jeudi 28 octobre 2010

Question d'octobre...

Ce matin dans le Quotidien, Roger Blackburn (que j'apprécie de plus en plus, je l'avoue, dans son rôle de journaliste culturel) y va d'une charge à fond de train contre le spectacle Piaf (dans lequel jouait Sylvie Drapeau avant de se voir obliger de se faire remplacer par Dominique Leduc), présenté pour une première fois au Saguenay (de retour à Dolbeau le 18 novembre et le lendemain, à Alma): en gros, il s'agit là d'un spectacle plat, sans émotion.

Donc...

À la lecture de cet article, je me suis demandé si la critique aurait été aussi intègre si ce spectacle avait été présenté, disons, par n'importe quelle troupe saguenéenne? Loin des yeux, loin du coeur?

Théâtre expressionniste (suite)


Suite du billet d'hier... car plus je fais des recherches sur ce type de théâtre (dont les plus grandes réalisations furent allemandes, vers 1910-1920), plus je trouve des pistes de réflexions qui peuvent inspirer, questionner, donner un cadre au prochain travail avec les interprètes. Bien entendu, je ne recherche pas le genre historique et ne souhaite pas faire de théâtre archéologique...

Voici la suite de ce que dit Corvin (cité hier), à propos de ce théâtre:

Vraisemblance et bienséance sont rejetées, pour autant qu'elles reflètent les logiques et les conventions établies. [...] Loin des zones médianes de l'équilibre, le héros expressionniste, déchiré entre le plus haut et le plus bas, se construit par renversement d'un contraire à l'autre.

Et revient l'idée du contraste, de la rupture violente. Revient aussi, dans le passage suivant tiré d'une Histoire du théâtre publiée par les Presses Universitaires de France (en 1964) dans la fameuse collection Que sais-je ?, l'idée de la digression, de la distorsion:

[...] L'action scénique s'appliquerait-elle à reproduire la démarche du subconscient, l'incohérence du rêve, l'irrationnel, le chaos de la vie profonde reflétée dans le désordre du social. [...] Une technique minutieuse s'évertue à désintégrer le sens critique du spectateur en le soumettant à un jeu de déformations visuelles et de rythmes obsédants.

[...] Dans les autres pays (nda: parce qu'il était question de l'expressionnisme allemand), l'expressionnisme a servi soit à donner plus de virulence à la satire sociale (en Amérique), soit (comme le grottesco italien) à transposer en une imagerie superficielle le subjectivisme pirandellien, soit (en France notamment) à tenter une traduction plastique de la poésie d'un esprit nouveau.


Encore une fois, vers quoi m'amène cette recherche? L'avenir le dira. Je me sers de ces extraits pour stimuler les discussions et surtout, les réflexions dans le rapport au texte, aux personnages et à la scène.