Trois femmes descendent vers la mer raconte, selon les propres mots de l'auteur, Gilles Granouillet, trois portraits de femmes à trois âges de la vie, mais une seule histoire, celle de femmes qui luttent pour continuer à garder la tête haute. Mettons-les sur une barque au fil de l’eau. La situation de départ de la pièce a quelque chose de cocasse voire d’irréel. Ce qui va advenir d’elles, personne ne le saura exactement, ce sont bien les circonstances qui les ont amené jusqu’ici qui font l’histoire, qui font la pièce.
Ce texte, au lourd accent poétique (qui, j'avoue, ne m'avait guère plu à la lecture), est porté par une seule comédienne, Valérie Tremblay. Une très belle performance qui s'accomode même de ses états d'âmes et de sa nervosité quasi légendaire... Il ne s'agit pas tant ici d'un travail physique (quoique...) mais plutôt d'un travail de voix (qui oublie parfois de se contrôler!), d'immobilisme et de langueur (déf.: sorte d'affaiblissement moral et physique causé par les fatigues de l'esprit, par les peines de l'âme).
Le rythme alors est donné. Tout est en lenteur.
Sara Moisan a choisi de placer la comédienne sur un plateau fort réduit noir, neutre, avec tout de même le pouvoir d'évoquer le banc, le lit d'hôpital et la barque. Peu de musique. Avec des éclairages efficaces, découpés par la fumée/brouillard qui enveloppe le tout... et une utilisation de la vidéo (par Stéphane Boivin) fort intéressante.
Le passage d'une femme à l'autre se fait par un changement de position simple... qui prendra de en plus de force. Le texte cherche à se faire entendre, se matérialise dans une simplicité désarmante et, ô mystère de la scène!, il se charge de sens et d'intérêts!
Vraiment, c'est un beau petit spectacle... qui dure environ 40-45 minutes. Avec nombre de places limitées!