jeudi 5 mars 2020

Première? Check!

La première d'Empire a été faite hier soir. C'est donc dire que pour la première fois, j'ai regardé la représentation à travers 31 paires d'yeux. Moment auquel je n'habitue jamais.


La première rencontre avec le public (c'était pratiquement complet) a eu lieu. Le premier regard. Le premier échange. La première prise à partie. Parce que c'est aussi de cela qu'il s'agit: parler au spectateur. 


C'est alors passer des répétitions dans le vide, avec une vague conception de ce que produira le dispositif, de ce qu'impliquera la proximité - cette fusion salle-scène - à une présence réelle, concrète, multiple. Le défi est grand: ajuster le jeu, les déplacements, l'élan (et le destinataire) de la parole, la concentration (devant les pieds qui balancent, les corps qui se meuvent à la recherche de confort, la gêne d'être ciblé, etc)... tout en gérant l'impondérable stress de la première fois, de la validation. 

Bref, le travail des représentations est bellement amorcé. L'expérience d'hier soir apportera sans conteste son lot de questionnements, de remarques, de nouvelles directives et propositions. Le tri entre les commentaires reçus et nos propres perceptions devra se faire dans le but d'atteindre un niveau d'interprétation solide et efficace. 

Et maintenant que la glace est cassée, les comédiennes pourront renouer avec cet élément essentiel du théâtre qu'est le plaisir. Plaisir de dire. Plaisir de faire. Plaisir d'être sur cette mince ligne fragile qu'impose cette production, tracée entre l'horreur et le poétique, le détachement et le récit.