En avril 2020, quelques jours après l'imposition d'un grand confinement national en plein chaos pandémique, j'ai écrit, dans la même veine d'une pièce antérieure (Madame, en 2005), une première version d'un texte qui deviendrait Comtesse - petits récits narcissiques et grand guignolesques. Comme un exutoire. Une autre façon de faire du théâtre... sans théâtre.
À l'époque, j'étais plongé dans la lecture intensive de mélodrames, tous pétris de préciosité, de ces récits convenus, ces descriptions appuyées qui ont fait le succès du genre. Aussi se retrouve, dans mes pages, un relent certain de ces oeuvres désuètes: des personnages unidimensionnels engoncés dans un manichéisme qui n'est pas à leur avantage, avec une solide propension à parler et parler et parler!
La création aura pris presque quatre ans à advenir. D'une part parce qu'il me fallait m'y investir... puis surtout parce que ça ne me tentait pas tant de revenir sur le sujet covidien.
Mais le temps passe! Et les désirs reprennent!
Après avoir choisi de programmer ce projet avec le Théâtre 100 Masques, je me suis attaqué à une réécriture importante durant l'été 2023. Une chirurgie syntaxique. Un ciselage des phrases. Un polissage des images. Parce qu'il faut savoir que ce texte repose principalement sur une exubérance verbale. Du coup, il y a, comme objet unique, une langue elle-même structurée, fortement théâtralisée.
Après tout un jeu de ratures, de coupures, d'ajouts, de reprises, d'effacements j'en suis venu à la présente version. Quelle est est-elle?
Comtesse, c'est un manifeste - sur un mode radical et arrogant - sur un essentialisme théâtral. Sur les bases fondamentales de l'art dramatique: la présence et la parole comme principal vecteur de la théâtralité.
Comtesse, c'est un défouloir contre les règles et les convenances dans un monde déliquescent (je rappelle le contexte qui présidait à l'écriture)! Le tout en cinq tableaux, comme cinq courtes fables sur le narcissisme épidémique qui s'étend de plus en plus, de l'extérieur vers l'intérieur. Du monde vers soi... pour ressoudre en mal virulent. Le personnage est là et se dit. À quoi bon le reste?
Comtesse, c'est un pied-de-nez à la petitesse. Une envie du trop.