jeudi 30 avril 2009

J'appuie les travailleurs du Réveil


Les 26 travailleurs du Syndicat des Travailleurs des Éditions du Réveil (STER) vous demandent votre appui suite au lock-out décrété par Quebecor le 4 mars dernier.

En premier lieu, nous rappelons qu’en décembre 2008, il y avait au Réveil 80 employés dont une cinquantaine à temps plein oeuvrant à l’encartage, l’expédition, à la production (pressiers, graphistes, journalistes, employés de bureau), aux ventes, et chez les cadres.

Accepter les demandes exigées par Quebecor lors des négociations aurait fait en sorte qu’après la restructuration de l’Employeur, seulement 18 employés, soit 10 représentants commerciaux (qui sont rémunérés à la commission), trois cadres, trois journalistes, une employée de bureau et un graphiste auraient conservé leur emploi. Ça représente pas moins de 62 emplois perdus. De là, la décision des syndiqués du STER de refuser unanimement cette demande de déménager les emplois de l’administration et du montage à l’extérieur de la région.

Pour nous aider à retourner à la table de négociation et convaincre Quebecor que la population régionale tient à conserver ses emplois et non pas les exporter dans les grands centres, nous vous demandons de cesser temporairement toute collaboration avec le journal Le Réveil pendant le conflit de travail. Cette précieuse aide peut se traduire par le non envoi de communiqués, de convocations ou la non participation à des entrevues avec des « journalistes briseurs de grève » du Réveil ainsi qu’au non achat de publicité. Nous pouvons aussi, à votre demande, vous donner des autocollants à placer sur votre boîte aux lettres pour refuser le Journal pendant le journal.

Merci de nous aider à mettre fin à ce lock-out pour finalement permettre au Réveil de poursuivre sa mission de bien vous informer et ce, avec les artisans du Journal qui vous dessert, faut-il le rappeler, depuis 1945.

Merci pour votre appui



Les syndiqués du STER
Dominique Savard
présidente
sterfnc@hotmail.com

Oskar Schlemmer

O. Schlemmer, Diagramme de scène pour Gesture Dance, 1926


[...] Forme et couleur sont les instruments du créateur d'images,
et l'homme et l'espace sont les deux composantes polaires
autour desquelles tourne le monde de la scène!
O. Schlemmer

Des praticiens/théoriciens qui me plaisent, Oskar Schlemmer occupe une place à part... d'abord parce que sa pensée théâtrale est beaucoup plus large que la scène et participe d'une vision globable du monde et des arts, celle du Bauhaus... Sa vision de la scène (du moins, à l'écrit!), me rejoint généralement beaucoup:

Le théâtre, le monde de l'illusion, creuse sa propre tombe en s'efforçant d'atteindre la réalité, et le mime pareillement, en oubliant qu'il est d'abord artifice. Les moyens de tout art sont artificiels et tout art gagne à reconnaître ses moyens et à les affirmer.
(tiré du Programme de la première représentation du Ballet triadique)

Ou encore, cette description de son théâtre idéal:

Le Théâtre:
abstrait, formel et coloré

statique, dynamique et tectonique
mécanique, automatique et électrique
gymnastique, acrobatique et équilibriste
comique, grotesque et burlesque
sérieux, pathétique et monumental
politique, philosophique et métaphysique

mercredi 29 avril 2009

Retour de la Journée Nationale du Sourire


Voilà. C'est fait. Nous sommes tous de retour... Quelle journée!!! En gros, nous aurons vu chacun quelque deux cents étudiants en 3 heures... Aujoud'hui, je sens ma trentaine sous toutes ses courbatures!

Cette journée fut très stimulante... parfois inégale dans la dynamique des groupes, mais somme toute profitable tant pour les enfants, je crois, que pour les animateurs qui devaient se rajuster à chaque vingt minutes! Une bonne formation!!!

Journée du sourire!


Aujourd'hui, à l'école Saint-Joseph de Saint-Ambroise, c'est la Journée du sourire! À la demande d'un professeur (et amie du bacc.) en charge de l'activité, Annick Pedneault, j'ai (pour le Théâtre 100 Masques, en charge de la «programmation»...) réuni sept animateurs pour une journée de speed ateliers (le mot est de Patrice Leblanc)!

Chacun de ceux-ci ont pour mission de préparer un atelier de 25 minutes à partir du thème, qui sera donné à chacun des groupes (de la maternelle à la sixième année). Ainsi, durant la journée scolaire, chaque animateurs reprendra 9 fois son activité!

Les ateliers...

Dario Larouche - Le parachute
Johana Lochon - La photo de famille
Émilie Gilbert-Gagnon - Le non-sourire
Sarah Bernard - Variation sur un thème
Jean-Sébastien Savard - Lypsinc de rires
Sabryna Tremblay - Jongleries
Patrice Leblanc - Le clown

mardi 28 avril 2009

L'improvisation et les jeunes

En avant: Stéphanie, Dahlia, Cloé, Gabrielle et Gabriel
Derrière: Frédérique, Alexandra, Jean-Christophe et Élodie

Hier soir avait lieu la présentation finale de l'atelier régulier (treize semaines à raison d'une heure trente par semaine) du groupe Éveil (8 à 10 ans) du Théâtre 100 Masques.

Sous la direction de Jean-Sébastien Savard, spécialiste de l'improvisation des milieux étudiant et de loisir, dix jeunes se sont frottés à ce genre théâtral qui repose exclusivement sur l'acteur. Dix jeunes qui ont mis de côté (et ce, de façon remarquable!) doutes et pudeur pour se lancer dans le jeu avec enthousiasme et plaisir. Dix jeunes devant trois adultes!!!

D'accord, l'improvisation, avec toutes ses règles et ses mécanismes de construction d'histoires, n'est pas évidente. Mais malgré le manque d'expérience due à leur jeunesse et aux thèmes parfois un peu ardu (L'envers du bon sens, Hurluberlus velus et autres Nuit noire et vent froid), ces jeunes ont su offrir au public présent de bons petits moments.

À les voir aller, on se rend compte de tout le travail qu'il y a derrière les grands improvisateurs!

Quelques minutes avant la représentation... les jeunes, en compagnie des trois adultes qui les accompagneront, tentent de se concentrer.

lundi 27 avril 2009

L'opérette imaginaire

Le cirque I de Sophie Jourdan

Quelques liens vers deux blogueurs saguenéens aguerris qui ont assisté (chose que je n'eus pas le loisir de faire, malheureusement...) à l'Opérette imaginaire de Novarina, la toute dernière production des étudiants du BIA présentée la semaine dernière sous la direction de Jean-Paul Quéinnec:

La Ribouldingue à l'UQAC (Spécial du jour)
Théâtre de cirque, cirque du monde (Jack aime / Jack n'aime pas)

La semaine théâtrale

Après quelques jours dans les boîtes et les déménagements succesifs (je suis désormais un Laterrois!), me revoici pour l'établissement du calendrier de cette semaine:

Lundi, mardi et jeudi - 27, 28 et 30 avril 2009
Centre des arts et de la culture, 19h30, 20h et 20h
C'est la fin de la session d'hiver... Le Théâtre 100 Masques présente donc le résultat de ses ateliers réguliers: groupe Éveil (improvisation sous la direction de Jean-Sébastien Savard), groupe Expression (improvisation sous la direction de Guillaume Vachon), groupe Élite (production sous la direction de Dario Larouche... oups, c'est moi!).

Jeudi à samedi - 30 avril au 2 mai 2009
Salle Lionel-Villeneuve (Roberval), 20h

Le Théâtre Mic Mac entame sa dernière semaine de représentations de de Serge Boucher, une mise en scène de Christian Ouellet. Pour lire quelques détails supplémentaires, feuilletez le Progrès-Dimanche dans lequel paraît une «critique» de la pièce.

vendredi 24 avril 2009

Un peu déconnecté...

Wow... J'ai un peu de difficulté à suivre les événements. Pour des raisons hors de mon contrôle (du moins en fort grandes parties!), je n'aurai vu, cette année, aucun projet de fin de bacc. en théâtre, ni la production étudiante (en cours présentement) et ni (pour mon plus grand regret) la production du Mic Mac qui se termine la semaine prochaine...

Dans un sens, ce recul fait du bien... même si je me sens affreusement coupable de ne pouvoir m'asseoir dans l'une ou l'autre de ces salles... Je me soumets aux contingeances quotidiennes, aux rendez-vous manqués et aux conflits d'horaires que j'eus fort nombreux au cours des derniers mois... Mais ce n'est pas moi qui m'en plaindrai!

Oups... c'est ce que je viens de faire!


Jacques Copeau et la dignité...


Oh... voici ce que Jacques Copeau - l'un des principaux réformateurs français - affirmait* du théâtre de son époque (décidément, je suis dans une période XIXième siècle!) et qui pourrait encore parfois bien s'appliquer de nos jours:

Oublieux de toute recherche de la vérité humaine, le théâtre se ravale au rang de divertissement. Il ne revendique plus la moindre dignité artistique. [...] On peut à bon droit s'étonner que la plupart des critiques professionnels n'aient rien fait pour redresser les jugements, éclairer le public, gourmander auteurs et acteurs. Pour eux non plus, Copeau n'est pas tendre. [...] L'immense majorité des chroniqueurs, ne parlant que de pièces médiocres, se sont efforcés de distinguer des degrés dans cette médiocrité. Ils ont fini par trouver bon ce qui était seulement moins mauvais. [...] Bref, alors qu'ils devaient être les collaborateurs de l'artiste, ils ont eux aussi trahi leur mission, acceptant lâchement le relatif le plus suspect là où Copeau ne rêve que d'absolu.



* en fait, la citation est de Clément Borgal qui rapporte les paroles et, si tant est que faire se peut, l'esprit de Copeau dans son Metteurs en scène (p.12) paru en 1963.

jeudi 23 avril 2009

Le XIXième siècle... suite

Jacques Offenbach l'amuseur du Second Empire.

Pour faire suite à mon billet du mardi 21 avril dernier, voici une description plus critique du théâtre de cette période (1850-1900) tirée d'un recueil de Clément Borgal, Metteurs en scène (Éd. Fernand Lanore, 1963), p.9:

[...] Au XIXième siècle, grâce aux nouveaux moyens de transport, les théâtres parisiens s'emplissaient de provinciaux, pratiquement dépourvus de toute formation artistique ou littéraire. Le commerce, l'industrie fournissaient à de nouvelles classes sociales les possibilités de s'intéresser à des manifestations artistiques, au jugement desquelles elles n'avaient jamais été préparées. Les exigences de ce public inédit se firent de plus en plus impérieuses, les moyens pour le satisfaire de plus en plus grossiers. On soigna les décors, les bruitages. Les ressources de la mise en scène furent exploitées jusqu'au délire. La sensation, l'effet devinrent les seuls mots d'ordre des auteurs aussi bien que des acteurs ou des directeurs de salles. [...]

Pratiquement étrangère, sinon résolument hostile au lyrisme, la génération qui suivit immédiatement le romantisme ne fit qu'accentuer la tendance du théâtre à s'enfermer dans des recherches techniques. Des règles et des préceptes, on tomba jusque dans les «recettes» - recettes au succès garantit d'ailleurs. [...] Par ailleurs, l'époque du Second Empire (1850-1872) fut celle de la facilité, des divertissements mondains. Le théâtre se résigna le plus aisément du monde à devenir l'un de ces derniers, se faisant sans vergogne l'écho de la déliquescence générale des moeurs. Plus de problème moral. Partant, plus de choix, ressort essentiel de la littérature dramatique. Privé de sa véritable raison d'être, le spectacle de la scène ne présenta plus désormais que la caricature de lui-même. Il ne fut plus rien qu'une ombre, une façon de théâtre.

De là la table est mise pour les importantes et nombreuses réformes du début du XXième siècle... et pourtant, il est fascinant de se pencher sur cette époque et de tenter d'y cerner et faire ressortir toutes les bases de notre théâtre occidental...

Les Pleureuses... état d'un calvaire

Derrière: Maryse, Estelle, Catherine, Geneviève
Devant: Gabrielle, Isabelle, Sarah, Christopher
Photographie: Dario Larouche

Voici une photo de mon groupe Élite (mes adultes...) du Théâtre 100 Masques avec lequel je travaille présentement sur Les Pleureuses... et dont l'unique représentation aura lieu la semaine prochaine.

Unique représentation parce que c'est le résultat d'un atelier et non pas une production de la compagnie... Unique représentation aussi parce que ce projet s'est avéré être un véritable calvaire! Malgré le fait que chacune des personnes composant ce groupe est sympathique, l'ensemble fut d'une complexité inextricable: absences répétées, manque d'implication, manquement dans l'apprentissage du texte, déficit d'attention, de concentration... L'intérêt n'a pas su s'imposer... et le plaisir tarde à venir. En treize semaines (en raison de deux heures et demie par séance), que de temps perdus...

Le théâtre, c'est aussi ça... La difficulté d'être... l'impression que le résultat nous échappe et que des murs s'érigent à mesure que d'autres s'effondrent... Un projet qui, bien qu'en soit, le résultat peut être (peut-être!) intéressant, gruge l'énergie plus qu'il n'en donne. Un projet qui ne réussit pas à prendre un élan nécessaire. Un calvaire.

Ceci étant dit, elles sont très bonne et cet atelier offre véritablement de beaux moments! Et je crois fortement aux dernières heures de répétition qu'il nous reste. Une semaine au théâtre est une éternité!

mercredi 22 avril 2009

À tous les étudiants du BIA qui monteront aujourd'hui sur scène...

Pour cette première de l'Opérette Imaginaire de Novarina...

MERDE!


Et cela s'applique aussi à tous ceux qui gravitent autour:
le metteur en scène, les assistantes
et l'omniprésent Nadeau!


De quelques considérations théâtrales sur la politique


Quand la politique se donne en spectacle.

J'ai assisté, hier, avec un intérêt sans cesse grandissant, à une partie des travaux de l'Assemblée Nationale (que je mets en lien ici). J'étais assis exactement (ou presque!) là où, vu l'angle de vue, fut prise la photographie qui illustre ce billet.

Alors, la politique... du moins ce qu'on en voit avec cette activité étrange et hautement partisane appelée «période de questions et (simili) réponses orales»? Du théâtre... Un genre de Roméo et Juliette social... Theatrum mundi...

L'espace et le rituel...

Deux familles, deux groupes qui se détestent depuis toujours (en fait, il sont trois... mais passons) et qui se provoquent. L'enjeu: le consensus... ou le dialogue... ou le vide... La présence. Les bons et les méchants (la catégorisation de chacun des groupes est laissée ici à la bonne subjectivité du lecteur...). Une chambre fermée, surplombée par des parterres où s'entasse le public... bref, une arène. Une mise en place! Face à face. Le duel.

Puis entre le maître du jeu, le président de l'assemblée. Tous debout... C'est le règne du code, de la convention. Le jeu parlementaire.

Le combat peut commencer... Les chats sont lancés; les souris dansent...

Deux types d'humanité qui s'affrontent dans un simulacre de combat verbal.

Le personnage outré de l'opposition...

Son nom le définit: la colère et l'outrage sont ses repères. L'opposant (ou porte-parole... ou député) se revêt du ton qui sied bien à ce caractère. Bouillonnant, cinglant, hargneux, insistant, ironique... Se faire voir. Prendre la place. Mettre en boîte un ministre. Déclamation, répétition et déchirure de chemises sont les outils pour créer les effets.

Un personnage en surjeu constant...

Le cabotin du gouvernement...

Son vis-à-vis. Le clown de service dont le rôle consiste - outre gouverner - à faire rire ses camarades par des remarques déplacées et antédiluviennes sur les gouvernements passés... tout en se défilant par des pirouettes tout aussi vide de contenu qu'aussi lancinante dans la forme. La mesquinerie et l'outrecuidance. Le cynisme.

En improvisation, l'arbitre aurait beau jeu et jouerait allégrement de son gazou: cabotinage; confusion; jeu retardé; manque d'écoute; obstruction; refus de personnage.

La claque et la tape dans le dos...

La morale de cette histoire...

Après quelque deux heures de ce spectacle somme toute grisant (après tout, je ne l'avais toujours vu qu'à la télé!) parce que s'y jouent comme ils peuvent les grands enjeux de notre nation, de notre société, je me suis surpris à admirer cette tradition parlementaire... et, en même temps, à déplorer la dégénérescence que subit cette foire d'empoigne aujourd'hui inutile... Une tradition devenue cliché... Une tradition vidée de son sens (d'ailleurs c'est la définition de cliché donné par Meyerhold...)

Je me suis aussi remémoré une phrase de ce toujours grand Shakespeare (bien que je ne sois pas un grand amateur): Si nous vivons, nous vivons pour marcher sur la tête des puissants... Car les puissants ne travaillent qu'à marcher sur nos vies (dans Henri IV). Et les acteurs m'apparurent alors porter des personnages beaucoup trop grands pour eux...

Un peu cynique... mais bon.

mardi 21 avril 2009

Le XIXième siècle


S'il est une période théâtrale que j'affectionne particulièrement, c'est bien celle s'étirant entre la seconde moitié du XIXième et le début du XXième siècle (disons jusqu'en 1920)... Là où le théâtre occupe le haut du pavé...

C'est, en quelques mots, l'apogée de l'illusionnisme (avec tous ses défauts mais aussi tout son côté exubérant, exalté, construit). Le développement du vaudeville. Le règne des monstres sacrés - les Bernardht, Guitry (père et fils), Rachel, Lemaître - et des auteurs - Hugo, Scribe, Labiche, Feydeau, Courteline... L'émergence du Grand Guignol. Le classique dégénérescent... Là où le théâtre ne fait pas que se faire... il se surfait et se contrefait!

Cette décadence, cette excroissance scénique et dramatique qui sonne le glas d'une tradition se pose pourtant comme origine de notre théâtre...

Car cette période voit aussi poindre la révolte (toute aussi justifiée que radicale) de tous les -ismes - romantisme, symbolisme, naturalisme, expressionnisme, futurisme, constructivisme - drainant une suite d'auteurs importants - Ibsen, Tchekhov, Gogol, Strindberg, Jarry - qui aboutiront, en quelques sortes, à l'invention de la mise en scène... et au théâtre contemporain. Là où le théâtre se questionne, se regarde et se transforme!

C'est le ferment qui donnera les Stanislawski, Meyerhold, Antoine, Jouvet, Copeau et tous les autres... et qui nous reporte directement à nous-même.

lundi 20 avril 2009

I have a dream

À lire les parcimonieux comptes-rendus théâtraux actuels (peu importe le journal...), à entendre les sporadiques critiques dans les différents médias, il me prend parfois de rêver que l'on parle de théâtre (quand, bien sûr, on en parle...) comme à l'époque des XVIIième, XVIIIième et XIXième... avec amour - pour ne pas dire passion!


Jamais Mademoiselle Duchesnois ne fut si belle, si sublime... diction admirable, naturelle et soutenue; geste noble, aisé, toujours juste; organe enchanteur et dont la perfection étonne toujours; âme expansive, chaleur communicative, noblesse sans enflure, fierté sans arrogance, le talent d'exprimer tous les sentiments du coeur et de passer avec un art infini, mais en le cachant toujours, du ton de la colère ou du reproche à celui de la tendresse; en un mot, réunion au degré le plus parfait de toutes les qualités qui font l'actrice inimitable.
Clément Coutois

On est loin, dans ce cas, de la description du travail de l'acteur en un seul et expéditif qualificatif que nous donnent - par manque de place, je suppose... - nos médias...

dimanche 19 avril 2009

La semaine théâtrale

Quelques dates théâtrales...

Dimanche - 19 avril 2009
Collège d'Alma (Alma) - jusqu'à 15h

Clôture du Festival Intercollégial du Théâtre 2009. Peut-être y a-t-il encore quelques représentations ouvertes au public (voir le billet La semaine théâtrale précédent).

Du mercredi au samedi - du 22 au 25 avril 2009
Petit Théâtre (UQAC) - 20h

Dans le cadre de la fin de la session, les étudiants du BIA-Théâtre, dans une mise en scène de Jean-Paul Quéinnec, présentent L'Opérette imaginaire de Valère novarina. Selon les dires du metteur en scène, ce théâtre de la parole a produit chez ces artistes en formation un travail rigoureux, performatif et joyeux. Il aura aussi permis de développer un véritable champ de recherche sur la création sonore et la manipulation d’objets. Il n'y a que peu de places dans la salle... tenez-vous-le pour dit!

Vendredi - 24 avril 2009
Auditorium-Dufour (Chicoutimi) - 20h


Le Théâtre du Saguenay reçoit le Don Juan du Ballet-théâtre atlantique du Canada (voir ici leur site web). Séducteur sans principes ou incorrigible romantique ? Le ballet contemporain d’Igor Dobrovolskiy jette un regard nouveau, à la fois léger et plein d’esprit, sur la légende d’un personnage parmi les plus flamboyants de l’histoire. Des décors ingénieux, un éclairage exquis, une brillante chorégraphie sur la musique de George Gershwin, en une fusion éblouissante qui met bien en valeur la virtuosité et l’athlétisme des danseurs et danseuses . Les costumes conçus par Denis Lavoie, créateur de la garde-robe de Mick Jagger pour son spectacle Voodoo Lounge, rendent tout à fait le caractère extravagant et enjoué de cette farce résolument théâtrale. Une création mondiale. Conception et chorégraphie par Igor Dobrovolskiy. Musique par George Gershwin. Conception des costumes par Denis Lavoie. Conception de l’éclairage par Pierre Lavoie. Dramaturge : Sharon Pollock.

Samedi et dimanche - 25 et 26 avril 2009
Centre culturel du Mont-Jacob (Jonquière), journée


Selon toute vraisemblance, le Théâtre C.R.I. et le Théâtre 100 Masques tiennent le troisième Rendez-vous Théâtre de la saison... Cette prochaine rencontre se fait sous forme de laboratoire (avec participants invités) pour explorer la bio-mécanique...

samedi 18 avril 2009

Mouvement de masse!




Aujourd'hui, une forte délégation du milieu théâtral professionnel saguenéen se déplace vers Alma, dans le cadre du Festival Intercollégial de Théâtre, pour animer cette journée de formation (25 ateliers différents... chacun ayant une durée de cinq heures) offerte à ces quelques cinq cents participants d'un peu partout en province...

Un coup d'oeil sur la liste suivante peut donner un bon aperçu et des divers sujets abordés, et des nombreuses personnes d'ici impliquées:

Kaléidoscope de textes dramatiques par Josée Laporte
Texte Blanc, l’imagination créatrice de l’acteur par Dario Larouche
L'écriture du dramaticule par Hervé Bouchard
Théâtre image par Normand Simard,
Exploration du jeu avec la marionnette par Jeannot Boudreault
Théâtre chanté : les comédies musicales par Caroline Tremblay
Installation et théâtre-performance par Dominique Breton
Initiation au théâtre forum par Jean-Guy Girard
Jeu masqué par Pascal Rioux
Jeu théâtral et cinématographique par Patrice Leblanc
Exploration des références émotives par Monique Bouchard
Provocation, l’art de la mise en scène par Véronique Bouchard
Le clown par Josée Gagnon
L’écoute et les chœurs par Sophie Larouche
Improvisation : la création spontanée par Moira Sheffer Pineault
Techniques vocales par Annie Larouche
Initiation à la danse-théâtre par Chantal-Éric Dumais
Rythmique par Robert Pelletier
La scénographie par Marielle Dionne
Processus de création du costume de scène par Vicky Tremblay
Le maquillage de scène par Émilie Gilbert-Gagnon
Les auditions par Sara Moisan
Jouer pour la caméra par Guillaume Langlois
Initiation aux techniques en son et éclairage par Alexandre Nadeau
Initiation à l’animation théâtrale par Isabelle Boivin

Bonne journée tout le monde!


vendredi 17 avril 2009

10ième Carrefour de théâtre de Québec

Des compagnies théâtrales de partout dans le monde se donnent rendez-vous à Québec (aussi bien dire, à côté de chez nous!), du 26 mai au 13 juin 2009, dans le cadre de la dixième édition du Carrefour International de Théâtre.

Des dizaines de représentations, de chantiers, de lectures publiques, d'ateliers seront offerts dans divers lieux de la capitale.

Les spectacles:
La Tragédie Comique (La Fabrique imaginaire), Bruxelles
The Sound Of Silence (The New RIGA Theater), Lettonie
Où tu vas quand tu dors en marchant? (Carrefour Internation de Québec), Québec... une mise en scène de Frédéric Dubois
Rearview (La Troupe du Jour), Saskatoon
Voyage, premier épisode (La Fabrique imaginaire), Bruxelles
Vu d'ici
(Le Théâtre Péril), Québec... une adaptation et mise en scène de Christian Lapointe
Éonnagata (Festival TransAmérique / Spielzeit'europa-Berliner Festspielle), Québec/Londres... une mise en scène de Robert Lepage
Douleur exquise (Sibylinnes/Théâtre de Quat'sous), Montréal
Les Marchands, Paris... une mise en scène de Joël Pommerat

Pour plus de détails sur les spectacles et les autres activités, une petite virée sur le site web du Carrefour International de Québec s'impose!


jeudi 16 avril 2009

Un classique en atelier...

Voici deux vidéos d'un exercice de théâtre pratiqué assez souvent par les formateurs: la machine théâtrale (ou machine infernale, ou exercice choral)... Il permet d'illustrer, d'expérimenter l'esprit d'équipe (la symbiose), l'écoute, la concentration et la rigueur, éléments nécessaires sur scène, en cours de création. L'effet final de cette activité est parfois surprenant (lorsque bien exécuté...).

Un premier joueur vient sur le devant de la scène et exécute un geste simple et répétitif (mécanique) accompagné d'un son. Puis les autres viennent un par un se rajouter à la machine en faisant chacun un geste et un son, avec comme contrainte de toucher au moins un des autres joueurs. Il faut être en rythme et à l'écoute des autres pour donner une machine cohérente. Ensuite l'animateur lance une phrase pour commander la machine. Les joueurs doivent alors exécuter en rythme et avec émotion le changement. (Le Grimoire du théâtre)




Aphorisme

Quel est, ultimement, le rôle du metteur en scène dans la création d'un spectacle? Vers quoi tendent ses actions? Qui est son premier et véritable interlocuteur (on s'entend qu'il s'agit ici du metteur en scène - disons... absolu)? Voici quelques mots d'Oscar Wilde (p.232 de sa biographie, par Richard Ellman, Galimard, 1988) qui pourrait en constituer une définition valable:

Oscar Wilde

Au public d'être réceptif.
Il est le violon
dont doit jouer le maître.


Alors... le metteur en scène comme régisseur des réaction des spectateurs? L'image est, en soit, intéressante...

mercredi 15 avril 2009

Dix ans


Mine de rien, les années passent...

Il y a exactement dix ans aujourd'hui, en fait foi l'image de l'affiche illustrant ce billet, à la Salle Marguerite-Tellier, le Théâtre de la Castonade (petite compagnie fondée avec Dany Lefrançois) présentait Chut ou les soliloques forcés... dont je signais le texte. Ma première manifestation publique non académique... Un texte qui remettait en cause, en quelques sortes, la parole théâtrale:

Le texte dramatique est un univers fermé qui contient toute l'existence de ses personnages...
Le texte est comme le vieux bateau qui a trop servi: quand on l'utilise, c'est à ses risques et périls. Un bateau, un trou, un fond...

Un texte qui, étrangement, après 10 ans, me semble fort proche de mon travail actuel comme metteur en scène (et parfois, comme auteur)... Comme quoi bien que le temps passe, rien ne change vraiment... Là est l'évolution.

mardi 14 avril 2009

Le Médecin malgré lui [quelques notes]


C'est ce soir que s'enclenche la prochaine production estivale du Théâtre 100 Masques, Le Médecin malgré lui de Molière, une farce (et c'est là-dessus que je mise...) écrite - ou du moins présentée pour la première fois! - en 1666.

Pour la première fois depuis mon retour à la tête de la compagnie (depuis 2007), le travail se fera sous la supervision d'un autre metteur en scène, Christian Ouellet. Mon rôle principal sera, pour ce coup-ci, véritablement directeur artistique. En gros, cela consiste à donner le cadre de réalisation (la mission de la compagnie; les attentes et les grandes lignes du projet; donner et garder, en quelques sortes, l'âme du Théâtre 100 Masques) et de soutenir la création du mieux que je peux. Il faut cependant faire attention que ce rôle ne devienne la méchante belle-mère qui nuit et qui prend trop de place.

Je disais donc que c'est ce soir que débute le travail par la rencontre de toute l'équipe pour une première lecture, le premier contact avec l'oeuvre. (Pour lire ou relire l'intégral de cette oeuvre, cliquer sur ce lien.)

À l'occasion de cette création qui coïncide avec notre dixième anniversaire, j'ai voulu (en accord avec le metteur en scène!), pour boucler une certaine boucle, réunir les premiers comédiens de nos théâtres d'été qui sautaient à pieds joints dans les projets (Pierre Tremblay, Martin Giguère et Mélanie Potvin) et les comédiens des dernières années qui m'ont suivi malgré la précarité de notre situation à mon retour (Alexandre Larouche, Jérémie Desbiens et Émilie Jean). À eux s'ajoute Marc-André Perrier. Une équipe de comédiens chevronnés... et surtout, agréables à travailler!

Alors, pour ce soir, je frappe les trois coups annonciateur du commencement!

LE MÉDECIN MALGRÉ LUI
de Molière
Une production du Théâtre 100 Masques
Salle Murdock (Centre des arts et de la Culture)
du 9 au 26 juillet 2009 (du jeudi au dimanche)



lundi 13 avril 2009

En panne...


dimanche 12 avril 2009

La semaine théâtrale

En ce jour de Résurrection - plus grand coup de théâtre du christianisme! - voici quelques rendez-vous pour la semaine qui débute:

Mardi - 14 avril 2009
Théâtre Latulipe (Montréal) - 20h

Dans le cadre du Festival Vue sur la relève, Vicky Côté (et sa compagnie, le Théâtre À bout portant) transporte son spectacle Les immondes, présenté ici en mars 2008, dans la métropole.

De jeudi à samedi - du 16 au 18 avril 2009
Salle Lionel-Villeneuve (Roberval), 20h

Troisième série de représentations de la production annuelle du Théâtre Mic Mac, de Serge Boucher, une mise en scène de Christian Ouellet. Voici, ici, ce qu'en dit L'Étoile du Lac dans son édition du 9 avril dernier.

Jeudi - 16 avril 2009
Auditorium d'Alma - 20

L'Auditorium d'Alma présente Les points tournants. (Voir la notice de samedi.)

De vendredi à dimanche - 17 au 19 avril 2009
Collège d'Alma - heures différentes


Près de cinq cents jeunes comédiens sont attendus au Collège d'Alma pour trois jours d'activités, de formations, de représentations dans le cadre du 23ième Festival Intercollégial de Théâtre. En lien, ici, la programmation des spectacles ouverts au public.

Samedi - 18 avril 2009
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonquière), 20h

Photographie: Marlène Gélineau-Payette

Le Théâtre La Rubrique présente Les points tournants, une pièce venue de Montréal (Christine Beaulieu, Philippe Cousineau, Jean Marc Dalpé, Maxime Denommée, Steve Laplante, Dominique Quesnel et David Savard). Ce texte, de l'Écossais Stephen Greenhorn, raconte la quête identitaire de deux jeunes qui n'ont jamais quitté leur bled. Après avoir volé la planche de surf d'un petit mafioso totalement fêlé, Alex et Brian prennent la route à bord d'une vieille Lada menaçant constamment de rendre l'âme. Le mafioso les poursuivra sans répit à travers les paysages d'Écosse, où les jeunes feront différentes rencontres, dont celle de Mirren, elle aussi en quête d'un sens à donner à sa vie.

Voilà ce que ça donne... S'il me manque des marques dans mon agenda, faites-le moi savoir.

samedi 11 avril 2009

Encore Pitoëff

Oskar Schlemmer, “Figur und Raumlineatur” (Figure and spatial delineations), 1924

Décidément, moi qui n'ai jamais vraiment été porté vers les réformateurs de la scène française - les Copeau, Jouvet, Baty, Dullin, etc. -, voici que je prends un réel intérêt à lire Pitoëff et trouve en lui des points de vue intéressants.

Sur la prédominance de l'acteur (et donc de la théâtralité) au détriment du texte, de la technique, de l'esthétique: Comment le metteur en scène n'a-t-il pas reconnu le premier de ses instruments: l'acteur? Cet acteur qui était roi des planches avant la naissance du metteur en scène. C'est lui l'acteur d'un rôle, devenu l'acteur de toute la pièce qui a pris le nom de metteur en scène. (Notre théâtre, p.12)

Sur l'espace et les accessoires, quelques principes de base qui pourraient, éventuellement, servir de fondement pour l'élaboration du vide (minimalisme) ou, à tout le moins, définir leur rôle dans un contexte néo-maniériste meyerholdien*: Quelle valeur peuvent avoir tous les accessoires du plateau s'ils ne sont pas là seulement pour servir la mystérieuse force de l'acteur? Ils doivent servir l'acteur, émaner de lui comme d'un centre lumineux, car c'est avant tout par l'acteur que se réalisera l'interprétation scénique. (Notre théâtre, p.14)
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* Pour résumer le plus clairement possible, disons que ce néo-maniérisme prend le texte comme générateur de théâtralité, voit l'acteur comme principal vecteur de celle-ci (émetteur et exécuteur) et la scène (et tout ce qui la compose) que support physique servant à la mettre en valeur.

vendredi 10 avril 2009

Une Passion saignante

En ce Vendredi Saint, petit extrait de circonstance - qui donne dans le grandguignolesque! - tiré de l'Histoire anecdotique de l'ancien théâtre en France Théâtre français, Opéra, Opéra-comique, Théâtre-italien, Vaudeville, théâtres forains, etc Par Albert Du Casse paru en 1869:

Texte non disponible

jeudi 9 avril 2009

Le Québec a le CHUM... le Saguenay a l'Auditorium-Dufour


Nouveau psycho-drame dans l'épineux (et vaudevillesque!) dossier de la réfection de l'Auditorium-Dufour. Notre croix en cette semaine pascale...

Après les interminables prologues du projet, après la farce que fut son adoption, après ses divers entractes qui repoussent de plus en plus loin les échéances (je crois, si ma mémoire est bonne, que 2007 devait en voir l'inauguration), voilà que depuis hier, l'on remet en question l'acoustique de la vieille future salle. Quelques commettants ont même revendiqué la réouverture du débat sur la possibilité de voir une nouvelle salle s'ériger au centre-ville de Chicoutimi. Mais le maire veille.

Bref, peut-être vaudra-t-il mieux attendre avant d'acheter nos billets de saison dans l'Auditorium nouveau...

Quelques liens, pour les férus d'histoire régionale ou pour les amateurs de littérature fantaisiste (et je vous épargne ici les vingts premières années!):
Salles de spectacles: Saguenay a maintenant le choix (CBJ, 2 mars 2005)
Des rectifications s'imposent (LB R, 22 mai 2006)
900 000$ de plus pour rénover l'Auditorium-Dufour (Le Réveil, 13 avril 2007)
Le gouvernement du CANADA appuie la coopérative de développement culturel de Chicoutimi (Patrimoine Canadien, 12 novembre 2007)
Le Ministère de la culture perplexe (CBJ, 22 février 2008)
Le centre-ville pour la salle de spectacle (LBR, 22 février 2008)
Rénovons l'Auditorium (La Quotidien, 6 février 2009)
Les travaux de l'Auditorium devront coûter moins chers (Le Réveil, 15 février 2009)
Ottawa fait preuve d'imagination (Le Quotidien, 29 mars 2009)
«Ça ne marchera pas!» (Le Quotidien, 8 avril 2009)

mercredi 8 avril 2009

De l'autre côté de la rampe

Ludmilla et Georges Pitoëff dans La Mouette de Tchekhov, en 1939
Photographie: Roger Viollet/Getty Images


Ah, les coïncidences... Voici donc, reliquat de mes lectures d'hier, un petit extrait (p.31) des écrits de Pitoëff publié sous le titre de Notre Théâtre en 1949 qui répond, ou qui s'articule, en quelques sortes, en complémentarité avec ce que j'écrivais dans le billet précédent et dans plusieurs billets antérieurs autour du problème du public...

Je crois que le remède [note de moi-même: aux difficultés du théâtre... à peu près les mêmes depuis toujours!] est plus près. Il est dans le théâtre même, mais de l'autre côté de la rampe. Jusqu'à présent, le public venait à nous, grandissait avec nous. D'une petite poignée d'amateurs et de précurseurs, il est devenu ce qu'on appelle le public intellectuel. Ensuite, il a eu tendance à s'additionner le public bourgeois. Nous avons avec nous une partie de la jeunesse, mais il nous faut toute la jeunesse, nous sommes en quête de tout public jeune qui ne nous connaît pas encore, qui ignore le théâtre, et à ce moment même où nous cherchons ce nouveau public, la société cherche à donner le théâtre au public populaire qui, jusqu'à présent, était loin du théâtre. Si l'on trouve le lien entre ce public et nous, le remède est trouvé naturellement. Et il faut trouver ce lien, car, si ce public neuf a besoin du théâtre, il faut lui donner le meilleur. Il ne faut pas le laisser parcourir le chemin du mauvais théâtre pour arriver jusqu'à nous. Moi qui connus tous les publics, je suis sûr que si ce public vient à nous, il restera avec nous. Mais comment l'atteindre, comment lui faire dire que nous ne sommes pas seulement faits pour l'élite intellectuelle, mais pour tous les coeurs enthousiastes et purs?

mardi 7 avril 2009

Quelle culture théâtrale québécoise?


J'aurais pu titrer ce billet d'autre façon: pourquoi le théâtre professionnel québécois m'apparaît-il pauvre (dans le sens de manque de profondeur...) ou si peu attaché à la culture populaire?

D'accord, c'est radical... mais ce n'est pas un déni de son existence, loin de là. Ni un mépris; je l'adore et le respecte... Il s'agit plutôt d'un questionnement sur les racines de cet art qui, historiquement, n'a jamais eu d'importance majeure dans notre société nordique (ce qui n'enlève rien aux diverses anecdotes qui parsèment son histoire!)... quoi qu'on en pense... et que la source de son problème de désaffection qui semble nous affecter (!) lui est, finalement, fondamentale.

Le théâtre, maintenu longtemps sous une chape chrétienne toute puissante, n'a jamais eu, ici (comparativement à l'Europe), de poids social. Jamais ce ne fut un médium de masse. Il faut dire qu'avant 1948 (soit pendant 300 ans!), outre quelques expériences amateures (contrôlées par les religieux) ou quelques tentatives de professionnalisation avortées, le théâtre, sur notre territoire, en était un de tournées étrangères à l'ombre des classiques français et des variétés américaines... et déjà, ces représentations n'étaient pas populaires mais bien élitistes. La clientèle-cible était la bourgeoisie métropolitaine. Le théâtre était affaire de vedettes... et de sorties sociales. Peut-être est-ce de là que notre théâtre est, de fait, synonyme de divertissement.

Qui plus est, si l'on considère sa date de fondation officielle, soit 1948, pour les littéraires et l'avènement de Tit-Coq, il faut aussi prendre en considération que déjà la radio régnait... et que la télévision approchait... et transformerait l'art dramatique par les ondes: le radiothéâtre, le téléthéâtre... Ce n'est donc pas le théâtre professionnel qui marquera l'imaginaire collectif, mais plutôt les personnages des feuilletons, des téléromans... suite achevée.

Oui. Notre théâtre est fort jeune et sa naissance ne s'est pas faite sous la tutelle de théories formelles ou esthétiques ni même de thèses... non. Notre théâtre est né identitaire et le restât pendant les dizaines d'années qui nous séparent de ses début: Gratien Gélinas, Marcel Dubé, Yves Thériault, Michel Tremblay... Le sujet de prédilection: la famille. Pas le monde. Pas les bouleversements sociaux. Pas les grandes idéologies. Non. La famille! Bon. Je généralise... mais n'empêche...

Pour paraphraser Dan Hanganu (architecte québécois en vedette dans La Presse de samedi), je crois que dans le Nouveau Monde comme au Québec, se construire [une supposée tradition théâtrale] est une façon de récupérer ce qu'on a jamais eu. Oui, notre théâtre a évolué (particulièrement depuis les années 80) de façon remarquable. Oui, notre théâtre est admirable. Pourquoi ne touche-t-il pas, alors, le public? Une réponse possible... Parce que le théâtre ne résonne malheureusement pas dans notre mémoire ancestrale... Notre théâtre est un art sans racine.
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Il a fallu près de trois siècles pour que le théâtre joué sur le territoire du Québec devienne le théâtre de la société québécoise. L'évolution de la collectivité - sur les plans politique, social, économique, moral et intellectuel - a permis que s'opèrent plusieurs renversements; longtemps sporadique, l'activité théâtrale est devenue continue; officiellement interdite et combattue, elle a été tolérée puis reconnue; boudée par le public, elle a fini par conquérir une place importante dans les pratiques culturelles; jadis affaire privée, elle bénéficie maintenant du soutien de l'État; redevable pendant plus de trois siècles aux apports étrangers, elle est aujourd'hui pleinement assumée par les praticiens et la collectivité.
(Madeleine Greffard, Jean-Guy Sabourin, Le Théâtre québécois)



lundi 6 avril 2009

Puzzle d'acteur


L'âme est la première partie du comédien;
L'intelligence, la seconde;
La vérité et la chaleur du débit, la troisième;
La grâce et le dessin du corps, la quatrième.

Henri-Louis Caïn, dit Lekain

Il est intéressant de tenter de définir en quelques mots le travail de l'acteur puisqu'il est, comme le dit Pavis, au centre de la mise scène et il tend à ramener à lui le reste de la représentation (L'analyse de spectacles, p.53).

Pour ma part, à ces lignes de Lekain j'ajoute (pour ne pas dire j'oppose!) une petite équation toute simple: RIGUEUR + PRÉCISION = PRÉSENCE... Ainsi, l'acteur doit connaître et reconnaître ses limites corporelles. Sur ce point, Meyerhold avait une formule idéale: sans auto-restriction, pas de maîtrise (Théâtre théâtral, p. 117). Il doit comprendre la structure et le fonctionnement de son outil principal avec ses points d'équilibre et ses points d'appui. Il doit savoir manier avec souplesse, rigueur, calcul et précision, tout en maximisant les possibilités qui s'offrent à lui.

Là est le vrai travail de l'acteur... et ce travail ne peut attendre un rôle pour se faire.

dimanche 5 avril 2009

La semaine théâtrale

Notes brèves...

De jeudi à samedi - du 9 au 11 avril 2009
Salle Lionel-Villeneuve (Roberval), 20h

Le Théâtre Mic Mac entame sa seconde semaine de représentations. Il faut donc passer par là pour voir de Serge Boucher, mis en scène par Christian Ouellet. (À ma connaissance, il n'y a a pas encore de critiques de sorties...)

Pendant ce temps, à l'extérieur de la région...

De ? - du ? (jusqu'au 18 avril)
Théâtre Prospero (Montréal), à 20h

Le Théâtre La Rubrique présente toujours (en co-production avec le Théâtre du Double Signe de Sherbrooke) dans la métropole son Je ne pensais pas que ce serait sucré. Voici, en lien, une critique parue sur le blogue Le Quatrième et celle parue dans les pages du Devoir cette semaine.

Vendredi - 10 avril 2009
Maison de la culture Frontenac (Montréal), 19h30

La Tortue Noire (à laquelle se fusionne désormais le collectif de la Chassepinte), qui place l'objet au centre du processus de création en axant également leurs préoccupations sur le travail de l'interprète, présentera Le Grand Oeuvre lors d'une soirée spéciale du festival Vue sur la relève à Montréal.

Je pense que c'est tout... Si il y a autres choses, faites-nous signe!!! Parce que selon mes recherches, il n'y a rien d'autre...

samedi 4 avril 2009

Des hauts et des bas...

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Petites phrases qui m'ont accroché dans cette lecture en cours de l'autobiographie de Barrault, Souvenirs pour demain (ouvrage mentionné pour la première fois dans le billet de vendredi dernier), prononcées par le grand Louis Jouvet (que je connais peu...) au jeune metteur en scène, au milieu des années 40... petites phrases qui dénotent merveilleusement bien les hauts et les bas d'une vie théâtrale... saguenéenne ou non:

Louis Jouvet par Yousuf Karsh, 28 mai 1949

Tu rencontreras des succès pour des oeuvres que tu aimes. Cela te remplira de joie. Tu rencontreras des échecs pour des oeuvres dont tu n'étais pas sûr mais qui te tentaient. Cela sera dur mais tes convictions ne seront pas ébranlées. Tu rencontreras aussi des fours retentissants pour des oeuvres que tu chérissais et des succès surprenants pour des oeuvres qui te laissaient au fond indifférent. Là, tu seras déséquilibré. Enfin, et c'est le pire, à de certaines époques, tu auras beau te décarcasser, tu ne rencontreras rien du tout: le vide. Le néant. L'indifférence générale. C'est là l'angoisse.

Tiens... on dirait un écho du billet de ce matin...

Dans ce désert où nous prêchons...

Jean-Baptiste prêchant dans le désert, Gustave Doré

Il serait intéressant de faire une vaste étude pan-régionale (ou même juste saguenéenne!) sur le milieu théâtral d'ici. Vérifier la connaissance des quidams sur celui-ci, tester la perception qu'ils en ont, l'intérêt qu'ils lui portent. Juste pour se faire une idée. Mettre de côté les impressions (impressions qui font écrire ce billet!) au profit d'une connaissance réelle... Une étude de marché, quoi!

Ainsi, les questions existentialo-économico-artistiques pourraient obtenir des réponses: y a-t-il trop d'offre? y a-t-il même une demande? qu'attend ce public à lequel nous faisons tous la cour? où le travail de contact achoppe-t-il? savent-ils même que nous existons (malgré les médias, malgré la publicité)? Et la question qui fait mal: quelle utilité y voient-ils?

Peut-être est-ce une influence pascale... mais il me semble parfois que nous prêchons dans le désert...


vendredi 3 avril 2009

Une peau neuve virtuelle


Dans le cadre de ses trente ans, le Théâtre la Rubrique a entrepris une refonte complète de son site web (www.theatrelarubrique.com). Même s'il manque encore quelques sections, il vaut le détour. Décidément, les compagnies se donnent le mot pour se refaire une beauté virtuelle!

Je profite de l'occasion pour vous rappeler que le Théâtre C.R.I. dispose désormais d'un véritable site web au www.theatrecri.ca et que le Théâtre Mic Mac poursuit l'élaboration du sien (avec, entres autres, la mise en ligne, tout dernièrement, de sa section archives) au www.theatremicmac.com.


Le trac

Jean-Louis Barrault en Scapin, par David Flore, dit Flordavid (1891-1958), 1947-48

Le trac, ce n'est pas la peur. C'est l'émoi du rendez-vous, avec la hantise d'être «à la hauteur». Disons: un complexe de puissance, qui ne pourrait disparaître qu'avec un peu d'indifférence. Il m'est arrivé d'envier les indifférents, pas longtemps bien sûr.

Sous l'emprise du trac, on ne sait plus s'il faut manger ou jeûner, se coucher ou marcher, se «chauffer avant» ou dormir. On passe par toutes les maladies: la congestion cérébrale, la crise de foie, la faim, l'envie de vomir, on manque d'air, on a des frissons, des vapeurs... C'est bien simple: «C'est la dernière fois!».

Heureusement, une fois en scène, après une minute de fuite en avant, l'ivresse commence. Les radars se sont débloqués - les réacteurs fonctionnent. On vole au-dessus des nuages, on s'imagine extra-lucide. Enfin, quand tout va bien et que le public est «bonne fille»!

En quelques lignes, Jean-Louis Barrault réussi fort bien, dans son autobiographie - Souvenirs pour demain, paru aux éditions du Seuil, en 1972 - à définir cet état d'être juste avant de monter sur scène... cette sensation de malaise profond qui grise pourtant plus que tout!

Pour moi, le trac - qui n'est pas l'apanage exclusif des comédiens! - est peut-être la pire épreuve qu'impose le théâtre. Peu importe le texte, l'équipe, la salle, le contexte social et financier... tout est surmontable. Sauf cette angoisse douloureuse et épuisante auto-infligée qui empoigne le coeur et qui s'intensifie à l'approche de l'heure fatidique!
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Pour terminer, je ne résiste pas à répéter une nouvelle fois cette anecdote qui me plaît bien... autant pour le caractère des personnages impliqués que pour l'ironie qui s'en dégage:

Une jeune comédienne à l'illustre Sarah Bernardht: «Je ne connais pas le trac.» La grande tragédienne à la voix d'or de répondre: «Ne vous en faites pas, cela viendra avec le talent.»

jeudi 2 avril 2009

L'indépendance du metteur en scène

Comme il y a la rose des vents,
son théâtre était la rose des songes.
Ludmilla Pitoëff

Par un heureux hasard (et grâce à cette période bénie que l'on nomme grand ménage printanier!), je me suis retrouvé avec, entre les mains, l'essai Notre théâtre écrit par Georges Pitoëff... Je dis heureux hasard parce qu'il y a quelques jours à peine, j'ai cité cet ouvrage dans un billet (que l'on peut relire ici) sans avoir eu la chance de le lire en entier, utilisant plutôt un extrait publié dans un collectif de textes.

Donc, premières lignes: qu'est-ce que la mise en scène? Tentative de définition que, d'une certaine façon, je partage généralement assez bien.


Par mise en scène, on entend tant de choses différentes que je tiens avant tout à préciser ce que, moi, j'appelle ainsi.

La définition générale serait peut-être: interprétation scénique d'une œuvre dramatique. Je dis peut-être, car cette définition demande à son tour quelques précisions sur l'art du théâtre. On dit le plus couramment que cet art englobe plusieurs autres. À savoir: diction, peinture, sculpture, architecture, danse, mimique, etc., et, en fin de compte, on arrive à ne plus pouvoir le définir. C'est parce qu'on oublie que l'art scénique est un art absolument indépendant. Non seulement il transpose, mais il recrée tous ces autres arts en les utilisant comme matière première. Il est aussi indéfinissable que la vie elle-même. Car si dans tous les arts l'homme est la source qui crée, dans l'art scénique, il est à la fois le créateur et l'instrument. Combien secondaires apparaissent tous les autres éléments à côté de cette unique matière première: l'être humain.

Si nous admettons cette indépendance, nous dirons que pour transporter l'œuvre écrite sur la scène, nous devons lui donner une existence par l'art scénique. Quelle sera cette existence? Quelle volonté, quelle pensée, quelle intelligence, quel sentiment la détermineront, la feront surgir de l'inconnu? Je répondrai: la mise en scène, le metteur en scène.

Cet artiste - autocrate absolu, en rassemblant toutes les matières premières, à commencer par la pièce elle-même - fera naître, par l'expression de l'art scénique, qui est son secret, le spectacle.

On me dira que je donne un droit beaucoup trop absolu au metteur en scène, car d'habitude, la plus haute fonction qu'on lui accorde, c'est d'être un fidèle serviteur de l'auteur, et un guide avisé de l'acteur. Mais avec cette vieille conception de l'art scénique est réduit à une sorte de confection.

[...]

Si encore, à la rigueur, on laisse au metteur en scène un droit sur les acteurs, on ne lui permet jamais de se mesurer avec l'auteur. Il n'a qu'à faire interpréter le texte, c'est déjà beaucoup lui accorder.

Il me semble, au contraire, que le maître absolu dans l'art scénique, c'est le metteur en scène. La pièce écrite existe par elle-même dans le livre, on la lira, et chaque lecteur l'assimilera selon son imagination. Mais lorsqu'elle arrive sur le plateau, la mission de l'écrivain est terminée, c'est par un autre que la pièce se transformera en spectacle. Je ne diminue pas la place de l'auteur, je défends seulement l'indépendance absolue de l'art scénique. Si son existence est subordonnée à l'existence de la pièce, cela ne signifie pas qu'il n'existe pas par lui-même. L'existence du tableau est subordonnée aussi à celle de la toile, des couleurs. Si l'on objecte que la valeur de l'art scénique est moindre que celle de l'art de l'écrivain ou du peintre, ou de tout autre artiste, nous discuterons. Mais si l'on nie l'existence indépendante de l'art dramatique, ne parlons plus de théâtre.


Bien qu'il y ait un certain radicalisme dans ce propos, je trouve que c'est une définition somme toute assez juste (mais bon, fort subjective...).


mercredi 1 avril 2009

Quand l'Assemblée Nationale parle de théâtre...


Décidément, c'est la journée du blogue politique!!!

Voici qu'on m'a envoyé - ah les contacts! - cet échange qu'il y a eu, hier, à l'Assemblée Nationale... échange qui a pu passer inaperçu... enfin, non pas un échange, mais plutôt une motion de la Ministre de la Culture pour souligner la Journée Mondiale du Théâtre du 27 mars dernier.

Le Vice-Président (M. Gendron): ...sans préavis, et je reconnais Mme la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine pour sa motion. Mme la ministre, à vous la parole.

Mme St-Pierre: Merci, M. le Président. Je présente cette motion conjointement avec les députés de Bourget, de Chauveau et de Mercier:

«Que l'Assemblée nationale souligne la Journée mondiale du théâtre, qui se tient chaque année le 27 mars, et rende hommage à toutes celles et à tous ceux qui, au Québec et à travers le monde, font vivre cette forme d'expression artistique.»

Le Vice-Président (M. Gendron): Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Alors, sans débat. Est-ce que cette motion est adoptée?

Des voix: Adopté.

Le Vice-Président (M. Gendron): Adopté.

Je tenais à le souligner!

Nos finances sous la loupe


Tiens tiens... le gouvernement Charest mettrait en place une commission (ou un comité), piloté par l'ancien maire L'Allier et tout aussi ancien ministre de la culture, pour évaluer le statut socio-économique des travailleurs qui oeuvrent dans le milieu culturel. Le Saguenay sera-t-il consulté?

Reste à voir si le rapport attendu pour décembre sur le bureau de la Ministre actuelle servira à quelque chose...

Autres détails dans cet article sur Cyberpresse.