dimanche 29 avril 2012

Au théâtre, cette semaine... (du 29 avril au 5 mai 2012)


Le théâtre au Saguenay-Lac-Saint-Jean retombe presque dans une torpeur... d'ici l'émergence des différentes productions estivales qui égaieront les belles soirées chaudes (ou peut-être humides et froides... encore plus propices à entrer dans une salle de spectacle!)... Il reste pourtant quelques rendez-vous pour la semaine.

Mercredi à samedi - 2 au 5 mai 2012
Polyvalente des Quatre-Vents (St-Félicien), 20h
(et dimanche, 6 mai, 13h15)

Le Théâtre des 4 Planches de St-Félicien présente Le doux parfum du vide de Pascal Lafond, mis en scène par Pierre Turcotte (un collaborateur assidu de Jimmy Doucet). Adria, une chef de renom, cuisine de la chair humaine -des “ viandes ” consentantes, qui marchent en souriant vers la mort et discutent calmement du sens de la vie. Pendant ce temps, Ferran, l'amoureux d'Adria, tente désespérément de se rapprocher de la femme qu'il aime éperdument. Jusqu'où ira-t-il pour ne pas la perdre? Dix-huit comédiens monteront sur scène. Le coût d'entrée est fixé à 14$ pour les adultes et à 10$ pour les étudiants (à noter que les enfants de moins de 13 ans ne sont pas admis).

Vendredi - 4 mai 2012
St-Barthélémy (740, rue Joliet, Chicoutimi), 20h

Il y aura (une unique!) présentation, dans cette salle qui est située dans l'ancienne église St-Joachim, de Pendant le Jack Side Jazz Band, une exploration théâtrale qui a été présenté dernièrement, à la Maison de la culture Frontenac. Ce projet repose sur la mise en scène/mise en lecture du roman Nos échoueries, de Jean-François Caron et est mené par Josée Laporte accompagnée de plusieurs collaborateurs (dont l'auteur): Sara Létourneau, Guillaume Ouellet, Jean-François Caron, Luc Perron, Pascal Beaulieu, Christian Schroeder-Tabah et Chantale Boulianne. Le coût du billet est fixé à 12$.

Samedi - 5 mai 2012
Salle Pierrette-Gaudreault, 13h30
Et aussi en représentation scolaire la veille

Le Théâtre La Rubrique reçoit le spectacle Sur trois pattes du Théâtre de l’œil. Dans une forêt se trouve un dépotoir où fouille un écureuil... Parmi les objets inanimés, il trouve une caméra sur son trépied. Il suffira qu’un papillon se pose dans le boîtier pour que la magie s'opère et que la caméra s'anime. À travers son regard, à la fois microscope et télescope, le spectateur découvrira un environnement grouillant de vie.

Pendant ce temps, la Chaire de recherche du Canada pour une dramaturgie sonore ne sera pas en reste et enverra, pour la semaine, une première équipe de chercheurs à Simoncouche, pour un premier laboratoire intensif in situ...

Voilà. Si j'oublie des trucs, on peut me le faire savoir via les commentaires...

samedi 28 avril 2012

«Albertine en cinq temps»

Dans l'ordre de la spirale: Mélanie Tremblay, Joan Tremblay, Sonia Tremblay, France Donaldson, Jocelyne Simard et Francine Joncas. 
Photographie: Christian Roberge

Hier soir, j'ai assisté à l'avant-dernière représentation de la production du Théâtre Mic Mac, Albertine en cinq temps. Un texte fort (un des plus aboutis!) de Michel Tremblay mis en scène par Réjean Gauthier et ses collaborateurs, Christian Roberge à la scénographie, Vicky Tremblay et son équipe de jeunes aux costumes, Gervais Arcand aux éclairages.

Sans jamais avoir été un fan à tout crin de Tremblay, j'admets volontiers qu'il a écrit, dans ses grandes pièces, des personnages féminins fabuleux. Et cet être multiple qui compose ce chef-d'oeuvre, Albertine, en est peut-être le sommet. Une femme complexe. Toute livrée à son ignorance et son instinct. À une faiblesse qui demeure pourtant sa meilleure protection.

C'est donc à un gros morceau que s'est attaqué l'équipe de Roberval... et il en résulte un travail honnête.

Les cinq Albertine (à 30, 40, 50, 60 et 70 ans) sont campées avec conviction par des comédiennes d'expérience. L'effondrement maternel... La rage viscérale... Le déni protecteur... La fuite dans un ailleurs factice... La résignation... Chacune joue sur un partition spécifique qui pourtant, dans cet ensemble polyphonique, brosse un portrait sans ménagement de cette femme meurtrie. De ces mots durs émane un plaisir de la scène, un plaisir de jouer ensemble. Et la mise en scène, tout simple, ne sert, au fond, qu'à les mettre en valeur. Peu de déplacements. Peu de gestes. Chacune liée à son siège - seul élément, avec le costume, à marquer efficacement l'époque - sur une spirale plutôt symbolique...

Bref, un théâtre de texte qu'on écoute avec intérêt.


vendredi 27 avril 2012

«Vêpres de la Vierge Bienheureuse»

L'acteur Gaël Leveugle dans Vêpres de la Vierge Bienheureuse (Photographie: Didier Grappe)

Hier soir était présenté (grâce à la Chaire en recherche du Canada pour une dramaturgie sonore) le projet théâtral Vêpres de la Vierge Bienheureuse créé par le metteur en scène Éric Vautrin, le créateur sonore Jean-Luc Guionnet et le comédien Gaël Leveugle. 

Un spectacle exigeant... loin du divertissement populaire. Un spectacle entre jeu, paroles et musique comme le dit le communiqué. Un spectacle qui enlève tous les repères du spectateur pour le laisser dans le tourbillon intense du deuil, de la perte, de l'absence. 

L’auteur italien Antonio Tarantino a imaginé les paroles d’un père démuni devant la dépouille de son fils suicidé. Avec une langue heurtée, impuissante et maladroite à dire ce qui lui arrive, il invente une mort mythologique, poétique, à son fils, lui improvisant un voyage au delà de la vie. Convoquant dans le désordre mythes grecs, rituels chrétiens, Dante ou actualités de l’Europe contemporaine, il tente de contredire la mort et avec elle toutes les puissances du ressentiment et de l’oppression, tout ce qui s’oppose à la vie. 

Une parole souffrante. Un dialogue intense entre les mots et la musique, entre les mots et la lumière. Entre une scène consciemment insaisissable et une salle en quête de sens... en création de sens.

Et tout ça dans une théâtralité très épurée... et très efficace.

D'une part un comédien. Solide. Très présent. D'une maîtrise incontestable. Hypnotisant. Sans artifice sinon un jeu physique constant, intense... et un travail vocal abordé comme un construction sonore, tout en rythme, en volume, en débit, en intonation. Une musique envoûtante à partir du moment où le spectateur cesse de combattre pour sa propre compréhension (car les mots se bousuculent, se télescopent, se perdent dans l'accent de l'interprète, l'accent du personnage) et se laisse porter par cette mélopée, ce chant funèbre. 

D'autre part, une architecture sonore. Puissante. Sensible. Comme soutien à ce flot verbal. Comme contrepoint. Comme masque. Envahissante et pourtant dans un équilibre constant avec la scène, sans imposition de technologies, de contexte d'énonciation.

Et un éclairage minimaliste. Tout en zones obscures quand il ne fait pas une large part à la noirceur quasi-totale.

Entre les trois (qui commandent une attention et un travail de ce quatrième créateur qu'est le spectateur), un espace pour une certaine performativité. De la rigueur et de l'imprévu. Des rendez-vous et des hasards. Bref, une écoute qui fait envie. Et en bout de ligne, une incarnation (que d'aucuns regretteront) pas tant au cœur d'une intrigue ou d'une fable qu'au centre d'un état.

Une production exigeante, oui... qui, par les questionnements qu'elle provoque, fait du bien.

jeudi 26 avril 2012

«Une parade avec Gille»


Ai assisté, hier soir, à une représentation d'Une parade avec Gille, une production du Théâtre du Faux Coffre... sans les Clowns noirs emblématique de la compagnie.

Présenté par Bernard Nardif - docteur Bernard Nardif! -, ce spectacle démonstration met en scène un personnage niais et bête, Gille (interprété avec un plaisir évident par Éric Chalifour), qui n'a que le mot marde à la bouche et de qui tous se moquent (dans tous les sens du terme), à commencer par son horrible femme, Gillette (Sara Moisan) dont la fidélité est proportionnelle à sa grâce. C'est-à-dire nulle. Après avoir été floué, rossé, mené en bateau, il doit rembourser une somme de 100 pièces d'or au bourreau... et pour y arriver, il essaie diverses solutions, toutes plus bêtes les unes que les autres. Au grand plaisir des spectateurs, il va sans dire. Rires il y aura.

Donc sur cette trame narrative simpliste (les péripéties du fou du village) qui tourne, cette fois, principalement autour de l'argent - de ses bienfaits et des vices qu'elle procure - toute une bande de personnages rocambolesques (l'ami, le bourreau, le vieillard, la pute, le geôlier) s'agitent... dans une surenchère de vulgarités (de la sexualité à la scatologie). Un peu comme un exercice de style. Un mélange d'Aristophane, de Rabelais et de François Avard. Un choix qui enrobe le thème principal... presque au point de devenir le point central reléguant l'intrigue au rôle d'accessoire. Une truculence qui peut écorcher les oreilles sensibles... et rires il y aura.

Du coup, le texte de Martin Giguère se différencie de ses œuvres précédentes. Par le ton. Par le langage... tout en gardant pourtant ce qui fait la force de celles-ci: un plaisir du mot, de l'expression imagée, du rythme... de la parole qui s'écoute parler! On ne refait pas l'auteur!

Un son donc différent sans l'être... dans un univers connu. Car l'esthétique privilégiée ramène assurément aux (premiers) spectacles des Clowns noirs: une apparente (et riche!) pauvreté théâtrale où seuls quelques éléments bruts marquent les lieux, avec de fort beaux costumes (fabriqués par Hélène Soucy) qui forment presque à eux seuls les personnages. 

Puis il y a le genre. La parade. Et c'est là mon seul regret de spectateur... Qu'est-ce qu'une parade? Y a-t-il véritablement parade ou celle-ci n'existe-t-elle que dans le titre? En quoi ce genre se différencie-t-il (du moins dans la forme présentée par le Faux Coffre) d'une production conventionnelle? Devrait-il y avoir une différence? Je cherche encore la (ou les) réponse(s). Mais peu importe. Rires il y aura!

Et vivement le plaisir de voir comment évoluera maintenant cette série...

mercredi 25 avril 2012

Visuel des camps de théâtre thématiques du 100 Masques...


Retour sur «Morceaux de solutide(s)»

Avant que de présenter des photographies de cette production étudiante (ou d'y revenir plus directement), je publie ici la synthèse générale du cours Atelier de production que j(e n')ai (pas) donné... et qui, en quelque sorte, fait une mise à jour de ma vision théâtrale... 

La mise en scène doit se faire avec un but précis : dire quelque chose à quelqu’un. En ce sens, ce que je fais, ce que je montre, atteint-il le but que je me suis fixé? La forme choisie est-elle en complémentarité ou en contradiction avec ce discours? 

Quelles sont la cohérence et l'efficacité des choix (jeu, esthétiques : décors, costumes, éclairages, son, etc.) dans la création du sens? Dans la même veine, il faut garder à l’esprit l’utilité de chacun des choix : rien ne doit être gratuit sur scène. Tout ce qui est amené à la scène doit soit avoir une symbolique précise, soit participer à la création d’un système sémiologique. Si ce n’est là que pour être beau et joli, ça n’a pas sa place.

La suggestion reste l'élément scénique le plus efficace. Meyerhold (encore!) affirmait que «Le secret d’être ennuyeux, au théâtre, c’est de tout dire». Mais attention aux clichés. Mon metteur en scène fétiche avait une belle phrase pour ça : «Ne confondez pas tradition et cliché. Un cliché est une tradition vidée de son sens.» 

Il faut avoir conscience, comme créateurs et comme interprètes, de l’image qu’on projette sur la scène : «La faculté de disposer de son corps dans l’espace est la loi fondamentale du jeu de l’acteur» disait Meyerhold.

Il ne faut pas hésiter à se remettre en question et surtout, il ne faut pas avoir peur de se faire remettre en question. Cette remise en question, tant qu'elle ne devient pas sclérosante, demeure un gage de création vivante. Dans la même lignée, une production (une œuvre d’art) doit demeurer ouverte jusqu'à la toute fin. Il ne faut pas avoir peur d’y ré-intervenir pour la garder efficace et dynamique. 

Présence = confiance + rigueur + plaisir. (Confiance : en vous, en votre partenaire, en votre projet, en l’ensemble de la création. Rigueur : préparation adéquate, écoute, attention, précision, contrôle/maîtrise de soi, compréhension du texte, du discours, rythme. Plaisir : vivacité, légèreté.) 

Je cite encore Meyerhold : «Une phrase doit être présentée savoureusement, comme pour exciter l’appétit, de la même façon qu’un cuisinier qui, lorsqu’il sert un bon plat, ne soulève pas tout de suite le couvercle de la casserole. Ensorcelez-nous d’abord avec l’arôme de la phrase, et puis offrez-la nous.»

mardi 24 avril 2012

Une définition par trois lettres...


Toujours dans une tentative (à long terme!) de circonscription d'une définition nette et précise de la théâtralité, voici celle énoncée par Michel Corvin dans son Dictionnaire encyclopédique du théâtre: La théâtralité se définit par trois faits: elle est présence (l'adresse); elle ne vit que d'absence (ce qu'elle figure n'existe pas); et pourtant elle fait que cette absence soit présence; elle est à la fois une marque, un manque et un masque.

Par ailleurs, sous la même entrée apparaît cette mise en garde de Jean-Marie Piemme: Dans l'histoire du théâtre occidental, la théâtralité est à la fois une valeur qu'il faut désirer et un écueil qu'il faut craindre. [...] L'usage positif de la notion est manifeste chaque fois que le théâtre est menacé d'être confondu avec la «vie»: il est alors judicieux de rappeler que toute représentation est un simulacre, une forme, et que la théâtralité n'est pas le privilège de la chose représentée mais de mouvement d'écriture par lequel on représente; l'usage négatif de la notion apparaît, au contraire, chaque fois que le théâtre oublie le réel, qu'il se complaît dans la célébration de ses propres codes, qu'il s'enferme dans ses propres conventions: alors la théâtralité n'est plus que la marque irrécusable du mensonge et de l'aveuglement.

Et du coup, on revient à un billet publié plus tôt cette semaine (celui-ci) qui distingue théâtralité de théâtralisme...

lundi 23 avril 2012

Photo étudiante...


Voici une photo du groupe d'étudiants (prise quelques minutes avant la première représentation) qui viennent de terminer le cours Atelier de production sous ma direction.

Dans l'ordre, en partant de la gauche, on retrouve: Jessica Normandin, Camille Perry, Sébastien Ferlatte, Patricia Boily, Marie-Christine Grenier, Fanny Tousignant, Julie Bernier, Michael Turbide, Julie Tremblay-Cloutier, Audrey Bergeron, Cloé Bernard, Leïna Tremblay-Lessard, Robert Maltais et Heïdie Joubert.

Je reviendrai sur cette production, avec des photos de chacun des numéros, après avoir fait un bilan avec ceux-ci... soit demain après-midi.

«La Marmite» [Carnet de production]


 Ce soir débute véritablement les répétitions (bien que ça reste encore dans le champ du travail de table) de La Marmite de Plaute entre les comédiennes et la metteure en scène.

Il y a quelques jours, une première lecture nous a permis d'entendre le texte et d'en saisir la mesure éminemment comique. Des personnages tordus, cruels. De la mauvaise foi. De la grossièreté. Des mots crus. Des coups de gueules et quelques coups de bâtons! Des situations rocambolesques et des discours sur la richesse - deux fois millénaire! - qui acquièrent une nouvelle résonance dans notre contemporanéité... comme celui-ci qui, dans une verve pittoresque et truculente vilipende, en quelques sortes, la surconsommations et les achats à crédit. Il est tenu, en secret, par Mégadore, le riche voisin, qui veut épouser la fille d'Euclion, un avare de la pire espèce, qui l'écoute et qui tombe sous le charme de ce laïus!

J’ai fait part à plusieurs amis de mon projet de mariage. Ils disent tous du bien de la fille d’Euclion; ils m’approuvent fort : C’est, disent-ils, une idée très sage. En effet, si tous les riches en usaient comme moi, et prenaient sans dot les filles des citoyens pauvres, il y aurait dans l’état plus d’accord, nous exciterions moins de haine, et les femmes seraient plus contenues par la crainte du châtiment, et nous mettraient moins en dépense.

[...]

Une femme ne viendrait pas vous dire : Ma dot a plus que doublé tes biens ; il faut que tu me donnes de la pourpre et des bijoux, des femmes, des mulets, des cochers, des laquais pour me suivre ; des valets pour mes commissions, des chars pour mes courses. 

[...]

À présent il n’y a pas de maison de ville où l’on ne trouve plus de chariots, qu’il n’y en a dans celles des champs. Mais ce train est fort modeste encore, en comparaison des autres dépenses. Vous avez le foulon, le brodeur, le bijoutier, le lainier, toutes sortes de marchands, le fabricant de bordures pailletées, le faiseur de tuniques intérieures, les teinturiers en couleur de feu, en violet, en jaune de cire, les tailleurs de robes à manches, les parfumeurs de chaussures, les revendeurs, les lingers, les cordonniers de toute espèce pour les souliers de ville, pour les souliers de table, pour les souliers fleur de mauve. Il faut donner aux dégraisseurs, il faut donner aux raccommodeurs, il faut donner aux faiseurs de gorgerettes, aux couturiers. Vous croyez en être quitte ; d’autres leur succèdent. Nouvelle légion de demandeurs assiégeant votre porte ; ce sont des tisserands, des brodeurs de robes, des tabletiers. Vous les payez. Pour le coup vous êtes délivrés. Viennent les teinturiers en safran, ou quelque autre engeance maudite, qui ne cesse de demander. 

[...]

Quand on a satisfait tous ces fournisseurs de colifichets, arrive le terme de la contribution pour la guerre. Il faut payer. On va chez son banquier, on compte avec lui. Le soldat se morfond à vous attendre, dans l’espoir de toucher son argent. Mais, tout compte fait, il se trouve que vous êtes débiteur de votre banquier. On renvoie le soldat à un autre jour, avec des promesses. Et je ne dis pas encore tous les ennuis, toutes les folles dépenses qui accompagnent les grandes dots. Une femme qui n’apporte rien, est soumise à son mari ; mais une épouse richement dotée, c’est un fléau, une désolation. Eh ! voici le beau-père à sa porte. Bonjour, Euclion.

C'est un bel exemple de la teneur de cette pièce écrite au IIIième siècle avant Jésus-Christ.  Un bel exemple de l'écriture de Plaute (enfin... connu par une traduction...). Voici, en ce sens, ce qu'en dit R. Pichon dans son Histoire de la littérature latine parue en 1987: Plaute possède deux dons innés, celui de la scène et celui du style. C'est un inventeur inépuisable, un dénicheur de situations et d'expressions. Il lui manque la science des préparations, des transitions, des développements logiques; mais il possède l'art de camper ses personnages en face l'un de l'autre dans des situations imprévues. Au plus bas degré, ce sont les trucs du vaudeville. Un peu plus haut, ce sont les artifices de la comédie d'intrigue. Plaute sait tirer profit des contrastes.

J'aime bien ce point: Plaute comme précurseur de la commedia dell'arte, ça va de soit à lecture (alors qu'on reconnait les Arlequino, Pantalone et autres personnages typés)... mais précurseur (façon de parler) du vaudeville? Fort intéressant. Une riche matière que ce théâtre antique!

dimanche 22 avril 2012

Au théâtre, cette semaine! (du 22 au 28 avril 2012)

 
C'est le début d'une semaine plutôt chargée en matière de choses théâtrales. Il y aura des choix à faire pour quiconque voudra tout voir... et aura attendu à la dernière minute pour se déplacer (ce qui est souvent le cas, malheureusement... même pour moi!). Voici donc, en rafale, ce qui nous attend.

Mercredi - 25 avril 2012
CRC (Chicoutimi), 9h

Il y a tenue d'une rencontre de la table de compétence en théâtre du Conseil régional de la culture avec, au menu, le prochain forum de juin et l'entente triennale de Ville Saguenay (enfin, notre partie de concertation). Une invitation à tous les éléments du milieu théâtral saguenéen et jeannois.

 Mercredi - 25 avril 2012
Petit Théâtre (UQAC), 17h
La Chaire de recherche du Canada pour une dramaturgie sonore présente une conférence d'Éric Vautrin, chercheur de l'Université de Caen, de passage pour présenter Vêprès pour la Vierge Bienheureuse le lendemain (voir plus loin dans le calendrier).

Mercredi à samedi - 25 au 28 avril 2012
Salle Murdock (Chicoutimi), 20h
DERNIÈRE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS 

Les gens du Théâtre du Faux Coffre présentent leur première production sans les Clowns Noirs, Une parade avec Gille, dont le premier épisode (il y en aura d'autres!) s'intitule L'Oreiller. La parade est un genre particulier: grivois, vulgaire, mal embouché, il servait à  inciter les gens à entrer dans la salle de spectacle. Bref, une autre série d'aventures rocambolesques. Il en coûte 15$... et le numéro de téléphone pour réserver (en plus de la page Facebook) est le 418-698-3000 poste 6561.

Jeudi - 26 avril 2012
Petit Théâtre (UQAC), 20h
UNIQUE REPRÉSENTATION 
La Chaire en recherche du Canada pour une dramaturgie sonore au théâtre présente Vêprès de la Vierge Bienheureuse d'Antonio Tarantino, mis en scène et interprété par Éric Vautrin (chercheur créateur à l’Université de Caen et membre de la Compagnie Ultima Necat) accompagné, sur scène, par le musicien-compositeur  Jean Luc Guionnet. L’auteur  a imaginé les paroles d’un père démuni devant la dépouille de son fils suicidé. Avec une langue heurtée, impuissante et maladroite à dire ce qui lui arrive, il invente une mort mythologique, poétique, à son fils, lui improvisant un voyage au delà de la vie. Convoquant dans le désordre mythes grecs, rituels chrétiens, Dante ou actualités de l’Europe contemporaine, il tente de contredire la mort et avec elle toutes les puissances du ressentiment et de l’oppression, tout ce qui s’oppose à la vie. L’homme qui n’a plus rien défie la tragédie et redonne alors une force souveraine à l’existence. Il en coûte 10$ pour assister à la représentation. Une discussion suivra la dite représentation.
 
Jeudi et vendredi - 26 et 27 avril 2012
Auditorium du Séminaire (Chic), 20h

Les finissants du profil théâtre du programme Arts et Lettres du Cégep de Chicoutimi présentent Téléroman de Larry Tremblay, dans une mise en scène du professeur Jean Potvin. Il en coûte 5$ pour ce spectacle. Voici ce que dit l'éditeur de la pièce: "Téléroman" est, dans sa version définitive, un regard singulier sur les fantasmes des metteurs en scène illuminés et sur la puissance des séries télévisées faites sur mesure pour favoriser l'identification au premier degré.

Jeudi à samedi - 26 au 28 avril 2012
Salle Lionel-Villeneuve, 20h
DERNIÈRE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS

Le Théâtre Mic Mac présente Albertine en cinq temps de Michel Tremblay, dans une mise en scène de Réjean Gauthier. Albertine règle ses comptes avec elle-même à 30, 40, 50, 60 et 70 ans... Un spectacle dont on dit beaucoup de bien.

Vendredi - 27 avril 2012
Sous-Bois, 20h

Le Théâtre À Bout Portant revient avec son Rapport d'Impro 2012... du théâtre improvisé en guise de soirée bénéfice (il en coûte donc 15$ à la porte)... qui se terminera avec Phano et associé. Une belle soirée en perspective.
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C'est à peu près tout. Il se peut toutefois que j'oublie des trucs... le cas échéant, on me le fera savoir par le biais d'un commentaire et je ferai une rectification!

samedi 21 avril 2012

Théâtralité ou «théâtralisme»

 
Cette notion de théâtralité peut facilement poser problème tant ses contours sont difficiles à énoncer clairement. La réponse à qu'est-ce que la théâtralité? est parfois singulière quand elle tend à tout simplifier... parfois plurielle quand les subordonnées se conjuguent pour créer un monstre conceptuel aux multiples ramifications. (J'en veux pour preuve cette exercice de détermination effectué par Patrice Pavis qui a servi de sujet pour ce billet du 25 mai 2011.)

L'une des meilleures façons de définir ce truc consiste à l'aborder par la soustraction... comme cette sentence de Roland Barthes qui affirme que la théâtralité, c'est le théâtre moins le texte... ou par opposition à un autre élément... comme cette description de Josette Féral* qui permet de différencier théâtralité et théâtralisme:

Le concept de théâtralité, dans ses multiples usages au théâtre et hors du théâtre, devient de plus en plus flou et tend à se banaliser. Je proposerais donc, pour une meilleure définition, qu'on lui opposât ce que j'appellerais théâtralisme. «Théâtralisme» désignerait le contraire même de la théâtralité telle qu'elle est traitée ici même... L'avènement de la théâtralité procède d'une pure émergence de l'acte théâtral dans le vide de la représentation. Le règne du théâtralisme renverrait, lui, à cette maladie esthétique endémique où le théâtre souffre de sa propre emphase et, en quelque sorte, d'un trop plein de lui-même. Ainsi, lorsque Stanislavski déclare que «ce qui le fait désespérer du théâtre, c'est le théâtre», il ne vise pas la théâtralité à la Meyerhold mais bien ce «théâtralisme», qui n'est qu'un état histrionesque et narcissique, une manifestation redondante du théâtre au théâtre.

Il s'agit là, je trouve d'une différenciation essentielle (et intéressante). Car si la théâtralité peut - et c'est plutôt là où je loge en tant qu'apprenti théoricien qui veut plus qu'il ne fait pour l'instant - englober le champ esthétique de la représentation, elle ne peut toutefois pas être considérée comme un parti pris ou, pire!, comme une simple productrice d'atmosphères ou d'effets scéniques.


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* publiée dans le 75ième numéro de Poétique, La Théâtralité, Éditions du Seuil, septembre 1988 (et cité dans les notes de l'ouvrage Critique du théâtre - de l'utopie au désenchantement de Jean-Pierre Sarrazac, aux Éditions Circé, paru en 2000)

vendredi 20 avril 2012

Du théâtre comme d'un duel


Ce que je peux aimer Mesguish... Daniel Mesguish, auteur et metteur en scène français qui s'est commis, en 2006, dans un petit bouquin fabuleux, L'Éternel Éphémère faisant la somme de son expérience et des ses réflexions sur le théâtre. Un essentiel qui fait toujours du bien à lire en période de production...

Toutes les scènes 
de toutes les pièces 
(même les monologues) 
sont des duos, des duels. 
L'essence du théâtre 
n'est pas dans [...] l'identité à soi, 
la plénitude [...]
mais dans cette façon qu'il a 
de s'ouvrir à ce qui n'est pas lui [...].

jeudi 19 avril 2012

Triumvirat d'une parfaite dynamique du plateau


Suite à la lecture du 108ième numéro d'Alternatives théâtrales (et d'un article sur Jean-François Sivadier où il était en partie question de ce sujet), je me suis mis à réfléchir à la définition de ce que devrait être une parfaite dynamique de plateau peut être assez simple dans son énonciation... tout en étant un projet de longue haleine pour qui tente d'y parvenir.

Si l'on prend le graphique illustrant ce billet et qu'on le «lit» dans le sens contraire aux aiguilles d'une monde, il faut que l'écrit se prolonge dans le corps, que le corps se prolonge dans la scène et que la scène se prolonge dans l'écrit

Puis il faut relire le même graphique... mais dans l'autre sens pour que l'écrit se prolonge dans la scène, que la scène se prolonge dans le corps et que le corps se prolonge dans l'écrit.

Il s'agit ni plus ni moins que d'une symbiose scénique (et essentielles) entre les trois principaux éléments théâtraux (tous les autres - lumières, son, costumes, décors, etc. - pouvant s'inclure dans l'un et/ou l'autre).

Maintenant, qu'est-ce que cela signifie concrètement? C'est là que ça achoppe... et c'est là que s'ouvre la (ma) recherche-création...

Merde!

Ce soir est un grand soir dans notre petit milieu alors que deux productions prennent l'affiche simultanément. Pour tous ceux qui monteront sur scène (si tant est qu'il y en ait une!)...

... pour les étudiants qui se lanceront dans Morceaux de solitude(s).... soit Camille, Fanny, Julie B., Heidie, Cloé, Marie-Christine, Audrey, Jessica, Sébastien, Julie T., Patricia, Robert, Leïna, Michael...

... pour tous les comédiens du Faux Coffre qui entameront Une parade avec Gille... soit Éric C., Sara, Eric R., Christian, Maude, Patrice, Pierre, Éric L., Martin...

... de même que pour tous les collaborateurs de ces deux trucs...

MERDE!

mercredi 18 avril 2012

Sévère jugement


 Petit extrait - il s'agit de la sévère mais ouverte conclusion de l'ouvrage Quelques réflexions sur l'art dramatique par Charles Adolphe de Pineton Chambrun publié en 1853 - qui laisse un peu songeur... parce qu'au fond, les choses ont-elles vraiment changé?

mardi 17 avril 2012

Queen Elizabeth

En rafale (et au complet!), voici le film Queen Elizabeth (dont le titre français est Les amours d'Élizabeth) tourné en 1912 dans lequel la grandiose Sarah Bernhardt (qui semble, dans ces images, avoir mal à cette jambe qu'elle perdra trois ans plus tard) interprète le rôle principal. Un film témoin du jeu expansif de la reine du théâtre, d'une ère scénique révolue (car s'il s'agit bel et bien d'un «film», il faut reconnaître que celui-ci emprunte encore beaucoup, à l'époque, son savoir-faire au théâtre!): postures sculpturales, gestes ampoulés, mise en valeur des vedettes, et, si le son était présent, possiblement aurions-nous droit à la déclamation!






lundi 16 avril 2012

Ça s'en vient...


  

Ça s'en vient... plus que quelques jours avant les représentations qui mettront fin à cette session et à mes deux charges de cours.

Les derniers jours ont été bien occupés (en répétition vendredi toute la journée, en intensité samedi et de retour en répétition dimanche) et les prochains - à commencer par aujourd'hui où nous avons la salle à notre disponibilité pour régler les derniers détails - le seront tout autant. À compter de demain, nous entrons dans le processus des générales...

Le travail sur l'espace est intéressant. Celui sur la lumière au-delà de nos espérances.

Reste, comme c'est souvent le cas dans ce type de projet collectif, à faire surgir l'esprit de groupe, la chimie... qui fait encore un peu défaut. Mais il y a encore tant d'heures avant la première levée du rideau...

dimanche 15 avril 2012

Au théâtre, cette semaine! (du 15 au 21 avril 2012)


Quelques activités théâtrales sont au calendrier pour les jours à venir... De belles et bonnes choses prendront l'affiche:

Jeudi à samedi - 19 au 21 avril 2012
Petit Théâtre (UQAC), 20h

Les étudiants de l'Atelier de production (sous ma direction) présentent Morceaux de solitude(s) à partir des Pièces courtes de Daniel Keene, un auteur australien contemporain très connu en France... un peu moins ici. Cinq équipes, cinq textes, cinq variations sur un même thème, la solitude. Des univers très marqués. Des théâtralités assumées. Poétiques. L'entrée est libre.

Jeudi à samedi - 19 au 21 avril 2012
Salle Murdock (Chicoutimi), 20h
PREMIÈRE SEMAINE (DE DEUX...) DE REPRÉSENTATIONS 

Au même moment, les gens du Théâtre du Faux Coffre présenteront la première production sans les Clowns Noirs, Une parade avec Gille, dont le premier épisode (il y en aura d'autres!) s'intitule L'Oreiller. La parade est un genre particulier: grivois, vulgaire, mal embouché, il servait à  inciter les gens à entrer dans la salle de spectacle. Bref, une autre série d'aventures rocambolesques. Il en coûte 15$... et le numéro de téléphone pour réserver (en plus de la page Facebook) est le 418-698-3000 poste 6561.

Jeudi à samedi - 19 au 21 avril 2012
Salle Lionel-Villeneuve, 20h
QUATRIÈME SEMAINE (DE CINQ...) DE REPRÉSENTATIONS

Le Théâtre Mic Mac présente Albertine en cinq temps de Michel Tremblay, dans une mise en scène de Réjean Gauthier. Albertine règle ses comptes avec elle-même à 30, 40, 50, 60 et 70 ans... Un spectacle dont on dit beaucoup de bien.
Mercredi - 18 avril 2012
Salle Michel-Côté (Alma) 20h 
 et
Vendredi - 20 avril 2012
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonq.), 20h

La compagnie de danse Cas Public (invitée par l'Auditorium d'Alma et ensuite par Diffusion Saguenay) présente Variations S d'Hélène Blackburn: Au fil de ses recherches, Hélène Blackburn en vient à s’intéresser davantage au Sacre du Printemps. Elle trouve dans l’argument de cette œuvre — le printemps, l'élue, le sacrifice — des éléments propices à la création d’un spectacle pour le jeune public. Inspirée par l’énergie et la puissance de cette partition chorégraphique, elle invite le compositeur Martin Tétreault à créer une pièce musicale qui puisse dialoguer avec ce chef-d’œuvre de Stravinsky et l’univers des DJs, si cher aux adolescents. Tout en demeurant une œuvre tout public, Variations S, conçue pour neuf danseurs, sera unique en ce qu'elle s'adresse d'abord aux préadolescents et adolescents, ces êtres humains qui traversent une période de la vie qui s'apparente tellement aux mutations du printemps.



vendredi 13 avril 2012

Une bonne mise en scène

Qu'est-ce qu'une bonne mise en scène? La question est assurément subjective... Y répondre revient, en bout de ligne, à établir sa propre grille d'analyse, à jeter les paramètre d'une vision théâtrale qui demande peut-être encore à s'affirmer mais qui surgit néanmoins.

Pour moi, quelques éléments suffisent (mais imposent tout un programme) pour définir une bonne mise en scène:
  • l’ÉQUILIBRE DU PLATEAU (par le jeu, le placement scénique, l'utilisation de la technologie, de la technique) et l'impression de plénitude;
  • le DISCOURS DE L’ŒUVRE, ce que ça dit... comment ça le dit et les ouvertures que ce discours peut apporter;
  • la COHÉRENCE des choix esthétiques (la direction d'acteur, la scénographie, la musique, la lumière, etc) et leur utilisation.
Quand ces trois éléments sont bien agencés, la mise en scène devient intéressante... mais bien entendu, il reste toute la part du talent du metteur en scène lui même, de sa capacité à prendre le leadership de son équipe et de sa propre lecture du travail en cours.

jeudi 12 avril 2012

Les vérités contradictoires de Peter Brook...


Peter Brook, dans son monumental (et fascinant) bouquin L'espace vide (le mien date de 1977, aux Éditions du Seuil), édicte de nombreuses observations sur le théâtre. De nombreuses, profondes et parfois contradictoires constatations. Comme celle-ci qui se retrouve à la page 133:

Le théâtre n'est pas un lieu comme les autres. Il est comme une loupe qui grossit l'image, mais aussi comme une lentille d'optique, qui la réduit. C'est un petit univers, qui risque de s'étriquer encore plus. Il est différent de la vie quotidienne et risque donc d'être coupé de la vie. [...] Le théâtre rétrécit la vie. Il la rétrécit de bien des façons. S'il est difficile de n'avoir qu'un seul but dans la vie, au théâtre il n'y en a qu'un. Dès la première répétition, le but est toujours visible et proche, et chacun s'emploie à l'atteindre. La perspective de la première représentation, avec ses exigences évidentes, force à un travail en commun, à un engagement qui nécessitent une énergie, une attention aux besoins d'autrui que les gouvernements désespèrent de jamais susciter, si ce n'est durant les guerres.


mercredi 11 avril 2012

Fin de session

Affiche: Patricia Boily

Mes étudiants présenteront la semaine prochaine Morceaux de solitude(s) à partir de quelques pièces courtes de Daniel Keene, auteur australien contemporain. 

Il ne s'agit pas d'un spectacle en tant que tel, mais du cours Atelier de production au cours duquel cinq équipes ont choisi leur(s) texte(s), ont élaborer leur discours, ont établi l'esthétique et ont dû intégrer ceux-ci dans un cadre (aire de jeu) imposé. De cette écriture poétique, ils ont développé leur écriture scénique.

Et la solitude... parce qu'en bout de ligne, il s'agit là du thème récurrent entre les pièces, de la ligne directrice qui court du débat à la fin.

Cinq équipes, cinq mises en scène, cinq univers, cinq visions du théâtre: un jeune homme paumé dans une chambre perdue, deux personnages clownesques en quête d'un bon souvenir, trois monologues d'êtres en perte de repères qui s'entrecroisent, deux femmes qui se rencontrent par-delà le temps et qui discutent du passé, un couple pris dans une routine qui les broie...

À voir.

lundi 9 avril 2012

«La Marmite» [Carnet de production]


Ce soir seront réunies les six comédiennes - Andréanne Giguère, Émilie Gilbert-Gagnon, Isabelle Boivin, Valérie Essiambre, Cynthia Bouchard et Marilyne Renaud - qui interprèteront les personnages de La Marmite de Plaute et la metteur en scène, Élaine Juteau, pour la première lecture du texte...Cette rencontre lancera officiellement la production.

Un retour au théâtre antique après Aristophane...

Outre la forme même de ce théâtre (cette écriture pointue et éclatée qui se lit, de nos jours, comme des fragments), c'est, par Plaute, un quasi retour aux sources de la commedia dell'arte (de l'atellane), de la comédie de caractère, du quiproquo qui fera les bons jours du vaudeville. 

Le théâtre latin (bon, le détour sera un peu court... mais quand même) est, en quelque sorte, le dernier théâtre littéraire profane avant le Moyen-Âge où, pendant quelques siècles, il sera relégué aux bouffonneries de foire alors que les mystères religieux reprendront le relais... et un peu plus tard, les farces et les jeux.

Mon choix artistique de programmer ce projet se nourrit donc de toutes ces raisons.

Cependant, il est entendu que nous ne cherchons pas à faire du théâtre archéologique. Non. Et sans tomber dans la contemporanéisation à tout crin, l'objectif est de faire entendre la modernité de ces propos plus que deux fois millénaire.

Les lois du théâtre... selon Meyerhold


Vsevolod Meyerhold par Petr Vil'iams, 1925

J'aime bien - qui, lisant ce blogue régulièrement, l'ignore? - les écrits de Meyerhold (que je connais principalement par les traductions de Béatrice Picon-Vallin). Parce qu'ils me touchent. Parce qu'outre le cliché, ils redonnent véritablement une place prépondérante à la théâtralité. Parce qu'ils donnent, du théâtre, une idée globale (littéraire, sociale, politique, didactique, formelle) résolument artistique.

Voici, tiré de la synthèse meyerholdienne paru dans la collection Mettre en scène chez Actes-Sud-Papiers, un extrait d'un cours donné en 1914 où le maître définit (dans une prose poétique) les grandes lois du théâtre de la convention.

Oui. Le théâtre est un royaume; mais son roi n'est évidemment pas le metteur en scène [...]; il n'en est peut-être que le premier ministre, celui qui connaît les lois mieux que les autres. [...]

Au théâtre, il ne fait pas imiter la vie, parce que la vie au théâtre, tout comme la vie sur un tableau, est particulière, située sur un plan autre que la vie quotidienne.

Au théâtre, point n'est besoin d'imiter la vie en s'efforçant de copier son enveloppe formelle, parce que le théâtre possède ses moyens propres d'expression, qui sont théâtraux, parce que le théâtre dispose d'une langue propre, compréhensible à tous et qui lui permet de s'adresser au public.

Oui, le théâtre à ses lois propres, son code propre. Qui donc a prétendu qu'au théâtre le noir était la couleur du deuil? Non, au théâtre, le deuil peut être rose, et le crêpe noir de la vie symbole de joie suprême.

Le théâtre ignore la perspective géométrique. Car, après une brusque transfiguration, tous les plans se sont rapprochés et tous les objets ont perdu leurs relations habituelles.

Au théâtre, l'espace est sans limites: l'acteur peut s'en aller si loin que même sa voix sonore ne retentira plus.

Et le théâtre peut contraindre le temps à devenir plus lent ou plus rapide. Pendant quelques instants, il peut même le suspendre complètement; une seconde pourra se subdiviser en mille parties, et le balancier d'une horloge se figer, tant il oscillera lentement.

C'est ainsi que, dans toute leur simplicité, les lois du théâtre sont apparues à l'acteur nouveau.

Il s'agit là d'un programme artistique qui donne une importante liberté à tous les créateurs du théâtre... sous-tendu par une exigence de rigueur et de maîtrise de tout instant.

dimanche 8 avril 2012

Le théâtre et l'enfer...


En ce jour de Pâques, voici une petite histoire sur comment et pourquoi le théâtre est-il devenu si néfaste pour l'âme du bon chrétien. Cette description mystico-historique nous vient de Bertrand de la Tour (1700-1780), doyen du chapitre de la cathédrale de Montauban (et apparemment, comme l'indique sa notice publiée plus bas, lié au Québec...), dans son ouvrage Réflexions sur le théâtre (qui peut se retrouver , sur Google Books) paru dans la seconde moitié du XVIIIième siècle.


Un recueil d'Anecdotes ecclésiastiques, que n'a pas dicté la soumission à l'`Église et le respect pour les choses saintes, mais qui renferme plusieurs choses vraies, accuse le théâtre d'être l'auteur de toutes ces rapsodies, qui ne seraient que burlesques si elles n'intéressaient la vertu.[...] Les représentations théâtrales furent ensevelies sous les ruines de l'empire romain et ne reparurent que longtemps après.

 Elles ne se montrèrent d'abord que sous le nom de mystères, sous le voile de la piété. Ces mystères étaient des actions saintes, la vie et la passion de Jésus-Christ, d'où les comédiens prirent le nom de Confrères de la Passion; d'où sont, venues tant de représentations dans l'Église, à Noël, aux Rois, à la semaine sainte, à Pâques, à la Fête-Dieu [...]. Tout cela peu conforme au goût régnant de la philosophie, qui se joue de tout et qui tient à l'irréligion, fort innocent dans son principe, utile même à des peuples dont la piété pure et simple s'en nourrissait avec fruit. Il l'est encore, pourvu qu'on en écarte tout ce que l'imagination bizarre voudrait introduire de puérilités et de bouffonneries, comme elle avait fait dans ces fameuses fêtes des Fous, justement abolies, qui n'étaient qu'un théâtre ambulant dans les processions, adoptées dans les solennités, scandaleusement transportées dans le sanctuaire. Ces fêtes ne furent des folies que parce que c'était l'ouvrage du théâtre qui empoisonne tout ce qu'il touche. 

Comme des démons étaient nommés dans plusieurs mystères, il fallut les faire paraître sur la scène pour jouer leurs rôles: il y eut même divers drames où ils paraissaient seuls; ce qu'on appelait des Diableries, il s'en lit sans nombre [...]. C'était le Théâtre du diable, comme aujourd'hui le Théâtre de la Foire, le Théâtre Italien, qui en un sens en mérite encore mieux le nom. Les anciennes diableries donnaient horreur du vice en le montrant puni par les démons; les nouvelles au contraire favorisent, inspirent, embellissent le vice par les grâces des actrices, les agréments de la poésie, les charmes de la musique, la lubricité de la danse, l'obscénité des décorations, le scandale de l'intrigue et du succès. L'un était une leçon hideuse, mais utile; l'autre une école agréable, mais funeste. Il y avait des grandes et des petites diableries, comme aujourd'hui des grandes et des petites pièces; les petites étaient jouées par deux ou trois diables, les grandes par quatre et quelquefois plus; d'où est venu le proverbe, faire le diable à quatre: car quatre pareils acteurs réunis devaient faire un vacarme effroyable. Ils étaient couverts d'habillements horribles [...]: ils faisaient des hurlements affreux, des mouvements, des convulsions épouvantables, des masques hideux leur couvraient le visage, ils tenaient de grandes fourches, jetaient feu et flammes [...] Ainsi, la scène fait un double mal: elle embellit la fausse religion, le paganisme, c'est-à-dire le vice, et défigure la vraie, le christianisme, c'est-à-dire la vertu.

On prenait un plaisir singulier à ces spectacles, en les représentant dans les maisons particulières: il y avait des diableries de société, comme il y a des théâtres de société, et des proverbes infernaux que jouaient les jeunes gens. Le bas peuple les imita dans la campagne (ces déguisements hideux sont faciles à imiter), et firent des fêtes, d'abord religieuses pour craindre l'enfer, mais qui dégénérèrent en licence et toutes sortes de débauches. On choisissait des forêts, des lieux déserts; on prenait le temps de la nuit pour inspirer plus d'horreur, par la solitude, le silence et les ténèbres, pour être plus libres et mieux cacher les infamies qui s'y introduisirent; on y venait en foule, on y dansait, chantait, s'enivrait; il s'y trouvait des libertins, des mendiants, des voleurs, quelques personnes de bonne foi dont on avait surpris la crédulité : voilà le sabbat. Au retour de ces assemblées nocturnes, chacun, selon son caprice, racontait ce qu'il y avait vu; ce qui forme insensiblement ce corps de créance populaire, qui n'est qu'une folie que l'on doit surtout au théâtre, qui en donna le goût, l'idée et le modèle.

Au théâtre, cette semaine! (du 8 au 14 avril 2012)


 Bon. Maintenant que Jésus est ressuscité, il faudrait bien reprendre un peu le fil des activités théâtrales saguenéennes... à commencer par faire une tour d'horizon du calendrier des prochains jours à venir. Parce que les semaines se suivent... mais ne se ressemblent pas...

Mardi - 10 avril 2012
Théâtre Palace (Arvida), 19h

Les Nouveautés documentaires à Saguenay - qui se donnent pour mandat, comme le nom l'indique, de présenter des documentaires récents - présentent (gratuitement!) Mort subite d'un homme de théâtre... un documentaire axé sur la vie et l'oeuvre de Robert Gravel qui est décédé en 1996. Entre son dernier match dans la L.N.I. et les répétitions de sa dernière pièce : « Thérèse, Tom et Simon… », le film suit Robert Gravel, un homme-théâtre unique et rassembleur qui, par ses créations audacieuses et prophétiques, a écrit une des plus belles pages du théâtre au Québec. À partir de matériel inédit tourné avec Robert Gravel et des extraits de ses pièces, Mort subite d’un homme-théâtre explore les relations souterraines qui révèlent l’homme à travers ses créations.

Jeudi à samedi - 12 au 14 avril 2012
Salle Lionel-Villeneuve, 20h
Troisième semaine de représentations

Le Théâtre Mic Mac présente Albertine en cinq temps de Michel Tremblay, dans une mise en scène de Réjean Gauthier. Albertine règle ses comptes avec elle-même à 30, 40, 50, 60 et 70 ans... Un spectacle dont on dit beaucoup de bien.


Vendredi - 13 avril 2012
Théâtre Palace (Arvida), 20h

et

Samedi - 14 avril 2012
Auditorium d'Alma (Alma), 20h

Diffusion Saguenay (et le lendemain, l'Auditorium d'Alma) présente Le Boss est mort... un spectacle théâtral créé à partir des monologues d'Yvon Deschamps (un sacrilège pour certains dont je suis...) interprété par Benoît Brière.


samedi 7 avril 2012

Méditation


Les acteurs jouent plusieurs rôles,
les rôles jouent plusieurs acteurs.

Cette phrase - de Jean Vitez, dans le second volume de ses Écrits sur le théâtre paru en 1995 - mérite plusieurs lectures et une attention toute particulière. Dans son contexte d'énonciation (où il est question de la déconstruction/reconstruction des traditions), je ne suis pas certain de bien saisir tout ce qu'elle contient, toutes les ouvertures qu'elle donne... mais elle me semble forte et porteuse d'une certaine vérité: le théâtre est - pour emprunter l'expression à un titre d'ouvrage fort intéressant par ailleurs - un éternel éphémère. Les acteurs passent, mais les rôles restent...
 

vendredi 6 avril 2012

Schéma de la répartition des tâches


J'aime les schémas... et en ce sens, en voici un que j'ai trouvé sur ce blogue et qui donne, en quelque sorte, une répartition des tâches visuelles et sonores entre le metteur en scène, l'acteur et le régisseur.

Ce schéma, quoiqu'un peu simpliste (et d'une compréhension un peu floue), fait néanmoins le tour de l'ensemble de l'activité théâtrale.

Si je le comprends bien, il y a, d'une part, une première lecture verticale qui divise les éléments en deux catégories: ce qu'on voit et ce qu'on entend. Jusque là, ça va. La seconde lecture est horizontale... et englobe tout le travail du metteur en scène en le divisant également en deux catégories, deux sous-groupes qui sont, finalement, des mises en rapport avec deux autres collaborateurs: l'acteur et le régisseur (peut-être ce terme doit-il être compris dans le sens de concepteur...).

jeudi 5 avril 2012

L'art de tout faire...

 Jean Cocteau

Aujourd'hui, je me suis gâté en passant la journée dans le petit théâtre (production étudiante oblige!) de l'UQAC à faire de l'accrochage de lumières.Comme metteur en scène, j'aime (et j'irais jusqu'à dire que j'ai besoin de!) m'impliquer dans les divers volet du travail scénique: éclairage, costume, scénographie, régie, etc.

M'impliquer concrètement, j'entends. Plus qu'être là. Faire. Mettre la main à la pâte. Être intimement lié à la construction qui prend forme. Comprendre ce qui est entrain de se faire. Participer à la réalisation et connaître, lors des discussions avec les différents concepteurs, les tenants et aboutissants des décisions prises, des choix faits. Pouvoir leur faire des demandes adéquates, précises, claires... et aussi réalisables.

Avoir une relation d'égal à égal avec tous les éléments théâtraux. Ne pas se sentir dépassé. Être en contrôle. Et aussi, enfin, avoir du plaisir.

Prendre enfin le théâtre comme un tout, comme un art global.

mercredi 4 avril 2012

De la critique... encore et encore...


Ceci est une critique. J'entends par là qu'il va s'agir d'examiner rationnellement les raisons que [...] le théâtre [...] s'est données d'exister. Cependant, de la démarche critique, je retiendrai essentiellement le principe d'un «moment critique», d'un «moment décisif» où les choses basculent en s'aggravant. Ou, pour en revenir à l'étymologie grecque de critique et à l'acception judiciaire de krinô, je privilégierai l'idée de «distinguer», de «passer au crible» - qui s'accomplit dans le témoignage et la confrontation - aux dépens de «trancher», de «rendre un jugement». La critique pratiquée dans cet ouvrage suspend le jugement et maintien l'état de crise. Fondée sur l'examen, sur l'observation, sur l'analyse toujours repris de son objet, sur la constitution d'une certaine symptomatologie, cette critique particulière pourrait aussi bien être appelée, au sens deleuzien, une «clinique».

 Ces mots sont de Jean-Pierre Sarrazac, en introduction (ils commencent à la huitième ligne de l'ouvrage!) de son Critique du théâtre - De l'utopie au désenchantement... que je lirai bientôt.

Dans ces quelques lignes, il y a, quand on lit plus loin que le côté «préface d'une œuvre précise», une véritable définition de la critique, du critique. Une définition qui donne envie et qui renvoie le cruel manque de celle-ci, de celui-ci, dans le milieu théâtral saguenéen.

Des exigences normales pour un milieu normal.


mardi 3 avril 2012

Du minimalisme et du vide...

 
Il est quand même de ces hasards qui peuvent surprendre... Comme par exemple, écrire un texte et développer un projet (dont le titre de travail est, pour le moment, Trou noir - Manifeste pour un minimalisme théâtral sur un tissage d'actualités) axé principalement sur le vide... ou enfin, sur la parole et la seule présence de la voix pour le structurer.

Au même moment, je lis et je tombe sur des citations de Daniel Jeanneteau, (qui se retrouvent ) sur le même sujet - justement nommées Quelques notes sur le vide - qui résonnent comme de sérieux avertissements:

Le vide ne peut être décidé, choisi en tant que tel. Ce n'est pas un style. Quand on emprunte la forme "vide", et qu'on l'applique extérieurement à un projet, ce vide inassumé, inaccompli, encombre tout autant qu'un "plein".

Ouche! Ou encore, comme une ligne directrice pour le travail à venir (s'il vient, bien entendu):

Pour accueillir la parole, l'espace doit éviter le sens, induire une certaine conformation du sens mais pas encore le sens lui-même. Ce n'est qu'après, sous l'effet du sens émis par la parole que l'espace peut offrir de se changer, et s'emplir de significations. 

Ce Jeanneteau, scénographe de son état... mais aussi metteur en scène, développe véritablement (au fil des articles de lui que j'ai lus) une pensée théâtrale complète et complexe.



dimanche 1 avril 2012

Nouvelles acquisitions...

Je viens de m'acheter (que j'avais commander il y a quelques semaines) deux nouveaux bouquins dans le cadre de ma recherche doctorale... Deux bouquins de mes deux théoriciens français favoris, par leur sujet, leur façon d'aborder le théâtre dans son ensemble, leur profondeur dans une langue et une pensée cohérente et parfaitement transmissible. des questionnements solides. Des pistes de travail cohérentes et stimulantes. Une analyse détaillée et précise. Avec eux, pas d'hermétisme ou de zone d'ombre. Seulement une clarté.


Le premier est de Patrice Pavis (auteur d'un dictionnaire du théâtre et de plusieurs ouvrages sur le théâtre dont le très utile Analyse des spectacles). Paru en 2007 réédité en 2010, il s'agit d'une étude sur - surprise! - la mise en scène contemporaine... dont j'ai déjà cité un chapitre il y a quelques temps (voir le billet du 8 mars dernier) Une vision beaucoup moins hermétique que celle postdramatique de Hans-Thuies Lehmann...

On croit savoir ce qu’est la mise en scène : n’est-ce pas la partie visible du théâtre, ce que les acteurs, les techniciens et le metteur en scène ont préparé pour nous ? N’est-ce pas ce supplément « spectaculaire » qui nous est offert et qui tantôt nous révèle la pauvreté interprétative de ce que nous avons appris des textes à l’école, tantôt remet violemment en question toute vérité de l’œuvre ? On a bien raison de se méfier de la mise en scène ! Mais plus raison encore d’interroger cette méfiance.

C’est ce que se propose la présente enquête. Elle porte sur de nombreux types de spectacles : mises en scène des classiques et des textes contemporains, performance, théâtre du geste, dramaturgie de l’acteur, lecture scénique, nouveaux médias, théâtre de la déconstruction, expériences interculturelles, etc. L’ouvrage s’ouvre sur l'étude de l’évolution historique de la mise en scène, il explore les frontières de l’exercice (lecture scénique, jeu improvisé), puis confronte mise en scène et performance.

Les grandes tendances de la scénographie en France et la mise en jeu des textes contemporains sont alors présentées. La dramaturgie du geste et de l’acteur est analysée à partir d’exemples concrets. La représentation des classiques donne l’occasion d’un bilan de l’interprétation et de ses méthodes de jeu. Ainsi le théâtre ne cesse de pousser la mise en scène dans ses derniers retranchements.Cet ouvrage s’adresse aux étudiants en théâtre, spectacles, médias et littérature ainsi qu’aux professionnels et aux amateurs de la scène.


 
Le second est de Jean-Pierre Sarrazac, éminent théoricien de l'écriture scénique actuelle (dont la maîtrise et les différentes composantes de recherche peuvent se retrouver dans sa Poétique du drame moderne et contemporain) et dramaturge, et porte un regard sans compromis et sans concession sur l'état du théâtre: La dernière idée que nous nous étions faite du théâtre et, singulièrement, de la création entre la scène et le spectateur, nous la tenions des années cinquante, de Vilar et de Brecht.

La leçon de Barthes, de Dort, de la revue Théâtre populaire - d'Althusser également - nous avait convaincu que le théâtre devait assurer le " Grand commentaire " de la société... Or on entend dire que cette utopie d'un " théâtre critique " et d'un " spectateur actif " a vécu ; qu'elle est morte en même temps que la religion de la " fable " et que quelques autres croyances " modernes "... Contribution au débat actuel sur la fonction du théâtre, sa dimension civique, ses pouvoirs, sa " nécessité ", le livre de Jean-Pierre Sarrazac fait l'archéologie de cette idée d'un théâtre critique.

Façon d'amorcer ce que les philosophes appellent la palinodie, l'histoire d'un changement d'idée. De choisir la contradiction plutôt que l'amnésie. De reprendre la toujours nécessaire critique du théâtre. Tout en poursuivant le rêve amoureux d'un théâtre qui " se situerait en dehors du jugement, dans le jeu des possibles ", qui " ne punirait ni ne consolerait " mais " offrirait simplement réparation ", " entendons : un lieu et un temps pour se refaire des forces ".


Nul doute que les jours et semaines à venir me verront plonger dans ces pages et réflexions... et que celles-ci se répercuteront dans de futurs billets...

Et vlan.


De retour encore une fois avec des anecdotes de coulisses, de théâtre... comme il ne s'en fait plus aujourd'hui. Peut-être en ai-je déjà publié. Peu importe. J'en remets encore. J'aime bien cette espèce de cruauté. D'échanges entre la salle et la scène. De cette place si grandiose qu'occupait le théâtre dans la vie sociale... Peut-être faudrait-il s'y remettre!!! Tout ce qu'il faut, c'est un petit pot de fiel!



Au théâtre, cette semaine! (du 1er au 7 avril 2012)


Me revoici avec un billet calendrier après avoir négligé cette catégorie - voyage oblige - pendant une petite semaine où il s'en est passé des choses. Plus que pour la semaine à venir... parce que, oui, il n'y aura pas grand chose (de public!) de théâtral... sinon la religion catholique qui se donnera en spectacle encore une fois dans sa semaine sainte.