samedi 29 juin 2013
vendredi 28 juin 2013
Variantes
SCÉNOLOGIE = Science de la scène
(la théorie)
(la théorie)
SCÉNOGRAPHIE = Dessin (construction) de la scène
(le volume)
(le volume)
SCÉNOMÉTRIE = Temps de la scène
(le rythme)
(le rythme)
Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]
Il est maintenant possible d'avoir un aperçu assez juste de cette nouvelle production estivale du Théâtre 100 Masques qui prendra l'affiche à compter de la semaine prochaine.
Après un court prologue (5 minutes... inspiré de l'ouverture du Poenulus de Plaute) présenté par Patrick Simard (prologue qui n'est pas le Panégyrique des donateurs 2013... qui prendra, cette année, une nouvelle forme qui permettra aux spectateurs d'en prendre que ce qu'ils veulent), Le Mariage forcé sera en scène pour cinquante minutes.
Une pause de 10-15 minutes sera ensuite proposée... hors de la salle... le temps d'installer la seconde pièce. Puis La Jalousie du Barbouillé se jouera pour les trente minutes suivantes.
C'est donc, en quelques sortes, le cadre temporel de ce spectacle. Le cadre le plus juste puisqu'il émane directement des derniers enchaînements qui ont atteint, sous une surveillance accrue, un bon rythme de croisière. C'est donc à partir de cette mesure-étalon qu'il sera possible de juger (du point de vue purement chronométrique!) si le tout s'accélère ou ralentit avec le contact du public... en quel cas il faudra peut-être agir (ce qui s'appelle, si je ne me trompe pas trop, la scénométrie... principe que j'aime bien) pour ramener un peu de rigueur...
C'est dans ce sens que j'aime bien relire ce passage de Meyerhold: Dans notre Forêt, il y avait au début trente-trois épisodes, mais comme le spectacle se terminait tard et que les spectateurs manquaient le dernier tramway, je l'ai raccourci, à la demande des administrateurs, à vingt-six épisodes. Le spectacle, qui durait plus de quatre heures, s'en est trouvé réduit à trois heures vingt. Au bout de quelque temps, l'administration m'informe que le spectacle dure à nouveau quatre heure. J'ai alors pensé que les acteurs étaient revenus, de leur propre volonté, à des scènes que j'avais réduites. Je vais voir, mais rien de tel! Ils s'étaient tout simplement laissés aller au jeu dans les vingt-six épisodes qui restaient. Je leur fais une remontrance. Rien n'y fait. J'organise des répétitions et, le cœur serré, je réduis le spectacle à seize épisodes. Pendant quelques temps, le spectacle s'en tient à deux heures et demie, puis de nouveau s'allonge jusqu'à durer quatre heures! À la fin, le spectacle était à moitié ruiné, et il a fallu faire de nouvelles répétitions, rétablir tous les rythmes et les proportions temporelles. Il m'est arrivé une fois de prévenir que si une scène entre Pierre et Aksiouka, qui devait durer deux minutes, durait une seule minute de plus, je mettrais les interprètes à l'amende. Il faut apprendre aux acteurs à sentir le temps sur scène comme le sentent les musiciens. Un spectacle organisé de façon musicale n'est pas un spectacle dans lequel on fait de la musique, ou bien on chante constamment derrière la scène, c'est un spectacle avec une partition rythmique précise, un spectacle dont le temps est organisé avec rigueur.
C'est dans ce sens que j'aime bien relire ce passage de Meyerhold: Dans notre Forêt, il y avait au début trente-trois épisodes, mais comme le spectacle se terminait tard et que les spectateurs manquaient le dernier tramway, je l'ai raccourci, à la demande des administrateurs, à vingt-six épisodes. Le spectacle, qui durait plus de quatre heures, s'en est trouvé réduit à trois heures vingt. Au bout de quelque temps, l'administration m'informe que le spectacle dure à nouveau quatre heure. J'ai alors pensé que les acteurs étaient revenus, de leur propre volonté, à des scènes que j'avais réduites. Je vais voir, mais rien de tel! Ils s'étaient tout simplement laissés aller au jeu dans les vingt-six épisodes qui restaient. Je leur fais une remontrance. Rien n'y fait. J'organise des répétitions et, le cœur serré, je réduis le spectacle à seize épisodes. Pendant quelques temps, le spectacle s'en tient à deux heures et demie, puis de nouveau s'allonge jusqu'à durer quatre heures! À la fin, le spectacle était à moitié ruiné, et il a fallu faire de nouvelles répétitions, rétablir tous les rythmes et les proportions temporelles. Il m'est arrivé une fois de prévenir que si une scène entre Pierre et Aksiouka, qui devait durer deux minutes, durait une seule minute de plus, je mettrais les interprètes à l'amende. Il faut apprendre aux acteurs à sentir le temps sur scène comme le sentent les musiciens. Un spectacle organisé de façon musicale n'est pas un spectacle dans lequel on fait de la musique, ou bien on chante constamment derrière la scène, c'est un spectacle avec une partition rythmique précise, un spectacle dont le temps est organisé avec rigueur.
jeudi 27 juin 2013
Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]
Après le montage du système d'éclairages, la période de focus et celle des intensités, nous voici avec un kit lumières prêt à être utilisé.
Si quelques détails esthétiques restent à fignoler (un bout de planche par-ci, quelques clous par-là, quelques épingles et du fil), l'ensemble est maintenant terminé.
Les enchaînements de cette semaine portent fruit. L'aspect chorégraphique du jeu se dépose peu à peu dans la mémoire corporelle des comédiens. Le rythme - vertigineux! - devient de plus en plus assuré. Les enjeux - dramaturgiques, dramatiques, scéniques, spatiaux - se précisent.
Encore quelques jours... moins d'une semaine!... et ce sera la rencontre avec le public. Pendant ce temps, qui sait... Molière se retournera peut-être dans sa tombe...
mercredi 26 juin 2013
Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]
(Photographies de Daniel Gauthier, parues dans l'édition du Réveil du 25 juin 2013)
Encore quelques jours pour hausser d'un cran la qualité, la précision, la dynamique des deux pièces.
À force de répéter, pourtant, les interprètes perdent un peu en efficacité scénique ce qu'ils gagnent en aisance.
Il faut dire qu'arrive toujours un stade - encore plus frappant dans la comédie! - où le public devient une nécessité... où son absence se fait cruellement sentir. Cette rencontre est attendue, envisagée, présumée, prise en compte (du moins, je m'efforce de la ramener en avant-plan!)... bien qu'elle demeure, pour le moment, virtuelle.
Sans lui, le comédien perd un ancrage solide (et multiple!) dans ce face-à-face entre la salle et la scène. Sans lui, les effets comiques sont constamment inaboutis.
Les séances de notes, de plus en plus précises, cherchent à peaufiner les enjeux dramatiques, les liens inter-personnages et la forme scénique. Sous l'accumulation d'informations qui parvient aux acteurs, une seule chose prime en fin de compte: rester vigilant, alerte, conscient.
samedi 22 juin 2013
Le Mic Mac en route.
Devant: Joan Tremblay, Mélanie Tremblay, Francine Joncas.
Derrière: Sonia Tremblay, France Donaldson, Jocelyne Simard.
Photographie (et décor): Christian Roberge.
Les créateurs du Théâtre Mic Mac sont présentement en route, aujourd'hui, le 22 juin, pour assister au 6ième Gala des Arlequins organisé par la FQTA (Fédération Québécoise du Théâtre Amateur) où leur production Albertine en cinq temps (mise en scène par Réjean Gauthier en 2012) est nominée dans trois catégories: Meilleure production 2012, et deux nominations pour Meilleure comédienne 2012 (où se retrouvent Sonia Tremblay et Jocelyne Simard).
Bonne chance à eux!
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AJOUT!
Sur Facebook, on vient d'apprendre que le Mic Mac a remporté deux Arlequins: celui de Meilleure production 2012... de même que celui de Meilleure comédienne pour Jocelyne Simard!
Félicitations!
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AJOUT!
Sur Facebook, on vient d'apprendre que le Mic Mac a remporté deux Arlequins: celui de Meilleure production 2012... de même que celui de Meilleure comédienne pour Jocelyne Simard!
Félicitations!
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Le Mic Mac a, par le passé, remporté quelques Arlequins... notamment pour les Reines (Meilleure production 2007 et Meilleure comédienne pour Céline Gagnon) et pour Le Rire de la mer (Meilleure scénographie 2008) en plus de se voir nommé à d'autres occasions (pour Là, La Défonce et La Visite).
jeudi 20 juin 2013
Vers le troisième «Forum sur le théâtre au SLSJ»
Nous y voilà... enfin presque. C'est demain matin, à 10h, que s'ouvrira le troisième Forum sur le théâtre au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Sur quoi débouchera-t-il?
Ce théâtre que nous sommes plusieurs à défendre, en vaut-il le coup? Et à quoi ressemble-t-il? Comment peut-on le mieux faire connaître? Le faire circuler?
La région comme troisième pôle théâtral au Québec? Mais encore? Le vertige du vide, comme disait Turp dans sa lettre ouverte au Devoir du 23 avril dernier? Comment renverser ces impressions venues des grands centres?
Il y a là beaucoup de matière à réflexion...
Plus il y aura d'idées, de débats... et le plus un plan d'action solide et efficace ressortira de cette journée de concertation...
Libellés :
Concertation,
Forum sur le théâtre du SLSJ
mardi 18 juin 2013
Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]
Voici la distribution de cette nouvelle production estivale (photo de Julie Bernier): Pierre Tremblay, Patrick Simard, Isabelle Boivin et Mélanie Potvin. Puis il y a moi.
Déjà l'an prochain...
Je suis en mode lecture intensive en vu de la prochaine production estivale du Théâtre 100 Masques... celle de 2014... qui marquera officiellement, du coup, la quinzième année d'existence de la compagnie.
Quinze théâtres d'étés... avec notamment Tchechov, Obaldia, Hitchcock, Molière, Goldoni, Arrabal, Feydeau, Labiche, Guitry, Aristophane, Plaute...
Que faire pour cette occasion?
Plusieurs options sont sur la table... dans cette suite de répertoire, il va sans dire!
Comme de reprendre les mêmes textes que lors de ce théâtre d'été 1999. Ce spectacle était composé de courtes comédies de Tcheckhov (La demande en mariage et L'Ours) de même qu'une pièce de René de Obaldia (Le Défunt), réunies sous le titre Les Veuves Sauce Moutarde (ici). C'est là pourtant ce qui m'intéresse le moins.
J'aimerais bien aller vers le théâtre russe du XIXième siècle... Avec Gogol, plus précisément. Et Le Revizor... une pièce très drôle qui situe l'action dans une petite ville corrompue où tout fonctionne par collusion, pots-de-vin, triturage de l'opinion... jusqu'à ce que débarque l'inspecteur général. Un texte approprié dans l'état actuel de la chose politique municipale québécoise!
Je caresse pourtant une autre idée, avec un répertoire somme toute assez contemporain... celui de Georges Moineaux dit Courteline. L'as du portrait grinçant. Le nouveau Molière. L'un de mes auteurs favori (dans ce billet-là, il y a une photo de moi sur sa tombe)... Faire un spectacle à saynètes... un peu dans la lignée d'un petit projet antérieur, Courteline ou les pétunias de la bêtise présenté en 2005... C'est là une matière riche, foisonnante, amusante... directe comme de bons crochets de boxe!
Une autre idée, que je porte depuis quand même quelques années, me pousserait à délaisser la comédie pour faire une incursion dans un chef-d'oeuvre de la littérature tragique: Phèdre de Racine. Je crois que ça pourrait fonctionner... mais le risque (à tous les points de vue: mise en scène, distribution, réception) est énorme.
Peut-être y aura-t-il autre chose... Je continue de lire, ouvert à toute autre option, pour avoir un projet qui marquera bien cet anniversaire...
lundi 17 juin 2013
Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]
Bien que nous sommes entrés dans la Salle Murdock vendredi dernier, c'est aujourd'hui que nous prenons officiellement possession du lieu.
Le matériel est arrivé et dans quelques minutes, nous pourrons passer à l'étape de la concrétisation de la scénographie. À partir de cette esquisse (crayonnée de mes blanches mains!), nous avons faits les calculs nécessaires. Nos plans. Nos commandes.
Le tout devrait se passer assez rondement... et le résultat devrait être intéressant. Du moins, je l'espère.
Cette scénographie (en fait, c'est plus une scène, une aire de jeux simple, qu'un décor à proprement parlé) a pour base les tréteaux, le théâtre temporaire installé dans les jeux de paume à l'époque de Molière. C'est aussi le souhait d'avoir un espace plutôt autonome qui pourra porter sa propre technique. Je ne veux pas un décor qu'il faille mettre en valeur... mais un objet scénique qui génère sa propre dynamique, sa propre esthétique.
dimanche 16 juin 2013
De l'expression du visage... [Traité d'anatomie]
Du même ouvrage que celui cité dans le billet précédent, voici un petit traité anatomique de l'expression du visage!
Œil. — La fonction de l'œil, considéré comme organe de vision et d'expression, est ce qui frappe le plus dans la partie de la face qui constitue essentiellement le visage. Il faut généralement ménager les regards, et ne point les prodiguer à chaque parole. Les yeux perdent leur expression par un mouvement continuel. Les regards fixés de côté font beaucoup d'effet, surtout lorsque dans ce moment on ne fait aucun geste. Le plus grand acteur ne serait rien sans le langage des yeux; tout languit dès que les regards ne sont point animés. L'œil est l'âme du discours. Écoutez un grand acteur sans le regarder, il ne vous fera qu'une légère impression, retournez-vous, sa pantomime vous effraie. Le tonnerre de la parole d'un orateur ne produit qu'un bruit inutile, s'il n'est accompagné de l'éclair de ses regards, et la compassion est plus l'ouvrage des larmes que l'on voit couler, que du récit de l'infortune qui les cause. Il faut, en règle générale, regarder toujours celui à qui l'on parle,cela donne de la vérité au dialogue. Il n'existe aucune passion qui ne soit indiquée par un mouvement particulier des yeux. Pour agrandir l'œil, baissez la tête. Un coup d'œil lancé à propos dit plus vite et mieux qu'un long discours ; quand les yeux sont abusés, les oreilles le sont aussi plus aisément. Si l'acteur est profond dans son art, il fera que l'expression des yeux précède celle de la parole ; il préviendra alors si bien le spectateur de ce qu'il va lui dire, qu'il le fera entrer tout d'un coup dans ses dispositions, qui, par la suite du discours, lui feront recevoir plus aisément les impressions que l'on demande. Ordinairement, tant que l'acteur ne dit que des choses indifférentes ou de peu d'importance, il doit laisser ses yeux presque à demi fermés, et sans expression marquée ; alors ils produisent plus d'effet dans les moments importants.
Sourcils — Il y a deux mouvements dans les sourcils qui expriment tous les mouvements des passions. Celui qui s'élève vers le cerveau exprime les passions les plus farouches et les plus cruelles. Quand le sourcil s'élève par son milieu, cette élévation exprime des mouvements agréables ; dans ce cas, la bouche s'élève par les côtés, et dans la tristesse elle s'élève par le milieu. Lorsque le sourcil s'abaisse par le milieu, ce mouvement marque une douleur corporelle, alors la bouche s'abaisse par les côtés.
Front.— Le haut du visage doit jouer sans cesse; la bouche et le menton ne doivent ordinairement se mouvoir que pour articuler, excepté dans les affections bien vives; autrement l'on fait des grimaces. Le mouvement du front aide beaucoup celui des yeux. Le jeu des muscles du front produit un grand effet
Cheveux.— L'arrangement des cheveux, la manière de les distribuer sur le front influent beaucoup sur la physionomie de l'acteur.
Bouche, lèvres. —La bouche est la partie de tout le visage qui marque le plus particulièrement les mouvements du cœur. Elle est le siège principal de la dissimulation. L'articulation nette dépend du travail de différentes parties de la bouche, surtout dans la prononciation des consonnes. La voix, quelque belle qu'elle soit, ne séduira jamais en sortant d'une bouche lente et paresseuse. En général une bouche enfoncée ne peut jamais rendre avec éloquence les caractères de la douleur. La manière de contracter ou de dilater les lèvres, influe beaucoup sur l'expression de la physionomie. Les muscles de la lèvre inférieure, surtout les muscles triangulaires, produisent le plus grand effet dans les passions oppressives et contractées. — Pour parler purement, les sons doivent sortir de la voûte du palais, et le travail des lèvres doit les modifier, les épurer et les perfectionner. La plus belle partie du talent de mademoiselle Mars était sa prononciation nette et perlée; elle la devait naturellement à la conformation de sa bouche en général, et surtout à celle de ses lèvres, en particulier, qui étaient extrêmement mobiles et déliées. A force d'étude et de travail, on pourrait acquérir jusqu'à un certain point ces qualités si précieuses dans l'art du comédien, celles d'une articulation parfaite.
Nez. — Les acteurs chargés des premiers emplois dans le haut comique, finissent par acquérir une mobilité remarquable dans l'appareil musculaire des cils, du nez et de la lèvre supérieure. Tel était surtout Fleury, ce qui le rendait si supérieur, dans l'expression des caractères d'hommes à bonnes fortunes, de roués, de séducteurs, et surtout dans l'ironie et le persiflage.
Joues. — La partie dès joues qui est positivement placée sous les yeux contribue, en s'élevant et en s'abaissant, à l'expression; mais il faut être modéré dans le mouvement de cette partie qui devient aisément forcée.
De la convenance théâtrale...
Autre trouvaille due à Google Book... C'est toujours bien d'avoir une idée de l'évolution du théâtre... Voici donc comment étaient définies les convenances théâtrales en 1855 - époque hyper théâtrale s'il en est une, avec ses vedettes, ses codes, ses genres! - dans l'Encyclopédie de l'art dramatique d'Edmond Béquet (ici):
CONVENANCES THÉÂTRALES: Bienséances théâtrales; certaine conformité d'action avec les lieux, le temps et les personnes; c'est-à-dire l'exacte observation de certaines règles, qu'on ne saurait enfreindre, sans enfreindre ou négliger, sans choquer les notions les plus communes ou les moindres usages reçus dans le monde. Les convenances s'observent dans la voix, le maintien, le regard et la marche. Ordinairement il ne faut pas élever sa voix au-dessus de celle de son interlocuteur, lorsque celui-ci est placé, par son rôle, au-dessus de vous. Le maintien doit s'accorder avec la voix. Il faut aussi ménager ses regards avec prudence, suivant la qualité et l'importance de la personne à qui l'on parle, ou avec laquelle on se trouve en scène, même sans parler. Il en est de même de la marche. Les convenances théâtrales s'envisagent 1- sous le rapport du respect que le personnage se doit à lui-même; il est relatif à son rang et au genre plus ou moins grave de la pièce; 2- sous le rapport du respect que les personnages se doivent entre eux. Le respect est de même relatif au genre plus ou moins grave de la pièce, mais il a plus de détaché que le précédent.
Un valet, un artisan, un employé, etc., doit parler avec respect à son maître et à ses supérieurs, et éviter de paraître familier avec lui, à moins que l'esprit du rôle n'indique formellement le contraire. De même un homme de qualité, obligé de se travestir, devra toujours se respecter assez pour ne rien faire qui puisse dégrader le personnage caché. De même encore, en conversant avec son valet, loin de lui parler en face et comme sous le nez, il évitera même de l'approcher de trop près, et encore de le toucher d'une façon trop familière.
[...] Les actrices doivent éviter de mettre dans leur chant et dans leur jeu de l'affectation, de la lubricité, de l'indécence.
Les acteurs ne doivent pas s'ériger en critiques d'une pièce qu'ils représentent. Ils ne doivent pas rire avec le public, ou entre eux, lorsqu'ils sont en scène, des défauts d'une pièce dans laquelle ils paraissent. C'est méconnaître leur art, c'est aussi méconnaître leur devoir envers le public, et la considération qu'ils doivent aux auteurs qui leur ont confié le succès de leurs ouvrages; d'ailleurs, nous le répétons, jamais l'acteur ne doit oublier son personnage.
C'est encore une inconvenance très condamnable de la part des acteurs qui causent entre eux au moment où la pièce finit, ou bien qui, avant que le rideau soit entièrement baissé, s'empressent de quitter la scène.
vendredi 14 juin 2013
Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]
Ce matin, nous entreprenons - dans la Salle Murdock! - une longue série d'enchaînements (entrecoupés de quelques répétitions ajoutées pour polir quelques scènes) qui mènera à la première, le 3 juillet prochain. Pour préparer toute l'équipe à cette nouvelle étape, je leur ai envoyé ce courriel-ci, il y a deux jours:
Nous sommes à un peu moins de trois semaines avant la première... ce qui vaut une éternité en temps normal! Je profite donc de ce moment pour vous refiler quelques notes, avant qu'on entreprenne, vendredi matin, la série d'enchaînements qui nous mènera aux représentations.
Des choses que je vous ai dites et redites... mais qu'il fait toujours bon de garder en tête.
L'ingrédient le plus important de ce spectacle (outre le plaisir de le faire!) et de toute représentation théâtrale, c'est la conscience... ingrédient qui se déclinera en plusieurs sous-conscience. Conscience de l'espace, parce qu'il est réduit et que vous ne pouvez bouger dessus comme dans un grand terrain vacant. Conscience de l'autre, parce que cet espace réduit oblige à une grande promiscuité. Conscience des objets, pour leur laisser l'espace nécessaire, pour bien les utiliser, bien les manier et leur faire faire les effets voulus. Conscience de l'image que vous projetez par ce rapport à l'autre, à l'espace et aux objet (votre positionnement, finalement... la forme avant le contenu).Conscience du rythme. Du rythme entre les scènes. Du rythme à l'intérieur même des scènes. Et enfin, conscience, dans ce cas précis où il n'y a pas de bande sonore, du son produit et de sa musicalité. C'est, en quelque sorte, un spectacle percussif. Faisons-en une force.
Tout cela est infiniment important. Et de toutes ces consciences sortira nécessairement l'impression de grande maîtrise et de précision que j'aimerais tant que nous atteignons. Je vous le dis tout de suite: la grande majorité des notes que je vous donnerai dans les prochains jours se rapporteront à cette énumération.
Par ailleurs, il y a tout un travail de compréhension de votre part qui doit se poursuivre.Compréhension du texte. De ce que vous dites en scène (de la façon que vous le dites...). Du destinataire de ces répliques. Des enjeux dramatiques qui les sous-tendent.
Compréhension surtout de tous vos personnages. Bien qu'ils ne soient pas complexes, ils méritent que vous vous y arrêtiez. S'ils sont tous là, c'est qu'ils ont une utilité. Il faut que vous la trouviez, que vous la cultiviez. Qu'est-qu'ils doivent apporter, par leur présence (et par leur rapport l'un envers l'autre), à la scène en cours? Qu'est-ce qu'ils viennent faire dans l'histoire? Est-ce qu'ils évoluent (en général, d'après les deux fins un peu abruptes, je dirais spontanément non)? Si oui, comment?
Compréhension des espaces aménagés pour ce qui peut s'apparenter à du cabotinage afin que vous les reconnaissiez bien et que vous les assumiez, que vous en profitiez au maximum pour le bénéfice des rires des spectateurs. Ils peuvent être embêtants parce qu'ils peuvent sembler longs, mais ne vous inquiétez pas, je les surveille.
Ce que vous faites est très amusant. Ce sont là de très belles performances de votre part. Mais ce n'est pas assez. Il faut maintenant rehausser le niveau de jeu (en plus d'intégrer rapidement et sérieusement l'entrée en salle et l'arrivée de tous les éléments esthétiques) en sachant comment économiser votre énergie pour ne pas vous essouffler avant la fin. Pour y arriver, je m'attends à ce que vous agissiez comme les comédiens professionnels que vous êtes: en poursuivant (ou en y revenant si vous ne le faisiez plus!) l'étude du texte; en révisant rigoureusement vos notes d'intentions, de gestes et de déplacements (plus qu'à quelques minutes des répétitions); en repassant mentalement tout le filage des scènes. D'enchaînement en enchaînement (de séance de notes en séance de notes), je m'attends à ce qu'il y ait une évolution marquée.
Ce que nous entreprenons, c'est la phase de consolidation. La phase de peaufinage. Il faut être capable de nommer les points qui accrochent. De rester ouverts aux modifications et aux changements. Et surtout, de les retenir. Cette concentration - qui fait parfois défaut... - doit absolument être travaillée. Comment? C'est à chacun de vous d'y répondre; personne n'est pareil. Retrait? Italienne? Étirement? Réchauffement? Cigarette? Sieste? Je m'en fous un peu en autant que le résultat soit à la hauteur de votre talent.
C'est également ce matin que devrait arriver tout le matériel nécessaire au montage de la scénographie (à compter de lundi matin). Les morceaux du puzzle continuent de s'imbriquer les uns dans les autres. Reste maintenant à donner une véritable vie à tout ça!
jeudi 13 juin 2013
Vers le 3ième «Forum sur le théâtre au SLSJ»
Le comité d'organisation du troisième Forum sur le théâtre au SLSJ (je rappelle que celui-ci est composé de Lyne L'Italien, Guylaine Rivard, Réjean Gauthier, Véronique Villeneuve et moi-même) se réunit une dernière fois, ce matin, pour faire le point et mettre une touche finale au déroulement de cette grande journée de concertation qui se tiendra vendredi prochain, le 21 juin, au Centre des arts et de la culture de Chicoutimi... le but étant de bien baliser les interventions et de donner un cadre efficace aux discussions pour que chacun y trouve son compte. (L'horaire de la journée a été publié dans ce billet.)
Le milieu théâtral appartient à chacun de ses artisans... et n'est pas le seul fait des compagnies... et le développement de celui-ci ne peut que s'accentuer par la concertation qui porte d'intéressants fruits depuis quelques années.
À ce jour, ce sont trente personnes qui se sont inscrites (l'inscription étant nécessaire pour des raisons logistiques comme le montage de la salle, l'impression des documents et la commande du dîner) et la date limite approche. Plus il y aura de gens et plus il y aura des points de vue qui pourront s'exprimer.
Il est encore possible de s'inscrire en téléphonant à Véronique Villeneuve, d'ici lundi matin, au 418-543-5941 poste 233 ou par courriel à liaison@crc02.qc.ca.
Libellés :
Concertation,
Forum sur le théâtre du SLSJ
mercredi 12 juin 2013
Une démonstration biomécanique...
Voici une vidéo intéressante (dans le genre théâtre archéologique en ce sens où il tente de reconstituer et non pas de créer!) qui retrace le travail effectué par une équipe de l'Université de l'Iowa qui se consacre à l'exploration et à la recherche de la biomécanique meyerholdienne... principalement celle utilisée lors de la création du Cocu Magnifique de Crommelynk en 1922. On peut donc imaginer que ça ressemblait à ça (la première partie présente des exercices... puis, à compter de 19:24, c'est une mise en scène retrouvée - à partir d'écrits, de témoignages, d'images - de la pièce mentionnée un peu plus haut... dans un décor constructiviste similaire...):
On y voit bien tout le jeu d'action-réaction si important dans la biomécanique (qui, au demeurant, est plus un entraînement qu'un style de jeu)... de même que les élans, les points d'arrêts, le contrôle du corps, son rapport à l'autre et à l'espace.
mardi 11 juin 2013
Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]
Ce vidéo nous donne une idée de la bourrée du Mariage Forcé (lors de la troisième entrée du ballet mettant en scène des Égyptiennes), composé par Jean-Baptise Lulli, en 1664 (première collaboration entre ce compositeur et Molière... car il faut se rappeler que cette pièce est, en fait, une comédie-ballet commandée par le roi Louis XIV).
Cette petite note historique me permet d'aborder la trame sonore de cette production estivale 2013 du Théâtre 100 Masques.
En fait, il n'y en a pas (comme dans la plupart des mes productions antérieures!)! Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il n'y ait aucun son.
Au contraire.
Ce sera là un spectacle particulièrement bruyant (une bruyance qui augmentera, je crois, lorsque le plancher et la scène seront praticables). Quasi percussif. Dynamique. Avec des claquements de coffres, des bruits de pas, des coups de bâtons, du bois qui craque, des grattements.
À défaut d'une conception sonore traditionnelle (c'est là un des éléments qui me pose le plus souvent problème...) se retrouve un son produit à même la performance des comédiens. Un son intrinsèque à la scène. Un son issu d'une source visible et bien identifiable. Un son nécessaire parce qu'inévitable. Et c'est comme ça que j'aime ça.
Du «dramaturg» et de son apport aux comédiens
Lors de mon dernier passage en librairie, j'ai acheté l'ouvrage d'Anne-Françoise Benhamou, Dramaturgies de plateau, publié en 2012 aux Solitaires intempestifs. La lecture (fort intéressante, par ailleurs...) avance bien. Il s'agit d'articles plus ou moins longs portant sur son travail de dramaturge auprès (principalement) de Stéphane Braunschweig... dramaturge au sens allemand du terme (dramaturg), qui consiste, en termes très brefs, à constituer un savoir autour d'une oeuvre.
Elle y va d'exemples et de démonstrations, reste très près du plateau, du travail concret... et de quelques considérations générales sur son apport... comme cet extrait (bien intéressant) tiré de la page 47:
Il arrive parfois qu'une recherche [dramaturgique] complémentaire s'impose pendant les répétitions. Quand elle porte sur un point de détail qui n'implique pas de réorganiser l'ensemble, elle a toujours un effet positif sur le travail: dans des moments de doute et de fragilité, il est agréable pour les acteurs de se sentir confortés par des munitions fraîches venues de connaissances objectives... En revanche, si le travail initial de l'équipe sur le texte a négligé un pan important, il devient difficile, et même impossible passé un certain stade, de le réintroduire dans les répétitions: les acteurs ne peuvent plus s'en servir, ils n'en sont plus là. [...] À la phase d'ouverture que constitue par méthode pour la plupart des acteurs le début des répétitions, où ils se laissent traverser par tout ce qui se dit sans s'appliquer à filtrer a priori mais en laissant leur imaginaire travailler tous azimuts, succède généralement une phase de cristallisation et de construction, certes sujette à bien des allers-retours et des repentirs, mais où il est délicat d'apporter des idées intellectuelles qui auraient été absentes du premier temps: tout simplement parce que dans cette seconde phase la nourriture intellectuelle s'est déjà transformée pour en eux en stock d'imaginaire. [... Les répétitions] ont un rythme et une direction, et on revient difficilement en arrière d'une étape.
Voilà un métier du théâtre qui ne s'est pas encore vraiment ancré dans la pratique théâtrale de ce côté-ci de l'océan... et qu'il fait bon découvrir par l'expérience de celle-ci.
lundi 10 juin 2013
Le comédien inspiré
Voici un extrait de Sur l'art du comédien - Lettre à Mlle Euphrasie Poinsot... un extrait qui rappelle (le sujet en est semblable) le fameux Paradoxe sur le comédien de Denis Diderot:
On est comédien, ou par métier, ou par vocation. Je ne veux pas m'occuper, ils ne me paraissent pas le mériter, de ceux qui adoptent la première raison d'entrer au théâtre; je parlerai donc seulement ici de ceux qu'un sixième sens, le Mens divinior, pousse au sanctuaire des muses pour les servir, quelquefois même pour les égaler.
Il y a deux moyens pour exercer, pour cultiver l'art du comédien; l'inspiration et le travail.
Les comédiens qui ont le génie de leur profession, le vis comica, plaisent ordinairement plus que ceux qui arrivent au but par travail, par calcul , par art. Les premiers sont généralement inégaux dans les effets qu'ils produisent à la scène; ils sont souvent insaisissables pour leurs auditeurs. Ils peuvent même faire des fautes bientôt rachetées par les éclairs de leur génie. Ils arrivent en scène sans parti pris d'avance, et provoquent un jour l'admiration sur des traits passés inaperçus la veille. Ils communiquent leur feu sacré aux spectateurs qu'ils tiennent en émoi pendant toute la durée du rôle. Ils leur font partager leur fièvre, et leur feraient pour ainsi dire croire qu'ils partagent avec eux leur talent. Cette bonne opinion qu'ils donnent d'eux-mêmes à leurs auditeurs fait qu'ils en sont les idoles; aussi les bravos qu'on leur prodigue vont souvent jusqu'au délire.
Les comédiens inspirés ne s'écoutent pas parler; ils obéissent à leur génie. Identifiés avec leur rôle , leurs auditeurs y sont identifiés eux-mêmes, tant les grands mouvements de l'âme sont contagieux! Soutenus pendant qu'ils sont en scène par une sorte d'énergie nerveuse, ils éprouvent un certain malaise, une fatigue grande quand ils ne sont plus sur le trépied.
Quand, à ce mérite de l'inspiration, le comédien sait joindre un travail soutenu, un calcul des effets scéniques, l'acteur est parfait; mais cette perfection arrive quand déjà quelques années sont venues mûrir, diriger cette inspiration. Les jeunes comédiens, en général, ne calculent pas assez les effets de la scène : ils se laissent emporter par la folle du logis; et les écarts qu'elle leur conseille et où elle les pousse , plaisent aux jeunes auditeurs toujours indulgents pour les témérités de la jeunesse.
[...]
Les comédiens arrivés à force d'art à la célébrité sont nécessairement plus froids que les comédiens inspirés. Ils sont plus égaux; les effets produits par eux sont toujours les mêmes. Ils savent, à la seconde près, le moment où l'auditoire applaudira.
Ils marchent toujours sur les mêmes planches; et quand ils sont à l'apogée de leur talent, leurs rôles sont déroulés avec une précision pour ainsi dire mathématique. Ils sont devenus comme une machine remontée dont les ressorts sont soigneusement cachés. Cette précision ne laisse aucune prise à la critique; elle tient le spectateur dans une douce quiétude d'esprit, et ne permet aucun mouvement à son âme; elle le préserve de l'insomnie causée par l'émotion. Cette précision, cette perfection, si vous le voulez, désespère ceux qui seraient tentés de suivre la même carrière. Quand on les applaudit, on ne ressent pas cette contagion, ce mouvement électrique qui éclate chez tous, comme un tonnerre, quand on fête le comédien inspiré ; mais, par toute la salle, un concert de bravos sans passion, sans agitation, sans spasme, se fait entendre, ainsi qu'une immense claque organisée. A ces comédiens une faute , une absence de mémoire n'est pas pardonnée; ils ont habitué leurs auditeurs à une glace tout unie qu'ils viennent de briser.
Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]
Photographies en répétition prises par Patrick Simard
Aujourd'hui et demain auront lieu les dernières répétitions de La Jalousie du Barbouillé à proprement parler... puis, alors que nous ferons notre entrée dans la Salle Murdock pour installer l'ensemble esthétique (scénographie et salle), nous entreprendrons également une longue série d'enchaînements et filages (une dizaine) jusqu'aux générales du début du mois de juillet.
En date d'aujourd'hui, nous pouvons prévoir que la première pièce, Le Mariage forcé, aura une durée d'environ cinquante minutes. Le seconde devrait durer un peu plus de vingt minutes. Une pause sera aménagée entre les deux.
Maintenant que la plupart des scènes sont bien construites (généralement dans un principe d'effet choral où priment l'action-réaction), il faut maintenir une certaine spontanéité tout en augmentant le coefficient de précision. Cette rigueur dans l'exécution est beaucoup plus difficile qu'elle n'y paraît. Ces deux pièces sont portées par un rythme infernal qui enlignent les personnages dans une suite ininterrompues d'entrées et de sorties (avec de belles courses en coulisses pour rattraper la suivante!). Le fil dramatique s'en trouve fragilisé, soumis à un stress amplifié du aux changements de rôles en quelques secondes.
Ces considérations théorico-intellectuelles négligent toutefois une chose importante: le résultat est fichtrement drôle!
Ces considérations théorico-intellectuelles négligent toutefois une chose importante: le résultat est fichtrement drôle!
Le dernier grand dossier (le plus ardu... avec la campagne de financement!) qu'il reste sur notre bureau est la promotion de cet événement. Exister. Ressortir de la masse. Se faire voir. Attirer les spectateurs. Avec les maigres moyens à notre disposition...
Il faudra aussi penser à réserver parce que la jauge de la salle sera fixé, pour le confort, à 70 sièges seulement par représentation. Les réservations peuvent se faire par téléphone au 418-698-3895, par courriel à les100masques@hotmail.com ou enfin, par Facebook (en suivant ce lien).
vendredi 7 juin 2013
«La Jalousie du Barbouillé»... il y a 53 ans...
La dernière fois, à ma connaissance, que s'est jouée La Jalousie du Barbouillé de Molière (hors des cadres académiques, j'entends... et avant notre spectacle de cet été!), c'était le fait d'une toute jeune compagnie Les Apprentis de la Rampe dont la devise était Avant que d'être d'or, les blés sont verts...
C'était en 1960. Ces jeunes, dynamiques et débrouillards (du haut de leur quinzaine d'années!), avaient loué une salle, l'Auditorium Beauchamp (sise à l'Hôpital de Chicoutimi) pour y donner une ou quelques représentations de ce spectacle.
En voici d'ailleurs une photographie qui s'est rendue jusqu'à mon bureau...
Parmi ces enfants (ou plutôt ces adolescents!) se retrouvent deux personnes qui sont toujours actives dans le milieu théâtral d'ici...
À la droite de la photo, avec cette même carrure qui le caractérise encore aujourd'hui (dommage qu'il penche la tête...), on aperçoit Richard Desgagné, auteur et comédien qui a joué beaucoup avec les Têtes Heureuses au cours des années... alors qu'au centre, au sol, vêtu de blanc, lisant un livre avec toute sa science de docteur... eh oui... c'est Rodrigue Villeneuve!
Voilà donc leurs premiers pas dans ce monde théâtral!
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jeudi 6 juin 2013
Vers le troisième «Forum sur le théâtre au SLSJ»
Le troisième Forum sur le théâtre au Saguenay-Lac-Saint-Jean approche à grands pas! Il se tiendra, dans deux petites semaines, au Centre des arts et de la Culture de Chicoutimi.
Cette importante journée de concertation se divisera en deux parties.
Le matin sera réservé principalement au suivi des différents comités mis en place depuis quelques années et des différents projets qui les animent. Ce sera également l'occasion de faire un retour critique sur ce qui a été fait.
Au cours de cette matinée, il y aura, comme l'an dernier, la constitution de la saison régionale (d'ailleurs, il sera temps, pour tous ceux qui auront des projets, de les annoncer).
L'après-midi sera consacré aux principaux sujets de cette année: comment améliorer la circulation des oeuvres et des artistes sur le territoire et comment se positionner, collectivement, comme important centre théâtral hors des grands centres (qui décrivent les régions, plus souvent qu'autrement, comme de grands déserts culturels)...
Voici le plan de la journée (en cliquant sur l'image, la feuille devrait apparaître sous une forme plus lisible...):
Cette importante journée de concertation se divisera en deux parties.
Le matin sera réservé principalement au suivi des différents comités mis en place depuis quelques années et des différents projets qui les animent. Ce sera également l'occasion de faire un retour critique sur ce qui a été fait.
Au cours de cette matinée, il y aura, comme l'an dernier, la constitution de la saison régionale (d'ailleurs, il sera temps, pour tous ceux qui auront des projets, de les annoncer).
L'après-midi sera consacré aux principaux sujets de cette année: comment améliorer la circulation des oeuvres et des artistes sur le territoire et comment se positionner, collectivement, comme important centre théâtral hors des grands centres (qui décrivent les régions, plus souvent qu'autrement, comme de grands déserts culturels)...
Voici le plan de la journée (en cliquant sur l'image, la feuille devrait apparaître sous une forme plus lisible...):
Cette rencontre, comme toutes les autres, est importante d'une part parce qu'elle permet un espace d'échanges et de discussions... d'autre part, parce qu'elle met la table pour différents projets de concertation qui seront développés au cours de la saison suivante. Le tout, dans le but de consolider le milieu théâtral d'ici et de le positionner comme étant une véritable force.
Il va sans dire que ce n'est pas le fait des seules compagnies mais que tous - auteurs, metteurs en scène, comédiens, concepteurs, administrateurs, professionnels, amateurs, professeurs et étudiants - sont nécessaires dans cet exercice.
Au cours des prochains jours, nous (le comité organisateur comptant Lyne L'Italien, Guylaine Rivard, Véronique Villeneuve, Réjean Gauthier et moi) nous lancerons dans un blitz de téléphones et de courriels pour rappeler la tenue de cet événement.
Enfin, pour raisons purement logistique (montage de la salle et commande du dîner), il est important de confirmer sa présence auprès de Véronique Villeneuve, au 543-5941 poste 233.
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Forum sur le théâtre du SLSJ
mardi 4 juin 2013
Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]
À moins d'un mois avant la première, voici ce à quoi ressemble l'atmosphère dans la salle de répétition (à noter que ces images ont été prises au tout début de la séance de travail de la scène 11...):
Ce n'est là qu'un bien petit fou rire... comparativement à d'autres qui ont eu lieu et d'autres qui viendront sûrement!
Sinon, en attendant le fameux soir où sonneront les trois coups (nous sommes très traditionnels!), voici d'autres images (des photographies, cette fois... de la scène 11 et de la scène 12!) prises ce matin, par Julie Bernier.
Ce n'est là qu'un bien petit fou rire... comparativement à d'autres qui ont eu lieu et d'autres qui viendront sûrement!
Sinon, en attendant le fameux soir où sonneront les trois coups (nous sommes très traditionnels!), voici d'autres images (des photographies, cette fois... de la scène 11 et de la scène 12!) prises ce matin, par Julie Bernier.
Les sources du personnage
Dans le théâtre conventionnel (et, dans une moindre mesure, dans le théâtre contemporain...), la création d'un personnage, son objectivation, naît de plusieurs sources subjectives... ce qui en fait un être, une figure particulièrement complexe. La création spontanée devient alors une vue de l'esprit.
Son fondement se retrouve nécessairement dans le texte, dans cette matrice de mots, de répliques, de monologues. Plus ou moins caractérisé (selon les époques et le genre), le personnage s'y retrouve de prime abord. Dans cette partition, se retrouve, ni plus ni moins, l'inspiration de l'auteur. Une image... ou plus précisément, un écho.
Cet écho se répercute par la suite dans la tête du metteur en scène. Au cours de cette «production d'imaginaire», le metteur en scène dresse (parfois précisément, parfois très grossièrement) les contours du personnage, le définit, le place dans un enchevêtrement de rapports (à lui-même, à l'autre, à l'espace, à l'intrigue). Puis il le communique de diverses façons au comédien.
C'est à partir de ces deux cadres que s'amorce, à proprement parler, le travail d'interprétation du comédien... après tout, c'est lui qui portera le personnage sur scène. Un travail de propositions, dans un échange constant (selon différentes formules) avec le metteur en scène. Ce processus d'idéations, d'essais, de reprises, cristallisera, d'une certaine façon, ses différents paramètres (débit et volume de la voix, corps, amplitude du geste, etc.)... tout en ménageant un espace de liberté pour l'interprète afin qu'il puisse réagir aux différents stimulis qui ne manqueront pas de surgir en cours de représentation.
C'est cette triple conjugaison (texte, mise en scène, jeu) que reçoit le spectateur. C'est lui qui, en dernier recours, boucle cette création en lui donnant l'ultime sens, en complémentarité ou en contradiction avec les créateurs précédents. Il fait ce dernier bout de chemin, selon son horizon d'attente, la résonance du discours, sa connaissance (ou non) de l'oeuvre, son niveau d'écoute, etc.
En fait, je n'invente rien là. Il s'agit, en d'autres termes, du théâtre de la ligne de Meyerhold (dont il est question ici) et du principe des quatre créateurs...
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Personnages,
Rapport à l'acteur,
Rapport à la scène,
Rapport au texte
lundi 3 juin 2013
Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]
Nous achevons la seconde révision en profondeur de la première pièce, Le Mariage forcé, nous appliquant à peaufiner la dynamique scénique et les différents caractères en jeu.
Ces scènes sont vraiment très drôles et offrent de belles partitions aux interprètes qui y trouvent une matière propre au cabotinage et à la rigolade. Ce plaisir se conjugue toutefois avec une grande exigence physique, tant dans le corps que dans le rythme et la coordination!
Les affiches et les tracts sont maintenant imprimés et sont peu à peu dispersés dans la ville. Le cahier de réservation est désormais ouvert. Il y aura un maximum de 80 sièges (et 80 sièges seulement!) disponibles par soir.
Il faut noter également, au passage, que suite à une modification à la distribution (pour diverses raisons), le calendrier de représentations s'est aussi ajusté, passant du «4 au 27 juillet 2013» au «3 au 26 juillet 2013» (soit du mercredi au vendredi en lieu et place du jeudi au samedi). Ce changement de jours se fait sans trop de regrets, les soirs de fin de semaine s'avérant généralement plus tranquille...
dimanche 2 juin 2013
«Circulaire de Mgr. L'Évêque de Montréal contre le théâtre»
Quelle belle occasion que le dimanche pour retourner en-arrière et constater comment le théâtre a longtemps été marqué du sceau de l'infamie. Dans cette catégorie, j'ai relevé les nombreux discours des Pères de l'Églises et autres prédicateurs (ici)... mais voici qu'aujourd'hui, je reviens de ce côté de l'Atlantique pour présenter de larges extraits (parce que je trouve son expressivité et sa démagogie fort intéressantes!) de cette Circulaire de Mgr L'Évêque de Montréal contre le théâtre (publiée par Monseigneur Ignace Bourget, non pas au Moyen Âge... mais bien le 29 août 1868 à la suite d'une grande tournée d'artistes européens comme toutes celles qui faisaient la vie culturelle de l'époque):
CIRCULAIRE DE MGR. L'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL CONTRE LE THÉÂTRE.
Nos Très-chers Frères,
Les journaux de cette ville nous apprennent l'arrivée prochaine d'une troupe d'acteurs étrangers, et nous font en même temps connaître la nature des pièces qu'ils doivent représenter ici comme en France, en Angleterre et aux États-Unis.
Cette nouvelle a de quoi nous affliger tous, N. T. C. F., et doit nous inspirer des craintes plus sérieuses que si l'on nous annonçait une nouvelle apparition du choléra ou du typhus ou de ces affreux tremblements de terre qui, dans ces derniers temps, ont causé tant de ravages, englouti en un instant des villes entières et répandu partout la consternation et la frayeur. Car, il s'agit d'une calamité plus redoutable que tous ces maux ensemble, de la peste qui empoisonne les cœurs et d'un scandale public qui démoralise les sociétés et attire sur le monde des fléaux épouvantables.
C'est donc pour nous, N. T. C. F., un devoir impérieux d'élever la voix pour vous avertir que les pièces qui doivent être représentées, dans ce théâtre et par cette troupe de Comédiens venus de l'étranger, sont d'une immoralité révoltante, et qu'il n'y a vraiment que des cœurs tout-à-fait dépravés qui puissent n'y pas trouver de mal. Car, tout y est calculé pour opérer sur tous les sens des impressions sensuelles et charnelles. Les gestes des acteurs sont, on ne peut plus, immodestes; leurs discours, leurs paroles, leurs chants, en blessant les oreilles tant soit peu chastes, excitent les passions les plus honteuses, avec une malice vraiment infernale.
Nous pouvons donc et nous devons vous dire, N. T. C. F., avec St. Pierre Chrysologue, dans une occasion toute semblable, que c'est vouloir s'amuser avec les démons que de se permettre de tels divertissements; et que c'est par conséquent renoncer au bonheur que promet Jésus-Christ à ses vrais serviteurs que de se livrer à ces joies profanes et criminelles. [...] Comment qualifier la conduite de ceux qui iraient se ranger au pied d'un théâtre, qui est l'école du vice le plus détestable aux yeux même des honnêtes païens et des protestants qui se respectent?
Le temps et l'espace ne nous permettent pas de citer beaucoup d'autres autorités et de les confirmer par des exemples éclatants. Qu'il nous suffise de vous rapporter ici un fait terrible, que nous lisons dans un ouvrage de St. Alphonse de Liguori, un des plus célèbres écrivains du dernier siècle. Pour prouver à ses lecteurs les dangers du spectacle, il raconte que, dans une des villes d'Italie où il y avait un célèbre pèlerinage à l'honneur de la Bienheureuse Vierge, il se trouvait malheureusement un grand théâtre à côté du sanctuaire de Marie. Or, un jour qu'une foule insensée encombrait ce lieu de plaisirs mondains, le feu éclata tout à coup et avec tant de violence que tous ceux qui assistaient au spectacle furent consumés par les flammes. Un seul échappa, et il assure avoir vu la sainte Vierge, une torche ardente à la main, mettant elle-même le feu à un édifice où il se commettait tant et de si grands crimes, en face du temple où elle avait établi son séjour, pour exercer ses miséricordes en faveur de ses enfants.
Or, notre ville n'est-elle pas toute entière consacrée à l'honneur de l'auguste Mère de Dieu? [...] Or, n'est-il pas à croire qu'elle ne souffrira pas que sa ville chérie soit exposée aux scandales et aux immoralités du théâtre ? Vous vous souvenez sans doute comment fut dévoré par les flammes le théâtre qui avait été élevé à côté de N. D. de Bonsecours.
Nous l'espérons, N. T. C. F., et nous demandons, avec d'instantes prières, que cette bonne et tendre Mère éloigne de nous toutes les causes qui pourraient nous attirer la colère du Ciel; et qu'elle fasse pour cette ville ce qu'elle fit pour celle d'Amalphi. St. Alphonse, dont Nous venons de vous parler, y avait donné une grande retraite avec des fruits merveilleux. A la clôture de cette belle mission, il dit au peuple, après l'avoir béni: Veillez sur vous-mêmes, mes frères; après notre départ il tombera de la montagne un démon qui vous exposera au malheur d'oublier toutes vos résolutions, et vous attirera le châtiment d'un tremblement de terre. En effet, le lendemain, lorsque les missionnaires étaient déjà partis, on vit descendre ce démon : c'était un buffle qu'on avait lancé pour donner au peuple le spectacle d'un jeu profane. Mais, à peine cet animal est-il arrivé sur la principale place que toute la ville est ébranlée par un affreux tremblement de terre. Aussitôt le jeu cesse, le peuple effrayé se rend à l'Eglise où l'Archevêque monte en chaire pour annoncer la pénitence et rappeler aux habitants les promesses qu'ils avaient faites durant la mission.
Le Prélat parlait encore, lorsqu'une secousse beaucoup plus violente ébranla horriblement l'Eglise et renversa les chandeliers et tous les objets qui se trouvaient sur le Maître-Autel. On sortit incessamment avec l'Archevêque qui, continuant à prêcher sur la place publique, parla en ces termes de la menace prophétique: L'homme de Dieu, dit-il, nous avait prédit ce grand châtiment, si parmi nous il s'en trouvait qui ne voulussent point se convertir. Prions, mes frères, pour ces pécheurs endurcis, et daigne le Dieu des miséricordes toucher leurs cœurs!
C'est ce que nous allons faire tous ensemble, N. T. C. F., pour empêcher que Dieu ne soit si horriblement offensé, comme il le serait incontestablement, si le théâtre qui doit s'ouvrir était malheureusement fréquenté par nos Catholiques. Pour notre ville, l'Opéra Bouffe est ce qu'était pour Amalphi le buffle qui, en jetant le peuple dans la dissipation d'un plaisir profane, faillit causer sa ruine.
A cette fin, nous réglons ce qui suit, pour qu'il y ait dans les différentes Eglises de cette cité et de sa banlieue, des exercices communs; afin que les pieux fidèles puissent s'unir facilement à leurs pasteurs, pour obtenir de la divine bonté que le théâtre ne soit pas fréquenté, et qu'ainsi Dieu ne soit point offensé.
L'on fera, dans chaque Église ou Chapelle, la neuvaine préparatoire à la fête de la Nativité de la Sainte-Vierge, qui commence le trente Août et se termine le sept Septembre. Nous accordons le salut solennel et la Bénédiction du St. Sacrement. On y chantera entr'autres l'invocation Maria Refugium peccatorum, etc., répétée trois fois, avec l'Oraison Deus, in cujus passione, etc., et le Parce Domine populo tuo, répété trois fois avec l'Oraison Omnipotene sempiterne Deus, qui vivorium dominaris, etc. On y fera aussi une amende honorable avant le Tantum ergo,etc. Les prières de la Neuvaine se feront aussitôt que l'on aura fait l'exposition du St. Sacrement, en la manière ordinaire. Il y a 300 jours d'indulgence à gagner, chaque jour de la Neuvaine, et une indulgence plénière, aux conditions requises, à la fête de la Nativité ou un des jours de l'Octave. Cet exercice serait convenablement placé vers les 7 heures du soir, pour favoriser le concours des bonnes âmes à l'heure à peu près où l'on se rend au théâtre, afin que pour eux les chants sacrés et les prières ferventes remplacent les chants lassifs et les paroles dissolues qui attirent les mondains au spectacle. Cette Neuvaine sera d'ailleurs une préparation à la fête du Saint Nom de Marie.
Ce sera, N. T. C. F., en faisant, avec ferveur, ces pieux exercices, que nous obtiendrons les lumières intérieures qui nous sont si nécessaires, pour mieux comprendre nos vrais intérêts pour ce monde et pour l'autre. N'est-il pas en effet visible qu'il se fait des dépenses extraordinaires au théâtre pour le luxe, la toilette et autres objets de vanité et de curiosité, qui finissent par être des causes de ruine et de renversement de fortune? Les sommes énormes qui y sont englouties n'occasionnent-elles pas dans beaucoup de familles, des souffrances qui en bannissent le bonheur et la paix? Ce que l'on donne à des acteurs, qui démoralisent les grandes villes et les pays entiers, n'est-il pas enlevé au pauvre infirme, à l'enfant abandonné, au vieillard décrépit, à la veuve et à l'orphelin? Mais les cris que poussent vers le ciel ces membres souffrants de Jésus-Christ, leurs souffrances et leurs gémissements ne font-ils pas nécessairement tomber, sur ceux qui se livrent, à leurs dépens, à des plaisirs criminels, des anathèmes qui se font sentir sur les enfants et les petits enfants, jusqu'à la dernière génération? Si l'on employait à doter et à soutenir nos établissements de charité et à en créer d'autres, à mesure que le besoin s'en fait sentir, les grosses et énormes sommes que viennent chercher des acteurs et des comédiens, n'en serait-on pas plus béni du Ciel et plus heureux sur la terre?
Tels sont, N. T. C. F., les avis charitables que Nous avions à vous adresser, pour prévenir, s'il est possible, l'invasion de l'immoralité des théâtres, dont notre ville est menacée. La glorieuse Vierge Marie, notre tendre Mère, notre puissante Patronne à tous, au nom de laquelle nous vous les donnons, nous secourra dans ce danger imminent, et nous obtiendra la fidélité, la force et la docilité qui nous sont si nécessaire», pour opérer notre salut avec crainte et tremblement. C'est à ses pieds sacrés que Nous déposons cette Lettre avant de vous l'envoyer; c'est par son cœur compatissant que Nous la faisons passer, afin qu'elle daigne, en la bénissant, lui faire produire des fruits de salut. Toutes les vierges innocentes et pures lèveront leurs mains suppliantes vers son trône, afin d'implorer son assistance dans ces jours mauvais.
Cette Circulaire sera lue au prône de toutes les Eglises de la ville et de la banlieue où se fait l'Office public, et au chapitre de toutes les communautés, et commentée au besoin. Nous vous bénissons tous, N. T. C. F., au nom de Notre Seigneur et de son Immaculée Mère, qui, ayant écrasé la tête du serpent infernal, au premier moment de sa conception pure et sans tache, voudra bien aussi nous préserver du venin infect qu'il cherche à répandre dans notre heureuse et paisible société.
IG., ÉV. DE MONTKÉAL.
Montréal, le 29 août 1868.
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samedi 1 juin 2013
Nouvelles acquisitions!
Je viens tout juste de recevoir deux bouquins, commandés il y a quelques semaines, destinés d'une part à mon plaisir personnel... d'autre part à l'approfondissement de mes connaissances et de mon travail (de mise en scène, de recherche, de billet sur ce blogue).
Le premier, Et Molière devint Dieu, publié en 2009 aux éditions Domens sous la plume de Claude Alberge, raconte, dans une intéressante histoire anecdotique et richement illustrée, comment s'est construite la postérité de Molière, de sa mort à la grande période du XIXième siècle, de l'indifférence quasi généralisée à l'adulation. Comme cette histoire (vraie ou fausse?) publiée dans un journal en 1898, qui expliquerait peut-être la raison pour laquelle aucun manuscrit et très peu de papiers attribués à Molière n'ont été retrouvés:
Un paysan, conduisant une charrette attelée d'un âne, s'arrête, rue de Richelieu, devant la porte de la Bibliothèque Nationale. Il demande à parler au directeur. «J'ai chez moi, depuis des années, une grosse malle pleine de papiers très vieux, les papiers de Monsieur Molière; il y a des lettres, des comptes, des pièces de comédie... Ma foi, comme ça m'encombre, plutôt que d'en allumer mon feu, je viens les lui montrer et lui demander s'il m'en donnerait bien une pièce de vingt francs.» La réponse est laconique: «Les bureaux sont ouverts le jeudi, de trois à cinq.» Et notre charretier se retire. Avec quelques retards, les autorités s'inquiètent et, ne le voyant pas revenir, lancent des appels dans la presse; les préfets mobilisent la maréchaussée sur la piste du mystérieux équipage. En vain.
L'autre essai qui vient d’atterrir sur ma table de chevet (enfin, sur n'importe quelle autre table de la maison!) est le fait de Anne-Françoise Benhamou, Dramaturgies de plateau, publié en 2012 aux Solitaires Intempestifs.
Comme je ne l'ai pas encore feuilleté et que je l'ai acheté sur le simple intérêt du résumé de la quatrième de couverture, le mieux que je peux faire est de copier celui-ci: Je ne crois pas qu’on puisse chercher quelque chose au théâtre sans un cadre de pensée. Encore faut-il que ce cadre permette l’expérimentation de la répétition‚ et même la favorise‚ la provoque‚ la rende nécessaire ; autrement dit‚ que la réflexion dramaturgique conserve une ouverture qui appelle sa transformation par la scène. C’est ce processus de contamination de la pensée par le jeu‚ et réciproquement‚ que je nomme dramaturgie de plateau.
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