vendredi 30 juillet 2021

Un regard en arrière sur le FIAMS 2021 (3)

ne autre petite journée à travers les propositions du FIAMS. Je ne suis pas aussi assidu que je l'aurais souhaité, mais bon.

PANEL SUR LE THÉÂTRE JEUNESSE

J'ai participé avec d'autres collègues (Marilyne Renaud, Marie-Pier Fleury, Annick Pedneault) et la dramaturge Suzanne Lebeau à un panel sur le théâtre jeunesse, webdiffusé sur les plateformes du FIAMS. Quelles sont les spécificités du théâtre jeunesse? Comment l'aborder? Quelle est la place des enfants dans la création? Telles étaient les questions de base que tous avions. Mais le temps a passé tellement vite que finalement, nous n'avons pas pu échanger tant que ça! 

Dommage, parce que les discussions entre nous en amont de la séance et qui s'est poursuivie tout de suite après dans le studio étaient franchement passionnantes! 

Le panel est encore accessible sur la page Facebook du FIAMS.

UNE BRÈVE HISTOIRE DU TEMPS

Le Théâtre du Renard, nous dit son site web, s'est donné pour mission de transmettre à son public des savoirs provenant de domaines spécialisés tels que la science, l'économie ou la philosophie. Rien de moins! 

Le spectacle présenté refera donc, en une petite heure, le fil des grandes lois de la physique, sur l'espace-temps, d'Aristote à Hubble, de la terre ronde à la relativité générale, etc. 

Il s'agit, en fait, d'une conférence menée avec beaucoup d'humour et de charme par Antonia Leney-Granger. Le sujet est complexe. Archi-complexe! Pourtant, si le tout aurait pu devenir barbant, il en résulte une représentation vive qui fait constamment surgir les rires des spectateurs devant les démonstrations à l'aide d'objets anodins (et de la façon très minimaliste de les manipuler) et par le ton utilisé pour verbaliser ces théories toutes plus abstraites les unes que les autres.

C'est fou. C'est déjanté. Comme quoi la science peut aussi être matière à divertissement!

CONTES ZEN DU POTAGER


C'est difficile de résister à cette proposition du Théâtre de la Pire Espèce, passé maître dans le théâtre d'objets.

Une succession de petites vignettes orientales (il y en aura quoi... une douzaine?) présentent, sur des codes réinterprétés du théâtre japonais, des leçons de zénitudes. Des petites morales pour accéder à la paix, la connaissance de soi. 

Armés de légumes de saison qui deviendront les différents personnages et d'une bonne dose de charisme, les deux protagonistes donneront un bon exemple du minimalisme oriental (du moins tel que le cliché occidental le présente) auquel on est en droit de s'attendre dans ce  quasi nô maraîcher! Un minimalisme de surface, je tiens à  le préciser, parce qu'il est soutenu par une virtuosité et une ingéniosité dans l'utilisation de nombreux accessoires. 

Tout est dans la simplicité. Dans la minutie du geste. Dans le maintien de conventions dans ce cérémonial théâtral. Et enfin, dans l'imagination du spectateur qui voit des univers entiers se construire à partir de presque rien. 

Jamais nos légumes n'auront eu un tel pouvoir de suggestion!

C'est un spectacle tout simplement remarquable.

Pour en voir une meilleure idée, visitez le site web de la compagnie.

jeudi 29 juillet 2021

Un regard en arrière sur le FIAMS 2021 (2)

Au cours de la journée d'hier, je n'ai vu qu'un seul spectacle, soit Tricyckle de la compagnie Les Sages fous, présenté au Côté-Cour.


D'emblée, ce qui m'a le plus touché, de ce spectacle, c'est l'esthétique patinée tout de bric-à-brac construite, dans un espace ceint par une courtepointe de rideaux aux teintes verdâtres. Dans cette petite arène circassienne, un homme sur son tricycle tirera une petite roulotte surchargée de laquelle il tirera de nombreux objets pour refaire le monde.

Parmi les images marquantes de ce spectacle, il y a l'édification de la petite ville par l'accumulation de boîtes illuminées. Il y a aussi la naissance du petit être un peu effrayant. Puis, il  y a l'image globale. 

Pour ma part, il  y a quand même un mais

Dès le départ, nous avions été averti: ce spectacle fonctionne sur un mode onirique, convoquant beaucoup plus les impressions qu'une trame narrative. Je comprends la proposition. Je comprends le travail... même si, je l'avoue, je n'y ai pas adhéré. Peut-être n'étais-je pas dans une bonne disposition.

Je reconnais, par ailleurs, l'essence fortement poétique de la source d'inspiration (les hommes tricycles qui recueillent, de par la ville, des objets de toutes sortes) et le 

Il n'en demeure pas moins que ce spectacle a plu, si je me fie aux différents échanges que j'ai eu au cours de la journée avec d'autres spectateurs. 

Pour plus de détails sur le spectacle, visitez le site  web de la compagnie.

mercredi 28 juillet 2021

Un regard en arrière sur le FIAMS 2021 (1)

Depuis hier, le Festival International des Arts de la Marionnette au Saguenay (FIAMS) se déploie un peu partout sur le territoire. Un événement majeur qui revient tous les deux ans et qui présentent, chaque fois, un imposant panorama de ce qui se fait dans le monde du théâtre de marionnette, de l'objet, de la manipulation. 

FURIOSO


Le Théâtre de l'oeil présentait, en ouverture du FIAMS (et en grande première) sa plus récente création, Furioso, sur un texte d'Olivier Kemeid et une mise en scène de Simon Boudreault. 

Ce spectacle (60 minutes) présente, devant un mur aux multiples ouvertures comme tout autant de petites scènes, un conte atemporel aux diverses tribulations qui se plaisent à se multiplier et à transporter furieusement ses personnages (des marionnettes à tige magnifiques et des acteurs dynamiques!) en quête de quêtes! Qui gagnera la guerre? Qui aimera la princesse? Qui sera le héros? Qui la retrouvera? Qui est qui? Qui aidera? Qui nuira? Qui aimera qui finalement? Voilà une épopée sur les désirs!

Les situations sont tellement nombreuses qu'il est difficile de bien raconter. De toute façon, ça ne rendrait pas justice au spectacle!

Mais une chose est sûre: l'histoire devient vite un prétexte pour le plaisir du spectateur (jeune comme adulte) qui laisse librement défiler les mots et les actions pour s'amuser fermement avec les comédiens, les ruptures de tons, les apartés, les changements de plans, les clins-d'oeil plein de sous-entendus, et une esthétique bien léchée! Les péripéties s'accumulent dans ce monde aux frontières comiquement floues dont l'imagination reste le principal et plus solide ancrage. Il est facile et bon de s'y laisser bercer et de se laisser raconter!

Ainsi, il y a pleins de petits moments fort savoureux dont j'aimerais parler mais ça se ferait au détriment de la découverte! Il faut le voir! 

Il en résulte une oeuvre forte, amusante, qui gagnera assurément en maîtrise au gré des prochaines représentations! 

Si vous voulez en savoir plus sur la démarche de la compagnie lors de cette création, visitez leur site web.

LES KAKOUS


Avant la représentation, nous avons pu apercevoir, à l'extérieur, deux bêtes fantastiques, les Kakous, présentés par la compagnie Imagicario, lors d'une petite animation toute simple (!). 

Sorties de nulle part, ces créatures gigantesques se sont jointes à l'attroupement (ou vice-versa) et se sont vite adaptées à leur nouvel environnement pour inscrire de plain-pied leur mythologie et fiction dans notre réalité. Nous n'aurions pas été plus émerveillés en foulant le sol du Parc Jurassique!

La qualité de la manipulation de ces colosses, la virtuosité manifeste de ces artistes, la qualité de leurs improvisations dans l'interaction avec l'espace (la rencontre de l'autobus, par exemple ou le snack dans les buissons de la salle) ou avec les gens ont fait de ces quelques minutes des instants fantastiques.

Si vous voulez en savoir plus sur le processus de création et le fonctionnement de ces majestueuses bestioles, visitez leur site web.

mardi 27 juillet 2021

Le grand Fred Barry

Voici un documentaire de l'ONF consacré à une figure importante du théâtre québécois de la première moitié du vingtième siècle: Fred Barry. L'intérêt de ce film porte également sur les autres personnages qui entoureront le comédien et qui ont aussi eu une grande importance en leur temps, notamment Gratien Gélinas, Germaine Giroux et Henry Deyglun.



Pour lui rendre hommage, une salle du Théâtre Denise-Pelletier porte son nom.

lundi 26 juillet 2021

«Grande Baie» du Théâtre du Mortier

J'ai assisté, hier après-midi, à l'une des représentations de Grande Baie du Théâtre du Mortier. Prévu, à la base, en extérieur, devant la Pyramide des Ha! Ha!, le spectacle devait avoir, comme décor, un vrai paysage dans lequel s'inscrire mais la météo a plutôt voulu que j'y assiste (malheureusement) dans une salle fermée et beige du Musée du Fjord, partenaire du projet. 

D'une durée de 30 minutes, la pièce - plus impressionniste que réaliste - revient sur le déluge de juillet 1996 (dont on célèbre, cette année, le 25ième anniversaire) par bribes de souvenirs portés par deux comédiens qui n'en connaissent que ce qu'en retient l'imaginaire collectif et les archives puisque l'un n'avait que trois ans lors des faits et l'autre n'était pas née! 

Leur vision sera peut-être alors plus subjective grâce à ce recul temporel.

Le principe en est simple. 

Les comédiens raconteront, à partir d'un texte de Girard basé sur des témoignages de personnes ayant vécue le sinistre, les événements en empruntant divers personnages. Il n'y aura pas, dans cette présentation, de prétention purement historique. Que de courtes évocations entremêlant fiction et réalité, avec un leitmotiv récurent: «Personne n'aurait pu prévoir.» Si quelques clichés s'insèrent néanmoins dans le travail, il n'en demeure pas moins bien ficelé et intéressant à regarder.

C'est drôle. Sensible. Et le tout rend surtout hommage, finalement, à la résilience, à l'empathie et à la solidarité de la population. 

L'espace se compose principalement de caisses de bois et d'une quinzaine de petites maisons de bois, posées sur des tiges qui serviront, d'une part, de cases pour accessoires lors des transformations de personnages puis pour (dé)faire, au gré de la représentation, une construction scénique rappelant le déferlement de l'eau emportant les maisons. C'est d'ailleurs peut-être là que se trouve la plus grande force poétique de l'oeuvre: construire peu à peu, par des moyens minimalistes (tissus, rubans, accessoires bleus et maisons), une image qui finira par atteindre une belle puissance suggestive de l'horreur de ces inondations. 

Avec ce projet, le Théâtre du Mortier continue d'affûter son langage esthétique et artistique et poursuit assurément son cheminement vers la pleine reconnaissance de son action.

dimanche 25 juillet 2021

Quand le théâtre s'en va chez le diable

Dans la petite histoire du théâtre du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Ghislain Bouchard occupe, avec raison, une place dominante alors qu'il a fondé et dirigé de nombreuses troupes et projets d'envergure dont les plus notables sont, bien évidemment, La Marmite et La Fabuleuse histoire d'un Royaume.

Il est, sans conteste, une figure marquante des arts de la scène. Toutefois, c'est une figure profondément attachée à une vision traditionnelle et conventionnelle du théâtre. Il ne peut qu'être confronté, dans les années '70, à cette émergence exponentielle du théâtre expérimental, du théâtre engagé, de la création collective qui remettent en cause les habitudes et les codes aristotéliciens... à ce développement de professionnalisation qui changent les paradigmes de la pratique.

C'est donc dans un état d'esprit quelque peu sceptique face à l'évolution du théâtre dans la région et au Québec qu'il donne son avis à la journaliste culturelle, Madame Christiane Laforge, pour le compte du journal Le Quotidien de ce 13 mai 1975:


Cette période dont il est question - ce théâtre des années '70 ici questionné - est considérée, avec le recul, comme étant un nouvel âge d'or du théâtre québécois. Ici, au Saguenay, il sera porté par des compagnies qui donneront ses assises à notre théâtre professionnel: les Amis de Chiffon, la Rubrique et les Têtes Heureuses.

Cet article illustre bien, à mon sens, cette lente transition qui va du théâtre amateur vers le théâtre professionnel.

samedi 24 juillet 2021

Parcours d'un critique de théâtre

 

C'est là le plus récent bouquin que je me suis commandé et qui retrace le parcours de Michel Vaïs qui, pendant des années, rédacteur en chef de Jeu (en fait, pour être encore plus précis, il a fait partie de l'équipe fondatrice de cette importante revue en 1976) et critique théâtral, jusqu'en 2005, à la défunte Chaîne Culturelle de Radio-Canada. 

Un livre qui promet d'être intéressant. D'abord parce que l'auteur fut aussi un praticien ayant choisi de rester du côté du miroir où le regardant voit, apprécie, commente celui qui est regardé comme le dit Pintal dans la préface.

Puis parce qu'en tant que critique spécialisé en théâtre, il a une vision rigoureuse de sa fonction, de sa compréhension du métier, de son rapport à la pratique qui fait bon lire et qui fait terriblement envie en regard de l'état de la (non-)critique aujourd'hui, ici, au Saguenay-Lac-Saint-Jean et ailleurs au Québec. Tout le chapitre 2 de l'ouvrage est consacré à ce métier. 

Enfin, ce qui est aussi passionnant dans cette lecture à venir, c'est donc sa grande connaissance du milieu, plus particulièrement du théâtre d'avant-garde des années 60 et 70 alors qu'il a fait partie d'entreprises marquantes, notamment avec les Saltimbanques (dont j'ai déjà parlé plus d'une fois). De ce théâtre de recherche et d'expérimentation, il en a fait son champ d'expertise. Au gré des pages se dessinera l'évolution de ce pan théâtral québécois.

jeudi 22 juillet 2021

Plus ça change...

Parcourir les archives, c'est aussi (et assez rapidement!) se rendre compte que certaines choses ne changent guère. Que les emjeux évoluent, certes... mais que certains autres restent désespérément présents.

Pour preuve, cet article, signé par Monsieur Yvon Paré, paru dans Le Quotidien du 18 mars 1978 (j'avais un an!), faisant un compte-rendu d'un colloque tenu à Chicoutimi pour discuter du théâtre d'ici...


mercredi 21 juillet 2021

Dans les nuances du théâtre de l'absurde


Alors que mon Dictionnaire encyclopédique du théâtre de Michel Corvin traîne sur ma table du salon, il m'est venu l'envie de le feuilleter pour regarder ce qu'il dit du théâtre de l'absurde... genre méconnu s'il en est un, souvent défini par son seul intitulé absurde

D'emblée, ce n'est pas systématiquement une veine comique... loin s'en faut! Ce n'est ni du vaudeville, ni du burlesque même s'il peut (comme dans La Cantatrice Chauve du Théâtre 100 Masques) en avoir les apparences. Son absurde n'est, en aucun cas, synonyme de légèreté ou de bouffonnerie.

Que soutient-il exactement?

Sous l'appellation de théâtre de l'absurde, on désigne la plus importante génération d'auteurs dramatiques de la seconde moitié du XXième siècle, au premier rang desquels Beckett, Ionesco, Adamov, Genet et Pinter. À mesure que leurs oeuvres respectives se singularisaient, ces auteurs ont prouvé qu'ils ne formaient - même s'il existe manifestement, quant aux thèmes et à la forme, un dénominateur commun entre eux - ni une école ni une tendance homogène de l'écriture dramatique contemporaine.

Le metteur en scène Blin insiste bien sur le fait que «ce sont les critiques qui ont établi une connivence entre des auteurs qui étaient totalement seuls, une convergence qui n'existait pas» et il ne veut retenir qu'«une connivence avec l'époque.» «Connivence avec l'époque», c'est-à-dire reprise à leur compte par Adamov, Beckett et Ionesco - ces trois exilés qui ont choisi Paris et la langue française - des thèmes existentialistes, dont celui de l'«absurde», que véhiculèrent la littérature et le théâtre de Sartre et de Camus et, surtout, de ce malaise, de cette angoisse d'un déracinement et d'une insécurité généralisée qui caractérisent l'Europe d'après Auschwitz. 

La dramaturgie de Beckett, de Genet, de Ionesco, d'Adamov en ses débuts nous montrent des êtres qui ont perdu leurs attaches et leurs repères intimes aussi bien que cosmiques et qui errent, le plus souvent immobiles, à la recherche d'un introuvable refuge. Allégorie d'une humanité en souffrance dans les décombres du «Théâtre du monde». 

[...] Parcelles de vie prises dans les tourbillons du néant, êtres repliés sur eux-mêmes, enkystés dans leur «vieux coin» et/ou perdus dans le no man's land, créatures d'un langage qui prolifère de façon cancéreuse et se perd dans le «nonsense», les personnages du «théâtre de l'absurde» sont des anti-héros par excellence et ils atteignent [...] aux plus petites dimensions humaines possibles.

[...] Théâtre de l'«inquiétante étrangeté», a-t-on pu dire, en parant d'un concept freudien cette dramaturgie des années cinquante. Le sentiment d'inquiétante étrangeté procéderait, d'après Freud, de l'«exagération de la réalité psychique par rapport à la réalité matérielle». Or cette exagération est bien une tendance clé du «théâtre de l'absurde»: ce que nous voyons déployé sur la scène, c'est le spectre d'individus saisis par les pulsions, les hantises, les fantasmes, les rêves et les névroses d'un temps et d'un espace donnés: l'Occident au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. On a d'ailleurs reproché à ce «nouveau théâtre» d'exalter, dans sa vision pessimiste et fataliste de la condition humaine, l'individu et de négliger complètement les circonstances sociales et historiques. 

Ce théâtre de l'absurde impose donc tout un champ de réflexions, de pistes de travail. Bien sûr, dans le cas de notre production estivale de La Cantatrice Chauve du Théâtre 100 Masques, nous avons misé sur l'effet comique de la pièce beaucoup plus que sur cette théorie. Mais il est tout de même intéressant de la connaître!

mardi 20 juillet 2021

Retour à Ostrovski

 


Je suis un grand fan de la littérature (dramatique ou non) russe. Je ne saurais trop dire pourquoi exactement, ni définir l'origine de cet intérêt... mais il est solide,  nourri notamment par mes lectures d'essais théâtraux, particulièrement ceux de la première moitié du vingtième siècle. 

Bref, voici donc un auteur - Alexandre Ostrovski - qui est apparu très très très souvent au tournant d'une page, d'un praticien... et dans lequel il était temps que je me plonge! Ce sera chose faite maintenant que je viens de recevoir les deux tomes de son théâtre parus chez L'Arche Éditeur (1966-1967).


Voici ce qu'en dit  brièvement le Dictionnaire encyclopédique du théâtre de Michel Corvin:

Alexandre Ostrovski (1823-1886) - Auteur dramatique russe dont la cinquantaine de pièces domine le répertoire de 1850 à 1885. Considéré comme un maître du théâtre de moeurs, il a dressé un fresque sociale minutieuse de la Russie, à travers des situations et des personnages représentatifs, avec une langue savoureuse et juste. 

dimanche 18 juillet 2021

Du travail des représentations!


Qu'un metteur en scène considère son travail comme achevé dès la première représentation, voilà qui est dangereux. Car, pour le metteur en scène, la partie la plus importante de son travail commence quand il tient compte de la salle pour laquelle il construit son spectacle.

C'est un travail très compliqué. La modification de certains détails de la construction, la prise en compte du temps et celle des réactions de la salle, l'état dans lequel se trouve l'acteur sur scène, les sérieux ennuis qu'amènent parfois des jeux de scènes construits de façon peu commode pour l'acteur, tout ce qui se révèle surtout lors des représentations et non pas aux répétitions - autant d'éléments qu'il faut prendre en considération et dont il faut tenir une sorte de relevé. [...] C'est une question d'une grande importance, et bien entendu, le metteur en scène doit non seulement mener ce travail, mais même parfois répéter à nouveau pour manifester clairement la nouvelle structure du spectacle qui tienne compte de la salle.

C'est, encore une fois, un morceau des Écrits sur le théâtre de Meyerhold (tome 2).

Je suis de cette catégorie de metteurs en scène présent pratiquement à toutes les représentations (à quelques exceptions près) pour prendre des notes, faire des corrections, donner de nouvelles indications, couper, proposer. Avec l'idée que le travail de production prend fin lors de la dernière seconde de la dernière représentation (et encore... puisqu'il y a nécessairement une période de retours, d'analyses, de réflexions). Et je trouve que Meyerhold définit très bien ce qu'est, tout-à-coup, voir son propre spectacle dans les yeux des autres.

Je suis aussi partisan de ce rôle dévolu au metteur en scène: ajuster les différentes cordes aux réactions du public. Comme si le spectacle, la technique et les acteurs (en premier plan!) devenaient un immense instrument de musique qu'il faut maintenir accordé.

Et c'est peut-être pour tout ça que je reste toujours un éternel insatisfait! 

lundi 12 juillet 2021

De salle de théâtre en sale théâtre!

Comment ne pas aimé fouiller dans un journal qui se nomme pompeusement La Vérité pour y découvrir, dans ses colonnes à peine dogmatiques et si peu moralisatrices, de beaux petits morceaux d'éloquence d'où devraient suinter l'empathie et la charité chrétienne... comme cet article paru le 1er juillet 1911:



dimanche 11 juillet 2021

Quand «menacée» n'est pas assez dire!


Il y avait longtemps déjà que Monseigneur Paul Bruchési, archevêque de Montréal (1897-1939) et virulent contempteur du théâtre, n'était apparu dans ce blogue (après ses passages remarqués ici).

Comme je ne manque jamais une chance de mettre en valeur ses logorrhées anti-théâtre (et bien honnêtement, condescendantes), je ne pouvais passer à côté de cette lettre pastorale donnée en chaire le 26 novembre 1905 et publiée dans le journal La Croix quelques jours plus tard, le 2 décembre:

samedi 10 juillet 2021

Du rapport à la tradition

Il est parfois difficile de sortir des ornières de la tradition théâtrale... d'autant plus quand nous nous confrontons au répertoire, à ces textes dont les personnages sont archi-connus et dont de nombreuses productions, au fil du temps, en ont donné des versions marquantes, des modèles difficiles à oublier, à laisser de côté lors des répétitions.

Ainsi, de nombreuses œuvres sont tellement inscrites dans l'imaginaire collectif,  qu'il semble impossible d'en proposer une nouvelle version scénique. 

C'est notamment ce que pensait Meyerhold, lorsqu'il a monté, en 1924, La Forêt d'Ostrovski (qui est l'un des chef-d'oeuvre de la littérature dramatique russe). Voici son inspirante réflexion sur le sujet (tirée du tome II de ses Écrits sur le théâtre, p. 173, éditions L'Âge d'Homme)

Il est utile de toujours commencer contre la tradition établie, cela éclaircit la scène et le personnage, conduit à une remise en cause, une réévaluation, cela rafraîchit et actualise la pièce, puisque le travail est mené sur un terrain mis à nu. Si au bout du compte nous arrivons quand même à une interprétation traditionnelle, une couleur nouvelle, fraîche, aura cependant été introduite dans cette réinterprétation. Et la tradition elle-même aura été perçue comme une substance essentielle et non pas comme une forme avec un contenu usé, vieilli. [...] Il faut savoir lancer des pétards sous les jambes des spectateurs, alors il ne s'ennuiera pas.

Si le metteur en scène ne parvient pas à se libérer du carcan de la tradition, il y a un risque de tomber dans le cliché... ce à quoi Meyerhold - qui a toujours le bon mot pour tout - répondra que, justement, le cliché est une tradition vidée de son sens

vendredi 9 juillet 2021

Au bûcher, l'auteur malpropre!

Le journal La Vérité, dont la parution s'échelonne de la fin du XIXième jusqu'au début du XXième siècle recèle les plus beaux petits articles virulents contre le théâtre, empreints de moralité et de bigoterie. Où les critiques ne sont pas artistiques, mais religieuses! S'il n'existait pas, nombre de billets de ce blogue n'auraient vu le jour!

En voici un du 15 avril 1893... qui pousse des cris d'orfraie contre un auteur malpropre (!) de drames sacrés:



Qui donc est cet auteur malpropre? Sa biographie wikipédienne définit Armand Silvestre comme un poète, romancier, dramaturge, critique d'art. Et l'oeuvre dont il est question, Les Drames sacrés, a aussi comme collaborateur, le compositeur Charles Gounod. Rien de moins.

jeudi 8 juillet 2021

La faute au public!

Le journal La Presse du 15 mars 1933 rapporte le point de vue du professeur René du Roure, de McGill, sur l'état rachitique (et historique!) du théâtre français à Montréal. 

Et la faute en est imputée... au public! 

mardi 6 juillet 2021

Du pageant aux Fabuleuses!

C'est aujourd'hui que débutent les représentations de la mouture covidienne de La Fabuleuse histoire d'un Royaume. En lieu et place de la version originale en salle, l'équipe de conception, sous la direction de Jimmy Doucet, a préparé un  nouveau spectacle inspiré de l'oeuvre originale, qui se présentera sous forme de grand déambulatoire: 


À tous ces gens, je souhaite bien du plaisir! Et bien du monde!

Il va sans dire que la région est une habituée des spectacles majeurs à grands déploiements. C'était une pratique profondément ancrée chez-nous. De nombreux pageants ont  été présentés au cours du dernier siècle (on a qu'à penser, notamment, aux oeuvres de Ghislain Bouchard, outre la Fabuleuse: Le tour du monde de Jos Maquillon, La tournée folle du Grand-Brûlé et La grande embardée), pour commémorer différents anniversaires. 

D'ailleurs, pour les intéressés, il y a ce bon document, Région du SLSJ - Fêtes et spectacles du Québec de Rémi Tourangeau, publié chez Nuits Blanches Éditeur.

Mais le spectacle historique qui a marqué notre histoire et les esprits reste le fameux pageant organisé dans le cadre du Centenaire de la région, présenté au cours de l'été 1938 (ici, quelques images de la structure qui a accueilli ce spectacle).

Pour nous donner une idée du contenu de cet événement scénique, voici un compte-rendu de Philippe (!), publié dans le Progrès du Saguenay de ce 28 juillet 1938:







lundi 5 juillet 2021

Le théâtre en crise... encore une fois

En ce 5 décembre 1929, Henri Letondal, comédien (qui ira tenter sa chance à Hollywood) et critique québécois, y va, dans La Presse, d'un vibrant plaidoyer pour le théâtre légitime et sa situation désastreuse dans la métropole qui n'a d'yeux que pour le burlesque venu des États-Unis.




dimanche 4 juillet 2021

Une taloche bien sentie au Père Émile Legault!


Dans l'histoire du théâtre québécois, le Père Émile Legault - fondateur des Compagnons de Saint-Laurent - est souvent considéré comme un précurseur, un pionnier de la professionnalisation de l'art dramatique... ou, à tout le moins, comme étant un important réformateur qui donnera ses assises à toute une génération qui mettra sur pied les institutions qui forment, encore aujourd'hui, une bonne partie du milieu. 

Pourtant, ce vénéré patriarche ne semble pas n'avoir eu que des amis... comme en témoigne ce bon papier paru dans le Radiomonde du 27 octobre 1945 et qui vise - avec raison! - à remettre quelques points sur les «i»:


C'est là une virulence qu'il fait bon lire et qui pose, dès 1945, ce fait qu'on tente parfois d'occulter: le théâtre professionnel, au Québec, n'a pas attendu les années '30 (du vingtième siècle) pour exister!

samedi 3 juillet 2021

Le public, vrai critique!

C'est fort intéressant, ce qui est dit dans ce billet (dont j'ignore qui est l'auteur), publié dans le Télé-radiomonde du 11 novembre 1967. Je trouve qu'il relativise bien les choses.

En cette période où la véritable critique s'amenuise dans l'espace médiatique, c'est un peu un état de fait que de laisser le public se faire sa propre idée!

vendredi 2 juillet 2021

Autocritique de «La Cantatrice Chauve»

À défaut d'avoir une critique (ou plus exactement un retour/compte-rendu) dans quelque média que ce soit (bien qu'un truc du genre devrait paraître dans le Quotidien un jour puisqu'il était là à la première), voici ce que j'aurais pu écrire, sur ce blogue, à propos de La Cantatrice Chauve... si je n'avais signé la mise en scène! 

On est jamais mieux servi que par soi-même! 


Ainsi donc, le Théâtre 100 Masques nous revient avec une nouvelle production estivale. Toujours en phase avec sa mission qui est d'explorer le répertoire (et ce dpuis 22 ans!), il jette son dévolu sur l'absurde (déjà abordé en 2006 lors de la mise en scène de Pique-Nique en campagne de Fernando Arrabal) et plonge, avec vigueur dans la première oeuvre d'Eugène Ionesco, maître du genre: La Cantatrice Chauve, pièce phare de ce théâtre existentiel et angoissé de l'après-Guerre.

De cette oeuvre construite sur le vide du langage comme moteur dramatique, la compagnie en a fait glisser quelque peu le sens pour en faire, plus exactement, un théâtre de l'exaspération, de l'impatience, de l'agacement.  Les Smith, les Martin, le Capitaine des pompiers ou Mary la bonne tous sont des éléments subversifs qui existent et agissent pour mettre à mal une routine pétrie de codes et de convenances. Sur scène, chacun des personnages devient source d'énervement, émetteur de contrariétés, jusqu'à l'apothéose de la dernière scène, syncopée, feux d'artifices de défoulement. L'éclatement - au propre comme au figuré - est de mise pendant une heure et demie!

Que de sueur et de sang versés au cours du spectacle!

Sous le jeu dynamique des interprètes qui s'inscrit fortement dans le corps, la posture, l'attitude, le geste et le déplacement, il est possible de sentir les influences meyerholdiennes du metteur en scène pour qui la mise en espace conjuguant rythme et chorégraphie remplace une exploration psychologique poussée. C'est d'ailleurs là une ligne directrice de son travail. Il en résulte une mise en scène fort présente - parfois même un peu trop, pourrait-on dire... - avec des effets comiques récurrents qui parsèment la représentation. Les détails sont nombreux, parfois simultanés, requérant du spectateur un regard actif. 

C'est une mise en scène hautement formelle, tant dans l'approche esthétique (qui unifie costumes et scénographie dans une même matière et une même couleur) que dans l'approche scénique (sur une aire de jeu rose s'étirant sur la largeur respectant un rigoureux principe de symétrie) et dramaturgique (avec des duos, des choeurs, des monologues). Le plateau se prête volontiers à des compositions de toutes sortes avec une utilisation marquée du mobilier et des accessoires.

Ce type de théâtre comporte toutefois de nombreux écueils en ce sens où il demande une énergie accrue du comédien - peu importe la fatigue ou la chaleur manifeste de la salle - et une rigoureuse concentration pour répondre aux différents stimuli dans ce jeu déchaîné d'actions/réactions. 

Il faut dire que chaque scène de ce texte, écrit en 1950, qui aligne les effets stylistiques (énumération, redondances, calembours, proverbes, etc), a un fort potentiel théâtral qui pourra être vif et fougueux... ou au contraire, languissant et lourd s'il n'est pas bien porté. L'hésitation - qu'on ne voit jamais tout à fait faire disparaître en ce début de cycle - est aussi un ennemi du timing.

Qu'un acteur baisse la garde et se perde dans sa tête, qu'une réplique soit escamotée, qu'un geste soit fait mécaniquement sans écoute, que le tempo souffre d'une faiblesse et l'ensemble perd de sa cadence infernale. C'est là un travail théâtral implacable au niveau de l'interprétation... qui force aussi l'admiration devant cette épuisante folie scénique!

Bref, ces six comédiens qui se démènent dans cet univers absurde valent le détour et donnent assurément une production intéressante à voir et à vivre!