De retour avec un de mes sujets favoris: la critique théâtrale... c'est-à-dire, pour être plus précis, sa fonction ou, comme dans ce cas-ci, la réception de celle-ci par les artisans. Un sujet sans fin qui semble se régénérer d'années en années tout en conservant un même fond de vérité!
Voici, en ce sens, une confidence d'un auteur dramatique du début du XXième siècle, M. Gustave Guiches, qui a raconté ses souvenirs dans un livre simplement titré Le Spectacle* (paru, j'imagine, vers 1920-1930...). Un petit passage est fort plaisant et, sorti de son contexte, pourrait s'appliquer encore de nos jours:
(cet extrait fait suite aux récits de l'insuccès de sa pièce Snob qui le vit accablé par la critique et du triomphe de la suivante, Chacun sa vie...)
«Je sens, dit-il alors, que le succès me rend sociable autant que l'insuccès me voulait insociable. Je sens que, dans l'insuccès, je méprisais et haïssais la critique. Je sens que, dans le succès, je l'honore, je l'aime et je lui en suis reconnaissant! Misère des jugements humains! Vérité dans l'insuccès? Mensonges dans le succès? ou le contraire?...»
[...] «À mon premier échec, dit-il, j'ai hurlé, j'ai grincé des dents, j'ai traité les artistes, la critique, le public, d'imbéciles, même de malfaiteurs!... Et au premier coup de soleil du succès, tout ça s'est dissipé. Je trouvais les artistes admirables, les critiques incomparables, et les spectateurs me semblaient tous être supérieurs et les plus braves gens!... Je n'étais pas plus équitable dans l'enthousiasme que dans l'irritation... La critique?... Du moment que nous la trouvons au-dessous de tout quand elle nous éreinte et au-dessus de tout quand elle nous louange, nous n'avons rien à dire d'elle car nous sommes incapables d'avoir, à son égard, une opinion équitable et désintéressée...»
Voici, en ce sens, une confidence d'un auteur dramatique du début du XXième siècle, M. Gustave Guiches, qui a raconté ses souvenirs dans un livre simplement titré Le Spectacle* (paru, j'imagine, vers 1920-1930...). Un petit passage est fort plaisant et, sorti de son contexte, pourrait s'appliquer encore de nos jours:
(cet extrait fait suite aux récits de l'insuccès de sa pièce Snob qui le vit accablé par la critique et du triomphe de la suivante, Chacun sa vie...)
«Je sens, dit-il alors, que le succès me rend sociable autant que l'insuccès me voulait insociable. Je sens que, dans l'insuccès, je méprisais et haïssais la critique. Je sens que, dans le succès, je l'honore, je l'aime et je lui en suis reconnaissant! Misère des jugements humains! Vérité dans l'insuccès? Mensonges dans le succès? ou le contraire?...»
[...] «À mon premier échec, dit-il, j'ai hurlé, j'ai grincé des dents, j'ai traité les artistes, la critique, le public, d'imbéciles, même de malfaiteurs!... Et au premier coup de soleil du succès, tout ça s'est dissipé. Je trouvais les artistes admirables, les critiques incomparables, et les spectateurs me semblaient tous être supérieurs et les plus braves gens!... Je n'étais pas plus équitable dans l'enthousiasme que dans l'irritation... La critique?... Du moment que nous la trouvons au-dessous de tout quand elle nous éreinte et au-dessus de tout quand elle nous louange, nous n'avons rien à dire d'elle car nous sommes incapables d'avoir, à son égard, une opinion équitable et désintéressée...»
Personnellement, je trouve la dernière phrase assez criante de vérité... et ces pauvres journalistes et chroniqueurs qui portent (ou qui devraient porter!) ce rôle sont donc toujours sur la corde raide!
_________________________________________* Cette citation est tirée de l'ouvrage Initiation à l'Art dramatique de Jean Béraud, paru en 1936 aux Éditions Eugène Figuière, Paris.