mercredi 29 mai 2013

Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]


Je me cherchais une façon d'entamer les représentations de la production estivale... quand m'est revenue à l'esprit l'ouverture du Poenulus de Plaute (qu'on peut lire ici). Cette jonction de ce prologue avec l'oeuvre de Molière est significative à plus d'un égard... 

D'abord, l'objet même de ce texte est le spectateur. Il s'agit là d'une adresse directe, bien tournée, excessive... ancêtre antique des annonces contemporaines concernant les sorties et les sonneries de téléphones! Un morceau littéraire parfait pour débuter un spectacle. 

Par ailleurs, Plaute a été une source importante pour Molière qui y a puisé des personnages, des intrigues (dont ceux qui ont donné L'Avare). Cette filiation est, en quelque sorte, naturelle.

Puis, enfin, ça crée une certaine continuité avec la production 2012 de La Marmite (de Plaute!)... Un clin d’œil tout théâtral à l'équipe qui travaillait, à la même date l'an dernier, sur cet auteur.

Tout ça pour dire que, ce matin, c'est ce qui sera mis en chantier dans la salle de répétition.

mardi 28 mai 2013

Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]

Ce billet pourrait aussi s'appeler L'art d'élever le cabotinage au rang de style théâtral... parce qu'au fond, c'est un peu la ligne directrice de ces deux mises en scènes moliéresques. 

La multiplicité des personnages, la simplicité de l'intrigue, le rythme effréné des scènes commandent, en quelque sorte, un soutien physique et comique de la part des interprètes. Qui plus est, le choix de les placer sur des tréteaux, sans véritable apport scénographique (sinon trois malles), demande un jeu peut-être plus exubérant, plus stylisé, plus assumé... 

Alors retour au cabotinage (après ce billet du 6 novembre 2008). 

Ce principe est définit ainsi dans Le Dictionnaire de la langue du théâtre d'Agnès Pierron: C'est l'art, tout de paraître et d'exhibition de soi, du  CABOT ou CABOTIN. Intéressant: se montrer pour montrer. 

Le comédien qui entre en scène doit, dès lors, tout faire pour tenter d'attirer l'attention du spectateur. Si cela se fait avec un bon auto-contrôle et un équilibre définit en équipe, le résultat peut être amusant. 

jeudi 23 mai 2013

Qui donc est Molière... ?


Voici trouvé sur le site Tout Molière:

Comme Molière est mort sans laisser ni la moindre lettre, ni le plus petit fragment de manuscrit d’une pièce, phénomène troublant mais non pas unique dans l’histoire de la littérature, les légendes ne manquent pas à son sujet. On connaît ainsi la thèse du vaste complot ourdi par ses ennemis dévots pour regrouper et détruire tous ses papiers personnels, ou encore celle d’Anatole Loquin, membre de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, qui fait de Molière le Masque de Fer, dont il a fallu détruire les documents pour raison d’État.

On connaît aussi le vieux serpent de mer selon lequel Molière, simple farceur quasi-inculte, ne serait pas l’auteur de ses œuvres et aurait utilisé les services d’un "nègre", Pierre Corneille lui-même, qui, pour sa part, avait le talent, la culture et surtout le temps nécessaire à la conception et à l’écriture d’une telle œuvre. C’est Pierre Louÿs, grand expert en supercherie littéraire - il avait fait croire à l’authenticité grecque de ses Chansons de Bilitis - qui présente cette idée comme une énigme ("Molière est un chef-d’œuvre de Corneille", Comedia, 7 novembre 1919), ouvrant ainsi la voie à quelques sporadiques publications ultérieures : Henry Poulaille (Corneille sous le masque de Molière, Grasset, 1957), Hippolyte Wouters et Christine de Ville de Goyet, deux avocats bruxellois (Molière ou l’auteur imaginaire, éd. Complexe, 1990), et enfin Dominique et Cyril Labbé (Journal of Quantitative Linguistics, vol. 8, n°3, décembre 2001).

Sans entrer dans le détail d’une réfutation rigoureuse et définitive, faite récemment par de grands spécialistes tels que Georges Forestier, Patrick Dandrey, et Roger Duchêne (à ce sujet, voir les articles de Georges Forestier et Roger Duchêne), le simple bon sens, la connaissance du théâtre, celle des mœurs de l’époque ainsi que de l’histoire littéraire suffisent à balayer les arguments avancés par cette lignée d’"enquêteurs".

Ainsi, pourquoi aucun des nombreux ennemis de Molière, contre lequel ils ont pourtant fait flèche de tout bois, n’a-t-il émis une telle hypothèse ? Pourquoi Molière n’aurait-il pas eu le temps matériel d’écrire ses œuvres, alors que ses contemporains étaient si prolixes (Alexandre Hardy auquel on prête quelque six cents œuvres) ? Pourquoi le grand Corneille aurait-il accepté d’être un "nègre", alors qu’il n’avait pas, contrairement à une légende tenace, de difficultés d’argent.

Quant aux approches récentes de linguistique quantitative de C. et D. Labbé, dont il faut dire un mot puisqu’elle revêtent un manteau de scientificité, elles conduisent à des non sens liés à une méconnaissance patente de la littérature du temps : leur méthode, utilisée de manière partielle, ne tient aucun compte en effet des spécificités du théâtre de l’époque, de l’histoire des formes littéraires, et surtout des pratiques d’écriture. Cette imprudence méthodologique les conduit à s’intéresser aux occurrences des mots, pour y relever des "signatures" ou des "empreintes digitales", alors que le vocabulaire ne constitue pas, pour le théâtre du XVIIe siècle, un critère pertinent : car les contraintes esthétiques et poétiques (la question des registres, la rigoureuse détermination des genres, et les règles de la métrique) sont telles qu’elles limitent nécessairement la "liberté d’expression" des auteurs telle que nous la concevons aujourd’hui en mettant à leur disposition un lexique relativement limité et fixé par une convention stabilisée. Elles contribuent ainsi à estomper leur personnalité propre, de sorte qu’on ressent légitimement une certaine uniformité à la lecture des millions d’alexandrins écrits à l’époque. Ainsi, les différences existant entre les auteurs ne tiennent pas au choix des mots, mais à leur disposition, et à la façon, propre à chacun, de rythmer le vers ; d’ailleurs tout lecteur un tant soit peu sensible à l’écriture remarque rapidement que Corneille dispose d’une rythmique et d’une "respiration" qui lui sont propres. Il s’agit donc ici d’une question de rhétorique et non de lexique.

À quand le prochain (faux) scoop ? Laissons le mot de la fin, en le parodiant, à George Bernard Shaw qui raillait les tenants d’une thèse identique au sujet de Shakespeare : "Molière n’est pas l’auteur de ses œuvres. Celles-ci ont été écrites par un inconnu qui se nommait Molière »

mercredi 22 mai 2013

Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]


Une comédie est comme un véhicule
fait pour supporter
et transporter une certaine charge.
Un surcroît de cette charge la prive de son dynamisme.
Voyez Molière.
Sa discrétion.
Son infaillible faculté de répartition,
d'aération.
Son art de ménager le public,
de ne jamais offrir plus
qu'il ne peut absorber à la fois.

C'est le grand Jacques Copeau qui parle (enfin... écrit...) ainsi de Molière, en décembre 1934. Une citation qu'il fait bon se rappeler en pleine création...

mardi 21 mai 2013

Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]



Molière - Je crois que je deviendrai fou avec tous ces gens-ci. Eh têtebleu ! Messieurs, me voulez-vous faire enrager aujourd’hui ?


Brécourt - Que voulez-vous qu’on fasse ? Nous ne savons pas nos rôles ; et c’est nous faire enrager vous-même, que de nous obliger à jouer de la sorte.

Molière - Ah ! les étranges animaux à conduire que des comédiens ![...] De grâce, mettons-nous ici et employons ce temps à répéter notre affaire et voir la manière dont il faut jouer les choses.

La Grange - Le moyen de jouer ce qu’on ne sait pas ?

Mademoiselle Du Parc - Pour moi, je vous déclare que je ne me souviens pas d’un mot de mon personnage.


Mademoiselle De BrieJe sais bien qu’il me faudra souffler le mien d’un bout à l’autre.

Mademoiselle BéjartEt moi, je me prépare fort à tenir mon rôle à la main.

Mademoiselle Molière - Et moi aussi.

Mademoiselle Hervé - Pour moi, je n’ai pas grand’chose à dire.

Mademoiselle Du CroisyNi moi non plus ; mais avec cela je ne répondrais pas de ne point manquer.

[...]

Molière - Vous voilà tous bien malades, d’avoir un méchant rôle à jouer, et que feriez-vous donc si vous étiez en ma place ?

Mademoiselle Béjart - Qui, vous ? Vous n’êtes pas à plaindre ; car, ayant fait la pièce, vous n’avez pas peur d’y manquer.
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C'est là une partie de la première scène de L'Impromptu de Versailles de Molière où il se met lui-même en scène au milieu de ses comédiens... Une scène fort drôle qui peut parfois se répéter en salle de répétition... notamment lors du premier enchaînement... et hier soir, c'était le nôtre. 

Ces textes du XVIIième siècle sont plutôt complexes... d'abord pour la langue puis par le genre farcesque abordé qui fait nécessairement une large place aux jeux de scènes...

lundi 20 mai 2013

Quand Alisa Koonen joue Phèdre...


Parmi les grandes actrices de cette fabuleuse période qu'a été l'émergence du théâtre soviétique, il en est une que je trouve particulièrement fantastique: Алиса Георгиевна Коонен ou Alisa Koonen (1889-1974). Après avoir été formée par Stanislawski, elle fonde en 1914, le Théâtre Kamerny en compagnie de son époux, Alexandre Taïrov (qui sera un féroce adversaire de Meyerhold), où elle interprétera de très grands rôles féminins (comme la Salomé d'Oscar Wilde et l'Adrienne Lecouvreur de Scribe et Legouvé)... dont l'apogée sera marqué par cette anguleuse (cette première photographie étant peut-être la plus connue!) Phèdre de Racine! En voici d'autres images...


Ce spectacle, écrivait Jean Cocteau après une tournée parisienne au milieu des années 20, est à l'opposé de toutes mes recherches et de tous mes espoirs, mais il s'en dégage une si effrayante beauté, qu'il ôte toute possibilité de discussion. [...] C'est du moderne, et non pas ce faux modernisme, qui nous présente sur la scène des machines qui ne marchent pas. Les personnages sont comme des blocs. Les cothurnes donnent à leur démarche une sorte de noblesse animale. Une architecture profonde abolit le pittoresque facile.


Quelques règles du théâtre...

Encore une fois, ce matin, je retourne fureter dans Google Books, à la recherche de perles extraites de l'histoire du théâtre... principalement de ce théâtre du XIXième siècle. C'est ainsi que je me retrouve tout à coup avec cet ouvrage de 1829, le Code théâtral : physiologie des théâtres, manuel complet de l'auteur, du directeur, de l'acteur et de l'amateur contenant les lois règles et applications de l'art dramatique par James Rousseau (dont il a déjà été question ici).

Des répétitions...



Des mises en scènes...


Des habitués...

dimanche 19 mai 2013

Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]


Voici, en primeur, l'affiche de la production estivale 2013 du Théâtre 100 Masques (une réalisation de Patrick Simard). 

Décidément, le temps passe vite!

Hier matin, nous avons terminé la mise en place de la seconde pièce, La Jalousie du Barbouillé. Et demain soir, nous nous payerons le luxe d'un premier enchaînement des deux textes. Bien que précoce (à plus d'un mois et demi avant la première...) - et ô combien laborieux! - cet exercice permettra d'avoir une vue d'ensemble sur le résultat: énergie, dynamique, forces, faiblesses.

Certaines scènes trouvent une surprenantes vitalités dans leur exécution scénique... 

Esthétiquement parlant, les dossiers cheminent également. La scénographie et les accessoires nécessaires se précisent. Un plan d'action sera mis en branle d'ici quelques jours... Les costumes sont en chantier (et nous voyons de temps en temps un morceau de vêtement apparaître!) et promettent beaucoup! Une rencontre avec le concepteur de lumière est à prévoir...

Encore une fois, toutefois, j'ai beaucoup de difficultés à me faire une tête au sujet d'une éventuelle conception sonore... En fait, je suis de plus en plus convaincu de son inutilité dans ce cadre-là... d'autant plus que le son produit directement sur scène s'avère plutôt efficace...

À compter du milieu de la semaine, on remet tout sur le métier pour des répétitions concentrées!








vendredi 17 mai 2013

De classes et de castes...

Du même ouvrage que celui cité dans le billet précédent (), voici une description qui - en faisant abstraction de la situation toute française qu'elle décrit et en lui donnant une valeur métaphorique - pourrait définir une certaine réalité: le positionnement de l'un par rapport à l'autre, les jeux d'egos, les jugements de valeur. 

Des directeurs de théâtre...



Extrait tiré de Recherches sur les causes de la décadence des théâtre et de l'art dramatique en France, publié en août 1841 sous la plume de J. P. Vallier. À tous mes collègues directeurs, tenez-vous le pour dit! :)

jeudi 16 mai 2013

Au théâtre, cet été...


Dans quelques semaines à peine, l'été prendra le relais et apportera, avec lui, les nombreuses productions estivales qui prendront l'affiche, les unes à la suite des autres! En voici, ce matin, un petit tour d'horizon quasi exhaustif. Si j'oublie quelque chose, ce sera possible de l'ajouter par le biais des commentaires...

Au Saguenay, les spectateurs auront à se séparer en quatre pour tout voir (en cinq, si on inclus à cette liste le retour de La Fabuleuse Histoire d'un Royaume pour sa vingt-sixième année)...

Le Collectif À tour d'rôle revient, pour une cinquième saison, avec une nouvelle mouture de son cabaret burlesque: La Commission Cabaret! Une équipe aguerrie qui saura assurément nous en mettre plein la vue sur la petite scène du Côté-Cour, à Jonquière, du 3 au 27 juillet (du mercredi au samedi).

Le Théâtre 100 Masques revient, pour son quatorzième été, avec non pas une mais deux pièces de Molière! Ce duo moliéresque, Le Mariage forcé suivi de La Jalousie du Barbouillé, est mis en scène par moi-même avec une distribution réduite à quatre comédiens - et quels comédiens! - qui évolueront sur les tréteaux (en costumes d'inspiration «époque des années») installés dans la Salle Murdock du Centre des arts et de la Culture de Chicoutimi, du 4 au 27 juillet (du jeudi au samedi).

À La Pulperie de Chicoutimi, Jimmy Doucet proposera une nouvelle aventure sur un mode «théâtre d'été traditionnel»: Bienvenu à Cayo Banano! Des rires aux accents du Sud! Encore une fois, les représentations s'échelonneront du 9 juillet au 28 août, à raison de deux soirs par semaine, les mardis et mercredis.

Enfin, faisant suite aux années antérieures, le Théâtre du Faux Coffre profite de la saison pour remettre en piste l'un des épisodes marquants des aventures de ses célèbres Clowns Noirs. Cette année, place au Clown Noir et le Masque de Fer. Comme d'habitude, ce spectacle sera présenté en août-septembre (les dates restent à confirmer) à la Salle Murdock du Centre des arts et de la Culture de Chicoutimi. 

Pendant ce temps, au Lac Saint-Jean...

Le Complexe touristique de la Dam-en-Terre, à Alma, revient, après un arrêt l'an dernier, à leur habituel théâtre d'été venu de l'extérieur: Le dîner de cons, de Francis Veber. Du 27 juin au 24 août, du mardi au samedi.

La Route des milles et une histoires se concentre, cette année, sur un seul spectacle, Le secret des Pères, présenté du 4 au 27 juillet, à la halte routière du parc de la Pointe-des-Pères de Dolbeau-Mistassini.

Ça fait le tour, je pense... Le Théâtre Mic Mac, dans le cadre de la Traversée, présentera sûrement quelque chose (un spectacle invité) et peut-être Jimmy Doucet fait-il un truc dans le haut du Lac... Mais dans l'ensemble, c'est ça qui est ça.



mardi 14 mai 2013

Nostalgie risquée


Dans mon bureau, sur ma grande bibliothèque, trône un objet... banal en apparence... Il s'agit d'un coffre. En carton. De taille moyenne. Pas vraiment beau. Qui passe fort probablement inaperçu à travers une pile de livres de théâtre, entre Meyerhold et d'autres bouquins théoriques. Et pourtant...

Cette boîte renferme toutes les cartes, les mots de comédiens et de collaborateurs que j'ai reçus à la suite de productions. Depuis le tout premier spectacle que j'ai fait (comme comédien!, à l'UQAC) au tout dernier... Une quinzaine d'années de rencontres ponctuelles, de rencontres récurrentes, d'amitiés sur des bouts de papiers. Des noms et des projets oubliés. D'autres, inoubliables. 

Mon émotive mémoire théâtrale (et mon plus précieux - et le plus irremplaçable! - bien relié à mon travail)... Ma ghost light personnelle... 

Une lecture (oh... très rare... sauf les jours de grand ménage comme aujourd'hui!) qui rend nostalgique... et qui, devant tant d'épithètes positifs écrits dans la fébrilité d'une première ou d'une dernière, rend prétentieux l'ego créateur!

samedi 11 mai 2013

Entre l'illusion et la vérité...


Cette magnifique description du théâtre, de son lien infrangible entre la vérité et l'illusion, a été écrite par un autre des grands acteurs de la seconde moitié du XIXième siècle, Constant Coquelin (dans son bouquin L'Art du comédien). Une description toute simple mais ô combien sensible...

vendredi 10 mai 2013

Un autre départ...

Le milieu théâtral perd une grande figure avec le décès d'Huguette Oligny (voir l'article sur Cyberpresse). Pour un métier comme le théâtre qui a peu de mémoire, le deuil n'en est que plus grand. Parce qu'avec ces grands noms qui nous quitte, c'est toute une génération de créateurs - ceux là même qui ont fondé le théâtre professionnel au Québec - qui disparaît.

Exo-... Endo-...


Ce que je cherche, ce n'est pas tant un interprète qui créera un personnage cohérent en l'enrobant d'une pensée et d'une vie intérieure mais plutôt un technicien du jeu qui sera en mesure de créer des effets scéniques et des chorégraphies qui eux, constitueront une figure proche du personnage. C'est une préférence pour l'exopersonnage, son extérieur, son image, sa forme (par rapport à  l'endopersonnage qui passe par un travail intérieur).

Je préfère une interprétation exécutoire à une interprétation psychologique. 

Si, au final, le résultat peut sembler être du pareil au même pour le spectateur, il en va tout autrement du type de travail en salle de répétition. 

Il peut être question de distanciation, oui. Il peut être question de jeu mécanique, oui (sans aller jusqu'au robotique!). Il peut être question de control freak de ma part, oui. 

jeudi 9 mai 2013

Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]


Ce qui est intéressant, avec l'oeuvre de Molière, c'est sa capacité à faire appel à diverses sources pour exister... et qu'elle s'auto-citera par la suite!

De La Jalousie du Barbouillé, vraisemblablement tiré du Jaloux Corrigé  (Le Décaméron de Boccace) Molière reprendra et développera dans Le Mariage forcé la fameuse scène du docteur (de même que dans Le Dépit amoureux)... puis reprendra l'anecdote comme base pour écrire son George Dandin...

Le Mariage forcé, lui, serait tiré notamment du Tiers Livre de Rabelais où Panurge consulte des docteurs pour savoir s'il doit se marier...

Et aussi, l'an dernier, le Théâtre 100 Masques montait La Marmite de Plaute qui servit de base à L'Avare.

Il y a quelque chose de stimulant dans cette filiation Plaute-Rabelais-Molière. Il y a un rire gras, licencieux. Une obscénité comique dont il ne faut pas avoir peur, dont il faut faire un mécanisme scénique. 

mercredi 8 mai 2013

Quand Meyerhold rencontre Jouvet

Louis Jouvet et Vsevolod Emilievitch Meyerhold

Meyerhold a fait quelques voyages en France, à Paris, dans les années 20. En 1927, d'ailleurs, il y a rencontré nul autre que le monument du théâtre français, Louis Jouvet. 

Armand Salacrou, un auteur dramatique de l'époque (né en 1899 et mort quatre-vingt-dix ans plus tard...), a décrit une scène de cette rencontre dans son ouvrage C'était écrit. Du même coup, il donne un bon aperçu de l'approche meyerholdienne:

Dans la loge de Jouvet, Meyerhold. Un air bourru et timide à la Dullin. Il ne dit rien. Puis comme Jouvet parle de l'encombrement des bagages dans les tournées, il dit gentiment: «Supprimez les décors, la lumière suffit. Supprimez les accessoires, les gestes suffisent.» Et il mime une scène: il mange. Il boit. Il apporte une lettre sur un plateau et s'assied sur une chaise invisible et qu'il nous fait apparaître... Jouvet pense-t-il à sa jeunesse, du temps où il déclara au Vieux-Colombier pendant que Copeau plaçait un paravent sur mur nu de la chaise: «Alors, ici, maintenant, c'est le Châtelet?»

mardi 7 mai 2013

Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]

Comme je le mentionnais dans le dernier billet d'hier, c'est ce soir que débuteront les répétitions de la seconde pièce au programme de cet été: La Jalousie du Barbouillé... qui n'est pas la plus connue de Molière (d'ailleurs, il faut préciser que cette oeuvre lui est hypothétiquement attribuée).

Un peu comme dans Le Mariage Forcé, il est question de mariage... cette fois consommé. Un homme, le Barbouillé, se plaint de la frivolité de sa femme alors que celle-ci fait tout en son possible pour s'amuser et pour rejoindre son amant. 

Dans cette pièce, deux scènes me semblent principalement importantes (et constituent le coeur de ce texte plutôt court): une très longue scène avec un docteur-philosophe (principe qui sera repris dans l'autre pièce... écrite une dizaine d'années plus tard) et une autre longue scène entre les deux époux proche, dans un esprit contemporain, de la célèbre scène burlesque d'Olivier Guimond rentrant chez lui saoul et découvrant, à la fenêtre, sa femme personnifiée par Manda Parent...

Il y a là un bon défi en perspective...

lundi 6 mai 2013

Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]

Petite esquisse griffonnée samedi matin, pendant le premier enchaînement du Mariage Forcé... C'est vers ce type de métamorphose des coffres que j'aimerais aller pour la seconde pièce, La Jalousie du Barbouillé dont les répétitions débutent demain (ou mercredi?)



Des coupures...


Je me suis attelé, tout dernièrement, à l'une des tâches - disons! - intellectuelles que je préfère, théâtralement parlant: revoir un texte, un livret pour le mettre à ma main... sans le dénaturer!

Cet exercice (qui vaut cette fois pour une œuvre française de la seconde moitié du XIXième siècle...) de coupures (d'au moins une vingtaine de pages!), de gommage de personnages, de reconfiguration des scènes a quelque chose de jouissif. Tout radical qu'il soit, ça demeure un exercice d'essence.

Qu'est-ce qu'il faut nécessairement garder? Qu'est-ce qui peut et doit passer à la trappe pour le bénéfice du spectateur? Comment garder l'idée exprimée dans le dialogue sans garder les protagonistes et la situation d'origine?

Il fait entrer au cœur même des scènes alors qu'il faut, préalablement, en comprendre le schéma dramatique, en saisir les enjeux tout en définissant le meilleur moyen d'atteindre le but recherché dans une plus grande clarté.

C'est, en quelques sortes, revoir la dynamique, le rythme scénique...

jeudi 2 mai 2013

Les premières auditions publiques pour les gens du milieu théâtral

C'est cet après-midi que se tiendront les premières auditions publiques pour comédien(ne)s découlant des Forums sur le théâtre au SLSJ (et du groupe de compétence en théâtre du CRC) et pilotées par un comité. 

Cette initiative avait été proposée pour permettre aux jeunes comédiens professionnels de même qu'aux plus établis (s'ils le désirent) de se faire connaître, de se rappeler au bon souvenir des producteurs.

Pour cette première édition, donc, une dizaine de candidatures ont été retenues. Ces artistes auront cinq minutes pour faire valoir leur(s) talent(s) dans des courtes scènes préparées devant un public de producteurs (les directions des compagnies de théâtre et des réalisateurs).

Ça aura lieu dès 14h30, à la Salle Murdock du Centre des arts et de la culture de Chicoutimi.


mercredi 1 mai 2013

De la difficulté de ramasser de l'argent pour la culture...

Ce qu'il peut être difficile de ramasser de l'argent quand nous ne sommes qu'un petit organisme culturel. Pas de grandes structures (comme les festivals ou les produits d'appel) qui draineront des milliers et des milliers de spectateurs. Pas de grandes causes sociales (les jeunes, la recherche sur les maladies, les campagnes du ruban rose, etc.). Pas de personnes à sauver. 

Que de la nourriture de l'esprit... dans un monde où celui-ci semble plutôt à la diète.

L'ère n'est pas au mécénat. Ou si peu.

Et toujours cette foutue impression de quêter alors que le soutien au milieu culturel rehausse l'indice de bonheur (!) d'une ville, d'une société...