jeudi 22 avril 2010

L'Assemblée des femmes [Carnet de notes]


C'est dans une heure et demie que débutent les répétitions de L'Assemblée des femmes d'Aristophane qui sera la prochaine production estivale du Théâtre 100 Masques.

Un début en appelle un autre!

À cette occasion, voici donc les premières lignes surprenantes de cette pièce écrite il y a quelque deux mille cinq cent ans (à la lecture, il ne faut pas perdre de vue le côté parodique de ce texte, son pouvoir comique). Les premières lignes qui seront les premiers mots à subir le transfert du texte à la scène (par Erika d'ailleurs...):

Ô rayonnante lumière de ma lampe d'argile, de ce lieu élevé tu frappes les regards. À toi seule nous confions nos secrets; et ce n’est pas sans raison: n’es-tu pas présente lorsque, dans nos appartements, nous essayons diverses postures des plaisirs d’Aphrodite; et personne ne redoute d’avoir ta clarté pour témoin de ses ébats voluptueux. Seule, tu éclaires nos cavités secrètes, dont ta flamme détruit la luxuriante toison. Ô lampe, la roue du potier a façonné tes contours comme la nature a façonné les miennes, et ta mèche imite l'éclat du soleil; puisses-tu répandre au loin le signal convenu! Je ne vois aucune de celles que j'attendais! Ah! Si on les avait convoquées pour la fête de Bacchus, les tambourins encombreraient les rues, tandis qu’à présent, je ne vois pas une femme, sauf ma voisine qui arrive. Bonjour, Cléonice.

Vernissage

Carton d'invitation de l'exposition

Hier soir avait lieu, à la Galerie l'Oeuvre de l'Autre, le vernissage de l'exposition finale des étudiants de la maîtrise en art sous le thème Voler du temps.

Au cours de cet événement, il y avait deux présentations à caractère théâtral.

La première avait pour titre Marie sans nuit (à chaque nuit une nouvelle Marie), un projet d'Erika Brisson à partir d'un texte d'Anick Martel (également étudiante à la maîtrise). Ce projet (que je connais bien parce que j'en ai fait la mise en scène) proposait un essai sur le vide, une étude sur des effets d'absence: gestes automatisés, décontextualisation, regards absents, interprétation neutre composé principalement par le rythme et le volume, défilement du texte sans donner le sens, absence de mot dans le texte. Assise sur un chariot (une scénomobile!), l'actrice devait entrer dans une concentration extrême pour faire face (en plus de toutes les contraintes mentionnées plus haut) aux déplacements de son objet laissés aux choix du spectateur. La plus grande difficulté pour ce travail aura été d'essayer de surpasser la fiction du texte de Martel - qui place en scène une femme meurtrie ayant perdu un enfant - pour avoir une matière sonore et non pas une histoire.

Le second projet revient à Anick Martel avec la présentation de sa mise en lecture de son propre texte, Épicurienne . Une expérimentation sonore intense qui proposait une lecture (par Élaine Juteau) sur une musique de discothèque manipulée par l'auteur. Une expérimentation intense qui place le texte et la musique sur le même pied d'égalité ce qui crée des relations parfois d'opposition, parfois de complémentarité. Un texte qui semble fort bien mais qui fait un peu les frais de ce type d'exercice. (Notez que ces deux textes de Martel font partie de l'exposition et qu'il est donc possible de les lire.)

Voilà. En fait, deux conceptions du théâtre...