samedi 30 avril 2011

Sur la théâtralité...


Comme annoncé la semaine dernière, j'en suis déjà à citer l'ouvrage Vers une nouvelle théorie de la pratique théâtrale de Patrice Pavis (dans son édition de 2007).

Un extrait de l'un des chapitres (le XVIième, p. 267) me semble remettre en cause la définition même de la théâtralité en la simplifiant efficacement et en abandonnant les concepts flous pour une approche concrète et identifiable:

Ma méfiance vis-à-vis du concept de théâtralité est grande, et peut-être insurmontable. La théâtralité tend, en effet, dans le discours critique, à désigner une essence indéfinie de la «spécificité» du théâtre, théâtre dont on sait par ailleurs qu'il est, par nature, un genre hybride. La théâtralité est une notion particulièrement floue et passe-partout. [...]

Dès que l'on observe et analyse la représentation, cet objet empirique et concret, d'un point de vue systématique et théorique, on décrit en fait la mise en scène, système sémiotique du sens produit à la scène. À quoi bon alors s'embarrasser de la notion de théâtralité [...]? Ne faudrait-il pas, du reste, faire une distinction radicale entre ceux qui [...] voient la théâtralité dans la vie quotidienne, et ceux qui [...] la considèrent comme une catégorie esthétique? C'est ainsi, à la manière de Meyerhold [nda.: Là, ce n'est pas moi qui le dit!], que je la conçois, d'où mes extrêmes réserves sur sa pertinence, car pour moi la théâtralité est synonyme de mise en scène. Elles est «une utilisation pragmatique de l'outil scénique, de manière à ce que les composantes de la représentation se mettent réciproquement en valeur et fasse éclater la linéarité du texte et de la parole». S'il en est ainsi, à quoi bon utiliser deux mots, mise en scène et théâtralité, pour désigner une seule et même réalité? Pourquoi ne pas garder le terme de mise en scène, inventé avant celui de théâtralité? Car, la théâtralité, est loin du caractère opérationnel, technique, concret de la mise en scène et son usage serait plus régressif et idéaliste: elle renvoie sans trêve à la vieille question de la spécificité théâtrale ou du théâtre pur et se condamne à n'être qu'une notion aussi abstraite et métaphysique qu'inopérante, et donc, impraticable.

Voilà. C'est ainsi que cette théâtralité peut tout à coup se définir et être identifiable. Maintenant, la performativité...