Dans le billet d'hier, je parlais de ma découverte de quelques oeuvres d'un célèbre auteur-acteur (comme Shakespeare, comme Molière) italien de la première moitié du XVIe siècle: Angelo Beolco dit Ruzante (ou Ruzzante), du nom de son personnage de paysan vif d'esprit et agile de corps qui inspirera, pour plusieurs, les contours du personnage d'Arlequin.
Toujours est-il que j'ai lu d'une traite son Anconitaine et Bilora. Deux courtes pièces dynamiques, proches du ton des farces françaises, amusantes, féroces, et d'une liberté assez prodigieuses. Autre temps, autres moeurs!
Aujourd'hui, la poste m'en apporte deux nouvelles (car oui, je suis un acheteur compulsif dans les bouquineries francophones un peu partout dans le monde au point où mon bureau est maintenant trop petit!): Les vilains (d'après Ruzante... mais je ne suis pas certain que ce soit de lui) et La Moscheta.
Une bonne découverte!
Petit passage obligé par la bible du théâtre, Le Dictionnaire encyclopédique du théâtre de Michel Corvin:
Ruzante ou Ruzzante, pseudonyme d'Angelo Beolco (Padoue, vers 1502-1542). Auteur dramatique, acteur et metteur en scène italien.
[...]Un statut familial et social un peu marginal, une connaissance directe du monde paysan, telles sont les deux conditions qui vont déterminer le sens de son activité théâtrale; la troisième est l'expérience de la scène, car Beolco est aussi acteur et organisateur de spectacles, à la tête d'un groupe d'amis [...] qui constituent une troupe semi-professionnelle. Dans ce cadre Beolco «invente» et développe le personnage auquel son nom est associé [...].
[...] Beolco transcende ses modèles [note: des auteurs du passés] en conférant une évidence et une puissance scénique inouïes à l'univers paysan et à son protagoniste. Certes ce théâtre est fondamentalement ambigu de par sa finalité même: divertir un public citadin, aristocratique et cultivé aux dépens d'un monde et d'une langue (le dialecte padouan) subalternes. Mais cette ambiguïté même autorise une liberté de langage que l'auteur-acteur exploite jusqu'à dénoncer, parfois violemment, la misère des paysans et les vicissitudes historiques que traverse la campagne padouane (guerre, disette, épidémies).
Entre 1617 (dernière édition expurgée des pièces) et la fin du XIXe siècle [...], l'oeuvre connaît une longue éclipse [...].
[...] De toutes ces expériences [note: sur la langue, les dialectes, la forme en vers ou en prose, les monologues, les différents types de comédies], la plus originale est l'invention du «dialogue» dont le schéma souple et libre continue de fasciner les metteurs en scène contemporains.
Voilà. J'y retourne.