lundi 21 février 2011

«La complainte du critique solitaire» (D. Côté)


Voici des extraits de l'éditorial de Daniel Côté, journaliste culturel de son état, paru dans la dernière édition du Progrès-Dimanche (soit celui d'hier). Je le place ici, bien qu'il s'éloigne un peu du cadre strictement théâtre, parce qu'il s'agit là d'une réponse notamment à Joël Martel du Voir (suite à cette chronique) - que j'ai, moi aussi, pourfendu (enfin...) dans un billet du 10 février dernier - et d'une réponse à diverses critiques venues du milieu même (que j'ai partagé abondamment sur ce blogue, depuis 2007). Point de vue, donc, de l'autre côté de la médaille:

La complainte du critique solitaire

[...] Après avoir constaté à quel point certains artistes se montrent susceptibles, même lorsque les reproches adressés par la critique sont noyés dans un océan de compliments, Joël Martel a déploré la timidité de la presse locale. Lorsqu'elle aborde les œuvres conçues par des gens d'ici, «l'empathie l'emporte sur la franchise», énonce-t-il.

Ce n'est pas la première fois que de tels commentaires sont émis. Il y a quelques années, des propos de même nature avaient été tenus à la radio de Radio-Canada. C'est comme le monstre du Loch Ness. Ce thème réapparaît de loin en loin, mais à chaque fois, on reste dans le flou. On laisse entendre que des journalistes manquent de courage, mais sans élaborer. [...]

[...] Je veux bien qu'on critique les critiques, y compris celles qui émanent de nos publications, mais je préférerais voir d'autres journaux, d'autres stations, sortir de leur zone de confort. Le cas échéant, je serai le premier à me réjouir si les points de vue divergent. Ce sera plus intéressant que des communiqués de presse déguisés en nouvelles.

À propos du contenu, par ailleurs, j'ai pour principe que mon patron est le lecteur. Pas l'artiste, ni les collègues. Quand j'assiste à un spectacle, je veux rendre compte de ce qui s'est passé, tout en livrant quelques considérations dont l'unique mérite est de refléter mon opinion.

Je le fais en misant sur mon expérience en tant que journaliste, ce qui ne m'apparaît pas comme une tare. Je ne suis ni musicien, ni comédien, et je m'en contrefiche. Si quelqu'un veut savoir si la soprano a raté une note au milieu de son récital, j'ai envie de répondre: «Get a life».
[...]

[...] Une autre précision que je crois utile d'apporter concerne mon approche des spectacles. À cet égard, mes goûts n'ont aucune importance. Je cherche à déterminer si les gens qui apprécient l'artiste ont été payés de retour. [...]

[...] Quant aux créateurs de la région, je leur trouve bien du mérite à persister comme ils le font, mais ce n'est pas une raison suffisante pour inciter les lecteurs à assister à leurs productions. Il faut que ça justifie le déplacement, ce qui, je dois le dire, est généralement le cas. Ils n'ont pas besoin qu'un journaliste leur fasse l'aumône d'une critique complaisante.

Je trouvais important, dans ce perpétuel débat sur la critique (critique en général), de donner cette vision... Vision que je respecte bien que je ne la partage pas entièrement...