samedi 20 juin 2009

Côté cour, côté jardin

Image tirée des Dossiers de la troup du Roy (référence plus bas dans le billet)

Moi qui ai toujours eu de la difficulté à désigner instantanément la gauche et la droite, je n'ai guère plus d'habiletés pour pointer la cour et le jardin quand je travaille sur une scène... ces dénominations qui doivent suppléer à une gauche et à une droite fixes, prises du point de vue du spectateur, que l'on soit dans la salle ou sur les planches. Dénominations usuelles servant à simplifier (!) les demandes et les discussions entre les acteurs et les metteurs en scènes et autres artisans du théâtre.

Ce manque d'aptitude n'est pas mieux servi malgré le truc mnémotechnique qui est de placer, bien assis dans un fauteuil de spectateur (ou debout!), les initiales de Jésus-Christ (ou de n'importe lequel autre nom dont les initiales seront J.C.), initiales des deux termes dont il est ici question, soit jardin et cour, dans l'espace et de s'y reporter. Et lorsque nous sommes sur la scène, il faut seulement se rappeler que le côté cour est le côté du coeur.
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Cette appellation vient de la salle des Machines, construite en 1659-1662 par Gaspard Vigarani dans le palais des Tuileries, située entre cour et jardin. Avant la Révolution, on se servait des termes côté du roi (jardin) et côté de la reine (cour). En Angleterre, on désigne la position en fonction de l'ancien emplacement du souffleur: prompt side (du côté du souffleur) pour la cour, opposite prompt side (du côté opposé), pour le jardin.

Dictionnaire encyclopédique du Théâtre

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Le machiniste qui est à la cour est un courier ; celui qui est préposé au côté jardin s'appelle un jardinier. Il n'est pas question que l'un empiète sur le territoire de l'autre. Roger BLIN (1917-1984) raconte dans ses Souvenirs : « J'ai entendu l'histoire assez caricaturale mais vraie d'un metteur en scène qui avait dans son décor un arbre important, assez gros, qui se trouvait au milieu de la scène. Il n'a pu obtenir de mettre l'arbre au milieu que s'il était coupé en deux pour que le machiniste de la cour et celui du jardin se rencontrent au centre. » La routine syndicale veut, en effet, que les machinistes préposés à la cour ou au jardin refusent de traverser la scène. Ce clivage revendiqué semble lié à des croyances qui trouvent une transposition immédiate dans l'espace : au Moyen Âge, l'enfer est situé à gauche de l'acteur ; c'est de la cour que surgissent les diables et les personnages malfaisants.

Les Dossiers de la Troupe du roy