un panorama du répertoire d'ici et d'ailleurs, ancien comme contemporain (séminaire)
  • Analyse de spectacles - pour décortiquer les différents aspects d'une production - traditionnelles, expérimentales, contemporaines - et aiguiser le regard critique (séminaire)
En matières de techniques (afin d'expérimenter diverses techniques, avec une approche contemporaine, et ainsi mieux outiller l'interprétation)
  • Voix, diction, respiration - pour préparer le jeu (atelier)
  • Jeu comique - pour développer la création de personnages comiques par l'analyse et la compréhension des textes et par différentes approches techniques (atelier)
  • Jeu dramatique - pour développer la création de personnages comiques par l'analyse et la compréhension des textes et par différentes approches techniques (atelier)
  • Manipulation - pour apprendre à maîtriser la marionnette, l'objet, l'accessoire (atelier)
  • Techniques de scène - pour comprendre le fonctionnement de la technique et son apport à la création (atelier)
Ces trois premiers blocs pourraient s'échelonner sur une première année. Suivrait, la session suivante, la dernière partie qui mettrait en pratique les connaissances dans deux productions majeures:
  • Production - registre comique
  • Production - regristre dramatique
Dans un monde idéal, cette formation  (contingentée avec admission sur auditions) serait conjuguée à un plan d'entraînement continu pour développer la force, la souplesse, l'aisance du corps.

Quel beau rêve, non? Maintenant, après le rêve, la réalité... 

À quoi bon former une relève si le milieu ne peut l'absorber, l'accueillir? Serait-il vain et irresponsable de promettre une voie professionnelle qui ne pourrait que bien difficilement être viable? Il y a un réel risque de saturation... de comédiens, de projets, de compagnies. Mais qui ne risque rien...

Peut-être pourrait-il y avoir un cohorte de 6 étudiants à chaque 2 ou même 3 ans? En quel cas aucune institution ne voudrait, j'imagine, mettre en place un tel projet... Pourrait-il alors être envisageable de mettre sur pied quelque chose comme une Académie théâtrale saguenéenne? 

Peut-être une telle formation pourrait-elle servir d'autres milieux régionaux? Oui, les écoles de théâtre existent déjà dans les grands centres. Les gens quittent les régions pour les suivre... mais peu reviennent s'installer dans ces milieux où les opportunités sont moins nombreuses. D'où peut-être l'intérêt d'une formation décentralisée, justement. 

Quoi qu'il en soit, la formation reste un élément essentiel de notre professionnalisation, de notre continuité, de notre dynamisme. Et un coup de barre devra, un jour ou l'autre, être donné.