Mon champ de prédilection, comme metteur en scène, réside principalement dans les textes du répertoire (plutôt général)... avec un attrait particulier pour les textes de l'Antiquité, les farces médiévales, le théâtre russe, le théâtre de boulevard et le vaudeville français, le Grand Guignol... et tant d'autres!
À chaque fois que je me replonge dans la lecture d'une pièce, avec en tête la quête de la prochaine production, revient les mêmes questions: que dit-elle? que me dit-elle? comment résonne-t-elle aujourd'hui? que montre-t-elle du monde actuel? quel est l'écart entre le passé et le présent? quel sens prend son discours? Pourquoi la monter encore?
Je crois fortement en la valeur des textes de toutes les époques et de leur voix singulière pour dire le monde d'aujourd'hui.
Mais vient toujours la mise en scène. Se pose alors une grande problématique: comment transposer ce texte ancien? comment faire comprendre la justesse du choix? comment le rendre clair?
Bref, comment l'actualiser?
En lisant, par temps morts, mon bouquin sur Thomas Ostermeier (dont il était question là), j'ai souligné ce passage (p. 151... de l'auteure de l'ouvrage Jitka Pelechovà et non pas d'Ostermeier) qui représente bien tous les enjeux de ce principe d'actualisation:
Soumettre les textes anciens à une actualisation consiste à les transposer dans notre époque contemporaine selon un mode plus ou moins réaliste. C'est un travail qui se répartit selon une frontière souvent poreuse entre la dramaturgie et la mise en scène [...]. Or, cette épineuse question de l'actualisation soulève trois enjeux majeurs. Le premier est de faire face à la difficulté de trouver des analogies crédibles, subtiles et sensées, entre les faits relatés dans une pièce du passé (les situations, les objets, les costumes, etc., tout un univers visuel et sonore et sa matérialisation) et ce que pourrait être leurs équivalents actuels. Le deuxième, d'éviter de porter par là un regard réducteur sur notre société, ce qui mènerait à un aplatissement à la fois de la pièce et de la réalité actuelle. Le troisième, de ne pas faire dire à un auteur classique ce que l'on voudrait qu'il dise, en lui faisant tenir certains propos, en lui prêtant des intentions - c'est-à-dire en se servant de son oeuvre à son détriment.
C'est là, je trouve une belle réflexion... comme une mise en garde.