vendredi 23 décembre 2011

Les inconvénients de faire un boeuf à deux...



Le titre du présent billet est aussi le sous-titre d'un chapitre fort édifiant des Anecdotes de théâtre: comédiens-comédiennes; bons mots des coulisses et du parterre recueillis par Louis Loire, en 1875. Un petit divertissement à l'aube (enfin, dans quelques heures...) des festivités...

Le domestique de Favart, passionné pour le théâtre, voulait absolument jouer la comédie. On lui fit représenter la moitié d'un bœuf dans une parodie de l'opéra de Thésée. Expliquons-nous:

La monture du héros était le Bœuf gras, figuré par une machine de carton qui se mouvait au moyen de deux hommes renfermés dans son intérieur; le premier un peu incliné, le second la tête appuyée sur la chute des reins de son camarade.

Léger — c'était le nom de ce domestique-artiste— avait obtenu l'honneur de «jouer» le rôle des «jambes de devant». Par malheur, pour atténuer les émotions d'un début, le gaillard avait copieusement dîné, et la position que nous avons décrite ne lui permit pas de retenir une flatuosité qui faillit suffoquer son «suivant». Celui-ci, dans un mouvement de colère et pour se venger de l'effet sur la cause, mord ce qu'il trouve sous ses dents. Léger pousse un rugissement et, par un brusque mouvement, se soustrait à ce supplice; le bœuf se sépare en deux, et le superbe Thésée tombe tout de son long sur la scène.

Il n'y a pas besoin de dire que la représentation fut gravement compromise.
 
Qui n'a pas eu cette idée quand il a devant les yeux un tel costume à double incarnation?