J'y reviens encore et encore (après en avoir parlé abondamment dans des billets antérieurs): quel plaisir que de feuilleter le florilège de textes théâtraux (plus de deux cents écrits - et une centaine de citations! - d'auteurs, metteurs en scènes, théologiens, théoriciens, concepteurs, comédiens, spectateurs... et j'en passe!) colligés par Odette Aslan sous le titre L'Art du Théâtre!
Que de perles! Que de belles trouvailles... comme cette description du rôle que doit occuper le théâtre dans une société (lire ici, dans la région!) écrite et lue lors d'une causerie au Teatro Espanol, par Federico Garcia Lorca le 31 janvier 1935:
Que de perles! Que de belles trouvailles... comme cette description du rôle que doit occuper le théâtre dans une société (lire ici, dans la région!) écrite et lue lors d'une causerie au Teatro Espanol, par Federico Garcia Lorca le 31 janvier 1935:
Le théâtre est un des instruments les plus expressifs, les plus utiles à l'édification d'un pays, le baromètre qui enregistre sa grandeur ou son déclin. Un théâtre sensible et bien orienté à tous ses niveaux, de la tragédie au vaudeville, peut transformer en quelques années la sensibilité du peuple. Tandis qu'un théâtre dégradé, où le sabot fourchu remplace les ailes, peut gâter et endormir une nation entière.
Le théâtre est une école de larmes et de rire, une tribune libre où l'on peut défendre des morales anciennes ou équivoques et dégager, au moyen d'exemples vivants, les lois éternelles du cœur et des sentiments de l'homme.
Un peuple qui n'aide pas, qui ne favorise pas son théâtre est moribond, s'il n'est déjà mort; de même, le théâtre qui ne recueille pas la pulsation sociale, la pulsation historique, le drame de son peuple, et la couleur authentique de son paysage et de son esprit, ce théâtre-là n'a pas le droit de s'appeler théâtre mais «salle de divertissement» local tout juste bon pour cette horrible chose qui s'appelle «tuer le temps».
Le théâtre est une école de larmes et de rire, une tribune libre où l'on peut défendre des morales anciennes ou équivoques et dégager, au moyen d'exemples vivants, les lois éternelles du cœur et des sentiments de l'homme.
Un peuple qui n'aide pas, qui ne favorise pas son théâtre est moribond, s'il n'est déjà mort; de même, le théâtre qui ne recueille pas la pulsation sociale, la pulsation historique, le drame de son peuple, et la couleur authentique de son paysage et de son esprit, ce théâtre-là n'a pas le droit de s'appeler théâtre mais «salle de divertissement» local tout juste bon pour cette horrible chose qui s'appelle «tuer le temps».
Ça donne à réfléchir... Et ici? Quel rôle donne-t-on au théâtre? Quel rôle le théâtre lui-même se donne-t-il... si tant est qu'on lui en attribue la possibilité?