dimanche 30 septembre 2012

Premier rendez-vous de «L'Heure du théâtre»



Premier rendez-vous de L'Heure du théâtre (un projet pilote financé par le Conseil des Arts de Saguenay), tantôt... et quoi de mieux, pour commencer, que d'aborder la comédie antique d'Aristophane!

Le but de ces rencontres (il y en aura dix tout au long de l'année... chacune autour d'une tasse de thé) est de discuter de la vie et l'oeuvre des auteurs choisis en plongeant dans l'un de ses textes majeurs...

Ce projet s'adresse principalement au grand public... puisqu'il s'agit d'une initiation... Il ne s'agit pas d'un cours, ni d'une conférence, ni d'une lecture publique. C'est plutôt le même type d'exercice auquel s'astreint un metteur en scène et ses comédiens lors d'une première lecture d'un texte. En groupe (tous ceux qui se sont inscrits), il y aura donc une lecture à voix haute, animée par un professionnel de la scène saguenéenne... agrémentée d'extraits vidéo, d'extraits sonores, d'anecdotes...

Au fil des rencontres (un dimanche sur deux, jusqu'en mars... avec une pause pendant le temps des Fêtes), se dressera donc, pour ceux et celles qui nous suivront, une histoire (bien parcellaire) du théâtre.

Pour ma part, j'ai choisi de revenir à L'Assemblée des femmes que j'ai monté en 2010. Parce que d'une part, je le connais bien... puis parce qu'avec le collage que j'avais fait je pourrai aussi m'attarder sur Lysistrata. Par ailleurs, son œuvre est truculente, succulente. Paillarde.

C'est donc un premier début pour cette nouvelle forme d'ateliers théâtraux qui visent une acquisition de connaissances générales plus qu'une technique. Est-ce que ça marchera? Nous verrons. 

Si ça fonctionne bien, d'autres séries seront mises en place... sur d'autres époques théâtrales (ou des histoires précises comme celle du théâtre au Québec depuis la Nouvelle-France)... ou sur des auteurs précis (par exemple, l'évolution de Molière)... ou sur des genres particuliers (par exemple, les différents types d'absurde...). Il peut y avoir plusieurs déclinaisons possibles... Le but ultime: explorer le monde du théâtre.

jeudi 27 septembre 2012

Вера Фëдоровна Комиссаржевская


Voici, en quelques mots, une petite présentation de Вера Фëдоровна Комиссаржевская ou, dans une version plus francophone, Vera Komissarjevskaïa, dont il était question à la fin du billet précédent. D'abord quelques clichés:



La meilleure façon d'avoir un bref aperçu de cette vie importante pour le monde russe de la fin du XIXième et du début du XXième siècle (que je croise très souvent dans mes recherches meyerholdiennes!) est de passer par le Dictionnaire encyclopédique du théâtre de Michel Corvin:


(Saint-Pétersbourg 1864 - Tachkent 1910) Actrice, directrice de théâtre russe.

Après des débuts au théâtre amateur, elle conquiert la jeunesse intellectuelle au théâtre Alexandriski de 1896 à 1902 dans les rôles de Larissa (La fille sans dot d'Ostrovski), Fantine (Les Misérables de Hugo), Marguerite (Faust de Goethe), Nina Zaretchnaïa (La Mouette de Tchekhov). Insatisfaite de la routine de la scène impériale, cette actrice lyrique et fine, à la voix vibrante, ouvre en 1904 son propre Théâtre dramatique Vera Komissarjevskaïa, où elle fait d'abord appliquer les réformes du Théâtre d'art de Moscou dans un répertoire qui incarne des idées de progrès social (Les estivants et Les enfants du soleil de Gorki, Maison de poupée d'Ibsen). Dans un second temps, elle s'éloigne du naturalisme, se rapproche des symbolistes russes, invite en 1906 Meyerhold qui réalise une série de mises en scène expérimentales. Elle triomphe dans les rôles d'Hedda Gabler, de Nora, de Béatrice (Soeur Béatrice de Maeterlinck); mais après son échec dans Pelléas et Mélisande de même auteur, elle condamne les méthodes de Meyerhold qui mènent à un «théâtre de marionnettes». Congédié fin 1907, il est remplacé par le frère de Vera, Komissarjevski, et par Evreinov. Devant le déficit financier, elle organise des tournées en Russie. En 1909, elle décide d'abandonner le théâtre parce que «dans sa forme actuelle, il a cessé de lui paraître nécessaire» pour fonder une école théâtrale à finalité spirituelle. Mais elle est emportée par une épidémie de variole. On l'a surnommée la «Duse russe», comparaison d'autant plus pertinente que, bien qu'elles aient toutes deux senti la nécessité de se soumettre à un réformateur de la scène - Meyerhold, Craig - elles sont entrées en conflit avec lui.

Dans la suite de cette notice biographique, voici deux lettres qu'elle a écrite... la première à Meyerhold lui-même pour lui signifier la rupture (publiée dans Vsevolod Meyerhold ou l'invention de la mise en scène):

Vsevolod Émiliévitch Meyerhold, ces derniers jours j'ai beaucoup réfléchi et je suis parvenue à la ferme conviction que nos vues sur le théâtre ne sont pas convergentes, que ce que vous cherchez ne correspond pas à ce que je cherche, moi. Le chemin où vous vous êtes engagé est celui qui conduit au théâtre de marionnettes, sauf lorsque vous combinez les principes du théâtre traditionnel et ceux du théâtre de marionnettes. Je n'ai malheureusement compris cela que ces derniers jours, après de longues réflexions. Je regarde l'avenir droit dans les yeux et j'affirme que nous ne pouvons emprunter ensemble ce chemin qui est le vôtre et qui m'est pas le mien, et en réponse à une de vos remarques à la dernière réunion de notre comité artistique, où vous nous demandiez s'il ne valait pas mieux pour vous de quitter ce théâtre, je vous dis maintenant: oui, votre départ est nécessaire. C'est pourquoi je ne peux plus vous considérer comme mon collaborateur.

Cette lettre est datée de la fin de 1907... quelques mois plus tard, en novembre 1909 (quelque temps avant sa mort), elle écrira cependant: Je continue encore maintenant à estimer que Meyerhold est un éminent novateur plein de talent, qui poursuit ses recherches avec un authentique sincérité. Des spectacles comme  Baraque de foire, La vie de l'homme et Soeur Béatrice sont à mon avis des chefs-d'oeuvre de la mise en scène...




mercredi 26 septembre 2012

La Duse en action... en attendant Komissarjevskaïa

J'ai une fascination marquée pour les grands monstres sacrés du théâtre... particulièrement ceux du XIXième et du début du XXième siècle. La grande époque théâtrale. L'époque du luxe et du  vedettariat à son extrême où les égos sont maîtres... et en même temps, cette époque est également celle de son rejet, avec l'avènement d'une succession de réformes qui mèneront, en  bout de ligne, à la consolidation d'un nouvel actant: le metteur en scène.

Pourtant, parmi cette turbulence, de grands noms s'inscriront pour longtemps dans les mémoires collectives.

Si les Français ont Sarah Bernhardt - la plus grande d'entre les plus grandes... qui a fait l'objet de plusieurs billets sur ce blogue! - les Italiens ne sont pas en reste et peuvent dresser devant cette reine de la scène une autre femme, tout aussi souveraine: La Duse... au port altier et au regard lourd... presque triste (dont j'ai déjà parlé ici).

La voici, donc, cette Duse, dans le film (en entier!) Cenere tourné en 1916 (sept ans après qu'elle s'eût retirée de la scène... soit en 1909) et réalisé par Febo Mari qui y joue aussi:



Un jour, je parlerai d'une autre grande actrice que j'affectionne particulièrement, leur exacte contemporaine: Vera Komissarjevskaïa... qui fit partie de la première distribution de La Mouette de Tcheckhov en octobre 1896 (un four historique avant la production du Théâtre d'Art en 1898) avant d'être l'égérie du symbolisme russe, sous la direction de Meyerhold, entre 1906 et 1908... Une autre femme de tête remarquable:


Voilà un beau triumvirat féminin dont chacun de ses membres aura su marquer son époque et son peuple...

mardi 25 septembre 2012

Suivant.


Une bonne chose de faite.

Il y a quelques minutes, je suis allé poster mes demandes de subvention pour l'année à venir (entendre ici le CALQ et le CAS). Finies, donc, les définitions de projets. Finies les projections financières. Finis les bilans. Finis les rassemblements de documents divers, des états financiers au dossier de presse en passant par les documents promotionnels. 

Alors que s'amorce la longue longue attente, que le cours des activités du Théâtre 100 Masques a déjà pris sa vitesse de croisière, je peux quitter pour les autres projets qui m'attendent et qui seront, cette année, fort nombreux.

dimanche 23 septembre 2012

Le théâtre comme une souillure de l'Esprit


Dimanche, jour du Seigneur... et bon moment pour faire un nouveau retour en arrière et voir tout le fiel déversé sur le théâtre par les bons Pères de l'Église. Cette fois, place à la hargne (et, accessoirement, à quelques extraits de son traité sur les spectacles) de saint Cyprien de Carthage... tirée du Compendium de la bibliothèque choisie des Pères de l'Église grecque et latine publié en 1834.


Parlerai-je des bouffonneries dégoûtantes du théâtre? Mais on rougirait de rapporter ce qui s'y dit; on rougirait même d'accuser ce qui s'y passe. Les manèges des personnages, les stratagèmes mis en œuvre par des intrigues adultères, les coupables faiblesses du sexe, les plaisanteries indécentes, l'autorité des pères de famille, tantôt avilie par le ridicule, tantôt dégradée par le scandale de leurs propres mœurs, immolée à la risée publique sous des qualifications devenues proverbiales; et, bien que cette cruelle licence n'épargne ni sexe ni rang, c'est à qui courra au-devant de ses traits. On se plaît à voir ce qui fait la honte publique. Des vices dont la pensée même doit être honnie d'un cœur chrétien, on en savoure la représentation. On y perd les derniers restes de pudeur, et l'on s'y familiarise avec le crime. On apprend à faire ce que l'on s'habitue à voir. Le vice le plus effréné se cache du moins dans l'ombre domestique. Il se console de son opprobre, par les ténèbres où il s'enferme; ailleurs, la prostitution publique rougit encore de se faire voir à tous les yeux. Mais là le crime ose affronter tous les regards, et faire trophée de tous ses scandales. Là, l'adultère vient perdre ce qui en fait la honte. Là, des attentats que le temps avait dérobés à la connaissance de la postérité , se trouvent reproduits, comme s'il ne suffirait pas à la passion de se repaître des maux présents sans qu'elle s'approprie, par la représentation, la faiblesse des âges antiques. Nous prenons bientôt l'habitude du crime que nous entendons sans horreur... Avec la pente naturelle qui nous entraîne vers le mal, que sera-ce quand il vient s'y joindre encore une impulsion étrangère? Les spectacles, école frivole, dangereuse, écueil inévitable pour la foi et pour les mœurs. Pas un auquel le chrétien puisse assister impunément. Donc, pas un seul qui ne soit sévèrement défendu... Si vous aimez les spectacles, si vous ne pouvez vous en, passer, nous en avons à vous donner. Regardez, chrétiens, le cours précipité des siècles, les temps qui s'écoulent! Réveillez-vous à la pensée du royaume de Dieu; il approche. Si le merveilleux, l'extraordinaire vous plaît, les mystères de la religion vous en fournissent. Aimez-vous à être attendris, à voir des objets qui frappent, des morts, du sang versé? Ah! voilà le sang de Jésus-Christ qui coule; quel spectacle plus touchant et plus beau pouvez-vous désirer? Quel amour, un Dieu en croix! Quel amour a jamais fourni une si surprenante scène? Retour inopiné, dénouement admirable! Le voilà triomphant dans les cieux; il vous y montre votre place; il vous appelle. N'est-ce point assez de ce spectacle? Nous vous en montrons d'autres encore. Ce monde, tout cet univers enflammé, réduit en poudre; l'étonnement, l'effroi des nations; un juge rayonnant de gloire, porté sur les nues, les anges qui lui font cortège! Dites-nous quelle place alors vous voulez occuper. Voilà certainement le grand spectacle qui doit vous dégoûter de tous les antres. 

Ce que je peux les aimer.

mardi 18 septembre 2012

Bouler son texte...

 
Petite illustration de l'expression bouler son texte (ce qui, au théâtre, veut dire précipiter son débit verbal pour passer rapidement sur les longueurs ou les bouts inintéressants pour s'attarder et donner plus de poids aux autres passages plus significatifs) tirée d'un autre moment politico-théâtral: l'assermentation des députés.

Après l'élection, tous les députés doivent prêter deux serments: le serment d'allégeance à la reine (monarchie constitutionnelle oblige)... puis une second envers le peuple du Québec:

« Je, (nom du député), jure [déclare solennellement] que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa Majesté la reine Élisabeth II. »
  « Je, …, déclare sous serment que je serai loyal envers le peuple du Québec et que j'exercerai mes fonctions de député avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec. »

Lors de l'assermentation des députés souverainistes, hier,  il va sans dire que la première partie a souvent été boulée pour mettre l’emphase sur le second morceau, plus vibrant... comme les grands monstres de la grande époque théâtrale le faisaient pour se mettre en valeur!

Le meilleur exemple? Agnès Maltais (venue du théâtre...) à partir de 1:17:00 du vidéo. Voilà ce qu'est bouler son texte! (Tant qu'a y être, il est possible de voir l'assermentation de tous les députés péquistes dans ce vidéo... en ordre alphabétique de comté.)

lundi 17 septembre 2012

Parcours d'un spectateur...3

Autre journée, autres spectacles.

En ce petite dimanche - le dernier de l'été - nous sommes allés voir deux autres présentations dans le cadre du Festival International des Arts de la Marionnette à Saguenay. Deux trucs complètements différents.


D'abord, nous avons vu Le Sens des fils, de la Compagnie Jordi Bertran. Dans une représentation d'une heure, le grand maître et son acolyte présente une dizaine de marionnettes à fils (dans un savoir-faire exquis!) faisant intervenir, sur scène, de grands personnages tels Édith Piaf et Charlot.

Bien que doué et solidement en contrôle de ces (et ses) objets, bien que touchant par moment, les numéros restent toutefois plus souvent qu'autrement du côté de la démonstration.





Par la suite, changement de salle, changement d'univers.

Nous nous sommes rendus à l'une des représentation de Joseph-la-tache par le NTE. Un objet hétéroclite qui moi, m'a beaucoup plu.

Sur un mur aux couleurs ringardes, neuf boîtes à curiosités... et une histoire rocambolesque: Joseph, qui aime bien la tache de naissance qu'il a sur la joue, la voie un jour disparaître et se lance à sa poursuite. D'une boîte à l'autre, il la découvre... ainsi qu'un autre Joseph: Joseph Staline, Joseph K., Joseph-Maurice Ravel, Joseph tout court, etc.

Douze minutes sans prétention. Douze minutes qui font sourire d'abord par l'histoire, puis par les nombreuses références littéraires et visuelles qui s'accumulent.
 



dimanche 16 septembre 2012

Parcours d'un spectateur... 2


Soirée glaciale. Humide. Brumeuse... Bref, un temps horrible. Parfait pour une représentation de Nosferatu par la compagnie Bob Théâtre (leur site web...) au Petit Théâtre de l'UQAC.

Accueilli par deux croque-morts attablés chacun de leur côté - les deux seuls survivants d'une peste qui a décimé le monde - le spectateur ne tardera pas à se laisser emporter dans un monde gothique où règnent la terreur et le mystère pour s'éclater un bon coup! Déjà je suis conquis.

De façon ingénieuse (et avec un jeu soutenu et efficace), les deux hommes étranges se lancent dans une longue narration avec un plaisir manifeste et un sens du personnage bien construit:

En 1838, un jeune clerc de notaire, Hutter, quitte sa ville de Viborg, y laissant Ellen, sa jeune épouse, pour aller conclure une vente avec un châtelain de Carpates. Sur son chemin, s'accumulent rencontres menaçantes et mauvais présages.Il parvient toutefois tard dans la soirée au château où l'accueille le comte Orlock qui semble être le croisement d'une chauve-souris et d'une gousse d'ail. Après, ça se gâte...Bref, de terrrribles circonstances pour trrrrembler r-ensemble dans le noirrrr.

L'action sera montrée sur une longue table, recouverte d'une longue nappe (qui défilera - au grand plaisir du public - tout au long du voyage de Hutter). Les protagonistes de l'histoire seront, eux, créés à partir d'ampoules ou de lampes. Parfois caractérisées... mais le plus souvent ornées que de deux yeux. Une simplicité joyeuse. Quelques éléments plus scénographiques (le bateau, le château, la cave, le lustre) viendront ponctuer le récit pour relancer l'action.

Les trucs sont amusants. Drôles. Bien pensés. C'est fou ce que quelques petits gadgets électriques peuvent donner dans un contexte spectaculaire.



samedi 15 septembre 2012

Parcours d'un spectateur... 1


Je n'avais pas encore fait le saut... Le Festival International des Arts de la Marionnette à Saguenay a débuté jeudi dernier et je n'avais encore rien vu (ou presque).

J'ai remédié à la situation en assistant, en ce froid et automnal début d'après-midi, au Théâtre de Cuisine de Christian Carrignon (son site web d'où sont tirées et l'image ci-dessus, et la description suivante) à la Salle du Facteur Culturel de Jonquière.

Bouchon de bouteille oublié
Capsule déguisée en chapeau
Punaises jouant à regarder
Boîte à sucre : maison de poupée de Liège
Le rêve du moulin à café : devenir simplement café
La bouteille de sirop se prend pour un donjon,
La boîte à thé pour un théâtre.
De rien à tout, tout est rien.

Ces quelques mots définissent  bien tout l'esthétique mis en place par le créateur. Sur une table somme toute assez simple (avec un complexe jeu de cordes et de micros objets dessous), dans un éclairage à peine magnifié par quelques lampes et deux minuscules chandelles, s'empilent une multitude de boîtes de toutes sortes. 

Après une introduction qui n'en n'est pas vraiment une, alors que le comédien, d'une aisance remarquable, badine avec les spectateurs enfants et adultes qui s'agglutinent autour de l'objet central, commence le spectacle. Comme ça. Sans véritable commencement... et c'est peut-être là sa force. Ce côté bon enfant. Improvisé (même si, dans les fait, tout est d'une minutie sans pareille).

Un village prend vie: l'éboueur, les voitures, l'usine, la grue, les enfants, les chiens et une foule d'autres personnage de liège défilent dans cet espace. Pas d'intrigue. Pas de discours. Juste une communauté en abrégé (environ une trentaine de minutes)... et tout plein d'effets astucieux créés à partir de rien.

Un beau moment de théâtre d'objets: sans prétention et magique.

Une autre représentation a lieu demain, dimanche, à 11h30.

vendredi 14 septembre 2012

De l'origine du mot «marionnette»


Je profite du fait que le Festival International des Arts de la Marionnette à Saguenay bat son plein pour remonter jusqu'à l'origine du mot marionnette... 

La crèche fut souvent représentée aux fêtes de Noël par des figurines mobiles, ainsi que plusieurs sujets du vieux et du nouveau Testament, d'abord dans les églises, ensuite dans les maisons particulières et sur les places publiques, à la porte des couvents et des chapelles. Le nom même de «marionnette» dérive de Marie, par un diminutif mignard et caressant: Marie, Mariole, Mariotte, Marion, Marionnette. Comme la statuette de la Vierge fardée, habillée de clinquant, enjolivée de fleurs de papier, de fausses perles, de couronnes moelle de roseau, espèce de poupée de la dévotion enfantine des peuples croyants, se rencontrait à chaque coin de rue, rayonnant au fond de ces petites chapelles, éclairées de lampes, si fréquentes dans les bonnes vieilles villes catholiques, elle était mêlée à presque toutes les représentations de mystères et par conséquent frappait plus vivement les imaginations naïves. Elle devint donc le type représentatif du genre à qui son nom resta.

Cette information nous est donnée ici (grâce au Dictionnaire de la langue du théâtre) par nul autre que Théophile Gauthier, en 1883, dans son ouvrage Souvenirs de théâtre d'art et de critique

jeudi 13 septembre 2012

Les marionnettes s'animent!

Ça y est! C'est aujourd'hui que débute la toute nouvelle édition du Festival International des arts de la marionnettes à Saguenay. Du monde de partout converge sur notre territoire... Voici, pour donner un aperçu de cet événement, quatre capsules qui ont été mises sur le web... des réalisations de Guillaume Langlois.





mercredi 12 septembre 2012

«Trou noir» [Carnet de mise en scène]


Je suis ici.
Debout.
Transie.
Dans la lumière nébuleuse.
Dans l’artifice électrique.
Dans les présupposés de vos regards.
Dans votre horizon d’attente.
Ma théâtralité.

Il y a quelques semaines, j'ai reçu une réponse positive à une demande de financement posée auprès du Programme pour les arts et les lettres du Saguenay-Lac-Saint-Jean (mis en place par une entente entre le CALQ, la Conférence régionale des élus, Ville Saguenay et le CAS) afin de développer un projet personnel. Un communiqué, publié hier (accessible ici... annonçant également les autres projets soutenus), a maintenant officialisé le tout.

Il s'agit de la mise en scène de mon tout dernier texte (qui en est à sa phase de réécriture), Trou noir - Manifeste pour un minimalisme théâtral sur un tissage d'actualités, un long monologue théorico-mélodique qui tente de cerner une position théâtrale qui semble toujours mouvante. En voici la description dans la demande de subvention:

Trou noir – Manifeste pour un minimalisme théâtral sur un tissage d’actualités passe par l'élaboration du vide: une comédienne, une parole… et la vacuité de l'existence.

Trou noir – Manifeste pour un minimalisme théâtral sur un tissage d’actualités c’est une vision centralisatrice toute personnelle. Un point focal sur une scène vide alors qu’autour, tout bouge. Un repli sur soi. Un rejet de toutes soumissions, tous compromis jusqu’au malaise existentiel. Que faire sinon qu’être?

Trou noir – Manifeste pour un minimalisme théâtral sur un tissage d’actualités est aussi et surtout une réflexion sur le théâtre formaliste où règnent le corps, la voix et la convention… Un théâtre qui s'affirme. Un théâtre qui se questionne. Un théâtre égocentrique? Aussi…

Alors, jusqu'où cela mène-t-il?

Conçu comme un tissage de diverses actualités qui ont ponctuées l’année qui vient de s’écouler et d’un manifeste théâtral, cette pièce (et la production qui suivra) est une véritable ronde de mots mettant en relief la redondance syntaxique, la quête d’une utilité dans un monde (social et artistique) en perte de repères. Ce texte s'engouffre alors dans un no man's land alors que tout a été questionné, remis en question, rejeté…

Seule en scène, une comédienne et une parole… La temps est au discours, à la rhétorique. Comme un refuge existentiel. Comme un renoncement aux artifices spectaculaires au profit du seul langage. Le monde contre les mots; les mots contre le monde.

Dans cette pièce symptomatique, on ne dialogue plus (ou peu): on se raconte, on se dit, on emplit le vide de mots qui feront sens. Une question pourrait se poser avec insistance : où s'en va le théâtre de nos jours? L'écueil est-il inéluctable?

La création se fera à compter de décembre... pour une première série de représentations quelque part au milieu du printemps et quelques sorties par la suite, dans les semaines qui suivront. Je travaillerai avec Elaine Juteau comme interprète puis avec une équipe de collaborateurs réduite, Alexandre Nadeau et Mélanie Potvin.

mardi 11 septembre 2012

Un nouvel outil de promotion concertée!



Les compagnies de théâtre du Saguenay-Lac-Saint-Jean s'associent, cette année, pour présenter dans un seul et unique dépliant, toute la saison 2012-2013 sous un seul thème: Le Saguenay-Lac-Saint-Jean: Zone de jeu et de création! Cette initiative de concertation fait suite au dernier Forum sur le théâtre au SLSJ et est rendue possible grâce au soutien de Ville de Saguenay, du Ministère de la culture, des communications et de la condition féminine de même que du Conseil régional de la Culture du SLSJ.

Après une première expérience de promotion commune (un vidéo présentant quelques compagnies, qui peut se retrouver sur ce blogue, en bas, dans la colonne de gauche), voici maintenant un nouvel outil qui illustre bien tout le dynamisme de notre milieu.

Il sera distribué à 10,000 exemplaires un peu partout sur le territoire: auprès des compagnies, dans les bibliothèques publiques, les centres culturels, lors des événements majeurs (comme le Festival des Arts de la Marionnette)... en plus d'envois de masse (dans les journaux).

À noter que sa réalisation est le fait de Christian Roberge, graphiste et scénographe de Roberval.


lundi 10 septembre 2012

Nouvelles acquisitions

J'ai profité d'un bref séjour dans la Capitale pour augmenter ma bibliothèque théâtrale de deux ouvrages bien différents l'un de l'autre (qui me donneront, assurément, de la matière pour ce blogue!):


Le premier est un essai (scientifique beaucoup plus que littéraire) de Dominique Labbé, Corneille dans l'ombre de Molière, qui soutient, preuve mathématique à l'appui (selon un programme informatique complexe), que la plupart des grandes œuvres moliéresques - comme Dom Juan, Le Misanthrope, Le Tartuffe et une douzaine d'autres - seraient, dans les faits, cornéliennes. Bouquin un peu aride à lire mais somme toute assez intéressant. De quoi ébranler quelques certitudes... en autant qu'on y prête foi... J'en parlais déjà ici, le 14 juin 2010 (et l'auteur a renvoyé le lecteur, dans les commentaires, à d'autres documents)...



Le second est plus traditionnel. Il s'agit de La Correspondance d'André Antoine, un recueil établi par James B. Sanders à partir des nombreuses lettres écrites par celui qui est considéré comme étant l'un des premiers vrais metteurs en scène. Cet employé du gaz a révolutionné le théâtre... notamment en étant l'un des précurseurs du naturalisme scénique. Outre ces considérations artistiques, il sera bon de plonger dans cette époque que j'apprécie particulièrement: le dernier quart du XIXième siècle et le début du XXième... De ses idées à ses prises de positions, de ses anecdotes à ses amitiés, il y a là une riche matière!

mercredi 5 septembre 2012

Ce qu'on ne ferait pas pour les monstres sacrés...


Dans la série d'anecdotes illustrant la glorieuse période rouge et or du théâtre, ce fameux XIXième siècle (et le début du XXième) où régnait les monstres sacrés, voici, relaté par Sacha Guitry dans Si j'ai bonne mémoire, comment se passaient les répétitions de L'Aiglon, d'Edmond Rostand, qui réunissait - merveille des merveilles - de grands noms... dont Lucien Guitry et Sarah Bernhardt:

On répétait tous les jours à une heure un quart pour la demie. C'était, du moins, ce que prétendait le bulletin de service - car les figurants seuls étaient exacts au rendez-vous fixé. Les acteurs arrivaient, sans se hâter, les uns après les autres, mon père ne devait jamais les rejoindre avant deux heures et demie, Edmond Rostand paraissait à trois heures, et vers quatre heures moins dix, Mme Sarah Bernhardt faisait son entrée! Tout le monde se levait, se découvrait et chacun son tour venait lui baiser la main. Comme il y avait au moins soixante personnes sur le théâtre, le baisemain prenait bien une demie-heure. Aussitôt après le baisemain, Mme Sarah Bernhardt se retirait dans sa loge afin de s'habiller, car pour être plus à son aise, c'était dans le costume de Lorenzaccio qu'elle répétait L'Aiglon. Dès qu'elle était prête, la répétition commençait. Mais, à cinq heures, elle était interrompue par «la tasse de thé de Mme Sarah». Toute la troupe la regardait prendre son thé avec patience, avec tendresse, avec respect. Tout ce que faisait cette femme était extraordinaire, mais les personnes qui l'entouraient trouvaient absolument naturel qu'elle ne fît que des choses extraordinaires.

Que mes comédiens en production n'essaient même pas!!!

dimanche 2 septembre 2012

Des saints théâtraux...



Il est assez courant d'affirmer toute la haine de l'Église du Moyen-Âge et de la Renaissance pour la chose théâtrale (qu'on peut notamment retrouver ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici ou ici). Ce qui est moins connu, pourtant, c'est que parmi le cénacle des saints et des saintes se trouvent également des comédiens... dont ceux-ci (tirés de l'ouvrage Le théâtre d'autrefois et d'aujourd'hui de N.M. de Lyden, paru en 1882 et maintenant disponible sur Google Books):


Voilà un bon sujet pour un billet dominical! J'ai fait quelques autres recherches pour en savoir davantage sur ces personnages... avec un peu de difficultés: lien pour aller vers Saint Genest (qui est aussi, apparemment, le patron des comédiens... fêté le 25 août...); lien pour aller vers Saint Porphyre; lien pour aller vers Saint Ardélon.

samedi 1 septembre 2012

Danse des chevaliers

Dans Roméo et Juliette de William Shakespeare du Théâtre du Faux Coffre, une scène chorégraphique est construite sur un air tiré du Roméo et Juliette (1935) de Serguei Prokofiev (un compositeur russe du début du XXième siècle qui a aussi théâtralisé la musique de Pierre et le loup). Cet air, c'est La Danse des chevaliers:


Un «Roméo et Juliette» différent!

Photographie: Rocket Lavoie, Le Quotidien

C'est drôle... je suis allé voir hier l'avant-dernière représentation de Roméo et Juliette de William Shakespeare - une histoire d'amour des Clowns noirs du Théâtre du Faux Coffre... me disant que je tenterais de retrouver, sur ce blogue, le billet que j'avais sûrement écrit à l'époque de la création (qui remonte à 2007)... mais en vain...

Je me reprends donc ce matin.

Une œuvre intéressante

Voilà l'un des bons opus de cette troupe. Un texte solide de Giguère qui amalgame ensemble le noir quintet dévoué au théâtre en région éloignée, les méchants de la fameuse brigade anti-culture qui tente de les faire taire, un asiatique mécène intègre pour qui la culture est aussi importante que son restaurant chinois, un prêtre décomplexé, et une jeune femme amoureuse. Ces personnages loufoques tisseront les liens de cette histoire abracadabrante reprenant les contours de la grande œuvre shakespearienne. De l'amour, oui. De l'amour contraint par le contexte. Mais aussi des rires. Des rires produits par les répliques assassines, engagées, tordues. Comme tous les textes de l'auteur, les dialogues regorgent de sous-entendus, de remarques acerbes, d'insultes.

Mais là réside toute la force des Clowns noirs: aller toujours plus loin (avec pourtant la même simplicité esthétique qui a fait leur marque et leur originalité) dans un équilibre constant entre l'artistique et le politique (dans le sens d'affirmation et de positionnement)... la culture et son sous-financement étant le sujet de prédilection au centre même de toute leur action scénique.

Encore une fois, les cinq comédiens donnent des performances scéniques jouissives. Si, d'une part, les Clowns noirs leur permet d'établir une réelle zone d'aisance (après tout, il y a déjà sept ans qu'ils les trimbalent), les autres figures qui surgissent de la fiction ouvrent tout autant de terrains de jeux où l'on sent l'immense plaisir de l'exécution et la folie de la création.

Ce spectacle est vraiment très bien. Cohérent. Dynamique. 

De la proximité

Comme c'est la troisième fois que j'assiste à cette production, je me permets de faire ici une comparaison entre mes trois représentations... car il y en a une. Une différence infime mais néanmoins présente.

Cette fois, le Théâtre du Faux Coffre a quitté la Salle Murdock du Centre des arts et de la culture de Chicoutimi pour s'établir sur la scène de la Salle Pierrette-Gaudreault du Centre culturel du Mont-Jacob.

Si les spectateurs (et les comédiens, il va sans dire!) gagnent en confort, il y a, je crois, une perte en matière de proximité et d'atmosphère: la distance, la modernité du bâtiment, l'entrée (le guichet) moins animée, modifie un peu la réception du spectacle... Même si tout fonctionne comme prévu et que le public s'amuse ferme, les contacts salle-scène n'auront jamais le même impact que lorsque l'étroitesse de l'espace surchauffe un auditoire qui se sent du coup beaucoup plus intégré. 

Cette implication, cette place si proche du spectateur (de son arrivée à sa sortie), peut-être inconsciente, a assurément contribué au succès de cette compagnie

Plus que toutes autres, les productions du Théâtre du Faux Coffre seraient-elles profondément conditionnées par le lieu de leur création?