vendredi 1 août 2008

Mes Mémoires minuscules... 6

Le Théâtre 100 Masques et les débuts comme metteur en scène

Quelque part au milieu de l'an 2000... pendant que mon bacc. s'éternise (pour les cours complémentaires... ).

Le Théâtre de la Castonade (auquel s'est joint Steeve Roy) se saborde alors qu'au Théâtre 100 Masques, deux des trois fondratrices - Maryse Lavoie et Magalie Roy - quittent le navire... premières d'une longue série d'administrateurs qui le feront par la suite. C'est dans ce contexte que Mélanie Potvin et moi joignons cette troupe, elle pour s'occuper des finances et moi comme directeur de production. Première action: enregistrer la compagnie pour lui donner une existence légale.

Voilà donc le point de départ officiel de mon association (chaoteuse) avec cet organisme.

Notre premier projet (en mars 2001, subventionné par le Regroupement Loisirs et Sports dans le cadre de l'événement annuel Expression Culturelle Jeunesse) marque aussi un tournant dans mes activités... car en effet, pour IPSO FACTO [courtepointe désamoureuse], je signe et les textes et ma première vraie mise en scène. Je me suis entouré des comédiens Isabelle Brin, Jean-Luc Girard, Georges-Nicolas Tremblay et de l'éclairagiste Alexandre Nadeau pour travailler à ce spectacle composé de sept petits textes (dialogues et monologues) traitant d'un aspect négatif de l'amour... Le décor est constitué d'un seul praticable noir; les costumes sont noirs et je n'ai que très peu d'éclairages. Curieux autant qu'étrange... Ce spectacle est aussi le premier à se tenir dans la Salle Murdock qui vient à peine d'être inaugurée (dans les faits, si je me souviens bien, il s'agit peut-être du second... le Théâtre de la suggestion présentant quelques jours avant nous leur Bal au nez rouge...).

Au même moment, à l'UQAC, une amie se cherche un projet de fin d'études et je lui propose alors de faire sa mise en scène si elle accepte de travailler sur La Sagouine d'Antonine Maillet. Après avoir placé un monologue entier, Hélène Bergeron, superviseure, trouve le résultat un peu lourd et soumet l'idée de créer un collage... ce qui fut fait. À partir d'un monologue de Maillet traitant de la pauvreté et des classes sociales, nous avons (en fait, j'ai...) intégré plusieurs textes dramatiques ou non: Les belles-soeurs (choeur du ménage) de Tremblay, La cantatrice chauve de Ionesco, Le misanthrope de Molière, une brochure des Messagères de Notre Dame, un court texte de ma plume, une publicité de la peinture SICO, etc. Les décors - un simple bout de tapis en jute, une chaise et un sceau - fabriqués par Daniel Pelletier, servent énormément beaucoup... Le titre de ce solo (le premier d'une petite série) est Qui déjà?.

Affiche du film de Hitchcock, 1952

De retour au Théâtre 100 Masques... Nous choisissons de présenter, après plusieurs années d'absence, du théâtre d'été à Chicoutimi (nous avions préalablement fait une demande de subvention au Fonds jeunesse Québec au printemps...): une adaptation théâtrale (dont je signerais le texte) du film d'Alfred Hitchcock, Mais qui a tué Harry?. Sous la direction de Sophie Larouche, une belle équipe (entres autres financée par Emploi-Québec et le projet Jeunes Volontaires) se lance dans le projet... sans se soucier des éventuels problèmes financiers... car la réponse (positive... ouf!) de la demande effectuée nous parvient à quelques jours (2 ou 3 maximum...) de la première: nous recevons ou bien 15 000$ ou bien 25 000$ ou bien 35 000$... je ne me souviens plus. Les représentations ont lieu toujours à la Salle Murdock... dans des décors (une immense façade de maison bleue et une forêt en foin allergène!) imaginés par Cathrine Sasseville.

Enfin, cette année-là, les Têtes Heureuses proposait leur seconde année des Cartes Blanches... et c'est ainsi qu'en octobre, j'ai présenté, dans la Galerie l'Oeuvre de l'Autre, un spectacle écrit (par moi...) en vers irréguliers, Les Pleureuses. Les trois comédiennes - Sophie Larouche, Annick Pedneault et Mélanie Potvin - se tenaient pendant une heure debout, chacune dans une immense cage de verre (faite en plastique!), dans chaque coin de l'espace. Les spectateurs étaient invités à se promener entre les cages pendant tout le spectacle.

Ailleurs, La Rubrique présentait Le Cabaret des nuits blanches et Celle-là de Daniel Danis; Les Têtes Heureuses fêtaient leur XXième anniversaire de fondation en présentant L'Éventail de Lady Windermiere d'Oscar Wilde (suivi du cabaret La séduction des anges) et le C.R.I. donnait son (peut-être me trompe-je...) Catatonie I...

Mes Mémoires minuscules... 5

La fin d'un cycle... ou presque

Ma troisième année à l'UQAC n'a pas laissé beaucoup de traces dans mon cheminement...

Ce début d'année 1999 a tout d'abord été placé sous le signe de l'ouverture du Pavillon des Arts à son emplacement actuel... et par conséquent, du Petit-Théâtre et des locaux attenants. Les organisateurs de la semaine inaugurale (parce qu'il y en a eu une qui a culminé avec la présentation du Dragonfly of Chicoutimi de Larry Tremblay, avec Jean-Louis Millette qui est mort quelques jours plus tard... devenant du coup le fantôme de la nouvelle salle!) ont acheté une représentation de Chut ou les soliloques forcés du Théâtre de la Castonade qui fut, dans les faits, le tout premier spectacle du Pavillon et le tout premier spectacle dans le studio... et le chant du cygne pour cette compagnie.

Pendant ce temps, du côté académique, mes souvenirs se limitent à un stage (le mot est très fort) avec l'Association Professionnelle des Écrivains de la Sagamie (dont le nom a aujourd'hui étiré pour intégrer également la Côte-Nord) et un projet de fin d'études beaucoup plus littéraire que dramatique. Il s'agissait, en fait, d'un recueil de 40 fables, intitulé Fabulations névrotiques - illustré par l'artiste Vicky Hamel dont c'était aussi le projet. Dans ces courts textes, les protagonistes finissaient toujours par perdre une partie d'eux même (que ce soit physique ou physiologique)... surprise!... En voici une, la première de toute:


TITEIL

Il était une fois une petite vieille
(dont les âges ne se comptaient plus)
qui engendra un enfant - nommé Titeil -
pour lequel tout semblait devoir lui être dû.
Eh oui! La vieille adorait son fils, tel un prodige,

et celui-ci le lui rendait selon son gré...

Un jour malheureusement - famine oblige! -

la nourriture vint à manquer.

«Ah! Que faire?»

se plaignit le fils assailli par la faim.

«Notre pitance est épuisée, bonne mère;»

«vous fîtes cuire, hier, notre dernier lapin!»

La pauvre vieille, par ces lamentations attendrie,
ne désirant que le bonheur de sa postérité,

présenta son bras à son fils et dit:
«Je te supplie de me manger!»

«Nenni!» fit Titeil en ses bras l'enserrant,

«Comment pourrais-je croquer votre chair?»
«Je partirai et m'en irai errant»

«pour trouver issue à notre misère!»

Mais ses premiers pas ne furent pas tôt faits
que déjà son ventre se fit plus pressant...

Revenant soudain sur ce qui de sa bouche sortait,

sur sa mère Titeil se fit aller les dents!

Toutefois, en y repensant bien, ce fut là ma première véritable expérience de mise en scène... Pour présenter le résultat final, il fut entendu avec ma superviseur(e) de projet, Hélène Bergeron, qu'il y aurait une mise en lecture publique. Après m'avoir conseillé de demander à un de mes collègues de s'en charger, j'ai choisi de le faire moi-même. Et ce fut fait. Trois lecteurs (deux gars - Georges-Nicolas Tremblay et moi - et une fille, Lili Hamel aujourd'hui disparue) très peu habillés, ayant eux aussi laissé tomber des éléments d'eux-même (du moins, c'est ce que présentait le concept!): soit le premier avec seulement une chemise déchirée, le second avec seulement des boxers et la troisième avec un restant de jupon. Les textes s'enchaînaient dans une mise en place sommaire...

Sinon quoi d'autre? Cette année-là, je crois, les Têtes Heureuses ont présenté Camélias (masque de la production région); le CRI a fait Catatonie 1; la Rubrique, Album de famille et le Théâtre 100 Masques ses Andromaque, Les sorcières et Fin de partie.

Mes Mémoires minuscules... 4

Le retour...

Après un été de vacances mouvementé (!), après que mes hésitations volèrent en éclats, je suis finalement revenu à Chicoutimi avec la ferme intention d'y rester... et de poursuivre mon baccalauréat. Ce que je fis. Avec un esprit neuf, si je puis me permettre de parler ainsi.

Donc, de retour à l'UQAC pour les cours Lecture en théâtre avec Rodrigue Villeneuve... avec, au programme, une quarantaine (cinquante?) de pièces à lire couvrant l'histoire du répertoire universel, partant de la Grèce antique jusqu'à nos jours, en passant par le Moyen-Âge, le Siècle d'or espagnol et le classicisme français, de l'Angleterre à l'Italie. À chaque semaine, 3 ou 4 oeuvres étaient à l'étude... avec un test de lecture la semaine suivante. Franchement, je n'ai pas réussi à tout lire. C'était ardu. Par contre, cela donne, après coup, une importante vue d'ensemble de l'histoire dramaturgique du théâtre... et je plains les étudiants qui n'ont plus ce cours.

L'autre cours dont je me souviens (quoique vaguement...) est Techniques de scène, donné par Robert Faguy. En gros, ce cours était axé sur la technique, l'espace, l'éclairage, les accessoires... et la mise en scène. Nous travaillions à partir de courts textes de Claude Gauvreault. Je m'en souviens peu parce que j'avais probablement la tête bien ailleurs.

Faut dire qu'à l'époque, les projets de fin de bacc. se déroulaient à l'automne. Cette année-là, je me retrouvai impliqué (moi qui ne parlait à personne l'année d'avant) dans 3 projets sur 4. Je fus en charge des costumes pour le fameux P.S.C. (Psycho-Syndrôme Collectif) de Francine Halmost (où nous avons tous connu Georges-Nicolas Tremblay) et Ma mère m'a toujours dit... de Pascal Cyr. Je m'étais engagé aussi comme comédien (décidément, je ne me dompterais pas vite!) dans Maria de Marie-Pierre Plante, pour jouer un père dont l'enfant est autiste et dont le texte est uniquement «bla bla bla...»! (Tant qu'à y être... le dernier des projets en théâtre était celui de Geneviève Berteau-Lord, Féminin Singulier... qui emmêlait clowns et politique).

C'est aussi de cette période que date mon premier acte artistique hors-académique.

Affiche du spectacle, 1999

À la fin de cette session d'automne, à ma grande stupéfaction, Dany Lefrançois m'a approché pour que j'écrive (pour lui, si je me souviens bien) un monologue qui serait mis en scène par une de ses amies... Martine... et j'ai accepté. De ça sortirait quelques semaines plus tard, Chut ou les soliloques forcés (qui questionnait, peut-être un peu malhabilement, mais bon... qui questionnait le théâtre, la théâtralité, la parole) et, du coup, le Théâtre de la Castonade (fondé par Dany et moi). Pour financer le spectacle et pour répondre à des exigences du cours Ateliers interdisciplinaires, nous avons découpé le texte en 335 répliques et les avons vendues avec la promesse de ne jamais rejouer la pièce par la suite. Ce spectacle - le seul de la compagnie - sera présenté en mars 1999, avec Maryse Lavoie (par tout un concours de circonstance, Dany ne jouait plus... Véronique Bouchard et Annick Pednault ayant refusé... Marie-Andrée Lamothe s'étant désistée...), dans une mise en scène de Lefrançois.

Je ne me souviens plus si, au cours de la session Hiver 99, il y avait d'autres cours de théâtre que la Production... Toujours est-il que je fus encore obligé de jouer, cette fois sous la direction un peu spéciale de Igor Ovadis, dans Mère Courage, de Bertolt Brecht. J'y tenais deux rôles: Fondusuisse (le fils un peu bêta de l'héroïne) et l'Enseigne (commandant, soldat ou peu importe qui apparaissait au dernier tableau et qui ordonnait de tirer sur la pauvre muette)... En voici d'ailleurs une photo (en compagnie de Véronique Benoit qui jouait un idiot et Dany Lefrançois, le bourreau):


Je me souviens très peu de ce spectacle... car l'événement marquant est survenu le soir de la dernière! Tout le monde s'est réuni (après avoir terminer de remettre la salle en ordre... donc très tard) chez moi, dans mon petit trois et demi! L'alcool coulait à flot et des fumées de toutes sortes emplissaient l'espace... quand soudain, est apparue la propriétaire (que j'avais pourtant mise au courant...), vêtue de bigoudis et d'une robe de chambre en flanelle (une caricature qui a fait s'esclaffer tout le monde!), faisant une crise dans l'embrasure de la porte qu'elle voulait dormir, faisant une première sortie, mais revenant claquer la porte par après pour faire plus d'effet... Oui... Depuis ce temps, je suis légèrement paranoïaque lorsque je reçois des gens à la maison...

C'est comme ça que s'est passé ma seconde année universitaire.

L'été qui suivit (1999) a vu la naissance du Théâtre 100 Masques (par Sophie Larouche, Magalie Roy et Maryse Lavoie... pour présenter leurs Veuves Sauce Moutarde à Latterrière). Bref, tout était prêt pour la suite des choses...

Mes Mémoires minuscules... 3

Mes débuts... à reculons...


Je suis arrivé à l'UQAC un peu perdu (en fait, carrément perdu... j'étais au Pavillon Principal (à l'époque seule bâtisse ou presque sur le campus... alors que je devais être au Pavillon Sagamie...), au B.I.A.-Théâtre, avec, outre les quelques expériences fort mineures antérieures, aucune expérience signifiante en théâtre... et encore moins en art général. Je n'ai, effectivement, jamais fait d'arts plastiques de ma vie... ni au primaire, ni au secondaire (au cours de lesquels j'avais le profil musique... guitare, pour être plus précis), ni au collégial (où au lieu d'être en Arts et Lettres j'étais en Lettres et langues). C'est un domaine pour lequel j'étais plus que vierge!

Il y a, quand je compte bien, tout juste 11 ans, j'étais un parfait ignorant en la matière. Si des auditions ou un quelconque contingentement existaient pour le B.I.A., jamais je n'y serais entré. Chaque nom qui sortait m'était inconnu. Chaque courant dont il était question était nouveau pour moi... Longtemps je me suis demandé - avec raison! - ce que j'y faisais... au point où jamais je n'aurais pu prévoir être encore là aujourd'hui... installé qui plus est à Chicoutimi et impliqué dans le milieu...

Mais auparavant, le passage du désert!

Quelle ne fut pas mon immense réserve quand je suis arrivé dans le cours Techniques de jeu (donné à l'époque par Jack Robitaille) parmi les Véronique Bouchard, Mélanie Potvin, Mathieu Savard et Dany Lefrançois (avec qui j'ai fait mon premier pas en théâtre en jouant un extrait de L'ouvre-boîte de Victor Lanoux)... Des gens qui mangeaient du théâtre! Des gens passionnés qui se donnaient pour le théâtre! Des gens qui en avaient déjà une vision sinon claire, du moins convaincue! J'étais (et je serais encore probablement aujourd'hui) comme un chien dans un jeu de quilles. Je m'en suis sorti avec un C-... Outre le fait que je sois un piètre acteur, il faut dire, à ma défense (!), que j'ai refusé de faire le monologue demandé (tiré du Ajax de Sophocle) et que, par un concours de circonstances qui m'allait plutôt bien, ma partenaire (pour Les Dactylos de Murray Schisgal) ne s'est pas présentée lors de la présentation finale!

Les doutes m'assaillirent aussi dans le cours Analyse de spectacle (donné par Rodrigue Villeneuve) où j'étais à 100 000 lieues de mon univers habituel entre les grilles d'analyses de Pavis, les critiques, les cours magistraux... sur un sujet qui m'était parfaitement étranger. Et avec lequel je me cherchais désespérément des affinités. La réalité ne reflétait pas ce à quoi je m'étais attendu.

J'ouvre ici une parenthèse... C'est dans ce cours que j'ai connu la première extase théâtrale. En novembre 1997, pour un travail, nous devions aller voir La Serva Amorosa du T.N.M.... avec, entres autres, Markita Boies, comédienne que je vénère depuis... J'étais assis au premier rang... et celle-ci, tenant le rôle principal, venait souvent s'asseoir à quelques pas de moi. Je ne me souviens guère de l'ensemble de l'oeuvre... sinon que je fus charmé... pour la première fois. Elle a même poussé l'audace jusqu'à me faire un clin-d'oeil et un sourire, droit dans les yeux... et j'y ai cru... pour la première fois. C'est aussi à cette même époque que j'ai rencontré (un bien grand mot) Les Têtes Heureuses... qui présentaient Le Conte d'hiver de Shakespeare... pièce dont j'ai vu seulement la première partie... car j'ai pris l'entracte pour la fin... J'avais vraiment beaucoup de choses à apprendre!

L'horreur dans toute sa splendeur s'est manifestée dans le cours Danse-théâtre (donné par Jo Lechay). À peine entrés dans son cours (je tiens, avant de continuer, à spécifier que bien que je sois encore d'un naturel timide, j'étais à l'époque mille fois pire!), nous devions faire une chorégraphie de cinq minutes pour nous présenter...Euh... Je me suis littéralement enfui!

Peut-être est-ce la raison - une sorte de blocage! - qui fait que je ne me souviens pas si, la session suivante, il y avait d'autres cours en théâtre que Dramaturgie et mise en scène... C'est l'année de Vie et mort du Roi boiteux... l'oeuvre colossale de Jean-Pierre Ronfard... Spectacle qui durait, à la fin (lorsque présenté «intégral», soit les deux parties), 6h... de 18h à minuit! J'y tenais, dans ma première scène, le rôle du Temps... un fort long monologue («Je m'appelle le Temps. Je ne porte pas de faux, ni de ciseau... je ne tranche rien...» et ainsi de suite pendant dix interminables minutes!), juché sur un échafaud, toge sur le dos décorée d'horloges... (rôle que je répétais tout seul!... et auquel j'avais ajouté des lignes! Décidément...). La première fois que j'ai parlé devant public, j'avais la bouche pâteuse et sèche tout à la fois... zézayant donc probablement beaucoup plus qu'à l'habitude... J'ai voulu mourir. L'autre rôle était plus court et plus comique. Je jouais un bonze dans un temple bouddhiste, avec une seule réplique... mais c'était LA réplique: «Ajoutes-y des croûtons à l'ail, et tu trouveras la paix».

C'est après cette production, entre les caisses de bières et les fours à micro-ondes emplis de hot-dogs, dans le foyer du Petit Théâtre sis au cinquième étage du Pavillon Sagamie que j'ai marqué mes camarades et professeurs, parce que je dansais, m'amusais et parlais... Après tant d'années, je dirais que peut-être fêtais-je la fin d'un calvaire avec la ferme intention de ne jamais y revenir... L'avenir se chargerait encore une fois de me détromper!

Mes Mémoires minuscules... 2

Les années pré-universitaires


Quelques années plus tard (en 1994), me voilà au Collège d'Alma... perdu dans les mathématiques appliquées, l'administration et la programmation: j'étais inscrit officiellement en «Informatique - Techniques administratives». Il n'y a point de sot métier.

Après une année et demie dans ce programme (et sous l'influence et la persuasion d'un professeur en littérature, Éric Galarneau pour ne pas le nommer...), je me suis retrouvé, du jour au lendemain, transféré dans le programme de «Lettres et langues».

Et là, premier changement majeur dans mon comportement social (!)... Ce ne fut rien de moins qu'une première tranfiguration!

Je me suis mis à l'écriture avec un plaisir sans borne... avec une facilité et un goût marqué pour la versification... et les dialogues. C'est d'ailleurs durant cette période que j'ai assisté à ma première pièce de théâtre: Enfin Duchesse! (Les Folles Alliées)... montée par la troupe amateure de l'institution.

Un bon jour, j'ai entendu parler d'un concours d'écriture dramatique (la première édition!) organisé par le R.C.Q.T.É (de mémoire, ce sigle signifie Regroupement des Collèges Québécois pour le Théâtre Étudiant). N'écoutant que mon orgueil et une cousine avec qui j'étudiais à l'époque et qui souhaitait participer, nous nous sommes assis à la table et avons composé ce qui est la première pièce significative de mon répertoire: Esprit de famille! qui raconte, sous le mode téléromanesque et un peu faiblard après coup, les tribulations d'une famille de soeurs qui se battent littéralement (et de façon sournoise... du moins, c'était notre souhait!) pour l'attention de leurs parents... Tous les stéréotypes y étaient fixés: l'alcoolique, l'hypocondriaque, la dépendante, la rebelle, la religieuse, etc. Trois actes... 67 pages... et un échec finalement... puisque nous n'avons pas gagné. L'an d'après, d'ailleurs, nous avons voulu mettre ce texte en scène (sans aucune expérience!), en collaboration avec le Service socio-culturel du collège... Nous avons répété trois mois, fait imprimer affiches et billets... malheureusement (!), pour des raisons de distributions disons volante... le spectacle fut annulées une semaine avant les représentations. C'était en 1996.

En 1997, pour le même concours, je me suis commis de nouveau et ai présenté un texte écrit en vers irréguliers: Gloria Victis (pièce avec laquelle a débuté la série de titres latins...!). Trois clochards devaient y évoluer dans une sauce dramatico-tragico-pathétique lourde et un peu indigeste. L'espoir y était inexistant. La mort rôdait. Ce fut un nouvel échec... Cette année-là, d'ailleurs, on recevait par la suite les commentaires du jury. Dans les «rapports» que je reçus, je pus lire que je devrais peut-être songer à faire autre chose dans la vie que d'écrire... mais bon.

Mon diplôme collégial en poche, je me suis alors inscrit à l'Université du Québec à Chicoutimi... au BIA en théâtre... médium que je ne connaissais finalement à peu près pas... avec l'intention de faire carrière en écriture dramatique (je l'avoue, je suis un peu entêté!)... En attendant ce nouveau tournant, j'ai écrit mon troisième texte dramatique complet (après beaucoup d'ébauches): Pour tous les maux du monde (toujours en vers irréguliers... pièce de laquelle sortirait plus tard une production, Les Pleureuses)... Une chapelle, un air baroque, un cercueil. Un couple au bord du gouffre, trois soeurs solitaires et un jeune homme perdu... bref, 164 pages qui n'ont jamais été lues par personne... je crois.

Mes Mémoires minuscules... 1

Prélude d'un engagement

Les aventures du chat Passe-Poil
Texte: Dario Larouche et Marie-Claude Côté
Photographie: France Côté (1988 ou 89?)


J'ai toujours affirmé être arrivé au théâtre par défaut... sur des coups de tête... C'est vrai... ou presque. En y réfléchissant bien, je fus peut-être, de tout temps, prédestiné à m'y engager...

En 1988 ou 89, à l'époque, durant un été que j'imagine pluvieux, une cousine et moi-même avons passé quelques heures à écrire ce que l'on appelait alors «un petit spectacle»: Les aventures du chat Passe-Poil... génération Passe-Partout oblige!

En gros, ce drame (parce que c'en est un, avec le recul!!!) raconte l'histoire déchirante d'un chat appartenant à une grand-mère... Cette dernière, aux prises avec une mémoire défaillante, oublie de rentrer son petit animal lors d'une nuit orageuse. Passe-Poil court donc à travers une forêt pour retrouver sa maison (j'ignore d'ailleurs d'où vient cette forêt... et comment il y est arrivé... mais bon). Et s'ensuit une suite d'aventures parfois heureuses (la rencontre avec le cheval, la chauve-souris, l'oiseau) et d'autres terrifiantes (celle avec le loup, la grenouille ou le chasseur)! Le dénouement: il retourne chez lui, sa propriétaire est contente. Vraiment, ce sont 5 pages (confrontant rien de moins que 8 personnages en divers lieux: maison, forêt, rivière, tanière, forêt, maison!) de rires , de larmes, de frissons, etc!

Lors du 45ième anniversaire de mariage de mes grands-parents, la même année, nous nous sommes attelés, mes cousins et moi, à présenter ce spectacle en guise de présent. Émue, probablement, par tant de naïveté, ma grand-mère nous a alors invité à participer (à l'époque elle était présidente du chapitre jeannois de l'Âge d'Or) à sa journée de bénévolat à l'hôpital de Métabetchouan, pour y présenter ce chef-d'oeuvre enfantin... Elle nous a même confectionné chacun des costumes nécessaires... (D'ailleurs anecdote: sur les photos, le chat, c'est moi... et peut-être ce costume vous rappelle-t-il quelque chose? Il s'agit du même costume que portait Patrick Simard dans Suites et drames brefs de Minyana, UQAC, 2004... car par un concours de circonstances, j'avais le costume dans ma voiture quand nous en cherchions un...) Si ce n'est de ces photos, je ne me souviens plus très bien comment s'est passée la représentation... La seule chose que je me rappelle, c'est d'avoir manqué, pour cela, une journée d'école...

Déjà, je connus ce qu'était le théâtre: le stress... les chicanes lors de la production... la diplomatie qu'exige une telle entreprise (entre cousins, on ne s'aime pas toujours comme il le faudrait!)... le bénévolat... et le plaisir...

Bref, ce fut ma première expérience devant public... et ma «première expérience» artistique (ensuite, dix ans passeraient)... Et la piqûre était à demi entrée... Assez pour que l'année suivante, nous préparions, ma cousine et moi, un nouveau numéro pour cette même organisation, un sketch dont j'oublie l'essentiel... sinon que j'y chantais et dansais...

Photographie: France Côté (1989 ou 90?)

Par conséquent, cette année, je fête pratiquement ma vingtième année de pratique!!! Qui l'aurait cru!