lundi 29 mars 2021

Un saint en feu!


Ce beau petit morceau d'éloquence - dans le ton de tellement d'autres que j'ai publiés ici - a été écrit à la fin du XVIIe ou au début du XVIIIe siècle par le célèbre prêtre Louis-Marie Grignion de Montfort... né l'année de la mort de Molière (1673) et mort jeune, en 1716. 

Il faut savoir aussi que ce personnage ecclésiastique a été béatifié en 1888 puis canonisé en 1947. C'est donc dans la Confrérie des Saints qu'il peut déverser son fiel contre les comédiens.

dimanche 28 mars 2021

Une mauvaise actrice de moins... !

J'aime beaucoup les annonces mortuaires des grands comédiens des époques anciennes où il est question de conversion ultime, de tribulations funéraires, de cérémonies clandestines ou, au contraire, grandioses.

Voici donc, dans cette veine, un surprenant avis de décès d'une célèbre actrice (qui semble avoir été surtout une cantatrice) du XVIIIe siècle, Mme Favart (de son vrai nom Marie Justine Benoîte Favart, née Duronceray, et dite Mlle Chantilly à ses débuts sur scène), tiré de la Correspondance littéraire, philosophique et critique par Grimm, Diderot, Raynal, Meister, etc. 

Après une brève description du trépas de la pauvre femme, la notice poursuit avec une critique assez virulente de son jeu... à croire que son auteur n'était pas un grand fan de la dame!:


Voici quelques portraits de cette comédienne et, en lien, une biographie:





samedi 27 mars 2021

Journée Mondiale du Théâtre 2021

C'est aujourd'hui la Journée Mondiale du Théâtre. Pour cet occasion, à de nombreux endroits dans le monde, des textes seront lus avant les représentations ou lors d'activités spéciales. 

Voici les messages officiels de cette année.

Celui de l'artiste international (la comédienne Helen Mirren):

Celui québécois (Anglesh Major):



mercredi 24 mars 2021

À moi le pouvoir!

 

En voilà un qui a une haute estime de la fonction de directeur de théâtre! Et pourquoi pas! 

Il s'agit de Pierre Auguste Callet. Et cet extrait est tiré de son ouvrage La Voix mystérieuse, publié en 1852. Cette (belle!) remarque suivait cette mise en contexte:


Je ne suis pas un expert en histoire... mais je pense qu'il doit s'agir de ce personnage (en lien, ici, une notice wikipédienne), Louis-Désiré Véron:


mardi 23 mars 2021

De la critique... en 1933!

La question de la critique théâtrale a toujours été d'actualité. Et quand on lit un papier d'époque (comme celui-ci tiré du journal Le Canada du 16 septembre 1933) sur ce mal nécessaire, il est toujours étonnant d'en constater la contemporanéité... 



dimanche 21 mars 2021

Vingt ans de mises en scène!

 

C'est là l'affiche de mon tout premier spectacle... et si on regarde les dates, c'est donc dire que cette semaine, j'ai (non)célébré ma vingtième année comme metteur en scène!

Et depuis ces deux décennies, j'ai eu la chance et l'opportunité de travailler beaucoup, de créer dans toutes sortes de contextes, avec différentes équipes, de nombreux comédiens et concepteurs, d'approfondir des approches, de tester des trucs scéniques, d'explorer. 

Si je compte bien (et que mon c.v. n'a pas de trous!), j'aurais signé, à ce jour, 76 projets. J'aime les statistiques. Alors ça donne ça:
  • Théâtre 100 Masques (qui est mon attache principale depuis 21 ans!): 34
  • UQAC (ce qui inclut plusieurs projets de fin de bacc., ma maîtrise, la troupe de théâtre amateur, les cours d'ateliers de création): 13
  • Théâtre Mic Mac: 9
  • Société d'art lyrique du Royaume (j'y compte les grandes mises en scène et les projets jeune publics, dont un qui n'aura jamais vu le jour): 6
  • Cégep de Chicoutimi (avec la troupe Les Mal-Avenants... mais l'an passé, nous n'avons pas présenté notre projet): 4
  • Projets personnels (faits en mon nom... et s'il y en a peu, c'est que ceux-ci ont principalement été drainés par le Théâtre 100 Masques): 3 
  • Divers autres contrats: 7 
Ça donne une moyenne de 3.8 mises en scène par année! Bien sûr, tout n'a pas la même importance. Et chacun de ces spectacles avait ses propres buts et objectifs.

Dans le lot il y a de belles réussites, je pense... et des projets qui ont été extrêmement stimulants. Ils me laissent d'impérissables souvenirs. Il y a aussi, naturellement, des déceptions, des projets moins probants, moins satisfaisants. Ceux-là je m'en souviens aussi fort bien. Leur importance est proportionnelle à la remise en question occasionnée! Souvent ce sont des jalons dans le parcours. Des réalignements. Puis il y a les autres. Les spectacles où j'ai eu du plaisir, fait de belles rencontres mais dont les images qu'il m'en reste sont floues.

Y aura-t-il un autre vingt ans? Au même rythme? Prochain rendez-vous en mars 2041!

samedi 20 mars 2021

Poésie fielleuse

Voici une ode contre le théâtre trouvé en furetant dans le journal La Croix du 2 février 1905:


J'ai tenté de trouvé plus de détails sur cet auteur mais je ne crois pas y être arrivé...

vendredi 19 mars 2021

Du Grand Guignol en théâtre-web - À la recherche de points de vue...

Nous poursuivons, à l'UQAC, notre mise en scène d'une pièce de Grand Guignol en format théâtre web (pour vous rappeler ce dont il s'agit, voir ici et ici).

Après avoir ébauché la mise en place afin de donner à chacun une bonne idée de son champ d'actions et de sa présence, nous avons entrepris, hier, l'approfondissement de la mise en scène, uniquement du point de vue subjectif de chacun d'eux, de chacun des appareils téléphoniques. 

Pour qu'en tout temps, les lentilles soient dirigées vers des points importants. Pour que tous soient captés par au moins l'une des caméras. Pour que l'on cadre bien les choses et les personnages. Pour qu'on sente le personnage qui porte la vision (un peu dans le principe d'Un gars, une fille où les mains acquièrent une importance primordiale). Pour qu'on ait des champs/contrechamps, des plans rapprochés, des plans d'ensembles, des focalisations sur un objet ou une action, des travelings.

C'est fort passionnant... mais c'est aussi complètement fou comme travail, tant pour les étudiants que pour moi.

Pour travailler, les étudiants rejoignent une conversation Zoom pour que toutes les caméras puissent être vues en même temps. Ce qui donne un peu quelque chose comme ça (cette captation est prise pendant une pause... parce qu'en travail, il y a une bien plus grande préoccupation esthétique!):


Parce que la mise en scène est déconstruite. Ou pour être plus précis, elle est fragmentée, multipliée. S'il y a une mise en scène générale, relativement traditionnelle avec une mise en espace et des indications de jeu, il y a, quand on passe en mode diffusion, six mises en scène qui doivent se conjuguer simultanément. Chacune autonome, en quelques sortes... autonome dans un tout.

L'attention de chacun est alors sur-sollicitée. 

La caméra et le rendu sur écran impose une posture, une démarche, une gestuelle qui devra s'inscrire dans la mémoire corporelle  des étudiants. Car si nous avons des écrans pour nous aider à mettre en scène, ceux-ci disparaîtront progressivement au fil des répétitions. Et les représentations (parce que je rappelle que tout se fera en direct) devront se faire sans ces béquilles.

Le résultat sera-t-il probant?  Le récit sera-t-il accessible ou s'il sera trop morcelé? Et le son (nous attendons nos micros)? Sera-t-il convaincant? Nous le saurons quand nous aurons testé la plateforme de diffusion qui est présentement en cours de programmation! 

Comme le quoi même le contexte sanitaire actuel peut réussir à nous plonger dans une recherche fort stimulante!

mardi 16 mars 2021

Quand le théâtre est un «antre de la putréfaction»

Décidément, je ne me lasse pas de ces morceaux de littératures journalistiques qui se déchaînent contre le théâtre! J'en aime particulièrement la finesse du langage qui détonne avec la charge violente! J'en goûte fort la rhétorique judéo-chrétienne exubérante et virulente!

Comme dans cette lettre ouverte d'un spectateur scandalisé, frémissant d'horreur et de dégoût, publiée dans La Presse du 24 septembre 1920:



dimanche 14 mars 2021

Une histoire saguenéenne de «La Cantatrice chauve»

Le Théâtre 100 Masques présentera, cet été, La Cantatrice chauve d'Eugène Ionesco. Cette pièce (écrite en 1950) est probablement l'un des plus grands classiques du XXième siècle... assurément l'une des œuvres les plus jouées. 

La région n'est pas en reste et à vue, au cours des décennies, plusieurs productions de ce texte. En voici quelques-unes glanées dans les archives de BaNQ (et je fais abstraction ici de plusieurs montées dans un cadre académiques).

Il y a eu celle de La Marmite (Le Lingot, 11 novembre 1966), mise en scène par Ghislain Bouchard... en tournée régionale de Jonquière à Chicoutimi!:

Il y a eu celle du Théâtre Populaire d'Alma (Le Soleil du SLSJ, 21 janvier 1970), mise en scène par nul autre que Michel Côté (enfin, j'imagine que c'est le grand comédien d'aujourd'hui):


Il y a eu celle des Têtes Heureuses (Le Quotidien, 3 décembre 1985) à la fameuse Maison Carrée, mise en scène par Jean-Pierre Bergeron et dans laquelle jouait notamment Hélène Bergeron et Richard Desgagné:


Il y a eu celle de la troupe Excès-Taira (Le Quotidien, 11 juillet 1992) qui animait le théâtre d'été de St-Bruno, et dans laquelle jouait notamment Monique Gauvin:


Et il y  a eu celle de la toute nouvelle troupe de théâtre de l'UQAC, Mine de rien, (Le Quotidien, 27 novembre 2006) pour laquelle je signais (eh oui! j'en serai à ma seconde aventure ionescienne!) la première mise en scène... 



samedi 13 mars 2021

Quand la lorgnette contemporaine fausse le répertoire...


Je ne m'en cache pas, je suis un fan du répertoire ancien (ancienneté relative... de 10 ans, 100 ans, 1000 ans et plus!). J'aime plonger dans ces textes venus d'ailleurs, venus d'un autre temps, et les entendre résonner (et raisonner) aujourd'hui, faire converger ces échos du passé vers le public d'aujourd'hui. 

Et c'est parfois étonnant, détonnant, incroyable… Voir à quel point, finalement, l'humanité ne change pas... 

Du moins, quand on lit la pièce, tant comme créateur que comme spectateur, avec son propre système de valeurs qui recouvre celui de l'œuvre, de son époque et de son contexte social. 

Parce que comme il ne s'agit pas d'archéologie théâtrale, ni d'une reconstitution fidèle, il y a nécessairement tout un processus de réappropriation, de réinterprétation. Dans mon cas, avec une vision occidentale, américaine, québécoise, masculine, etc. que j'aborde chaque texte.

C'est ce qui fait la beauté de la chose. 

Mais parfois (j'ai vécu l'expérience dans des ateliers de lectures avec le Théâtre 100 Masques où des gens s'offusquaient de situations décrites dans des textes antiques), il peut y avoir des jugements de valeurs qui - sans être mauvais pour autant - demandent alors une bonne recontextualisation historique et une reconstruction (mentale, pour bien faire comprendre) d'un système de valeurs révolu. 

C'est ce que dit, en gros, ce petit extrait (p. 288) du Théâtre et société dans la Grèce antique de Jean-Charles Moretti publié chez Le Livre de Poche (et ce qu'il dit vaut pour tout répertoire):

Il n'est pas interdit de se réjouir de [la] survivance du théâtre grec par des mises en scènes contemporaines du répertoire, mais ce serait confondre la «construction du savoir» et la «gestion de l'avoir» que de penser que les spécialistes de littérature classique devraient avoir la haute main sur ces entreprises. Libre à chacun de trouver à Œdipe des complexes ou d'utiliser Lysistrata pour réclamer la parité entre hommes et femmes, mais que l'on n'aille pas croire que de telles lectures de Sophocle et d'Aristophane sont historiquement fondées. La littérature dramatique grecque n'est ni moderne, ni actuelle; elle a été produite dans une société dont nous ne partageons plus beaucoup de valeurs. Seule la polysémie intrinsèque à tout message permet de lui attribuer des sens qui n'étaient pas ceux recherchés par leurs auteurs. Laissons donc tout un chacun relire Sophocle, mais ne confondons pas les réflexions de nos contemporains qui donnent un sens moderne aux pièces antiques et les études de ceux qui tentent de restituer leur sens originel.

C'est donc là un bon défi que de bien connaître la matière utilisée et de savoir quelle est la part de la réinterprétation!

mercredi 10 mars 2021

Théâtre = détournement d'argent et de valeurs!

Que nous apprend la Gazette des campagnes: journal du cultivateur et du colon (publié à Ste-Anne de la Pocatière) en ce 28 février 1884? C'est assez simple: le théâtre c'est encore une fois le mal! Il est corrupteur (surtout, bien sûr, pour ces pauvres femmes et leurs filles spectatrices qui deviennent par la suite des parangons de l'adultère et du vice, rien de moins) et on y dépense cet argent qui aurait pu servir de plus grandes œuvres chrétiennes... 

(Je ne publie ici que le coeur de l'article, expurgé de ses références aux Pères de l'Églises, qu'on peut retrouver ici sur ce blogue.) 


Dommage que les temps changent. Les comédiens et comédiennes d'aujourd'hui auraient sûrement aimé pouvoir encore se vautrer couverts de soie, ruisselant de pierreries, vivant dans le luxe des orgies et des festins. Mais notre soie sent plus souvent qu'autrement la poussière, le vieux costumier et les artistes antérieurs. Nos pierreries viennent du Dollorama ou de chez Ardène. Nos festins sont chiches. Pour les orgies... je laisse ça à chacun. 

mardi 2 mars 2021

Qu'est-ce que le théâtre de Boulevard?

Peinture d'Adolphe Martial Potémont (1862) représentant le Boulevart du Temple où sont situé de nombreux théâtre au XIXe siècle... théâtres spécialisés notamment dans les mélodrames où les crimes sont légion! On surnommera ce Boulevard, le Boulevard du Crime... et c'est lui qui donnera aussi son nom au Théâtre de Boulevard... 

J'ai une certaine attirance pour ce qu'on appelle communément le théâtre de Boulevard: mélodrames, vaudevilles, Grand Guignol... 

C'est une riche époque théâtrale que celle qui couvre pratiquement tout le dix-neuvième siècle et qui s'éteint peu à peu après la seconde Guerre Mondiale. Une époque où le théâtre est l'art par excellence (avec ses forces et ses faiblesses), où il est véritablement populaire.

Voici comment Michel Corvin définit ce qu'est le théâtre de Boulevard dans son Dictionnaire encyclopédique du théâtre:

[...] Aussi le Boulevard ne saurait-il être qu'une forme hybride dont le territoire mal délimité a l'avantage d'accueillir aus. si bien la comédie (de moeurs, légère, satirique ou de caractère) que le drame (social et psychologique). Leurs caractéristiques communes, malgré la différence de ton, sont thématiques d'abord: le Boulevard ne s'intéresse aux hommes que sous l'angle de leur vie privée; le domaine exploité est celui de l'amour, du couple, de la famille, soit du social quotidien. Le particulier seul mobilise le Boulevard mais le particulier à l'usage du plus grand nombre. [...]

Que le Boulevard fasse rire ou pleurer, la pièce est réussie si elle est «bien faite». Formule un peu magique, comme d'une recette dont on ignorerait le secret et qui relève de critères moins dramaturgiques que sociologiques: une pièce est «bien faite» si elle va au-devant du spectateur par ses procédures insistantes d'étroite rationalité (tout doit s'expliquer et s'expliciter au Boulevard), de progressivité (le conflit linéaire une fois posé en termes nets et simples est emporté dans un mouvement, régulier ou accéléré mais toujours perceptible et qui achemine les personnages vers une fin imparable), de clarté: les personnages sont des types aux traits marqués sinon génériques qui permettent de savoir immédiatement «à qui on a affaire». Le tout est surindiqué à coups de redondance et de procédés rhétoriques (gradation et concentration des effets, antithèses et hyperboles). Le «clou» résidant dans la (ou les) scène(s) à faire, sorte de climax de la tension dramatique ou de l'explosion comique. [...]

Mais le Boulevard  ne serait rien sans son langage, et dans son langage, sans ses «mots d'auteur» [...]. Ces mots, il y en a de toutes sortes: des calembours, des à-peu-près, des glissements du sens propre au sens figuré, des détournements de formules toutes faites ou proverbiales, des effets de rimes, des symétries rythmiques et syntaxiques, en somme tous les procédés propres à provoquer un dédoublement du sens [...].

Du grand théâtre? Pas toujours, il est vrai... (quoi qu'il y a, en matière de comédie, les Labiche, Feydeau, Courteline, Guitry) mais une sacrée école de formation sur les types, les codes et les conventions, les procédés théâtraux!