J'arrive tout juste de la conférence de presse tenue par Les Têtes Heureuses pour présenter leur très prochaine production, Ubu Roi d'Alfred Jarry et leur(s) autre(s) activité(s) pour l'année.
Un Ubu Roi contemporain... personnifié par Christian Ouellet... et, par conséquent, à l'opposé de l'imagerie populaire qui fait de ce personnage un grotesque pantin. Une mère Ubu sous les traits de Martin Giguère (un travestissement cher aux Têtes Heureuses), trois autres comédiens et un choeur de cinq étudiants avancés en théâtre (bien qu'indiqué dans leur mission, ce volet académique fait toujours l'objet d'un débat et nuit bel et bien à la compagnie....). Un espace comme le metteur en scène les aime: dépouillé, central, et intégré dans l'architecture du Petit Théâtre.
Pourquoi monter Ubu Roi de no jours (la pièce a été écrite en 1888 et créée en 1896)? Cette pièce, étrange, comme le dit le directeur artistique, met en scène le modèle le plus répandu du pouvoir au XXième siècle. Ubu c'est bien sûr Staline, Hitler, Mao, Ceausescu, et sa Pologne imaginaire le Rwanda ou le Cambodge. Mais plus contemporain, c'est un président Poutine, plus modeste un premier ministre Tim Horton, plus proche un maire sans opposition. Et plus proche encore, c'est chacun de nous: «Monsieur Ubu est un être ignoble, ce pourquoi il nous ressemble (par en bas) à tous» (Jarry).
Un peu plus (bien que le choix de la pièce ait été influencé par le contexte actuel d'élections à répétitions au niveau fédéral, provincial et par les élections municipales), et ce spectacle deviendra un manifeste clamant haut et fort l'utilité du théâtre et son pouvoir de changer les choses... à tout le moins, sa capacité de donner conscience à ses spectateurs.
____________________________Pour des raisons qui me dépassent quelque peu et par un chronique manque de temps, c'est la première fois, depuis de nombreuses années, que je ne suis pas directement impliqué dans un de leur projet... Comme tout passe...