jeudi 17 juin 2010

L'Assemblée des femmes [Carnet de notes]

Les comédiennes en répétition (fin mai 2010)
Mélanie (hors de la photo), Erika, Marilyne, Marie-Ève, Émilie, Valérie, Marie-Noëlle

Photographie: Dario Larouche

Cet après-midi, nous avons fait un nouvel enchaînement... le premier depuis le 22 mai dernier... le premier véritable enchaînement d'un bout à l'autre de la pièce (après les coupures dont il est question ici). Résultat: cette représentation (parce qu'il s'agit bien de cela!) a duré une heure trente!

Une heure trente qui devrait perdre encore une dizaine de minutes dans l'assurance des interprètes et le rodage du spectacle.

Quelle(s) leçon(s) tirer de cet exercice?

Premièrement, je pense que ce texte vaut encore le coup et qu'il contient tout pour faire une bonne comédie d'été: des personnages amusants, des textes savoureux et le fameux trio burlesque «pet-poil-punch». Qui plus est, ce texte est intelligent.

L'espace est magnifique... malgré le travail qu'il reste à effectuer. L'ensemble peut porter le discours et permet une bonne utilisation de l'espace qui ne peut que se bonifier avec l'entrée en salle et l'installation des éclairages.

Les comédiennes sont très bonnes, même si elles manquent d'assurance, voire de confiance.

Car c'est à elles qu'appartient la plus lourde tâche: faire vivre le tout, lui insuffler le dynamisme et la vivacité tout en prouvant leur plus grande maîtrise de leur art... et la mise en scène ne les aide pas. Il y a beaucoup de choses à revoir... enfin... beaucoup de précisions à apporter. Du nettoyage de scène (la mise en scène encombre parfois un peu trop le jeu de celles-ci). De l'ajustement de personnages les uns par rapport aux autres.

Comment le rire doit-il et peut-il surgir de certaines scènes, de certains gestes? Il faut voir. Les comédiennes doivent en avoir conscience. Que doit-on dire par ce texte vieux de 2500 ans? Que dit-on présentement? Il faut voir. Il faut, encore là, préciser.

Découragé? Non... même que je suis plutôt enthousiaste! Un enthousiasme rigoureux.

Plus ça change...

Le critique d'art, Honoré Daumier,


Petit sourire en coin en lisant ce passage de L'initiation à l'Art dramatique de Jean Béraud (vieil ouvrage paru en 1936) qui, avec un peu d'imagination, pourrait fort bien se transposer à notre époque, quelque quatre-vingt ans plus tard:

Il fut un temps où tous les spectacles étaient «ce qu'on avait vu de plus accompli, de plus remarquable, de plus étonnant...» et quoi encore? (nda: je propose ici un billet complémentaire...)

À qui doit-on attribuer cette manie de superlatifs? À la critique s'empressent de dire quelques-uns, critique qui n'est pas sincère, qui se soumet à des considérations humiliante pour l'art du théâtre. Au public, diraient d'autres, parce qu'il lit mal, que le mot «bon» ne lui suffit pas et le mot «excellent» lui paraît encore à peine complimentaire. Aux artistes, c'est-à-dire à ceux qui jouent sur la scène, diront d'autres encore, parce que le plan d'idéal sur lequel ils prétendent s'être élevés a déformé l'esprit de ces vaniteux naïfs. [...] Ah! ceux-là, qu'est-ce qu'il faudra bien pour les satisfaire? Ils aiment les compliments, et ce n'est pas en cela qu'ils se distinguent du commun des mortels. Cela ne les empêche d'ailleurs pas de se réjouir ouvertement des blâmes que peut recevoir quelqu'un de leurs collègues, pour à leur tour se formaliser cruellement des reproches qui les touchent par la suite. Ce qui ne les empêche pas de protester qu'ils aiment la critique et qu'ils en ont besoin.

À croire que plus ça change, plus c'est pareil...