jeudi 22 mai 2008

Iconoclastie dramatique!

Chaque courriel échangé avec Rodrigue Villeneuve est une source de discussions parfois surprenantes! Voici ce que le dernier a donné...

Je suis présentement en répétition avec le Théâtre 100 Masques... pour lequel je me plonge dans l'univers Guitry... plus particulièrement dans Nono...

Également, présentement, je travaille sporadiquement avec Les Têtes Heureuses... qui elles, creusent profondément dans La Cerisaie de Tchekhov.

Par conséquent, je passe de l'un à l'autre sans arrêt, ce qui me fait dire, avec un sourire narquois sur le visage: Guitry et Tchekhov, même combat!



Ironiquement, ces deux pièces ont été créées à quelques mois d'intervalle: La Cerisaie au Théâtre Artistique de Moscou, le 17 janvier 1904 et Nono au Théâtre des Mathurins, le 6 décembre 1905. Alors, faisons preuve d'audace et posons l'hypothèse: s'il est vrai qu'existe l'«air du temps», ne devrait-il pas y avoir concordances entre ces deux oeuvres?

«Concordances» au sens large du terme... il s'agit malgré tout pour l'un (arrivé au faîte de son génie) de son oeuvre ultime et pour l'autre (encore enfant gâté) de son acte fondateur...

Si à la première lecture, cette iconoclastie choque, elle recèle peut-être - qui sait? - une base d'études valables... un défi amusant! Après tout, la Russie a fait Tchekhov, c'est un fait affirmé et confirmé... la Russie a pourtant aussi, à sa manière, imprégné (euphémisme quand on connaît sa jeunesse) l'enfant Guitry... D'abord de son vrai nom, Alexandre Georges-Pierre Guitry, nous ne connaissons et ne retenons, dans les faits, que son diminutif russe... Sacha. Par ailleurs, à l'hiver 1889, Lucien Guitry, le père, comédien, tourne beaucoup dans ce pays... et, en pleine séparation d'avec sa femme, enlève son fils et l'emmène avec lui en Russie jouer devant la famille impériale... et, dernier point à retenir, le parrain de cet enfant n'est autre que le tsar lui-même, Alexandre III...

Bref, Tchekhov et Guitry se sont-ils déjà rencontrés? Je l'ignore. Y a-t-il réellement des points communs? Je l'ignore... (du moins, me semble-t-il, ils se partagent ironie et pessimisme pour le genre humain). Tout les sépare et pourtant... Il y aurait là une belle matière à doctorat...