Quelle est l'importance du Ministère de la Culture (et de ses autres appellations antérieures) au sein de l'État québécois? Intéressant réfléchir sur le sujet en cette période particulièrement trouble pour le milieu artistique (et donc, par ricochet, du milieu théâtral).
Quelle valeur lui a-t-on réellement accordé au cours des trentes dernières années au fil des gouvernements libéraux, péquistes et maintenant caquiste? Bon. Poser la question risque de se solder par une longue longue suite de déceptions, tous gouvernements confondus.
Ces déceptions sont peut-être dues au fait que ce Ministère est fondamentalement plus grand que prévu. Car plus que gérer les subventions, plus que promouvoir le numérique, plus que faire du milieu culturel une simple industrie, il porte l'âme profonde d'une nation et d'un État, gardien d'une histoire et d'un patrimoine, il porte une vision (parfois multiples!) du monde distinctive, il porte les aspirations d'un univers artistique pétri d'imaginaires, de créativité... et donc d'une immense part de subjectivité qui ne peut se réduire qu'en statistiques et en montant d'argent. Identitaire en grande partie, culturel et artistique surtout, bien sûr économique et social. Le titulaire de la charge porte sur ses épaules une gigantesque responsabilité. D'ailleurs, à quand remonte un.e ministre de la Culture à la hauteur du poste? (Ici, je m'arrête parce que je suis peut-être beaucoup trop critique.)
Pourquoi je parle de ça ce matin? Je viens de recevoir un autre bouquin qui s'ajoute sur ma liste de lectures pour les prochains mois: Le théâtre et l'État au Québec d'Adrien Gruslin, paru en 1981 chez VLB Éditeur. Fort intéressant, j'en suis sûr.
En le feuilletant, je tombe, à la toute fin du livre, la lettre démission percutante de Georges-Émile Lapalme, premier titulaire (et créateur) du Ministère des Affaires culturelles... comme si, finalement, dès le départ, ce ministère était vicié: