jeudi 16 mai 2024

Pourquoi «George Dandin» d'après Molière?


Actuellement, je travaille, avec toute mon équipe, à la mise en scène de George Dandin... que nous présenterons d'après Molière. 

Qu'est-ce à dire? 

C'est dire que nous ne prendrons pas le parti littéraire de la pièce... au grand dam peut-être des puristes. Mais qu'importe. Nous plongeons dans ce texte à partir de notre propre oralité. Si les personnages, le cadre de l'intrigue, le schéma des échanges restent identiques, si les enjeux restent les mêmes, certaines expressions et une partie de la syntaxe sont fortement réappropriées par les comédiens. 

Pourquoi? 
  • D'abord pour rapprocher ce texte de notre réalité orale.
  • Pour accentuer l'identification.  
  • Puis pour retrouver une certaine vigueur de la langue dans cette comédie qui est particulièrement acerbe (et comme toute bonne comédie, le rythme est essentiel).
  • Pour rehausser les effets comiques de certaines répliques.
  • Pour prendre Molière à bras-le-corps et l'entraîner sur notre scène, aujourd'hui, en 2024. 
  • Parce qu'enfin, d'un point de vue vaguement idéologique, cette langue moliéresque, en 1668, ne sonnait pas comme le classicisme la fait entendre aujourd'hui (voir cet extrait d'une production du Bourgeois Gentilhomme montée comme à l'époque). Elle fut d'abord et avant tout puissamment scénique, pour des comédiens de leur époque, avant que les couches de vernis s'accumulent.
Adaptation? Non. Ajustements langagiers. Alors est-ce toujours du Molière? Moi je dis que oui. Mais il se fera entendre autrement.

Avec le Théâtre 100 Masques, au cours des dernières années, nous avons fait souvent ce type d'exercice: avec les Farce médiévales (2016), avec Le Père-Noël est une ordure (2019), avec Bas les masques! (d'après Un curioso accidente de Goldoni) (2022).